BACKLASH - act II -

ORDRE DE POST : Jared Volturi ; Jane Volturi ; June Evans ; Jonathan Fitch ; Sora Kimama ; Lucas Stevenson ;
Délai de réponse : 3 jours maximum

June n’avait pas menti. La Mort ne l’effrayait pas. Pas plus qu’une armée de vampire qu’elle s’échinait à décimer depuis de longues années maintenant. Mais Jonathan avait fait une mauvaise rencontre, au mauvais moment. Là où un bourreau vieux de plus de trois siècles avait décidé de baisser sa garde pour méditer sur sa condition. Les chasseurs avaient payé le prix fort de cette agression. Et pour clore ces sanglantes représailles, Rain vendait aux principaux intéressés, l’humaine responsable de la retraite des Volturi face aux Cullens.

Mais la supplicié n’avait pas cherché à s’enfuir, attendant, non sans craintes, le retour du vampire qui l’avait accosté une heure plus tôt au parc d’Hanover. Au lieu de prendre la fuite, June avait fait face à la Mort, dont l’envoyée n’avait pas tardé à revenir. Entre temps, Rain était passée à son atelier : la peintre avait couché sur une toile, les sentiments nés de la rencontre avec cette humaine qui avait réussi, au même titre que Trajan, à la toucher dans sa sensibilité que l’on croyait éteinte à jamais.
Rain avait confiance en cette mère dont l’enfant n’était plus : aucunes sangles ne la privait de sa mobilité. June était théoriquement libre, mais c’était sans compter sur la présence du vampire, qui, à ses côtés, lui indiquait la marche à suivre. La chasseuse savait pertinemment que le moindre mouvement suspect lui coûterait la vie.

Leurs pas les menèrent jusque dans les tréfonds de la forêt : le chemin se fit sans brutalité aucune. Etrange pour un monstre sanguinaire comme Rain. Mais ce soir-là, June ne semblait pas être sa préoccupation première. Le vampire semblait se soucier d'une tout autre affaire, qui resterait cloitrée dans l’intimité de son esprit jusqu’à l’arrivée des Volturi. Les bruits courraient que la famille italienne s’était retranchée dans les environs. Elle n’avait pas plus d’indications que cela. Mais les informateurs étaient aussi nombreux que leurs larbins. Rain & June étaient suivies depuis plus d’un kilomètre : l’Eurasienne faisait mine de rien, continuant son chemin en silence, alors qu’elle avait senti la présence du guet à la seconde où il avait posé ses yeux sur elle. Il irait informer ses maitres de leur présence, il n’y avait donc aucun intérêt à l’en empêcher.

Après s’être assurée de sa manœuvre, Rain s’arrêta enfin dans une clairière : un lac de maigre envergure se dévoilait sous ses yeux : d’un saut rapide, la féline atterrie sur un rocher en hauteur, d’où elle pouvait observer l’étendue de cette zone dégagée. Elle balaya les environs du regard, avant de s’asseoir calmement. Outre son chapelet bouddhiste autour du cou, une sangle maintenait un duo de sabres dans son dos. Plus qu’une simple précaution ?

Depuis qu’il était en ces lieux, Jared s’était attelé à bien des problèmes, il y avait en premier lieu les Cullen, cette sous classe de vampire qui commençait à prendre suffisamment de pouvoir pour inquiéter ses maitres, surtout depuis que ceux-ci avait recueilli en leur sein la petite Mathilda, capable de faire plier n’importe qui à sa volonté. Il y avait également cette histoire de loup, différent des fils de la lune jadis éradiqué par la race supérieur qu’était les vampires d’Italie. Ses êtres nouveaux, vouaient leurs vies à luter et protéger les humains, les proies, contre les buveurs de sang. Mais le plus inquiétant, ce qui captait la totalité de son attention était l’existence de ces chasseurs, des humains qui, maintenant cela était confirmé, parvenait à tuer des vampires. Il fallait au plus vite régler leur compte à ses lapins qui brandissait des fusils contre les prédateurs.

Aussi, il avait demandé à certain vampire des environs, ceux dont il avait obtenu une fidélité relative, de garder un œil sur certain humain au comportement suspect. Il avait donc ses quelques espions, tenu en laisse et au respect par la peur. La peur de Volterra, la peur de la colère du clan souverain, mais surtout la peur de Jared, car l’octocentenaire était la peur et la crainte même par son don et par ceux qu’il représentait ici. Il était en train de prendre du bon temps, profitant –pour ne pas dire abusant – de l’humaine qui était sienne, de sa chaleur, de son corps de son sang. Aussi l’arriver de son guetteur l’avait dérangé au plus au point, ses iris n’étaient que tache noir emplie par l’excitation de sang mélangé au sexe. Son mécontentement fit emplir la résidence de son don, de la peur, provoquant des frissons sur la peau de Gabrielle et faisant trembler le messager. D’une voix neutre il ordonna à celui-ci de monter et ne pris pas la peine de s’habiller pour le recevoir, bien au contraire il comptait le mettre mal à l’aise en l’exposant à la peur et à l’odeur du sang frais. Terrorisé celui-ci fit son rapport, ainsi il apprit à l’ancien anglais qu’une chasseuse avait été aperçu en compagnie d’une carnivore. La peur ambiante monta d’un cran, l’espion prit cela, à raison, comme une invitation à déguerpir. Jared resta un moment immobile à l’image de la statue de marbre blanc qu’il aurait put être, il réfléchissait rapidement sur la marche à suivre.

Son don se calma en même que se dessinait un sourire vil sur ses lèvres parfaites, le sourire du tortionnaire, du monstre. Gaby se lova contre lui, il lécha le sang de sa blessure, un geste qui pouvait être tendre s’il on pouvait accorder cet adjectif à Jared. Il senti l’excitation du sang le parcourir et lutta contre l’envie de planter ses dents là ou il avait fait une coupure avec une lame. Il la repoussa doucement lui disant qu’il avait à faire. Le murmure suivant n’avait guère été plus haut et tout aussi doux, pourtant il s’adressait à quelqu’un qui était à l’autre bout de l’immense villa, mais qui l’entendrait très bien. Ma chère Jane, je crois que tu va pouvoir t’amuser un peu… Il quitta les draps de soie pour s’habiller. Rejoint à la porte par la « jumelle sorcière », ils se dirigèrent tout deux vers la forêt des White Mountains. Drapés du manteau noir de leur clan, les deux êtres les plus sadiques de Volterra couraient côte à côte pour appliquer la loi de leurs souverains.

Ils arrivèrent rapidement dans les bois, sentant la présence de ceux qu’ils cherchaient il ralentir à l’approche de la clairière. Le don de l’italien emplit l’espace disponible de la clairière, peur légère qui était sa signature, à l’instant même ou il s’immobilisa dans celle-ci. Il fit tombait sa capuche sur ses épaules, dans un geste très lent, la théâtralité faisait partie de son égo démesurer. Il dévisagea les deux femmes présentes et adressa un signe de tête à la vampire qui semblait justement attendre. Lorsqu’il ouvrit la bouche pour se présenter il haussa, peut être inconsciemment la peur dans la clairière. Pour le moment il s’agissait d’une peur impersonnelle, un sentiment sans la moindre raison valable.Il parla de sa voix neutre, après avoir fait un pas pour se passer plus en avant que Jane, des deux il était la raison et à en déplaire à celle-ci celui qui donnait les ordres.

Je suis Jared Volturi… Voici Jane. Cette humaine est elle bien ce que je crois ? Et que fait tu à ses cotés ?

Le ton de sa voix n’était nullement menaçant, de toute manière il ne l’était vraiment jamais, il n’avait pas besoin de ça. Il demandait simplement une confirmation que cette femme était bien une chasseuse. De toute façon elle était destinée à mourir, la seul chose c’était comment. Juges et bourreaux il était là pour pour faire passer un message fort au chasseur.

Le messager se trouvait en ce moment même dans la pièce que Jane s'était octroyée. Il lui faisait son rapport avant d'aller voir Jared. S'il ne le faisait pas, il savait d'avance quel sort la vampire lui réservait, l'ayant vu dans son visage empli de cruauté et de sadisme.

L'ayant prévenue qu'une chasseuse se trouvait en ce moment même en compagnie d'une carnivore et que cette dernière souhaitait les rencontrer, le messager s'en alla lorsque Jane l'autorisa à partir d'un simple geste de la main. Ou qu'il se rende, cela lui était bien égal désormais.

Réfléchissant au pour et contre que pouvait représenter ce message, Jane se décida finalement à y aller. Mais il lui fallait pour cela attendre que Jared en eut terminé avec son petit animal de compagnie. Dolemment installée sur le canapé, en attendant, elle tergiversait encore jusqu'à ce qu'elle entende Jared l'appeler comme un toutou que l'on siffle. Elle se promit de le lui faire payer cela dès qu'elle en aurait eu l'octroi par Aro. Voire même, sans son accord, elle le ferait. Quoi de plus exutoire que de s'attaquer à la personne à laquelle il tenait le plus? Elle ne ferait qu'une seule bouchée de cette nourriture gachée qui avait pour prénom Gabrielle.

Sortant de ses appartements, vêtue d'une tenue sexy recouverte de la coutumière cape noire, Jane rejoignit Jared qui était vêtu à l'instar d'elle même de la même cape. Sans un mot, ils se prirent la main et se dirigèrent vers les White Mountains. Jane avait bien sur hâte d'arriver. Cela lui permettrait éventuellement de trouver un exutoire ainsi qu'un moyen de se défouler.

Arrivant dans la clairière, Jane passa outre le sentiment de peur que Jared avait instauré dans cet endroit. Elle lui lanca même une petite décharge de douleur, assez forte pour lui signaler sa présence au cas où cela viendrait à déraper. Tandis qu'il se chargeait de faire les présentations, Jane scrutait avidemment le visage de la vampire carnivore en face d'elle. Il s'agissait plus d'un duel au niveau du regard en réalité, vu qu'elles s'observaient réciproquement. Jane eut un rictus mi boudeur, mi sadique qui apparut sur son visage. Elle ne regarda même pas la chasseuse, celle ci étant peu digne d'interêt à ses yeux. Au lieu de cela, elle se demandait plutôt si un petit combat à la loyale entre elle et l'autre vampire pourrait avoir lieu et laquelle triompherait. Sans pour autant aller jusqu'à la mort bien sur....

Après sa rencontre avec Rain, June rentra chez elle afin de faire un peu de ménage dans ses affaires. Elle écrivit une lettre à Zach afin de lui demander pardon. Elle savait qu'elle avait le choix, qu'elle pouvait ramasser ses affaires et s'enfuir très loin, mais cela lui aurait servit à quoi au final? Elle ne pouvait fuir la mort éternellement. Elle savait aussi que la vampire asiatique pouvait la retrouver un jour et que repousser l'inévitable était un geste futile. Elle aurait pu chercher de l'aide, apeller tous les chasseurs qu'elle le pouvait afin de lui sauver la vie, mais June ne voulait pas avoir la mort d'un collègue sur la conscience. Lorsque toutes ses affaires furent en ordre, elle prit une longue douche. L'eau chaude qui lui caressa la peau eu un effet de détente sur elle. Elle sentit presque la présence de Logan tout près d'elle. June savait que son plus grand amour l'attendait, quelque part dans l'au delà.

Lorsqu'elle sortit de la douche, elle sécha ses longs cheveux bruns qu'elle laissa retomber librement en vagues sur ses épaules. Elle n'appliqua aucun maquillage sur son visage, préférant garder un état le plus naturel possible. Elle enfila ensuite une robe qu'elle n'avait porté qu'une seule fois, aux funérailles de son conjoint et de son fils. C'était une robe de soie noire très simple, sans manches, au corset ajusté, mais à la jupe volante qui lui arrivait aux genoux. June voulait être belle pour rejoindre Logan et Lucas. Elle enfila une paire de chaussure ballerines noires et quitta son appartement, pour tout probablement la dernière fois, sans regarder derrière. Lorsque le soleil se coucha et que son bourreau vint au point de rendez-vous, June l'attendait patiemment. Elle était déjà ailleurs, plus rien ne pouvait lui faire peur. Elle était totalement résignée, elle avait fait son deuil depuis longtemps déjà.

Rain resta silencieuse, comme si elle-même se résignait à faire quelque chose qui lui déplaisait. Étrangement, June ne ressentait aucune colère, aucune rancœur envers elle, alors qu'elle détestait les vampires plus que n'importe quoi d'autre. La chasseuse suivit la vampire sans un mot. Rain ne l'avait pas encore tuée, alors qu'elle s'était vantée d'avoir exterminée son lot de chasseurs ses derniers temps. Elle ne chercha pas à savoir le pourquoi du comment. Il semblait que la vampire lui réservait un sort différent. June n'espérait qu'une chose: Elle voulait mourir, elle ne voulait pas devenir un vampire ; elle ne voulait pas devenir une meurtrière d'hommes. Elle s'était donc résignée à apporter un fusil chargé, dans lequel il n'y avait qu'une seule balle. L'arme était attachée contre sa cuisse, cachée sous sa robe. Dès qu'un doute s'infiltrerait en elle ; dès qu'elle comprendrait qu'on lui réservait un avenir vampirique, June n'hésiterais pas à tenter sa chance et à se tirer une balle dans la tête. L'éternité avait un goût amer pour une femme qui avait le seul souhait de retrouver sa famille au paradis.

À un moment, un sentiment de peur s'immisça en elle. Elle ne comprit pas réellement ce qui pouvait être la cause de ce sentiment. Elle en déduit que cela était normal, dans sa situation, et cela ne l'empêcha pas de continuer à avancer. Ensuite, Rain s'arrêta et June fit de même. Deux silhouettes se découpèrent d'entre les arbres. Lorsqu'ils furent à sa hauteur, June reconnu les deux vampires. Elle se rappelait parfaitement leurs visages, elle avait même tiré une flèche à l'un d'eux. La flèche avait effleuré la peau de l'homme vampire puis s'était finalement plantée dans un arbre. Ces souvenirs de ce jour où elle et une armée de chasseurs et de lycans avaient repoussé une armée complète de vampires, étaient très clairs. C'est à ce moment que June comprit. Elle sut que Rain ne l'avait pas tuée elle-même car elle voulait tout simplement la donner aux Volturi. Elle avala sa salive. Son destin n'était pas uniquement la mort, elle allait tout probablement être torturée jusqu'à ce que mort s'en suive. Quoi qu'il en soit, elle garda la tête haute. Rien n'allait lui faire perdre son contrôle, elle ne flancherait pas.

Jonathan restait impassible devant l’énorme feu de bois qui voyait en son sein s’embraser les derniers restes d’un vampire imprudent.
Il était bien révolu le temps où le jeune homme allait chasser le pas hésitant, la boule au travers de la gorge : désormais il n’avait plus peur de rien. L’expérience acquise au cours des huit deniers mois faisait maintenant de lui un chasseur doué, qui n’hésitait pas à aller rôder seul dans les cimetières armé d’un attirail d’armes blanches dissimulées un peu partout sur lui.
Triturant avec nonchalance le sang séché sur une petite dague en argent, il regardait les flammes danser devant lui comme un guerrier qui savoure sa victoire. Une fois de plus, ces créatures ne lui avaient pas résisté.

Il devait être dix- neuf heures, le soleil finissait de se coucher. Pour Jonathan, c’était une deuxième journée qui continuait, après de prometteurs débuts. La chasse de nuit étant plus dangereuse, car moins discrète, il pensa rentrer chez lui, mais visiblement, sa faim de tuer n’était pas rassasiée. Et face à cette nécessité de trouver au plus vite un partenaire, Jonathan pensa de suite à June Evans.
Il se releva, se dépoussiéra, et pris direction de l’appartement de son amie.
Sur le chemin, il se remémora la première fois qu’il l’avait vue, et le moment où elle lui avait tout dévoilé sur les vampires, les loups garous et tous ces mystères inconnus aux êtres humains lambda. Depuis ce soir là où tous deux avaient bu plus que de raison, ils avaient eu l’occasion de sympathiser, et chassaient régulièrement ensemble. Jonathan, cependant ne pouvait s’empêcher d’être gêné en sa présence, car il savait pourquoi elle se battait, tandis que lui n’avait vraisemblablement aucune raison de s’être lancé dans cette lutte des races, si ce n’est un indestructible désir de justice. Il fallait avouer que le jeune homme exécrait particulièrement les buveurs de sang, mais cette haine n’était pas due à un quelconque événement ou un quelconque drame : elle était naturelle, et qui plus est objective. Le vampire est mauvais en soi, et c’est pour cela qu’il faut l’éliminer.
Encouragé par cette pensée, il devint vite accro à la chasse qu’il pratiquait trois à quatre fois par semaine, plus encore à certaines périodes. Il n’entretenait pas à l’égard de cette activité un plaisir meurtrier, il ne s’agissait en rien de faire gicler le plus de sang ou de couper le plus de membre. Non, chaque fois qu’un vampire succombait à ses pieds, c’était pour lui une victoire pour l’humanité, un bien pour la race humaine, une justice rendue.

Alors qu’il s’approchait du quartier où résidait June, Jonathan aperçu cette dernière de dos. Elle se trouvait loin, mais l’occasion de la rattraper n’était pas perdue. Mais alors qu’il s’approchait d’elle, il reconnut une silhouette familière se distinguant dans la nuit noire qui venait de tomber. Le jeune homme n’eut besoin que de peu de temps pour mettre un nom sur ce corps gracile et ces longs cheveux noirs : Rain-Si-Jie.
Par expérience, il n’eut pas le réflexe de courir à la rencontre des deux jeunes femmes et les suivit à une distance suffisamment grande pour ne pas être repéré. Que faisaient-elles toutes les deux ensemble ? Il connaissait le caractère peu commun comparé aux autres vampires de Rain, mais cela ne le rassurait pas pour autant de savoir June en sa compagnie.
La marche dura longtemps, et le conduisit aux White Mountains dans un coin inhabité la nuit. Tout cela ne semblait rien présager de bon.

Arrivé sur les rebords d’une petite clairière, l’incongru tandem s’arrêta. Quelques mots furent échangés.
Puis tout à coup, deux nouveaux profils se dessinèrent. Le jeune homme ne les avait jamais vus, mais il y avait fort à parier qu’il s’agissait de vampires. La situation commençait à devenir potentiellement dangereuse. Elle ne le fut réellement que lorsque les deux individus se présentèrent. Le sang de Jonathan ne fit qu’un tour : l’expression de son visage en disait long sur ce qu’il pouvait ressentir à cet instant. On lui avait déjà parlé des Volturi, de leur puissance légendaire. On lui avait déjà montré des photographies de cette maléfique famille. On lui avait déjà raconté tout le mal dont ils étaient capables.
Mais jamais il ne lui avait été donnée l’occasion de les rencontrer. Une force incommensurable et invisible semblait s’échapper des deux créatures.

La situation était sur le point de dérapepr, June Evans ne pouvait s'en sortir seule. Aussi il sortit de sa cachette, et s’approcha ostensiblement des trois vampires. Il se trouvait désormais au milieu des quatre protagonistes.

- June !

Il avait lancé à son amie un regard plein de questionnements, attendant d’elle une réponse sur les origines de son étonnante présence ici, entourée de deux Volturi et d’un vampire détraqué. Puis il se tourna vers Jane et Jared.
D’un geste aussi bref que routinier, Jonathan délogea deux longs sabres qu’il avait cachés dans son manteau. Sur leurs lames, on pouvait observer une multitude de tâches de sang séché. Chacune de ces dernières avait son histoire et l’énorme mosaïque rouge pourpre qui se dessinait sur le métal argenté laissait deviner à quel point cette histoire avait été nourrie de funestes péripéties.
Elle n’était cependant pas terminée et d’ailleurs, tout était bien parti pour qu’elle continue cette nuit…

Pathétique. Le spectacle que leurs offraient ses hôtes n’était guère réjouissant… Mais ce joyeux cirque semblait passer au-dessus de sa conscience ; Rain, dont la présence était uniquement physique, avait clairement l’esprit ailleurs. Elle n’avait jamais été réellement connectée à ce Monde qui l’ennuyait profondément… Mais l’assassine qu’elle était ne baissait jamais sa garde, traquée en permanence. Et pourtant, à la voir ainsi, on aurait pu croire qu’elle se laisserait ensevelir sous les décombres si le ciel venait à lui tomber sur la tête. Aussi, les ténèbres qui avaient trouvé un écueil dans son regard perçant semblaient s’être dispersés : Rain paraissait étrangement… résignée.

La peur ambiante la ramena parmi les Vivants, concentrant son attention sur Jared. Le jeune homme venait alors de prendre la parole : ses premiers mots échappèrent au vampire qui ne l'écoutait qu'à moitié, encore bercé par ses songes. Mais elle supposait qu’il avait alourdi son apparition de présentations inutiles. Rain le jugea un instant du regard, restituant son et image à cette scène pour la moins théâtrale qu'elle n'avait fait qu'observer sans prêter l'oreille. La familiarité de son invité ne lui plaisait guère : malgré leur origines communes, Rain s'estimait étrangère aux Volturis, autant qu’avec les autres vampires. Néanmoins, ironie du sort, Jared se trouvait en face de l’objet de ses tourments mais aussi d’une alliée potentielle puisque son personnage réunissait la chasseuse qu’elle était à ses heures perdues, causant bien des torts à sa propre famille et la manipulatrice qui faisait déchanter les Cullens. Rosalie avait été sa dernière victime ; la tortionnaire avait lacéré son âme. Il était temps de choisir un nouveau jouet. Pourquoi pas ce cher Edward ? Ses aventures humaines hors des sentiers battus lui offrait un large champ d’action. Une vie à briser et son âme-soeur se consumerait d'elle-même. Rain ne le savait que trop bien...
Mais tout ceci avait une fin et, elle se déciderait ce soir.

Perchée sur l’imposant rocher, Rain offrit en guise de réponse aux nobles courbettes de l'italien, un silence d’or. Le plus beau des mépris, paraissait-il. Ainsi, le manège de Jared fut suivi d’un temps mort, détruisant l'effet de style qu'il avait peut-être voulu créer en se produisant ainsi sous les yeux du vampire. La Main Droite de la Mort ne donnait son nom qu’en de rares occasions. Ce pseudonyme n’était alors qu’une promesse de trépas, un nom à mettre sur le visage de son assassin. Mais ce rôle ne lui était pas dédié pour cette soirée.

Soudain, son attention fut saisie par la jumelle du meneur : elle lui adressa un bref regard avant de se désintéresser complètement d’elle, lui faisant faux bond comme une mère qui prierait son enfant de se rasseoir en ignorant les pirouettes qu'il s'échinait à faire pour se rendre intéressant. Ce rapide coup d’œil lui avait permit de conforter son opinion sur la mauvaise graine des Volturi, elle était exactement comme elle l’avait imaginé : une gamine vulgaire et insolente à qui l’on remettait un jouet entres les mains pour espérer aspirer à la tranquillité. Mais elle pouvait mettre une croix sur ses caprices : un combat à la loyale, c'est ce qu'elle espérait dans le tréfonds de son esprit malade ? La probité de la bretteuse était largement contestable et c’est précisément pour cette raison qu’elle arrivait toujours à ses fins. Pourquoi faire les choses dans les règles de l’art quand on pouvait inventer ses propres dogmes ? Rain piétinait les codes d’honneurs ancestraux, pourtant si imprégnés dans la culture asiatique.
La façon dont la jeune impertinente la dévisagea lui déplut au plus haut point ; elle avait pourtant l’habitude qu’on s'attarde sur sa personne : son physique n’était pas commun et la noirceur de son aura l’était encore moins. Mais cela lui était toujours désagréable. Jane eu droit au même tarif que son jumeau : l’ignorance pure et simple, l'Eurasienne la laissant s'amuser à ce jeu de regard auquel elle seule participait. Pour tout l'or du monde, Rain ne contenterait pas cet enfant certainement plus pourri que gâté.

Après avoir négligé les Volturis, Rain se tourna vers la captive ; de son regard abyssal, elle toisa longuement June du haut de son promontoire. Tout au long du trajet, sa langue déliée était restée dans sa poche alors qu’elle aurait volontiers ironisée sur l’accoutrement de circonstance que portait sa prisonnière. Nulles provocations, même pas une remarque. Le silence était Roi.
June avait deviné que le mutisme de son bourreau n’avait rien d'habituel. Aussi, elle avait visé juste en imaginant que Rain ne tirait aucun plaisir à la jeter dans la gueule du loup. Mais la chasseuse n’était pas en mesure de se projeter dans les plans du vampire, chamboulés par leur rencontre. Et cela même au moment où elle pensait avoir comprit le sort qui lui avait été reservé, June se trompait sur son devenir. Oui, il y a vingt-quatre heures, Rain comptait lui infliger bien plus qu’une mort brutale : la mettre entre les mains de valeurs sûres de la torture comme les jumeaux, aussi sadiques que désireux de se venger de la belle. Mais alors qu’elle s’imaginait déjà subir le courroux des Volturis, June sentit le poids de l'aura du vampire qui la fixait : étrangement, le regard de Rain était presque... rassurant. Pourtant elle affichait toujours ce visage impassible ne dégageant qu'une expression glaciale. Mais au fond d'elle, la prisonnière comprenait par ce geste qu'elle n'avait pas à craindre la menace des Volturi. Curieuse démonstration de télépathie, on disait des vampires qu'ils étaient capables d'opérer ces quelques tours... Ajouté à cela, l'étrange lien qui unissait ces deux âmes ostensiblement différentes, mais qui ressemblaient, au fin fond de leur âme...

Seulement, la nuit n’allait pas se dérouler sous les meilleurs hospices, à commencer par ce premier imprévu nommé Jonathan. Rain se plaisait à improviser en toutes circonstances, elle ne prévoyait rien, misant sur son seul instinct. Mais cette fois-ci, elle avait minutieusement calculé son coup. Sans doute, la dernière de ses sordides manipulations.

L’arrivée du chasseur aurait du la réjouir : elle aimait tant le tourmenter. Mais étrangement, nul sourire ne vint détendre ses traits figés dans la glace d'une Mort qui semblait l'habiter. Même la fougue du jeune new-yorkais ne lui soutira aucune répliques acerbes, elle qui aimait tant se moquer de la candeur de Jonathan, qu’elle revoyait encore à la menacer avec un couteau de boucher. Mais Rain lui accorda enfin l’attention qu'il méritait lorsqu’il dégaina son arme : pauvre fou. Avait-il seulement conscience d'être en présence de deux membres éminents de la famille Volturi ? Sûrement, mais son irrémédiable soif de justice le poussait à défendre ses alliées jusque dans les ténèbres...

Il fallait aviser, Jonathan contrecarrait ses plans… Mais l’imprévu n’entama pas son sang-froid. Tant pis, il fallait frapper, elle n’avait pas le temps à perdre : elle oublia l'idée de faire baisser la garde des jumeaux en instaurant une confiance aussi éphémère qu'hypocrite.

Rain se releva enfin, elle qui n’avait pas bougé d’un cil depuis l’arrivée des trois autres protagonistes. En moins de temps qu’il n’avait fallu pour retenir son souffle, l’assassine lança un shuriken en direction de Jade : la minuscule lame revint entre ses mains, avec, en son bout, quelques brins de cheveux de l’italienne. Brandissant son butin, elle le brûla : le signal était lancé.

En se faisant, la stratège alerta ses comparses, cachés ci et là dans la forêt. Ils ne mirent pas longtemps à venir, mais leur présence fut bientôt masquée par ce qui allait se produire : derrière la silhouette noire de Rain, se dessina soudain, un manteau ardent. Les flammes suivirent le chemin que les complices avaient tracé pour elles. En quelques instants, le brasier s'était étendu sur toute la clairière. Le rideau de feu encerclait maintenant les cinq acteurs, les piégeant ainsi. Il ne fallait pas compter sur le bras de la rivière qui leur offrait une issue à quelques mètres de là : il était séparé par les flammes. La chaleur monta d’un cran puis se fut l’odeur de braise qui empuantît l’air… Et,... avec ce parfum de cendres,... les souvenirs des carnages historiques remontèrent peu à peu à la surface : l’enfant des charniers allait exécuter son dernier méfait, emmenant avec elle dans la mort, les représentants des deux camps, qui allaient bientôt être rejoints par les loups.

D'un geste lent, Rain dégaina la longue double lame, laissant tomber la sangle qui retenait son arme de prédilection.

June comprit maintenant qu’il ne s’agissait plus de sa propre vie : elle n’avait été qu’un leurre pour attirer vampires, chasseurs et lycans dans un mouroir. Mais, pas n'importe lesquels. Des carnivores de renoms, une meute tout aussi redoutée et des hommes et femmes de valeur, qui avaient choisi la voie de la Chasse aux Sang-Froids. Dans son fantasme, Rain espérait peut-être que tout s'arrêterait. Que les êtres surnaturels qu'ils étaient n'aient jamais existé.

S’ils arrivaient à se dépêtrer de ce piège, un peloton de vampires qui avaient l’ordre de tuer tout ce qui bouge les attendraient à la barrière des flammes, allant même jusqu’à cueillir l’investigatrice de ce carnage improvisé, sous ses propres ordres suicidaires.

Avant de partir au combat, Rain leva ses yeux verts vers la lune qui s’était enrobée d’une teinte cramoisie, en réponse à l'Enfer qu'elle venait de recréer. Si Logan se languissait de June dans l’au-delà, l’âme sœur de celle dont on ne parierait pas sur l’humanité, l’y attendait aussi. Un léger sourire vint se glisser sur ses lèvres.

La peur. Elle picotait les cotés de sa langue, rependant son gout unique, doux et relevé à l’intérieur de sa bouche et de sa gorge comme une promesse de sang. Mais cette peur n’était pas la meilleurs, elle n’était pas réel, se n’était qu’une sensation qu’il provoquait lui-même, mais la peur appelait la peur, bientôt à celle-ci se mêlerait à des crainte plus intime et plus profonde. Bien que la vampire en face des italiens semblait peu affecter par les prémisses de son don, Jared pouvait à peine lire la peur en elle, ce qui signifiait une chose, à l’instar des deux Volturi s’était une tueuse sadique, jouant avec la peur. L’on reconnait assez facilement ses semblable, mais il fallait bien plus pour attirer la sympathie du maitre des peurs et bien peu pour attirer ses foudres.

L’humaine resta silencieuse, impassible bien qu’elle semblait avoir reconnu leur nom. Encore une à qui cela de dérangeait pas de mourir, bien cela arrivera bien assez tôt. Le silence de l’humaine ne le dérangea pas et cela était un euphémisme, il s’en foutait, il ne lui avait pas adressé la parole elle n’avait donc pas besoin de parler, à une exception près tout les humains n’était que de la nourriture sans importance. Le mutisme qui le dérangea fut celui de la vampire, la moindre des choses lorsque des membres aussi haut placés dans la famille royale se présentaient était de répondre. Il prit pour cela à raison pour un affront, ne pas se présenter s’était s’estimer au dessus d’eux et il n’est plus à démontrer que l’égo de Jared ne supportait guère plus de trois personnes au dessus de lui. Il garda toutefois son calme et son sang-froid, sans mauvais jeu de mot, comme d’habitude il resta impassible à la fixer, peut être se vengerait il plus tard, peut être pas.

Il observa le bref échange entre les deux femelles de son espèce, puis celui entre l’humaine, il se posa alors la question du lien entre eux. Amies ? Peu probable, déjà qu’il condamner les relations proches des humains –oui il était mal placé pour le faire, et alors ? –ensuite elle ne semblait pas être le genre de vampire à avoir des amis, surtout parmi la nourriture. Étaient-elles associées dans la destruction de vampire ? Tout aussi peu probable, les chasseurs détester tout les vampires, mais cette sous classe qu’était les végétariens, alors une carnivore… Sont analyse fut interrompu par un bruit au loin, un cœur battant qui accourait vers eux et fini par rejoindre la chasseuse déjà présente. Un homme qui avait sur lui une odeur de vieux sang, celui qui est dangereux pour les vampires, il s’agissait donc aussi d’un chasseur. Bien, cela ferait un jouer à torturer pour chacun. Le nouveau venu sorti de son manteau deux lames d’où venait l’odeur de sang, elles étaient d’ailleurs tachetées du liquide âgé et séché. A la vu de celles-ci Jared laissa échapper un rire cristallin, léger et bizarrement presque doux. Pourtant lorsque celui-ci avait retenti la peur qu’il avait crée se rehaussa, hormis pour Jane, et plus intensément pour l’humain, appelant à la surface ses peurs intimes.

Mon jeune ami… etes vous stupide ? Peut être que les chasseurs peuvent endormir la méfiance de certain vampire et à les tuer, mais crois tu vraiment pouvoir tuer deux vampires de haut rang dans un combat ? Tes armes sont peut être efficace sur nous, mais faut il encore seulement qu’elles puissent nous toucher. Il rigola de nouveau avec un amusement réel avant de reprendre Tu as en face de toi, deux armes bien plus efficace que tes brindilles… Sens-tu ma peur ? Et je suis le moins dangereux des deux, alors laisse les adultes parler…

Il amplifia encore la peur chez l’homme puis jeta un coup d’œil à sa comparse, voir comment elle réagissait à ces affronts, si elle désirait s’amuser tout de suite avec les humains il ne s’y opposerait pas, alors qu’il avait le regard tourner vers elle il vit un shuriken passer, bien sur il aurait eu le temps de l’intercepter, mais cela était bien inutile, il n’avait pas de sang sur lui, ni lui ni Jane ne craignaient cette arme. Il fut étonné que l’arme appartienne à la vampire, rare était les vampire armés cela était tout bonnement inutile. Il fut encore plus étonné de ce qui suivit, après une mise en scène des plus théâtrale de la par de leur hôte, ils se retrouvèrent tous cerné par les flammes, la température monta, une embuscade, Jared poussa un grondement de gorge, suivit d’un nouveau rire avant que son visage ne redevienne neutre.

Ainsi tu es suicidaire, tendre une embuscade à deux des plus puissants de la garde de Volterra. Je t’applaudis pour la mise en scène, j’aime cette théâtralité, bien que je trouve ton arme totalement inutile et ce n’est pas non plus quelque flammèche qui nous ferons frémir… Si tu souhaitais mourir il suffisait de le demander.

Il chercha la peur en elle, implanta également la sienne de façon plus intense, il devait trouver ce qui lui faisait peur, ce qui la déstabiliserait, il lirait ses peurs et les utiliserait contre elle. En attendant si elle choisissait la théatralité il en ferait également de même. Dans se domaine il avait eu trois bon professeur. Il se mit faire quelques pas, le long des flammes, puis dégagea ses mains du manteau dans un grand geste, avant revenir vers Jane, et de lui tendre une main. Lorsqu’elle la prit il effleura sa peau de ses lèvres avant de lâcher d’une voie douce.

Ma belle, en se dressant contre nous, c’est le nom de nos Rois qu’ils salissent, que préconise tu comme punition ? La peur me semble trop douce…

Il reporta son attention son le centre de la clairière, se tenant près à se battre au moindre signe de la part de la vampire. Même si son don était très utile et créer de véritable torture, il ne pouvait au contraire de Jane neutraliser totalement un ennemis à distance. Mais peut être de la belle sorcière voulait se réserver le droit de torturer la vampire instigatrice de ce traquenard.

Un coeur battant à vive allure ... Ses battements résonnaient aux oreilles de Jane comme un son insupportable à entendre. Le silence avait fait place hormis le bruit à l'unisson des battements de coeur des humains qui se trouvaient présents. Jane ne lacha pas du regard la vampire lascivement assise sur le gigantesque rocher en face d'eux bien qu'elle, ne l'ait regardé qu'un bref instant comme si elle la jugeait indigne d'interêt.

Une odeur de sang seché vint frapper la nuit lorsque l'humain, pauvre imbécile qu'il était de se jeter dans ce traquenard, sortit deux longs sabres qu'il avait dissimulé dans son manteau. Jane jeta un bref coup d'oeil en direction de son compagnon de route lorsqu'il se mit à rire. Il était vrai que la situation était risible. Comment pouvait il envisager de les attaquer avec ça? Invraisemblable. Jared traduisit bien ses pensées en prenant la parole, rappellant les points communs qui l'unissait à elle. Il fit d'ailleurs une petite éloge de Jane en précisant qu'il était le moins dangereux des deux.

Un sifflement ténu dans l'air. Jane avait bien vu le shuriken lancé en sa direction mais elle ne fit rien pour l'en empêcher. Bien au contraire. Elle avait vu dans les yeux de l'Eurasienne qu'elle n'était qu'une hypocrite malgré les efforts de cette dernière pour le leur cacher. Son attitude face à eux n'avait laissé aucun doute là dessus à la jumelle d'Alec. Pour que Si- Jie Rain dévoile son jeu au grand jour, elle pouvait bien perdre quelques cheveux. En comparaison de ce qui allait se produire, ce ne serait qu'un faible prix à payer. Comme une gamine victorieuse, elle brandit son butin que constituait les cheveux de Jane et y mit le feu. Se prenait elle déjà pour celle qui gagnerait tout ce soir? Jane avait connu des vampires qui y avait cru eux aussi. Elle les avait fait déchanté bien vite sur ce point.

Toujours en observant Rain, Jane remarqua son regard dirigé vers l'astre au dessus d'eux. Elle leva un sourcil, intriguée et fit une supposition sur ce qu'il se passait dans la tête de Rain. Se pourrait il que celle qui visiblement ne craignait pas la douleur, ait perdu une personne si chère à son coeur qu'elle souhaitait la rejoindre? Espérant qu'elle avait vu juste, Jane eut un sourire de triomphe. Elle n'allait pas tuer Rain ce soir. La plus juste punition pour son crime serait de lui laisser la vie sauve. Mais un petit châtiment exemplaire pour avoir oser pu croire qu'ils tomberaient dans ce traquenard minable, lui servirait de leçon.

Les flammes qui les entouraient ne firent ni chaud ni froid à Jane. Elle avait déjà connu cette sensation mais désormais qu'elle était immortelle, elle ne les craignait plus. Elle observa le cirque de Jared. Ce n'était pas avec des paroles qu'il ferait peur à Rain, c'était certain. Au contraire, elle n'eut aucune réaction, se fichant totalement de ce qu'il lui disait.

Jane déposa sa main sur celle de Jared lorsqu'il tendit la sienne pour qu'elle la prenne. Il l'effleura de ses lèvres avant de reprendre la parole. Pour une fois, il lui demandait son avis, sachant la manoeuvrer à la perfection en disant qu'en s'attaquant à eux, c'était une offense qu'ils faisaient aux trois Rois. L'observant dans les yeux, elle daigna enfin prendre la parole.

En effet, la peur semble être une trop douce punition. D'autant que ton pouvoir n'a aucun effet sur cette vampire, Jared. Comme me l'a suggéré Aro si un cas similaire arrivait, bien qu'il en ait douté fortement, il m'autorisait à me retrouver au même niveau que toi. Je ne suis plus sous tes ordres jusqu'à ce que nous soyons venus à bout de tout ceci. Je te suggère donc de te charger des deux humains tandis que je m'occuperais personnellement de la vampire.

Ce n'était pas un conseil, ni un ordre. N'attendant pas la réponse de Jared là dessus, Jane prit donc les devants, observant Rain qui se trouvait en face d'elle. Un sourire vint naitre sur ses lèvres tandis que son pouvoir affluait en sa direction pour lui faire subir mille tourments. Il n'était plus question de titiller là. C'était la toute puissance qu'elle laissait agir. Jane voulait que Rain souffre et au maximum. Elle au moins n'était pas immunisée contre son don. Elle l'aurait su car Jared n'aurait pu entrer dans sa tête avant elle. Ce qui lui laissait carrèment le champ libre pour la douleur terrible qu'elle lui réservait. Cela fut rapide d'ailleurs car à peine eut elle effleuré le contour de Rain qu'elle vit les effets de son pouvoir sur son visage alors que Jane ne la lachait pas du regard.

Les choses ne se passaient pas comme June l'avait prévu. Dès le départ, elle avait cru qu'elle n'allait être que le repas de Rain. Ensuite, en voyant les Volturi, elle avait pensé que Rain la remettait entre leurs mains, afin qu'elle puisse avoir une mort lente et vengeresse. Puis encore une fois, les choses avaient changées. Les surprises se succédaient et il était de plus en plus difficile pour June de garder son calme. Elle savait que les battements de son coeur devaient avoir prit une vitesse très éloquente pour les vampires. Son silence ne pouvait plus cacher l'angoisse qui se dégageait lentement des pores de sa peau. Elle savait que les sang-froids pouvaient maintenant sentir qu'elle était de moins en moins en contrôle de ses émotions. C'était Jonathan qui avait déclenché la dégringolade du calme résigné qu'elle s'était bâtit, en se joignant à eux, alors qu'elle n'était ni armée, ni préparée à le protéger. Le sentiment de peur qu'elle ressentait, se décupla en le voyant arriver près d'eux. Ce qu'elle craignait le plus était en train de se produire. Elle allait avoir la mort d'un de ses collègues et amis sur la conscience, finalement. Elle regretta aussitôt d'avoir accepté de former Jonathan à la chasse aux vampires. Elle aurait dut s'écouter depuis le début. Elle n'avait pas été très convaincue à l'idée de lui apprendre les bases de la chasse, maintenant ses inquiétudes prenaient toute la place. Elle avait fait une erreur et aurait dut envoyé balader Jonathan lorsqu'il était venu prendre des informations sur les sang-froids, au tout début. Maintenant elle regrettait.

Combien de fois lui avait-elle répété? Il ne fallait pas attaquer un groupe de vampire en solo. C'était aussi très dangereux de faire un spéctacle devant eux, en sortant ses armes comme un guerrier. La surprise, Jonathan, S-U-R-P-R-I-S-E. Les chasseurs ne se battaient pas en héros, la seule manière de survivre était de prendre ses ennemis par derrière, au dépourvut, c'était d'agir en lâche. Maintenant, il était clair que les lames de Jonathan ne s'approcheraient pas à un mètre des vampires, ces monstres ne lui en laisseraient jamais la chance. Combien de fois lui avait-elle répété? Les vampires étaient plus fort que lui, plus rapide que lui. June avait rencontré beaucoup de héros comme Jonathan. Des chasseurs qui faisaient des mises en scènes et qui provoquaient leurs ennemis. Ceux là n'avaient rarement survécut plus d'un an en tant que chasseurs. S'il avait voulu avoir une seule chance contre ces trois vampires, qui semblaient tous les trois très puissants, dès le départ, il aurait appelé de l'aide, d'autres chasseurs, ou il se serait caché dans un arbre et les aurait attaqué avec une arc. Combien de fois lui avait-elle répété? Mais non, Jonathan était encore un très jeune chasseur et se croyait encore à l'abri de tout et qui faisait tout à sa tête. June avait perdu beaucoup de collègues au combat, Jonathan manquait d'expérience et il venait de le prouver à son mentor, mais aussi à ces trois vampires. Pour eux, il ne serait qu'un encas en plus. Le pire dans cette histoire était que June ne pouvait absolument plus rien y faire. Son arme, cette unique balle, qu'elle s'était réservée, ne pouvait lui servir à aider Jonathan. Elle était sans défense. Leur avenir, à elle et Jonathan, était scellé.

Puis quelque chose d'inattendu se produisit. Rain, se détourna des deux Volturi et lui lança un regard neutre. June plongea ses yeux dans ceux de son bourreau, comme si elle pouvait y lire ce qui se passait dans sa tête. June su qu'elle n'était qu'un appât. Les Volturi voulaient June Evans, la chasseuse qui avait aidé à contrecarrer leurs plans, et pour une raison qui échappait encore à la chasseuse, Rain Si-Jie voulait les Volturi. June allait tout probablement mourir ce soir, mais cela ne serait pas sous les crocs des Volturi. Rain allait en finir avec elle, après qu'elle ait fini avec les deux autres vampires. Pour Jonathan, il ne deviendrait qu'un dommage collatéral, une petite cerise sur le sunday de Rain. Maintenant, elle avait beaucoup plus peur de la vampire asiatique que des deux autres. Elle savait qu'ils étaient tous les trois aussi dangereux les uns que les autres, mais la détermination, la haine qu'elle lisait dans les yeux de Rain étaient beaucoup plus effrayante qu'une armée complète de vampires nouveaux-nés.

Toute la théâtralité qui suivit ne put qu'accentuer les sentiments de June envers cette situation. Il n'y avait plus d'issue, le feu les encerclait. D'autres vampires étaient dans les parages, June pouvait le sentir. Rain était une parfaite marionnettiste, ses plans semblaient prendre place à la perfection. L'angoisse prit de plus en plus de place dans le coeur de June, qui profita de l'échange entre les trois vampires pour se rapprocher lentement de Jonathan. Même si elle savait que les sang-froid pouvaient facilement remarquer ses mouvements, ils ne semblaient ni-l'un ni l'autre s'en soucier d'une quelconque manière. Connaissant l'esprit des vampires, ils devaient probablement la trouver pitoyables, mais elle n'en avait rien à faire. Elle tendit une main, lentement vers son collègue, et la perspicacité de Jonathan vint la surprendre, lorsque ce dernier vint lui donner l'un de ses couteaux. Tout en sachant qu'elle n'arriverait jamais à s'approcher d'un vampire avec cette arme, elle aurait tout de même un sentiment de protection, lorsque l'un d'eux s'approcherait d'elle pour la tuer..

Quel spectacle pathétique. Entre une chasseuse méconnaissable d'impuissance, une vampire faussement joueuse, et deux gogoles tentant maladroitement de faire leur spectacle, Jonathan ne savait plus quelle stratégie adopter. Car plus que ridicule, la scène était également incongrue ; c'est là qu'il se rendit compte qu'il aurait peut-être du rester en retrait quelques instants, le temps de comprendre la situation et de ne pas avoir à improviser sur un livre que les autres protagonistes avaient écrit à l'encre invisible.
Estimant avoir réussi son effet d'entrée à en juger par l'expression des visages qui l'entourait, il rabbatit ses deux sabres afin que la pointe s'enfonce légèrement dans le sol.

Un des deux Volturi lui adressa la parole. C'était la première fois qu'il croisait un membre de cette redoutable famille, et une chose était sûre , la réalité était bien moins impressionnante que les récits. Face aux pitreries de Jane et Jared, Jonathan ne pu cacher un petit sourire, combien la mise en scène et le côté "spectacle" étaient exécutés avec maladresse.
. Bien sûr, il savait à qui il avait affaire, mais il avait également suffisamment de confiance pour rester serein. A tort sans doute, car il n'était pas le dernier à ignorer que dans la situation présente, il n'avait que peu de chances de s'en sortir, à moins peut-être que June ne le rejoigne. D'autant plus que le vampire semblait avoir une emprise sur lui ; son regard pénétrant réveilla en Jonathan des craintes qu'il réprima avec le plus grand mal : sentant l'inconfort et l'angoisse s'éprendre de lui, il dut lutter afin de ne rien laisser transparaître.
Quelques gouttes de sueurs perlèrent sur son front.

Il avait agit, impulsé par la surprise de la scène, parce que son amie était en danger, et n'avait pas prit la peine de réfléchir davantage. Toutefois, l'heure n'était pas aux regrets, elle ne devait pas l'être : un chasseur devait aller au bout de ses entreprises.

- Que d'artifices, que de paillettes, que de superlatifs! C'est si facile de monter sur ses grands cheveaux, l'air grandiloquent, en faisant voler sa cape pour se donner de l'élégance. C'est si facile de jouer au vampire ténébreux, tout droit sorti d'un film d'épouvante. J'espère juste que tu vaux mieux en tant que combattant qu'en tant que comédien.

Tandis qu'il parlait, comme pour gagner du temps, Jonathan essayait d'analyser la situation, et le rôle de chacun : c'était bien plus complexe qu'une histoire de gentils et de méchants, pas plus qu'une affaire de vampires contre humains.
Il fut tiré de ses réflexions par le réveil de Rain qu'il n'avait pas eu l'occasion d'entendre depuis qu'il était arrivé.
Un cercle de feu entoura les cinq individus, désormais prisonniers d'une cohabitation difficile qui semblait bien partie pour dériver en bataille générale.
Et alors que les vampires engageaient un dialogue entre eux, Jonathan comprit, et commença à se dessiner dans son esprit les différents jeux d'alliance qui allaient se mettre en place ici présent. Ainsi donc, une lutte fratricide se préparait.

Seule la présence de June continuait à l'intriguer, bien que le moment n'était plus propice à ce genre de questionnement. Désormais, il fallait prendre une décision, choisir son camp.
Profitant de la diversion qu'avait exercée Rain sur les Volturi, Jonathan adressa un regard à sa collègue qui s'était rapprochée. D'un main, il lui tendit son deuxième sabre.

- Je ne sais pas ce que tu fais là June. A vrai dire, je ne sais pas non plus dans quel merdier je me suis foutu, mais une chose est sûre : nous sommes désormais tous les deux dans ce merdier. Et il va falloir s'en sortir.

Si June le rejoignait, le rapport de force serait plus équilibré. S'il était certain qu'il se battrait contre Jared et Jane, il n'était pas encore fixé sur ses intentions quant à l'eurasienne. Il savait simplement qu'à l'heure actuelle, un seul but devait être satisfait : survivre et se battre jusqu'au bout, avec l'honneur d'un chasseur qui n'abandonne jamais.

Il arrivait que les victimes offrent à leur bourreau bien des surprises. Cela avait été le cas avec June, qui, dans sa résignation, avait touché celle qui lui avait promis la Mort. Maintenant, c’était au tour de Jane de se permettre le loisir de changer son Destin, et cela, sans vraiment le savoir.

Mais pour le moment, la protagoniste était soumise à une peur profonde ; si le pouvoir du jumeau maléfique ne se manifesta pas dans l'immédiat, elle cachait bien son jeu. Maquillant sa détresse en une nouvelle preuve faisant foi de son irrémédiable inhumanité, la marionnettiste réussit à tromper la sœur de Jared. Celle-ci croyait dur comme fer à l’inefficacité du don de son comparse, ce qui l’empêcherait de découvrir une brèche dans la défense de son ennemie. Cette dernière, prostrée sur son promontoire, s’évertuait à ne rien laisser transparaitre. Pourtant, le mal qui la rongeait était bien réel : le pouvoir exercé par l’italien la renvoyait à sa peur primale, elle, qui ne souffrait d’aucunes phobies, ne cédant jamais à la panique, rien ni personne ne semblant pouvoir ébranler ce massif d’inertie. Malgré cela, Rain se surpassait pour dissimuler le moindre signe de faiblesse, même si sa main animée par sa poigne de fer était à deux doigts de lâcher son arme : elle lui paraissait tout à coup beaucoup plus lourde... Sa plus grande peur ? Il ne fallait pas chercher à déplacer des montagnes pour la trouver : il ne s'agissait ni plus ni moins que d'elle-même. Cette sociopathe amputée du cœur et de la raison,... elle s'en horrifiait parfois. L’assassine n’avait pourtant aucun mal à se regarder dans le miroir, occultant totalement ses vices. Mais il lui arrivait d’être confrontée à sa conscience, surtout en cette période de doute : le vampire semblait perdre son objectif de vue. Cette errance l'avait d'ailleurs poussé à la faute ; elle avait baissé sa garde alors qu'une pléthore d'ennemis n'attendait plus qu'une seconde d'inattention de sa part. Sa vie, elle la devait à la Chance et uniquement à elle. Rain avait même laissé des novices comme Jonathan, l'approcher, excusez du peu.
Et maintenant, Jared la confrontait à une peur peu commune : sa propre image. Alors qu’il n’allait pas tarder à relâcher son emprise sur sa proie, celle-ci tentait de ne pas fléchir face à l’angoisse qui grandissait peu à peu dans son esprit. Les dons de ses congénères avaient une fâcheuse tendance à se répercuter sur son propre pouvoir ; ainsi, les tableaux qui lui parvenaient sous forme de flash lorsqu’elle mettait un adversaire à mal, lui revenaient en tête, dépeignant les scènes d’horreurs qu’elle avait elle-même orchestré. La démone baignait dans l’Enfer qu’elle avait bâti de ses mains. Ce n’est pas le regard suppliant de ses victimes ni même leurs cris d’épouvante déchirant son âme, mais bien sa propre haine qui la faisait frémir d’effroi. Elle craignait sa puissance, étant particulièrement bien placée pour savoir ce qui alimentait cette folie furieuse. Heureusement pour elle, son jeu de faux-semblants avait fait son effet : Jared cessa son manège, s’en retournant à ses parades. Une seconde de plus et elle se serait effondrée sous la pression qu’elle s’infligeait pour ne pas choir face à ce supplice psychologique bien plus redoutable que la caresse de milles aiguilles.

Quelques minutes plus tôt, le fils Volturi avait tenté, en vain, de sonder le vert obsédant de l'iris du serpent, espérant peut-être trouver des réponses au détour d'une aliénation. Tout était Chaos. Il était face au vide absolu, comblé par une animosité profonde que l'on croyait endormie. Il pouvait bien essayer de deviner son ressenti de la peur ou encore, comme il l'avait supposé, la composition de son cercle social. Mais, justement, en allant s'imaginer qu’elle soit de mèche avec June, -ce qui était improbable, en effet- il écartait totalement l’hypothèse du Sang-froid à double casquette : vampire & chasseur. Spéculation qui, aussi inconcevable pouvait-elle être, était belle et bien véridique. Preuve, s’il en fallait une, qu’il était inutile de chercher à trouver une logique dans le personnage de Rain. D'ailleurs, Jared se posa une nouvelle interrogation oiseuse : la présence de ces armes blanches. La vagabonde était habituée à se battre en toutes circonstances, y comprit lorsqu'un chasseur parvenait à lui ôter sa force surnaturelle ou encore lorsqu'elle-même prenait pour cible un vampire... Aussi, il fallait dire qu'elle n’avait jamais pu réellement se passer de ses armes, de précieux compagnons de route qui, depuis son plus jeune âge, l'avaient aidé à évoluer dans un monde impitoyable, à certaine époque : celle, sanglante, d'un âge féodal qui ne pardonnait pas aux esclaves et autres sous-hommes soumis à plus fort qu'eux. Le contexte culturel jouait aussi sur le rapport étroit qu’elle avait entre son sabre, qui échappait d'ailleurs à bien des occidentaux...

Rain prit enfin la parole dans un but avoué de reprendre ses esprits, plus que par soucis de briser le confortable silence dans lequel elle s'était murée. Il n’y eu aucune animosité dans le ton qu’elle employa, seulement une effroyable placidité. Son aphorisme tomba comme un couperet :

« Ma lame a bien plus de raison d’être que n'en comptes ta propre existence... »

Ces quelques mots avaient été délivrés d’un tel naturel, qu’on ne pouvait qu'en croire la véracité, comme si Rain venait de tomber une évidence qu’on ne pouvait contester. Car une fois imbibée du Sang des Morts, Jared serait prié de croire que son sabre ne lui serait plus totalement inutile… Il en allait de même pour le feu, auquel il ne serait plus insensible une fois son immunité, ôtée. Quant aux autres provocations engagées par Jared, la bretteuse ne lui donnèrent pas suite, bien qu’à l’accoutumée, il n'aurait pas échappé à sa verve empoisonnée. Cependant, elle ne put s’empêcher -d’enfin- sourire lorsque qu'il évoqua sa famille, donnant vie à ce visage qui semblait figé dans la glace. La fratrie l’ignorait peut-être, mais ils n'en étaient pas à leur première rencontre ; cette soirée s'annonçait sous le signe des retrouvailles... En effet, Rain avait eu affaire une seule fois aux Volturi dans toute son existence. Ces "Rois", que l'Eurasienne avait berné, -échappant à leur joug car ils avaient probablement mieux à faire que de courir après la fourbe- elle en riait. June pensait d'ailleurs qu'elle en avait après eux. Elle faisait fausse route, les Volturi représentaient ce qu'il y avait de plus laid dans l'espèce vampirique. Cette offensive contre eux était purement symbolique et stratégique, si on considérait que le souhait de Rain était de les faire tomber. Il n'y avait donc rien de personnel. Elle ne faisait pas d'états d'âme : ennemi ou complice, aucuns ne pouvait prétendre pouvoir se ranger de son côté. Et pourtant, ce soir, le jeu avait été retourné dans tous les sens... Elle se trouvait dans une position bien délicate... Car si elle avait eu ne serait-ce qu'une once d'humanité, nul doute qu’elle se serait mise en travers du chemin des vampires pour protéger les deux humains ; l’un avait attiré sa sympathie avec la force de son éthique, l’autre l’amusait, ce qui suffisait à le rendre intéressant à ses yeux. Mais Jane allait renverser la partie d'ici quelques instants...

Tandis ce qu'elle interprétait les faits et gestes de Rain à sa guise, la jeune Volturi préparait son offensive. L'italienne pensait que son adversaire avait la prétention de l'emporter sur sa puissance : tout juste, elle comptait bien gagner. Mais pas comme Jane l’imaginait. Sa victoire ? Mourir au combat en emportant les deux jumeaux dans la tombe. Mais si l'enfant gâtée voyait et entendait ce qui lui plaisait, elle était assez fine pour comprendre que de mettre un terme à la vie de Rain serait lui offrir le plus beaux des présents. Ce fut la seule supposition valable qu'elle émit. Les autres hypothèses n'avaient guère de valeur, comme celle qui présentait les pouvoirs de Jared comme vains.

Pour le moment, ce fut l’agitation du côté des chasseurs qui attira l’attention de Rain ; elle tourna la tête vers June, balayant l’arène artificielle du regard ; entre temps, elle croisa le regard de l’italienne. Les yeux posés sur l’appat qui avait servi à orchestrer cette mascarade, l’eurasienne affichait une expression soucieuse, comme si elle se doutait du sort qu’on lui réservait. Elle supposait que Jane n’allait pas faire dans la dentelle, mais elle était loin, très loin, de s’imaginer l’impact du pouvoir qui allait se retourner contre elle.

June fut son dernier contact avec la réalité avant qu'elle ne bascule de l’autre côté…

Du point de vue des humains présents, tout se passa très vite, mais Rain ressentit chaque étape de l’ascension d’une souffrance qui prenait peu à peu possession de son âme… Jane lui fit l’honneur de concentrer sa toute puissance sur un adversaire dont elle comprit rapidement la particularité pour ne pas lui laisser le loisir de répliquer. Comme frappée par la foudre, Rain tomba à genoux, plantant sa lame dans la roche, à temps pour soutenir le poids qui s’était abattu sur ses épaules. Tête baissée, elle releva les yeux non pas vers son agresseur, mais bien vers June, comme si elle se refusait, même dans la tourmente, à accorder une quelconque importance à cet enfant maudit. L’éléctricité dans l’air annonçait une douce accalmie avant la tornade qui allait s’abattre sur Hanover… Lèvres closes, Rain serrait les dents, retirant le plaisir au tortionnaire de l’entendre gémir. A peine remise de l’angoisse crée par Jared, elle se contenait du mieux qu’elle pouvait, mais la douleur s’accentua peu à peu : ses nerfs lâchèrent un à un sous la pression, comme si Jane prenait un malin plaisir à décortiquer l’âme de la martyr avant de la piquer à vif. Privée de toute défense, Rain reçu la douleur en plein,... une douleur qui serait restée neutre si son propre don ne s’en était pas mêlé : comme lors de la précédente torture orchestrée par Jared, le vampire fut assommée par une myriade de visions. Mais, cette fois-ci, à l'image, s’associait la souffrance. Souvenirs passés de sa propre dégénérescence, mais aussi des rares fois où elle avait tenu le rôle de victime. Alors que rien ne transparaissait, Rain ressentait l’incision d’une lame lui lacérer la peau, l’écorchant vive pour qu'ensuite, des pals ne viennent lui griffer ses muscles endoloris. Ses organes semblaient s'envelopper d'un filet d'acide qui les rongeait patiemment. Elle voulait hurler, mais aucun son ne sortit de sa gorge, qu’elle croyait condamnée par milles couteaux qui avaient investi sa trachée. Rain jurerait que son cœur mort était en train de se tordre sur lui même, finissant de parfaire la douleur. Ajouté à cela, les innombrables flashs illustrant le mal qu'elle avait causé ou vécu. Ses victimes semblaient se jouer de l'inquisitrice aux prises avec une prétendante à la succession : la Reine, déchue de son titre, laissait volontiers son trône à cette enfant perverse...

La supplicié voulait fermer les yeux, pensant tout arrêter, mais le tête à tête que lui réservait les fantômes du passé était bien pire que la réalité présente. Elle se revoyait choir sous les balles qui transperçaient sa peau diaphane, cinquante ans auparavant. Ou, plus récemment, à la place du bourreau cette fois, en faisant vivre à Rosalie la pire des horreurs... Elle s’inquiétait de ses visions qu’elle ne contrôlait plus : ces dernières années, Rain avait observé la mutation de son don et s’en était alarmée lorsqu’elle avait comprit l’ironie du sort : sa puissance se retournait contre elle. La mage l’avait tellement parfait, l’exerçant sur ses victimes avec brio, le poussant toujours à évoluer pour offrir aux malheureux, une douleur infinie... Son don avait fini par développer une certaine indépendance, se voulant flexible, sensible aux pouvoirs des autres vampires. Mais à cet instant, Rain brûlait de l'intérieur. Une pareille souffrance aurait rendu fou n’importe qui. Mais la proie de Jane était déjà bel et bien aliénée. Cependant la tortionnaire ne s’attendait peut-être pas à cela : la douleur la galvanisait,... et cela, elle allait bientôt le découvrir à ses dépends.

Après ces longues minutes de torture, il semblait s'être produit un phénomène étrange... A y regarder de plus près, la chevelure de jais de la victime paraissait encore plus sombre, trempée dans les ténèbres... Son aura s'était tout à coup affaiblie, alors en pleine expansion. Les tremblements qui secouaient son corps s'étaient tus. La créature qui semblait avoir avalé Rain dans ses entrailles pour ne montrer que le seul visage de démence, tourna machinalement la tête vers la coupable. La Colère avait remplacé le Vide dans le regard incandescent qu'elle lança à Jane. Les flammes qui dansaient dans ses yeux donnaient un avant-goût de l'Enfer qui attendait la Volturi.
Ce qui nous tue pas nous rends plus fort ? L’adage n’avait jamais autant existé à travers Rain. La souffrance qu’on lui infligeait la motivait à la rendre au centuple. Jane venait de lui rappeler qu’il existait encore dans ce monde, des adversaires à sa taille qui pourraient la sortir de sa torpeur et l'italienne ne s'était pas contentée de la bousculer... Celle-ci pouvait admirer sa création : elle avait engendré un maelstrom de fiel, cette même haine qui avait effrayé June quelques minutes auparavant, alors qu'elle dormait profondément, couvée par son hôte.

La tempête s'abattit soudainement : relâchant toute l'énergie qu'elle avait rassemblé, le vampire, dans un effort surhumain, dégagea son sabre de la roche avant de le brandir aux cieux. L'impact du coup qui suivit retentit dans toute la forêt : la lame fendit la pierre sous ses pieds, frayant un passage à sa détentrice dans la chute qui l'accompagna. Rain venait de briser le monticule de pierre sur lequel elle reposait, retombant en contrebas ; la pierre s'était fendue en deux derrière son passage. Amortissant sa chute en plantant son sabre dans la terre, elle créa une brèche qui serpenta jusqu’aux pieds des Volturi, ouvrant de quelques pieds le sol de la clairière.

L'ombre du diable se découpa dans le nuage de poussière que l'effondrement avait généré. Rien ni personne ne semblait pouvoir apaiser sa colère : la mort d'un des deux jumeaux ne pourrait y prétendre, il aurait fallu une armée de guerriers à exterminer pour espérer calmer la bête... Alors que Jane commençait à percevoir les contours de son ennemie, celle-ci ne lui laissera guère le temps d'anticiper ce qui allait suivre : Rain fondit sur sa proie, sabre en main. Si elle crut éviter l'attaque, Jane ne tarda pas à ressentir une vive douleur... En effet, les deux prédateurs se faisaient face ; l'italienne serrait la main de son agresseur, l'empêchant de la pourfendre de sa lame grâce à la vélocité que lui conférait son pouvoir vampirique. Mais en se concentrant sur cet assaut, elle n'avait pas vu venir la fourbe : celle-ci retourna son tantō dans le corps de Jane. Cette seconde lame, qu'elle tenait toujours sanglée à son avant-bras cachée sous sa manche, était assez petite pour tromper l'ennemi, mais elle était surtout baignée dans le Sang des Morts... Après avoir tourné son sabre court dans le ventre de Jane, elle ne pensa pas à le retirer, le maintenant férocement enfoncé dans la chair de l'enfant. Sa victime se sentait envahir par la haine qui se lisait dans le regard de Rain dont le visage glacial ne se tenait qu'à quelques centimètres du sien. Que fait la petite fille sans sa poupée ? Elle pleure ? Oh non, elle n’espérait pas attrister la célèbre Vierge de Fer. Seulement creuser dans ses joues immaculées, des Larmes de Sang.

Le discours de Jonathan fit sourire ce qui restait de Rain dans cette entité démoniaque forgée par la haine. Il y a quelques minutes, le chasseur pouvait encore sentir en l'eurasienne, une alliée qui lui ferait au moins gagner du temps en combattant les Volturis. Maintenant, tous pouvaient craindre pour leur vie avec l'arrivée impromptue d'une bombe à retardement dans l'arène.

Mais la machination ne s'arrêtait pas à cette roulette russe. Il manquait la pièce maîtresse de son théâtre vivant : les lycans. Ils ne devraient plus tarder. Les Volturis ne pensaient tout de même pas que ce simple dispositif les retiendraient ? Que croyaient-ils ? Tout avait un sens sur cet échiquier. Sa lame nourrie du Sang des Morts les rendraient faillibles, les flammes les empêcheraient de fuir, June les divertiraient. Et enfin, les lycans finiraient de déchiqueter leurs carcasses. Rain ne faisait pas les choses à moitié. Il était impossible de ne pas réveiller l’attention de la meute en organisant un tel feu de joie à Hanover, une si petite ville où se rencontraient les trois races en lutte. Les enfants de la Lune seraient bien vite alertés par cette bataille en plein air...

La seule tâche sur son tableau avait été Jonathan et maintenant, l'éveil de la marionnettiste... Le gagnant de ce jeu sordide empocherait le droit de vivre. Qui remporterait la victoire ?

Le soleil s'était couché depuis un moment maintenant, et l'épicerie des Kimama avait fermé ses portes. Sora avait préparé le diner en avance, afin que sa tante fatiguée puisse aller se reposer rapidement après. La louve débarrassait la table lorsque son ouïe aiguisée lui fit savoir qu'une voiture se garait dans un crissement de pneus retentissait devant la maison, rapidement suivit du grondement de pas montant l'escalier d'accès à l'étage habité. Rapidement, elle atteignit la porte et l'ouvrit avant que son invité ne puisse frapper (ou plutôt enfoncer) le montant de bois. Elle s'apprêtait à réprimander Zach - elle avait reconnu son odeur - mais il ne lui en laissa pas le temps. Distraitement, elle nota qu'il tenait une lettre froissée dans son poing tendu, mais l'homme essoufflé baragouina une phrase si rapidement et indistinctement qu'elle dut le faire répéter. « Sauvez JUNE ! » lui cria-t-il finalement à la figure avec tant de force qu'elle pouvait être sûre que le lycan le plus proche l'avait entendu.

June... petite brunette, chasseuse, avait participé au coup d'éclat contre les Volturis, pas trop chiante, professionnelle... Associer à cela les pauvres informations que put lui fournir Zach dans son état d'agitation avancé : capturée par vampire, mort imminente, lettre d'adieux, très bonne amie, doit être sauvé à tout prix ; et le compte était vite fait. Criant par dessus son épaule à sa tante (avec le coup d'éclat de Zach, d'une manière ou d'une autre elle était consciente d'un problème) qu'elle s'en allait, Sora poussa le chasseur pour refermer la porte de sa maison derrière elle. Elle dégringola les escaliers, Zach sur les talons. Ils se mirent à courir vers la forêt et Zach insista pour la suivre. Sans s'arrêter, Sora le lui interdit formellement. Ces humains chasseurs, c'était bien mignon, mais sans effet de surprise c'était plus handicapant pour les loups qu'autre chose ! Un peu plus tard, elle s'en voudrait probablement de l'avoir laissé en plan alors qu'il était clairement mort de trouille pour son amie, mais en l'occurrence elle avait plus urgent à penser.

Elle se déshabilla rapidement et se transforma en un clin d'œil. Dès sa forme animale prise, elle sonda les esprits de sa meute. Elle fut surprise de découvrir qu'un certain nombre d'entre eux étaient transformés, mais elle comprit rapidement d'après leurs pensées qu'une activité inhabituellement importante de vampires les avaient alerté et que le bouche à oreille avait fait le reste. Elle rajouta alors sa pierre à l'édifice en annonçant l'enlèvement d'une chasseuse. C'était profondément inhabituel, lorsque les chasseurs tuaient, ils le faisaient sans donner à leurs proies le temps d'écrire une lettre d'adieu à leurs proches. Quelque chose d'étrange se passait, et de multiples interprétations étaient possibles, mais Sora ne laissa pas à ses frères le temps de se perdre en supputations inutiles. En l'absence de Jacob et Enzo, elle prit naturellement la tête des opérations : en tant que forte-tête et petite-amie de l'Alpha, elle avait une position marquée au sein de la meute. Ils lui emboitèrent donc le pas sans hésiter lorsqu'elle déclara la chasse ouverte, d'autant plus que leur aîné, Paco, se joignit à elle.

Les rapports des éclaireurs de la meute signalant une activité suspecte dans la direction des White Mountains, c'est par là qu'ils se dirigèrent, faute d'avoir d'autres indices de la part de Zach. Avant qu'ils ne soient tous trop éloignés de la réserve, Sora ordonna néanmoins à l'un des leurs de prévenir le reste de la meute non transformée. Elle craignait, et Paco était de son avis, qu'ils n'en aient besoin si les Volturis étaient, comme on pouvait s'en douter, de la partie. Allez tirer de chez soi chaque loup un par un aurait été trop onéreux en temps, ils utilisèrent donc un moyen bien plus efficace, mais aussi beaucoup moins discret, raison pour laquelle ils préféraient l'éviter en règle générale : dans la réserve de Hanover et ses environs immédiats, le hurlement profond d'un loup résonna puissamment, alertant tous les Protecteurs à portée.

Mais déjà, le reste de la meute filait, telles des ombres à peine effleurées par la lueur de la lune, au cœur de la forêt. A quelques dizaines de mètres à sa droite, Sora identifia le plus jeune loup de la meute, Lucas, et tendit son esprit vers lui. Ce serait sa première chasse, et a priori loin d'être la plus facile pour une première. Elle le savait tendu et impulsif mais ne tenait pas à le retrouver en miettes au lever du soleil. *Pas d'imprudence louveteau, reste à mes côtés.* Avoir assistée à sa transformation et vu le corps déchiqueté de son père (lui rappelant tant le sien) l'avait probablement rapproché de Lucas plus que de n'importe quel louveteau, elle était donc avec lui un peu plus protectrice en particulier qu'avec le reste de la meute.

Lorsqu'ils se rapprochèrent des White Mountains, les odeurs se précisèrent, et une multitude d'effluves puantes confirma leurs doutes. Il y avait en ces lieux bien plus de vampires réunis qu'il n'était raisonnable. Entre temps, le reste de la meute alertée s'était transformée à son tour, et l'esprit de l'Alpha et du Bêta rejoignit les leurs dans leur communion. Tandis qu'ils puisaient des explications dans les pensées communes, Leah, la plus rapide de la meute, jouait le rôle d'éclaireuse. Rapidement, elle les informa d'une étrange conformation des vampires réunis en cercle autour d'un point central vers lequel elle venait d'apercevoir surgir des flammes. L'odeur de la fumée atteignit rapidement leurs museaux, confirmant le contact visuel, et avec elle se précisa également les odeurs des protagonistes : trois vampires et non pas une mais deux humains ! L'inquiétude et l'incompréhension se propagea dans les rangs. Les supputations prirent une nouvelle proportion, mais au final les esprits les plus paranoïaques et vifs d'esprit trouvèrent l'explication la plus logique et inquiétante, qui convainquit tous les autres : quelque soit la finalité de toute cette mise en scène, ils se jetaient droit dans la gueule d'un piège.

Et pourtant, pas un instant les foulées puissantes des loups ne ralentirent. La meute Winnipesaukee entière était lancée dans cette chasse, et leur raison de vivre y était résumée : protéger les humains, contrer et détruire les vampires, et ce tous ensemble, unis. Faire volte-face ici, serait renier toute leur vie, tout leur être. Les esprits les plus effrayés furent rapidement portés par la volonté collective, par la détermination du groupe, et le sentiment d'unité offrant protection et courage même au devant de l'inconnu. La voix de leur Alpha, puissante et exigeante, les contraignant de sa prérogative naturelle et indiscutable, s'éleva néanmoins pour cadrer leurs ardeurs : *La seule priorité, ce sont les chasseurs. Attrapez-les, sortez-les de là, mettez-les en sécurité. Pas d'acharnement sur les vampires, ils sont trop nombreux pour qu'on puisse tous les tuer. On sauve les humains, et on se replie, on avise ensuite. Compris ?*

Tandis qu'un assentiment général (comme s'ils avaient le choix...) était murmuré mentalement, Leah avait atteint les vampires sentinelles, à une centaine de mètres du mur de flammes. Le sang-froid le plus proche ne sembla pas faire mine d'attaquer, mais cela n'arrêta en rien la louve, qui se jeta sur lui, rapidement suivit de deux de ses frères. Même s'il n'avait pas attaquer en cet instant, il aurait fini par se retourner contre eux, c'était peut être (sans doute, les prendre en tenaille, les encercler, quel meilleur moyen de les massacrer ?) le plan, il ne fallait donc pas prendre de risques. Attaquer en premier valait la meilleure des défenses.

Sora et trois de ses frères, dont Lucas et Paco, passèrent en coup de vent à côté d'eux, séparés de quelques mètres les uns des autres, et continuèrent sans ralentir leur chemin vers leur objectif. En quelques secondes, ils se répartirent les rôles : Sora s'occuperait de tirer June de là ; Lucas serait en charge de l'autre humain ; les deux autres loups repousseraient les vampires si besoin est. Le reste de la meute arriverait d'ici quelques minutes pour les assister.

Ils arrivèrent en vue de la clairière, et le rideau de flammes qui les séparait de la scène devint pleinement visible et ressenti. Qu'à cela ne tienne, Sora, prenant la tête, ne ralentit pas. Ce n'est qu'à une dizaine de mètres de la barrière qu'elle prit son élan et déplia ses membres postérieurs. Décollant du sol, elle passa les flammes en arc de cercle tout aussi bref que majestueux, suivie des mâles dont la puissance des muscles offrait une poussée d'autant plus grande. Elle atterrit avec souplesse et, repérant June non loin, la rejoignit sans attendre. Se plaçant entre elle et les sang-froids, elle pilla près de la jeune femme. Du bout du museau, elle la poussa gentiment vers son dos, en une invitation évidente à monter (et en vitesse de préférence, les odeurs devenaient vraiment entêtantes). Pas que les loups soient ravis de servir de montures et soient taillés pour, mais c'était le seul moyen sûr qui leur permettrait de les extraire rapidement. Tandis que Lucas faisait de même pour l'autre humain, Paco et Will ne quittaient pas des yeux les vampires et avaient une superbe vue sur le combat qui se déroulait entre deux d'entre eux.

*Qu'ils se massacrent entre eux, ça nous fait moins de boulot.* pensa Sora en partageant les visions de ses frères, reportant à plus tard les questionnements du pourquoi du comment... Mais malgré son caractère buté et sa capacité à se concentrer sur sa mission lorsqu'elle était en chasse, Sora ne pouvait s'empêcher de ressentir une peur insidieuse, sournoise, qui semblait flotter sur la clairière comme un nuage suffoquant. Elle sentait que ce sentiment atteignait également ses frères présents dans le cercle de flammes, tandis que le reste de la meute les soutenaient mentalement d'une volonté inébranlable. Il y avait quelque chose de peu naturel à cette peur...

L’eau avait coulée sous les ponts depuis la première transformation de Lucas. Seulement quelques semaines, tout au plus. Pourtant, ces dernières lui avaient semblé à la fois incroyablement longues et d’un autre côté, écourtées. Cela était probablement dû au changement de rythme. Il se retrouvait chargé d’un quotidien si rempli en action, qu’il ne le voyait plus passé.

Le jeune homme avait passé son début de soirée en solitaire, comme à son habitude, récemment acquise. Il était bien trop épuisé pour se permettre de fantaisistes sorties. De plus, il n’avait pas la moindre envie de quitter la réserve. Cette dernière était pour lui comme une bulle, qui le coupait du reste du monde. Confortable, reposante. Lucas ne s’effrayait plus de la solitude glauque de la maison de son père et commençait à s’y sentir pleinement à l’aise. Le jeune homme avait distraitement achevé son devoir de mathématiques, avant de s’allonger au travers du canapé, ses jambes dépassant de l’accoudoir tout autant que sa tête le faisait par rapport au second. Il perdait peu à peu le sens horaire de la vie des gens normaux. Si épuisé par les efforts que lui imposaient son statut de lycan, il sombrait rapidement dans le sommeil, lorsque ce dernier acceptait de l’accueillir et, se réveillait au petit matin pour rejoindre les quelques loups de la meute en ronde. Le jeune homme s’assoupit…

Il ne dormit pas autant qu'il aurait pu. Lorsque ses yeux s'ouvrirent, le cadran de l'horloge lui indiquait vingt et une heure trente. Le jeune homme s'étira et quelques-unes de ses articulations craquèrent. Luke se frotta machinalement les yeux avant de se lever. Avant de quitter l'endroit, il s'autorisa une petite collation, puis quitta la maison, ne prenant pas la peine de verrouiller les serrures. Le vice du vol n'était pas rependu sur la Réserve. Le jeune homme se hâte de rejoindre la forêt. Les grandes foulées que lui permettait d'effectuer ses immenses jambes, le firent arrivé rapidement. Parvenu à la lisière, il se débarrassa de ses vêtements, sans gêne. Il faisait partie de la meute depuis suffisamment de temps, pour ne plus éprouvé ce sentiment qui quelques semaines plus tôt lui avait donné le rouge aux joues. Nu, il sentit la fraicheur de la nuit caresser sa peau. Ou plus ou moins un doux vent descendu tout droit des montagnes, qui firent se balancer quelques-unes de ses boucles. Le jeune homme respira profondément, paisible. Lorsqu'il se sentit en accord avec lui-même il entama sa métamorphose. Récemment intégré à la meute, il n'avait pas encore acquiert la rapidité de mutation qu'offre l'expérience, mais il s'appliquait à sa tâche, se perfectionnant de jour en jour. Bientôt, les pensées du reste de la meute envahir son esprit et le loup s'élança sur l'un des sentiers de la forêt. Bien qu'il aurait voulu bannir les voix de ses frères et soeurs de son esprit, afin de courir tranquillement, Luke fut quasiment obligé d'en saisir la nature. Un regroupement de sang froid les inquiétaient. Intrigué, Lucas bifurqua d'un puissant coup de patte en pivot, pour s'aventurer sur une piste perpendiculaire et ainsi, rejoindre les loups les plus proches de sa position. L'odeur désormais familière de Paco envahit les narines de Luke et ce dernier pressa le pas afin de le rejoindre au plus vite.Alors qu'il n'était pas encore bien loin de son ami, il sentit une de ses soeurs de meutes adopter sa forme canine. Par conséquent, les pensées de Sora furent partagées à la meute. Il atteignit la clairière où s'étaient réunis les Winnipesaukee en même temps que cette dernière. Le torse du louveteau se redressa et s'abaissa rapidement, l'air allant et venant rapidement dans son organisme, il se contraignit à réguler son souffle, ce qu'il parvint à faire, au bout de quelques secondes de concentration. Le jeune loup s'assit sur ses pattes arrières, en écoutant les informations de Sora et ses instructions. Car si l'Alpha était Enzo Greenwood, le Bêta Jacob Black, il n'en allait pas moins que Sora avait une place élevée dans la hiérarchie de la meute et était respectée par ses pairs. Le misogynismees n'existait pas chez les Winnipesaukee.

Alors que les loups filaient rejoindre leurs postes, Luke resta en arrière. Ainsi, les sangsues s'organisaient un barbecue nocturne ? Enfin, il allait pouvoir affronter ces immondices. Il sentit l'excitation faire bouillonner son sang. La voix de Sora résonna dans son esprit, l'intimant à la prudence. Elle lui demanda de rester à ses côtés. Les sourires étaient des expressions faciles typiquement humaines. Mais par se retroussement de babines, elle dû assurément comprendre l'intention. Le louveteau trotta jusqu'à elle, prêt à la suivre, où qu'elle irait. Lucas avait un respect immense pour la louve et, plierait probablement à n'importe quelles injonctions de sa part, aveuglément. Et ce soir, il était déterminé à ne pas commettre la moindre bourde, au moins pour ne pas s'attirer de réprimandes de la part de l'orfèvre. Elle serait certainement bien capable de lui botter fraternellement les fesses !

Le groupe de loups se rapprocha rapidement des Whites Moutains. C'était la première fois que Lucas se rendait dans ses lieux, mais à travers les esprits de ses frères et soeurs de meute, il possédait une connaissance du terrain partielle, mais suffisante. Du moins il l'espérait. Les odeurs commencèrent à leur passer sous le nez, apporter par les bourrasques légères du vent. Luke serra vigoureusement les dents et se contraignit à humer les effluves nauséabondes de ces cadavres ambulants. La gorge nouée et l'estomac retourné, son estomac faillit rendre son contenu et, Luke du se faire violence pour ne pas y céder. D'un autre côté, il sentait une rage trop longtemps contenu dans une léthargie se réveiller. Alimentant considérablement la puissance de ses foulées. Il veillait toutefois à ne pas dépasser son aînée, à la fois par respect mais également parce qu'elle connaissait le chemin mieux que lui. Alors qu'ils poursuivaient tous leur course vers leurs buts, la voix de l'Alpha résonna dans leurs esprits, à la fois rassurante et objective.

Ils se séparèrent tous en groupes allant de deux à quatre loups. Ils attaqueraient la clairière de la manière la plus stratégique possible. Le louveteau s'élança à la suite de Sora, Paco et Will. Alors qu'ils couraient dans une synchronisation quasiment parfaite Lucas laissa s'échapper une pensée : * Droit dans la gueule du loup * dit-il ironiquement. Les rôles attribués, ils laissèrent place à la concentration. Lucas se chargerait de l'humain, le mâle. Conscient que la vie de l'humain reposait entre ses pattes, le jeune homme sentit une petite pointe de panique s'infiltrer dans ses sentiments. Toutefois, le mouvement général de la meute suffit à étouffer cette dernière. Ils parvinrent enfin au rideau de flamme encerclant la scène. Lucas accéléra afin de se donner de l'élan. Il était légèrement plus petite que ces compagnons, cela ne l'empêchait surement pas de franchir la barrière de feu. À quelques pas de la limite enflammée, alors que Sora effectuait déjà un bond d'une spectaculaire majesté, Lucas fléchit les pattes avant et dans une détente puissante bondit. Il s'étendit allongeant la distance effectuée. Il se reçu le plus avec une adresse satisfaisante de l'autre côté de l'obstacle et, imitant l'orfèvre, se dirigea directement vers l'humain. Il se plaça devant ce dernier. Jetant un coup d'oeil légèrement inquiet à Leah et ses compagnons, déjà en affront avec une sang froid. Il se reconcentra sur son objectif et ses lèvres se retroussèrent, tandis que ses oreilles s'aplatissaient sur son crâne dans une attitude menaçante envers les vampires qui se tenaient devant lui. Famille royale ou non, il devait se faire violence pour ne pas leur bondir dessus et leurs fiche une raclée.royale Bien qu'il aurait été prétentieux de croire qu'il y serait parvenu.

Mais l'idée lui plaisait bien. Leurs odeurs lui embrouillaient l'esprit et les souvenirs remontant à plusieurs semaines lui revinrent en mémoire. Il se souvenait de l'inconscience qui l'avait envahi et de son attitude face au corps de son père. Heureusement, parmi eux, il ne reconnaissait pas l'odeur de celui qui était responsable du décès de son géniteur. Dans ce cas de figure, il doutait que son self-control se soit maintenu.

Lucas tourna légèrement sa tête de loup vers l'humain. Ses yeux d'ambre rencontrèrent ceux du chasseur. Puis, il revint se poser sur ses ennemis héréditaires. Pour que le message passe plus clairement, il fléchit légèrement les pattes, lui offrant la possibilité de monter sur son dos plus aisément. Lucas jeta un coup d'oeil à son aînée qui faisait de même. Sous forme humaine, il aurait certainement grimacer. L'idée de porter quelqu'un sur son dos n'était pas pour le réjouir. Mais il n'avait pas vraiment le choix. Il n'allait pas le trainer par la peau du cou. Une pensée de Sora retentie et Lucas eut un grognement d'assentiment, rejoignant totalement le point de vue de la jeune femme. S'ils pouvaient même tous mourir pour de bon dans cet affrontement, le monde s'en porterait bien mieux.

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, une peur tétanisante s'infiltra en lui et le regard ambré du loup se tourna vers le vampire mâle. Luke se raidit...

Jared souriait. Pour le moment il avait de quoi être amusé, une vampire qui jouait les ninjas suicidaires, deux chasseurs dont une muette et un trop impétueux pour pouvoir vivre plus d’un an sa vocation. N’y avait il pas de quoi être hilare ? Qui plus ait il fallait ajouter que tous les pores de trois corps exsudaient la peur et le vampire la savourait pleinement, s’enivrant de celle-ci comme s’il s’agissait de sang. Celui qui inspire la peur possède le pouvoir, cela il le savait depuis son humanité, et du sait qu’elle datait. Sur sa langue ces trois peurs offraient un cocktail de gouts les plus divins et la plus étonnante des trois fut celle de la vampire. Sa plus grande peur était elle-même, il pencha la tête de fascination en étirant son sourire.

Il n’avait écouté que d’une oreille discrète la voix du chasseur qui semblait l’accuser de théâtralité et d’en sur rajouter, s’il savait l’ignorant… Il payerai très prochainement son affront, le vampire lui apprendrait ça place, un vers parmi les vers, on ne se la ramenait pas lorsque l’on était face à quelqu’un qui pouvait vous prendre la vie avant même que vous vous en rendiez compte. Mais la première personne à corriger était celle qui l’accompagnait, Jane venait de lui répondre s’autorisant à s’élever à son niveau, mais ce n’était pas en cela qu’elle se trompait. Elle n’avait pas à montrer leur désunion devant leur victime, aussi il commença par un compliment pour donner dans l’autre sens, plus tard il lui ferait la remarque.

Ho, mais ma belle, je ne pense pas que tu ais un jour été sous mes ordres, il serait stupide de ma part de le penser… Quoi qu’il en soit sache que ce n’est pas parce que la peur n’est pas visible qu’elle n’existe pas, mon don n’a malheureusement pas le spectaculaire du tien… Mais qu’il en soit ainsi, je te laisse t’amuser avec elle…

Sa voix était, faussement il va de soit, joviale alors qui adressa un nouveau regard à l’eurasienne, si elle avait enfin brisé le silence, il ne lui répondit pas, entrant dans son propre jeu d’ignorance méprisante. Elle échangea un regard avec celle qui était son appât avant qu’il ne puisse lire sur son visage le don de Jane. Il enviait parfois sa consœur de pouvoir ainsi mettre à mal n’importe qui, inspirant ainsi la crainte en plus de la douleur. Mais il préférait tout fois son don, les peurs étaient plus subtile la torture plus douce amenant l’âme à se déchirer elle-même plutôt que de briser directement. Il retourna son attention sur les chasseurs, plus particulièrement sur le mâle.

Bon…

Il fit une révérence volontairement ridicule, puis fit voler de nouveau les pans de son manteau, lui adressant un regard vide alors que ses lèvres souriaient. L’instant d’après il n’y avait plus qu’une trace flou là ou il se trouvait. Il avait couru, comme son statut l’avait permis de le faire, fonçant vers Jonathan. Il l’attrapa la gorge dans sa course et s’arrêta plusieurs mètres en arrière le soulevant du sol comme s’il ne pesait rien. Il le dévisagea à la manière d’un fauve venant de trouver une souris particulièrement amusante.

tss tss tsss Il accompagna ces sons d’un mouvement de doigts Tu dois être bien stupide pour provoquer un vampire, le fait d’en avoir tuer quelques uns à du te monter à la tête… Mais sache que les films les plus épouvantable ne sont que de doux euphémismes… Et je te rassure, je savais me battre avant même que mon cœur ne s’arrête, et cela fait plus de sept cents ans qu’il ne bat plus… Mais il n’y aura pas de combat entre nous, comme il n’y en a pas entre un lion et un insecte.

L’espace d’une fraction de seconde il profita du contact physique entre leur deux peaux pour exercer son pouvoir de la façon la plus instance possible, donnant à sa plus grande peur des allures réelle avant de jeter au sol quelques mètres en arrière, au pied de June. Il se tenait près à parait n’importe quelle attaque, aucun détail, aucun mouvement de mains ne lui échappait. Il marcha lentement vers la chasseuse, plongeant son regard dans le sien, intensifiant la peur sur elle. Le regard de la jeune femme était déterminé, il était évident qu’elle préfèrerait mourir plutôt que de livrer ses collègue, d’ailleurs elle souhaitait mourir. Les suicidaires étaient une plaie à faire parler, mais Jared connaissait bien des méthodes de torture et quelque chose en lui lui disait qu’il trouverait la faille des chasseurs rapidement.

Vous et moi avons à parl…

Il s’arrêta nette devant l’improbabilité de ce qui venait de se produire, l’asiatique venait d’enfoncer une lame dans le corps parfait de Jane et déjà le son de son cœur retentissait. Elle était tombé dans le panneau, Jane était beaucoup trop sur d’elle, voilà ce qui arrivait quand on relâchait sa méfiance. Vous diriez que Jared était bien mal placé pour juger étant donner son égo particulièrement démesuré, mais même s’il se pensait supérieur aux autres il restait vigilent, le privilège de l’âge sans nul doute. Il brisa instantanément la distance qui le séparait des deux femelles et tout en prenant bien garde aux lames ensanglantées il attrapa l’un des poignets de l’agresseur ainsi qu’une épaule pour l’arracher de la sorcière et la projeté au loin dans la clairière, profitant comme avec le chasseur, du bref contact physique pour lui faire ressentir la versant le plus puissant de son don. Il entendit au loin le martellement de plusieurs pattes alors qu’il se penchait sur Jane pour retirer le couteau, il devait interrompre le contact avec le sang de mort.

Tu me déçois un peu ma Jane… Tu as l’odeur de la nourriture… je te prierais de rester en vie

Il se retourna a temps pour voir débarquer des loups massifs dont l’odeurs nauséabonde ne cachait rien de leurs véritables nature lycanthrope. Il laissa échapper un grondement sourd de sa gorge et cibla les nouveaux venus de sa peur. Il savait par ses recherches que les loups partageaient leurs pensée sous cette forme et se demandait se qu’il en serait pour les dons mentaux, comme le sien ou celui de Jane. Encore que cette dernière était indisponible pour se prêter à l’expérimentation. L’air commençait à sentir le roussi et pas seulement à cause des flammes… Il se redressa pour quitter sa posture de combat, mais resta tout aussi vigilent pour autant, gardant Jane tout près de lui, il devait la garder en vie, non seulement parce qu’elle était la meilleurs armes du clan mais aussi quelque part parce que l’immortalité serait moins drôle sans cette rivale enquiquinante.

Ainsi, tu as convié les loup dans ton mouroir ? Tu penses être assez forte pour piéger deux Volturi, deux chasseurs et une meute ? Un rire moqueur s’échappa de ses lèvres avant qu’il tourne son regard vers les poilus. Loups, Vous êtes tombé semble t il dans le même piège que nous, je ne suis pas la pour me battre contre vous, mais j’ai besoin de ses humains, ils sont un danger pour tous, même pour les leurs…

Il savait très bien que ses chances de repartir avec un chasseur venaient de tomber cruellement et celle d’y rester fit le mouvement contraire. La diplomatie était donc de rigueur, contrairement à sa comparse il savait en faire preuve quand il le fallait. Pour le moment l’ennemie commune était Rain et son cerveau venait déjà d’échafauder un plan…

Jane constata avec une surprise qu'elle sut cachée derrière un rictus moqueur envers l'Eurasienne que Jared avait su pénetrer l'esprit tordu de cette vampire qui était parvenue tout de même à cacher cela.

*Petite cachottière, cela n'était rien à côté de ce que moi, je vais t'offrir. *

Lui faisant sentir ce que le mot souffrance voulait dire, Jane y mit toute son âme. Elle se délecta en sentant la douleur envahir progressivement le corps de Rain, faisant lacher peu à peu ses nerfs jusqu'à l'effondrement total. Tout en accomplissant cela, Jane se sentait presque connectée à ce que traversait Rain, sans en ressentir les affres. Cette vampire était à abattre mais avant toute chose, il fallait qu'elle sache qu'elle avait un adversaire à la hauteur de sa cruauté.

Alors qu'elle allait asséner le coup final au tableau dont elle se délectait comme une enfant avec une ribambelle de cadeaux, Jane vit Rain se relever. Pauvre idiote!!! Ce ne pouvait être encore qu'un avant-goût. Il suffisait d'un seul regard et s'en serait fini définitivement.

Elle fut distraite de son petit jeu par la fissure que provoqua le joujou de Rain dans le sol. S'écartant, elle lacha sa proie du regard l'espace d'un millième de seconde. Ce fut suffisant pour cette dernière qui se releva et se rua vers elle. Bien sûr, Jane n'était pas une combattante à proprement parlé. Son don suffisait d'ordinaire à maintenir ses ennemis loin d'elle. Si seulement l'Eurasienne n'était pas une lâche et combattait à la loyale, elle aurait pu décemment la faire souffrir encore plus. Au lieu de cela, elle sentit la douleur, pas aussi intense que celle qu'elle faisait connaitre à ses victimes mais une douleur tout de même. Baissant le regard, elle s'aperçut du coup en traitre que lui avait affligée Rain en lui plantant un couteau dans le ventre. La seule possibilité pour que cela fut possible était qu'il était impregné de sang d'un mort.

Lorsque la lame la pénetra aussi facilement que du beurre, Jane poussa un cri de douleur insoutenable et si Rain ne maintenait pas la lame, Jane se serait probablement effondrée à genoux sur le sol terreux. La douleur envahit également sa poitrine lorsqu'elle sentit son coeur se remettre à battre, affolé dans sa poitrine. Elle en eut le souffle coupé durant quelques instants. Puis, le regard plein de haine envers Rain, Jane lui cracha au visage avant de prononcer d'une voix pleine de fiel et de promesse :

Tu me paieras ça même si c'est la dernière chose que je dois faire.

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus qu'elle sentit la présence de Jared près d'elle. Il l'écarta de l'Eurasienne, la projetant au loin. Puis il l'emmena à l'écart de la bataille, la serrant contre lui afin d'éviter qu'elle ne chute. Evidemment le couteau était encore planté en elle mais Jane serra les dents, refusant de laisser s'échapper encore un seul cri de douleur de sa part, pour que Rain en jouisse de plaisir. Elle jeta un regard mi haineux mi courroucé lorsque Jared lui dit qu'elle sentait la nourriture. Imbécile! Evidemment qu'elle avait l'intention de rester en vie.

J'en ai pas pour longtemps. Quelques minutes et je serais de noveau opérationnel. Cette s***** va morfler. A côté, ce qu'elle a connu c'était rien.

En effet, Jane tirait avantage de la colère qui l'envahissait. Plus elle était énervée, plus son don était puissant. Et comme jusqu'à présent, elle s'était montrée d'un calme exemplaire. Rain venait de réveiller la tigresse, le volcan qui sommeillait et elle allait le payer cher.

Une fois que Jared eut retiré le poignard, elle sentit le sang, son sang couler de la plaie. Déchirant un pan de sa cape, elle stoppa l'hémorragie comme elle le pouvait et attendit. La douleur la fit hurler mais elle avait pris la précaution de glisser le couteau, auparavant nettoyé dans un autre bout de sa cape, entre ses dents qu'elle maintient fermement serrées. Malgré tout, des gémissements s'échappèrent de sa bouche close durant le temps qu'il lui fallu pour redevenir vampire.

Bientôt, il n'y eut plus aucune trace et son coeur cessa à nouveau de battre. Brisant le poignard entre ses dents, elle l'ejecta au loin et eut un sourire funeste, empli de promesse de vengeance et de douleur envers Rain. Elle s'avanca vers Jared, se placant à côté de lui, l'écoutant parler. Elle savait en le regardant que derrière cette soit disant innocente tentative de faire amis avec les loups se cacher un plan en train de se dessiner peu à peu. Elle le connaissait trop bien pour cela. Elle voulait faire partie de ce plan, voulant aider le plus possible à la destruction de l'Eurasienne.

"Pour le moment, nous sommes le moindre de leurs soucis. Ils nous gardent pour la fin, car nous sommes les moins dangereux. Ces trois là sont beaucoup trop puissants, nous ne sommes tout simplement pas de taille. Notre meilleure chance est de s'éloigner, de nous approcher des flammes. Je doute que les sbires de l'eurasienne soient aussi puissants que les Volturi. Nous pouvons en affronter un et tenter de se frayer un chemin là où les flammes sont moins épaisses. Mais je t'en supplies, cesses de provoquer les vampires."

"C'est le moment, maintenant, peux-tu courir?"

Jonathan regardait d'un air dédaigneux le spectacle qui se présentait devant ses yeux, et auquel il avait choisi de participer ; c'est surtout qu'il se sentait humilié d'avoir été la proie aussi facile du Volturi . En effet, même après avoir reprit ses esprits, le pouvoir maléfique du vampire faisait encore des étincelles en lui , à travers une peur aussi pernicieuse qu'inexpliquée, qui avait peu à peu mis à mal la confiance du jeune homme. Sachant mal cacher cette honteuse émotion, il profita des agitations entre les vampires pour se laisser oublier quelques secondes.

Ce moment de répit lui laissait également l'occasion de communiquer plus clairement avec June, et d'établir un véritable plan. Mais bien que cette dernière était beaucoup plus sage et expérimentée, Jonathan avait du mal à se laisser convaincre par la perspective d'une fuite.
Certes, ils avaient face à eux deux vampires à la puissance incommensurable, et surtout à la volonté de fer. Certes, Rain Si-Jie était également de la partie, et le jeune homme savait ô combien ils prenaient des risques à vouloir rester près d'elle dans une telle situation. Certes, ils n'étaient que des êtres humains, aux chances infiniment plus grandes de mourir que de partir en vainqueurs.

Mais ne fallait-il pas au moins essayer? Cela faisait neuf mois que Jonathan chassait, et depuis le début, il n'était motivé que par une seule chose : le sentiment de justice. Peu importe pour lui si la figure du héros des temps modernes pouvait apparaître comme un peu trop cliché , c'est bien pour mettre fin à l'existence illégitime des vampires qu'il s'était engagé. Alors à l'aune de ce raisonnement, la question qui se posait à cet instant n'était pas " vais-je survivre face à eux?" mais "que serait le monde sans eux?". Son expérience personnelle trahissait la clarté de son jugement, puisqu'il avait été la proie de Rain depuis déjà un moment, toutefois il n'ignorait pas non plus qu'un monde sans Volturi, c'était un monde auquel n'importe qui aspirait.

Le regard plein de détermination qu'il lançait à June en disait long. Intérieurement, il imaginait déjà ce qu'elle pouvait penser. Sans doute qu'elle le prenait pour un effronté déraisonnable, qu'elle regrettait de l'avoir lancé dans le monde de la chasse. Elle devait certainement lui en vouloir, mais en même temps il ne dépendait de personne, et au même titre que celui de sa collègue, son combat était avant tout personnel : il n'était pas devenu chasseur au nom d'une communauté, il l'était devenu en son nom propre.

- Je sais pour quoi je me bats June, et même si tout ce que je fais est inutile, même si...

Jonathan n'eut pas le temps de finir. Sans qu'il ne puisse comprendre ce qui lui était arrivé, il sentit une douloureuse pression au niveau de sa gorge. Le Volturi s'était déplacé à la vitesse de la lumière, et le voilà qu'il démontrait à nouveau se supériorité.
Tentant en vain de se débattre, le jeune homme put tout juste songer à planter son sabre imbibé du Sang-des-Morts dans le corps de son agresseur, avant qu'il ne soit projeté contre le sol.
Mais au moment où les mains de Jared Volturi se détachèrent du cou de Jonathan, ce dernier sentit à nouveau le pouvoir maléfique du vampire s'éprendre de ses esprits.
Toujours au sol, il se mit à trembler, prit d'un peur soudaine. Tout ce qui l'entourait semblait l'effrayer, aussi bien les flammes un peu plus loin que le visage de June. Il fallut bien dix longues secondes avant que cette horrible sensation ne s'atténue, sans pour autant que la peur ne le quitte.

Et tandis qu'il fermait les yeux pour mieux reprendre le contrôle de sa tête, le bruit sourd d'une lame qui rentre au contact de la peau se fit entendre. A quelques mètres de lui, Jonathan pouvait voir Rain, l'air particulièrement troublé, serrant le manche d'un poignard enfoncé dans le corps de Jane Volturi.
Malgré la gravité de la situation, le jeune homme ne pouvait que se réjouir de cette lutte fratricide. Il ne parvint pas non plus à réprimer un petit sourire.

Et alors, comme si le vent avait finalement décidé de tourner, un énorme craquement résonna dans la forêt. Par delà les flammes, deux énormes lycans firent irruption avec majesté.
Jonathan n'avait pas eu l'occasion de rencontrer ces créatures beaucoup de fois ; il ignorait d'ailleurs beaucoup de choses à leur sujet. Mais ce dont il était sûr, c'est que jamais il n'avait été si content de les voir.
L'un des deux s'approcha alors de lui, semblant porter du regard une invitation à servir de monture. Le jeune homme n'hésita pas une seconde, comme sa collègue qui était déjà à cheval sur son propre lycan.
Mais les deux créatures ne paraissaient pas avoir envie de se battre, elle semblaient être venues pour sauver les chasseur, tout simplement.

Jonathan, lui, n'avait pourtant rien perdu de ses intentions, au contraire. Maintenant que les vampires étaient en infériorité numérique, déchirés par une lutte fratricide qui plus est, l'occasion était trop belle pour fuir.
Son regard croisa celui de June.

- L'occasion ne se représentera jamais , il faut que nous la saisissions. De quoi as-tu peur ? De mourir? Et bien pense plutôt à ce qui se passera si nous ne faisons rien! Ces monstres vont continuer à cracher leur venimeux poison au sein de l'humanité; cette sale race de chiens va continuer à tuer des hommes et des femmes innocents ; des familles continueront à être séparées, comme la tienne! Ce sont eux June qui t'ont pris ton mari, ton enfant, tu entends, ce sont eux! Et alors que tu as devant toi les plus dangereux de ces criminels, tu voudrais que l'on fuie, que l'on continue à vivre notre vie paisiblement à démembrer quand leur coeur nous en dit des vampires insignifiants? Mais bon sang pour quoi est-ce que l'on se bat June?

Le but de Jonathan n'était pas de forcer sa collègue à prendre part à une bataille qu'elle ne voulait pas adhérer. D'ailleurs, elle pouvait fuir si elle le voulait. Mais ce qu'il voulait lui montrer, c'est que lui resterait là : ce n'était pas en se battant contre des vampires de seconde zone toute sa vie qu'il parviendrait à faire changer les choses. Les Volturi, eux, de même que Rain-Si-Jie, constituaient l'élite de la race et les tuer ne pouvait que représenter une immense victoire pour l'humanité.
S'agrippant au doux pelage de la bête qu'il chevauchait, Jonathan espérait avoir également persuadé cette dernière de rester dans la bataille. Il ne savait pas lire dans regard des animaux, mais avec un peu de volonté, il parvint à y voir une lueur qu'il interprétait comme un immense espoir d'achever une tâche qui s'annonçait ardue.

Pourquoi nous battons-nous ? La question ne lui était pas destinée. Mais Rain avait une idée très précise de la réponse : rétablir l’équilibre en lavant le monde des dégénérescences ambulantes que constituaient les créatures surnaturelles. Ce sont ces convictions qui l’amenèrent à échafauder ce traquenard, rien de plus. Pas même l’ombre d’une ambition personnelle qui pourrait se faire passer, à tort, pour de la mégalomanie. Rain n’agissait pas pour son compte, et cela, ses victimes ne l’avaient jamais compris. C’est aussi pour cette raison qu’aucuns des acteurs présents ne devaient s'imaginer sortis d’affaire, car avec cette l’eurasienne dans les rangs, il était tout bonnement impossible de prévoir l’issue de cette bataille. Il était tellement plus aisé de deviner les contours d’une œuvre d’un être vaniteux…

Mais il y a bien une chose dont on pouvait être sûr : sa précieuse collection d’ennemis venait de s’agrandir avec, en son sein, les inconciliables jumeaux Volturi. Mais Rain avait un faible pour Jane et sa susceptibilité. En temps normal, elle se serait plut à la bousculer pour la pousser dans ses retranchements grâce à son seul verbe. Le fait qu’elle utilise l’épée était presque regrettable… Elle qui aimait tant tirer sur la corde des colériques et autres petites natures, tous sensibles à ses moqueries… Son frère, moins entêté et plus mature, serait sûrement moins réceptif aux railleries de l’eurasienne. Dans un autre contexte, évidemment. Mais pour le moment, Rain avait engagé une bataille qui écartait toute possibilités de s’amuser avec ses proies. Les rôles avaient été inversés ; voilà qu'elle se faisait fustiger. Alors que Jane pestait contre son agresseur qu’elle taxait de lâche, à raison, elle lui cracha au visage à la manière d’un ruminant peu élégant que l'on utilise comme monture à défaut de ne pas savoir quoi en tirer. Elle avait hérité de ce caractère de cochon ; je vous laisse deviner à quel animal la jeune tortionnaire pouvait bien s'apparenter ? S’ensuivit une menace, dont l’intéressée ne se rappellerait probablement plus. Jane lui rafraichirait sûrement la mémoire, tôt ou tard. Malheureusement, Rain ne se souviendrait pas non plus de ses cris d’horreurs, aussi stridents que jouissifs pour son ouïe accoutumée aux hurlements de ses victimes. Mais cet instant de bonheur fut de courte durée...

Ne relâchant pas la pression qu’elle infligeait sur son fourreau, Rain décoléra net : ce n’est pas sa chute, mais plutôt le contact avec Jared qui mit soudainement un terme à sa transe. Le jumeau arrivant à la rescousse de sa sœur… Si Rain était dans un état normal, nul doute qu’elle se serait gaussée du couple : le Maitre de l’Epouvante affichait involontairement l’une de ses craintes : celle de voir mourir sa jumelle maléfique. L’idée de lui offrir la cause de son effroi sur un plateau était une perspective alléchante qui suffirait à Rain pour se mettre en chasse. Après Rosalie, Jane serait-elle son nouveau jouet ? Mais inutile de se projeter, la survie n’était pas assurée. La sienne, comme celle des autres protagonistes, qui venait subitement d’être mise à mal par ce contact rapproché ; en nourrissant à nouveau la Peur de son ennemie, Jared venait d’enclencher la bombe à retardement. Jusqu’ici, il n’avait fait qu’infliger un mal à une certaine distance de sa cible, entrant ainsi en communion avec l'esprit dévasté de Rain. Maintenant, il avait osé touché du doigt sa démence. Les conséquences n’allaient pas se faire attendre…

Retenant sa chute en griffant le sol d'une main, son autre poing libre, fermé dans son dos, le vampire glissa sur quelques mètres avant de s’arrêter définitivement. Agenouillée à terre, la créature ne bougeait plus. Sa crinière sombre cachait son visage blanc. Peu à peu, la glèbe qu’elle foulait se mise à trembler légèrement : la pièce maitresse du jeu venait de s'ajouter au puzzle fantasque qu'elle avait crée... Les lycans firent leur apparition.
Depuis son arrivée à Hanover, Rain n’avait eu affaire qu’à trois d’entre eux. Le premier avait été abattu de ses mains à l’aide de ses comparses ; prendre en traitre était toujours plus aisé, au diable l’éthique, le second avait connu le même chemin grâce à Anna cette fois, manipulée par l’eurasienne, et enfin, le dernier loup, Trajan, avec qui elle avait tissé un lien tout à fait improbable. Comme quoi, il n’y avait pas de demi-mesure avec elle… Mort ou dans sa couche, il n’y avait qu’un pas !
L'entrée majestueuse des bêtes se termina par un tableau des plus cocasses : l'alliance de Sora et June, deux icônes de raisons, face aux deux jeunes mâles intrépides... L'hostilité de ces derniers était une véritable provocation pour les vampires. Heureusement pour eux, les figures féminines étaient là pour calmer leurs ardeurs...

Alors qu'ils étaient tous prit dans le feu de l'action, le temps semblait s'être arrêté pour Rain. Relevant légèrement la tête pour observer la scène, alors qu'elle était à deux doigts de céder à la peur, l'eurasienne eut un regard pour June, qui lui rendit le sien, empli de respect à l'égard de sa ravisseuse. Durant ce court instant, l'aliénée semblait avoir retrouvé un semblant de sérénité. Habituée à ce qu'on lui renvoit sa propre haine au visage, Rain ne fut pas insensible à cette marque de considération, quand bien même elle serait intéressée, en vue d'une issue plus confortable de cette bataille rangée. Dans son observation, elle posa les yeux sur le quatuor : Sora & June pouvaient bien le cacher, elles maternaient leurs camarades, craignant pour leurs vies. Cette image idyllique semblait dépasser le vampire à terre. Tournant les yeux vers le duo Volturi, Rain se saisit d'une émotion comparable à celle qui l'avait traversé à la vue de l'humanité que dégageait ses ennemis. La fraternité qui liait Jared et June -même si elle arborait l'apparence d'une mésentente-, fit s'infléchir l'assassine. S'était-elle trompée ? Y avait-il encore une part d'humanité dans ces monstres qu'elle tuait à tour de bras ? Méritaient-ils de vivre... Sa quête meurtrière était-elle donc vaine ? Il était trop tard pour reculer. Ses questionnements la fit retomber dans l'angoisse ; le temps la rattrapa, mettant un terme au répit qu'elle s'était accordée, et, par la même, à l'immunité provisoire qu'elle avait offert à ses invités...

Sa peur, Jared l’avait bien compris, c’était son propre être, sa puissance, par extension. Mais plus que sa force, qui pouvait être contrée et arrêtée, c’était le dérèglement de son don qui l’inquiétait ces derniers temps. Le rapprochement physique avec l'italien n’avait fait qu’empirer les choses en se faisant rencontrer deux univers.
Complètement tétanisée, Rain céda à la pression, libérant partiellement son pouvoir, qui ne demandait qu'à s'épandre pour dévorer son hôte. Et lorsque son habilité consiste à lui faire revivre le pire moment de sa longue vie d’errance, il choisit le souvenir le plus douloureux...

Relevant la tête, elle arrivait difficilement à cerner ce qu’elle voyait : réalité et fiction se superposaient, la clairière ayant des allures de place publique. Elle le reconnaissait bien... le lieu de son exécution… Si les potences se confondaient avec les silhouettes des Volturis, que ne fut pas sa confusion lorsqu’elle crut apercevoir le lycan qui avait rit de sa condition de condamnée à mort, il y a trente ans de cela ? Sous les traits de Will, elle reconnaissait son ancien ennemi… Rain baissa les yeux, refusant de voir cette réalité travestie par son propre pouvoir qu’elle ne maitrisait plus. Le désordre ambiant alla jusqu'à parasiter ses capacités vampiriques ; elle ne contrôlait plus ses propres mouvements. Disparaissant de l'endroit où elle avait été projetée, Rain réapparaissait quelques fractions de seconde d'un bout à l'autre de la clairière, le temps de laisser un spectre de célérité derrière son passage...

Curieusement, ce fut June qui arrêta le vampire avec un geste dont elle n’imagina pas les conséquences : la balle tirée en direction de Jane donna du crédit aux visions dantesques dont Rain était victime. Celle-ci s'arrêta net, ayant le réflexe de serrer son cœur entre ses mains, relevant vivement la tête au-devant, le regard complètement aliéné. Elle avait l'impression que les balles qui avaient traversé son corps et celui de son âme sœur venaient à nouveau de se loger dans sa poitrine. Ces images parasites brouillaient totalement sa raison.

Et... l’élément qui émergea dans ce tourbillon de confusion,... fut la tête du loup.

Elle revoyait en Will, le lycan narquois qui avait assisté à la scène. A l'époque, elle aurait voulu l’anéantir. Mais elle n’avait pas pu à cause des règles vampiriques dont elle se fichait éperdument aujourd'hui. La colère que Jared avait su dompter connut alors une renaissance fulgurante. Ni une ni deux, Rain fonça vers le malheureux, alors confus par son manège. La surprise, mais surtout la force de l'attaque ne laissèrent aucune marche de manoeuvre au lycan qui se retrouva en bien mauvaise posture, la gueule ouverte. Par réflexe, Will referma son claquoir sur les bras du vampire qui lui écartait violemment la mâchoire ; cela ne fit que retarder le pire. Ce n'est pas les dents du loup, qui venait de perforer sa peau, qui arrêta la furie ; les ligaments cédèrent rapidement sous la pression mais cela ne lui suffit pas... Galvanisée par cette nouvelle transe, Rain enfonça son poing dans le palais de l'animal, comprimant ainsi sa cervelle logée juste au-dessus de sa bouche. Bien que le méfait fut invisible, on pouvait aisément imaginer ce qui se tramait sous la chair, ne serait-ce qu'en observant le regard fou de Will, dont l'intérieur du crâne venait littéralement d'être écrasé. Le vampire n'en démordait pas ; elle ne dégagea pas son étreinte, attendant qu'il arrête définitivement de s'agiter. Ce qu'il fit, offrant à ses congénères, le douloureux spectacle d'une mort en direct... Rain sorti son poing ensanglanté du fermoir acéré, laissant l'imposante dépouille du loup s'écraser à terre. Les plaies, aussi profondes soient-elles, se refermèrent lentement. L'eurasienne était couverte de sang... Cependant, cette boucherie n'avait pas suffi à apaiser sa colère ; lorsque son regard croisa celui, éteint, du lycan, elle enragea à nouveau, les mêmes visions taraudant son esprit malade. Elle s'empara alors du corps massif de l'animal, le portant non sans mal au-dessus d'elle, le présentant aux cieux. La force qu'elle déployait consumait le peu d'énergie qui lui restait pour faire barrage à son don... On assistait là à sa propre destruction. Serrant les dents, Rain, ou plutôt ce qu'elle était devenue, un monstre sanguinaire qui ne répondait plus de rien, força, gémissant, jusqu'à enfin arracher le lycan en deux. Haletante, elle laissa tomber la dépouille, suivit de près par la masse de viscères qui venait de s'échapper du trou béant qu'elle avait ouvert. Ce tour avait, semble t-il, épuisé la créature déjà à bouts de nerfs ; elle tomba à genoux, éreintée. Plus elle se fatiguait à la tâche, plus elle laissait son pouvoir s'emparer de son âme. Ce qui ne se fit pas attendre : de nouveaux flashs vinrent l’assaillir, plus puissant cette fois. Elle croyait que sa tête allait exploser. Les deux mains sur son crâne, Rain tentait de contenir en vain le mal qui la rongeait...

Et alors qu’elle pensait atténuer la crise, Jared prit la parole, s'adressant aux lycans... Malgré le chaos ambiant, elle comprit. Elle ne saisit que trop bien ce qui se tramait sous ses yeux pour l’avoir vécu. Rain aurait souhaité répondre, se justifier peut-être, ou encore rappeler aux loups qui étaient leur véritable ennemi. Mais les mots refusaient de sortir de sa bouche. Crispée, elle luttait contre sa propre démence. Non, elle ne se pensait pas assez forte pour avoir raison d’une famille de vampire et d’une meute entière comme l'avait supposé Jared, mais elle avait misé sur le conflit qu’elle avait semé. Grave erreur de sa part : elle n’avait pas prévu d'éventuelles alliances interraciales... Ce revirement de situation était tout à fait inattendu. Et elle n'avait aucun moyen de se défendre, enfermée dans son mutisme, tout comme elle n’avait pas pu répondre de ses actes trente ans auparavant.

Un ennemi commun. L’histoire avait prouvé, à de nombreuses reprises, que les plus grandes forces pouvaient s’allier contre une entité émergente. Dans l’adversité, les intentions de la main tendue de son rival pouvait être largement reconsidérées. Dans le passé, Rain en avait fait les frais ; lycans, vampire et humains s’aidant mutuellement à son élimination. Elle ne se serait pas trouvée si malaisée si un profond sentiment de solitude ne la minait pas. Plus que de s’en accommoder, elle avait toujours cherché à le créer, refusant toute amitié, se démenant pour se faire détester de tous. On pouvait dire que son entreprise avait marché... Mais en ces périodes de remises en question depuis son arrivée sur le territoire américain, Rain observait avec amertume, les conséquences de cet isolement, et en pâtissait. Plus qu’une simple bataille, ce rixe soulevait des questions du plus grand ordre.

Consciente de s’être enlisée dans un bourbier dans lequel elle ne ressortirait pas indemne, le bourreau devenu victime baissa les yeux sur la carcasse encore fraiche du lycan... était-ce l’auteur de ce carnage ? L’eurasienne était totalement déboussolée… Mais, elle reprit rapidement connaissance de ses actes, et comprit par la même, l’ampleur du désastre : Rain venait de leur donner une raison aux loups, de se ranger du côté des Volturi, se condamnant ainsi.
Ce sentiment d'avoir nouée la corde à son cou nourrit son désespoir, la clé qui ouvrirait grand la porte de son esprit pour le laisser s’évader... La barrière céda.

Rain sentit son corps s’éléctriser : levant les yeux aux ciel, la teinte si particulière de ses iris devint livide. Elle était définitivement hors de contrôle. L’air se couvrit soudainement d’une étrange pesanteur. Un silence de plomb enveloppa la clairière... même le crépitement des flammes semblait se taire face à la vague de psyché qui venait de s’étendre dans la forêt d’Hanover... Les feuilles des arbres tremblèrent légèrement, subissant cette secousse invisible... Le champs d’action atteignit les alentours, n’épargnant personne, pas même Leah et ses comparses, ni les acolytes de Rain. Auparavant, ce don, aussi malsain que dangereux, lui avait attiré la clémence des Volturis, conscient qu’il tiendrait du gâchis que d’exécuter l’hôte de ce pouvoir… On pouvait dire qu'ils ne s'étaient pas trompés...

Tous se sentir prit à la gorge. Colère et tension tombèrent subitement pour faire place à une plénitude qui annonçait le chaos. Plus proches étaient les victimes, plus le don se faisait ressentir. Si Jonathan avait mit des mots sur le malheur de June, l’exposant grossièrement à tous ses ennemis, Rain lui délivrerait l'imagerie qui accompagnait ce douloureux souvenir, et cela, contre son gré... En effet, son pouvoir venait de prendre racine au sein de tous les esprits présents à sa table... Il ne restait plus qu'à observer la progression de ce poison lent et pernicieux...

Un son strident... June eut la désagréable sensation de percevoir une série d'acouphènes, comme si une bombe venait d’exploser à ses pieds et qu’elle se voyait privée de son audition. Les tonalités aigus se tassèrent pour laisser place au néant... Le silence d’une maison vide... Une pression froide sur sa poitrine, comme si elle tenait un poupon mort...

Autre demeure, autre ambiance : le parfum tenace d’alcool et de cigarette prit le lycan au nez. Des voix lointaines se faisaient de plus en plus entendre... des paroles délivrées sur un ton autoritaire... Les ordres tonnés brouillait l’ouïe de Lucas.

Jane, elle, fut assommée par une odeur asphyxiante de cendres… Un brouhaha lointain grésillait dans ses oreilles… Elle crut y déceler des voix contestataires, qui s’élevaient entre ces sons métalliques…

L’humidité d’une cave nauséabonde oppressa Jared, qui crut bien avoir le souffle coupé par l’air suffoquant de sa prison… Un goût de poison sur son palais…

Les sirènes de police résonnaient dans un fond sonore entrecoupé par des bruits perçants, ceux, semblerait-il, d'une carrosserie de voiture qui se comprime sous la pression, engloutissant la chaire qui la conduisait... Sora crut déceler un gémissement au loin...

Le ventre de Jonathan se serra : ce n’était que les prémices d’un malaise collectif. Un vague avant-goût de ce qui les attendaient s’ils n’arrêtaient pas l’hôte de ce don maléfique qui réveillaient les traumas d’un passé qui n'était pas si lointain pour certains. Additionné à ces premiers symptômes, une nouvelle angoisse : tous, à l’exception des humains présents, commencèrent à ressentir une faible douleur... celle de leur transformation. Ce souvenir commun reliait lycans et vampires.
La peur instaurée par Jared. La souffrance retrouvée des crocs plantés où de la première mutation animale. Et surtout, ces immersions dans un passé trouble. Le piège s’était refermé.

June, qui s'était éprise de sympathie pour son bourreau, pensait-elle toujours qu’il serait plus aisé de survivre à Rain ? Il était temps de douter de ces affirmations. Mais il était peut-être trop tard pour fuir...

Jared fixait toujours les loups, se demandant ce qu’ils allaient faire, cherchant le potentiel qu’ils pouvaient bien cacher. Ils étaient des alliés de taille –dans tous les sens du terme –ils l’avaient prouvé plusieurs fois en portant secourt aux Cullen, cette sous classe de vampires. Bien sur il était tout bonnement impossible de les convaincre de se ranger du coté de Volterra, mais l’italien espérait tout de même parvenir à un terrain d’entente, il était presque aussi bon diplomate que tortionnaire, s’il l’on considérait qu’intimer la peur fait partie de la diplomatie… Mais il savait exposer des faits rationnels, surtout lorsque ceux-ci était tout aussi évidant.

Il remarqua que Jane regagnait des couleurs, enfin en reperdait plutôt regagnant peu à peu son teint pâle, sa perfection et son immortalité, il lui adressa un hochement de tête, elle était décidément très forte. Ce petit passage à vide aller promette deux choses, d’une elle ne se surestimerait plus autant et de deux, elle allait appliquer à Rain une punition et une vengeance des plus exemplaire. Une souffrance infinie, pire que la mort, il pouvait sentir la rage bouillir sous la peau de Jane cela lui fit sourire très légèrement. Mais bien sur il aurait préféré qu’elle reste calme afin qu’il puisse parlementer. La dessus Alec, le frère jumeau de Jane aurait certainement était plus utile, il était aussi calme qu’elle impulsive et à l’image de leur caractère leur pouvoir était opposer, la ou l’un était violent, rapide et provoquait la douleur l’autre était calme, lent et insufflait l’inverse de la douleur, l’inverse de toute sensation d’ailleurs, rien, le vide. Dans la délicate situation ou il se trouvait cela aurait été fort utile, peut être pourrait il convaincre Aro de se séparer également du deuxième jumeau.

Alors qu’il allait interpeler les lycans pour leur expliquer son point de vu, il fut interrompu par les chasseurs. La femme conseillait l’abruti d’arrêter de les provoquer, une idée forte intelligente il faut dire. Et alors qu’ils allaient s’enfuir à dos de loup, le dit abruti en profita pour ne pas suivre le conseil de sa collègue, en voilà qui allait trouver la mort très prochainement, Jared se demandait d’ailleurs comment avait il pu survivre à la chasse au vampire si longtemps, il ne lui manquait qu’un costume moulant criard et il pouvait crier sur les toits de Volterra « Vampire je vais vous tuer ». Et le pire c’est qu’il était capable de le faire. Enfin bon cela donnait à Jared l’occasion de rebondir.

Quelle occasion ? Celle de mourir ? Que crois tu donc ? Qu’en tuant et détruisant Volterra tous les vampires du monde aller cesser ? Il marqua une courte pause pour donner de la contenance et commença à marcher Nous ne sommes pas des criminels, nous somme la loi, celle qui régit les vampires… Loups, je crois savoir que vous partagez vous pensée, votre alpha m’entend-t-il ? Vous meute qui chassait les vampires depuis plus longtemps que ces insectes, que croyait vous qui se passerait si Volterra tombait ? Que si la tête tombe le corps suivra ? Demander à votre précieux Carlisle ce qui se passerait sans notre clan, sans la peur et la crainte qu’il impose sur le monde vampirique. Nous empêchons les massacres et les guerres entre vampires, nous éliminons les renégats et contrôlons notre nombre.

Il balada son regard dédaigneux sur le chasseur impétueux avant de le reporter sur les loups

Sans Aro, Marcus et Caïus nos rois, les vampires se battrait pour le pouvoir et les humains seraient anéantie dans leur guerre, les vampires finirait par suivre… Voilà pourquoi les chasseurs sont dangereux, contrairement à vous ils agissent par vengeance et ne savent choisir leur cible, même les Cullen en ont fait les frais. Que ferez vous lorsque d’autres illuminés se lèveront contre vous ? Et croyez-moi cela arrivera… J’aimerais m’entretenir avec votre Alpha lorsque tout cela sera terminé, lorsque cette aliéné ne sera plus. Elle fait convier bon nombres de renégats, laissez moi vous prouver ma bonne foi en vous évitant l’affrontement contre eux… J’aimerais juste pouvoir m’entretenir avec la chasseuse et je promets de vous la rendre sans la moindre égratignure.

Il reporta son attention sur l’Eurasienne, il fallait en finir rapidement avec elle. Il parvenait à sentir le gout de sa peur, une peur particulière, celle d’elle-même, sa force l’effrayait, son pouvoir également, un pouvoir incontrôlable qui l’emplissait elle-même. Ce qu’elle était en train de ressentir, cette peur qu’il lisait, Jared n’en était pas l’instigateur, non. Il sentait que son pouvoir avait à voir avec le sien, avec la peur et le passé. Il ne fallut que le temps de s’en rendre compte pour qu’il perçoive l’odeur de l’humidité, une odeur enfoui si lointain qu’il l’avait oublié. Un passé humain, une enfance même, sa prison, mais aussi le gout de sa trahison envers son père mortel. Ce souvenir le fit sourire, même si le reste l’angoissa un peu. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait ressenti les prémisses de la peur. Le souvenir suivant fut douloureux, celui de sa transformation, mais il n’y avait rien de frustrant, cette douleur il l’avait réclamé et c’est elle qui l’a élevé au rang de dieu.

La vampire perdait complètement le contrôle de son don, Jared pouvait sentir la peur qu’elle incitait se mêler à la sienne. Il fit alors quelque chose qu’il faisait très rarement, faire reculer la peur. Théoriquement il maitrisait la peur sous toutes ses formes. Il lui était arrivé d’empêcher quelqu’un de ressentir la peur pour les pousser à se sur estimé et à tenir tête à Volterra afin que celle-ci est une excuse de l’éliminer, mais il va de soit que la plupart du temps il ne se servait pas de son don dans ce sens. De plus la peur qui régnait n’était pas naturelle il ne pourrait surement pas la contenir complètement. Il se concentra pour l’enlever à Jane et à lui mais aussi à l’eurasienne elle-même, et légèrement aux loups pour prouver sa bonne foi, bizarrement il oublia les chasseurs…

Vampire… Si tu ne te contrôle pas nous le ferons pour toi, peut être même que les loups nous prêterons pattes fortes. Cesse, car nous ne battrons pas contre eux, pas aujourd’hui, pas parce que tu l’as décidés…

Jared pensait pouvoir désamorcer la situation pour en tirer le plus grand avantage. En une fraction de seconde il se trouva devant Rain, frappant son poigné pour la désarmer, la suite se déroulerait à mains nues, il se tenait droit devant elle, le regard vide du bourreau devant sa proie. Il sentait le malaise qu’elle produisait mais se força à l’ignorer, au moindre mouvement il serait à parer et à contre attaqué, sans compter l’appui de la « jeune » Jane.

Toujours aux côtés de Jared, Jane regarda d'un oeil mauvais l'humaine qui avait cru pouvoir venir à bout d'elle en tirant une balle. Pauvre idiote, elle ignorait probablement que tôt ou tard, la Volturi viendrait se venger de cette tentative d'assassinat manqué. Mais pour le moment elle avait mieux à faire.

La folie de Rain Si-Jie apparut enfin aux yeux de tous. Même si certains en doutaient probablement, ce qu'elle venait de faire avait réduit à néant ses chances de pardon et de possible rédemption aux yeux de tous. Les Volturis déjà ne lui pardonneraient pas, maintenant les loups lui refuserait la moindre clémence suite au massacre d'un des leurs. Le vent amena au nez de Jane l'odeur insupportable du sang de lycan qui, mêlé à l'odeur, la fit plisser le nez.

Malgré le fait que Rain se trouve à terre, Jane ne pouvait éprouver la moindre pitié envers son ennemie. Seule une rage violente se trouvait dans son regard quand elle posait ses yeux sur elle. Elle avait envie de lui faire subir mille tourments corporels et psychiques mais soudain, tout sembla changer alors que Jared commencait à jouer les diplomates auprès des chasseurs et des loups.

Tout devint flou et une scène du passé se joua devant ses yeux. Une odeur de cendres, aussi écoeurante que celle des lycans se fit sentir. Cherchant à fermer les yeux, Jane ne put le faire sous la chaleur intense qui la traversait. Devenait elle folle? Il lui semblait que des flammes la consumer déjà et quand elle tentait de se libérer de ses liens, ceux ci paraissaient se resserrer au niveau de ses poignets meurtrissant ainsi la peau et la chair de l'adolescente.

Cependant Rain l'ignorait probablement mais ce jour là était également celui de sa "rencontre" avec Aro. A travers la foule présente, en compagnie de quelques membres de son clan, ils tuèrent l'ensemble de la foule, faisant naitre le silence complet. Elle avait perdu une connaissance totale dans ce qu'il s'était passé ensuite mais désormais, elle pouvait aisément le sentir comme si, une fois encore, elle sentait les prémisces de la transformation.... Aro se penchant sur elle au niveau de son cou, la douleur si intensèment douloureuse qui s'était fait ressentir, la peur et la souffrance qu'elle avaient vues sur le visage d'Alec, son jumeau lorsqu'il avait subi le même traitement pour obtenir l'immortalité. Les trois jours de douleur immense qui s'étaient ensuivis pour tous les deux.

Heureusement pour Jane, cela ne dura pas assez longtemps pour qu'elle souffre réellement. La vraie souffrance se trouvait vers la fin de la transformation quand le coeur cessait définitivement de battre. Comprenant aussitôt que Jared lui avait permis de revenir vers la réalité, elle lui jeta un bref regard de reconnaissance. Une première dans son cas mais il ne fallait pas non plus que cela devienne une habitude.....

Il était temps de prouver de nouveau à Rain qui était le maitre ici. Elle avait eu sa chance mais n'était pas parvenue à la mettre à terre bien longtemps. C'était de nouveau à son tour de reprendre l'offensive. Et cela ne la gêna pas de s'attaquer à la vampire désarmée devant Jared. Elle le contourna avec facilité, frappant un grand coup dans le cerveau atteint de folie de l'Eurasienne. Comparé à tout à l'heure, c'était une souffrance mille fois plus importante qu'elle allait devoir supporter. L'italienne eut un rictus cruel sur les lèvres. Elle sentait que sa proie était affaiblie par les efforts accomplis. Ce qui n'était pas son cas, bien au contraire. La rage avait considérablement augmenté sa force et, bien évidemment, son pouvoir également s'en trouvait croissant.

Dans d'autre circonstance et sous une autre forme, Sora aurait probablement rit ou sourit au joli jeu de mot de Lucas. En l'occurrence, elle n'avait pas les muscles faciaux pour et ils n'avaient pas vraiment la tête à ça. Après avoir atterri auprès de June, elle attendit impatiemment que les deux chasseurs - puisque c'est ce que devait être l'autre humain - cessent de parler et s'exécutent. Lorsque la jeune femme s'installa, glissant ses jambes de chaque côté de ses flans épais, Sora grimaça en sentant qu'elle s'agrippait à sa fourrure. Étant donné qu'elle eut le bon goût de s'excuser, Sora ne moufeta pas, indiquant d'un signe de tête que ce n'était pas un problème. Quelques poils en moins, ça valait mieux que de la perdre en route et de la blesser. Voyant que Lucas avait récupéré également sa cible, Sora s'apprêta à s'élancer pour repasser les flammes et mettre ces deux là en sécurité.

Mais ce jour semblait être celui des imprévus et des choses qui ne tournent pas comme elles devraient. Une détonation résonna au-dessus de ses oreilles, tuant l'ouïe sensible de la louve qui laissa échapper un grognement de protestation. Que la peste soit des armes à feu, voilà que ses oreilles sifflaient. Pas assez cependant pour l'empêcher d'entendre la déclaration grandiloquente du vampire mâle. Pourtant, elle se serait très bien portée sans, c'est dingue les âneries que peuvent raconter les multicentenaires. Paco et Will, les deux loups qui accompagnaient Sora et Lucas, laissèrent échapper des grondements menaçants, laissant bien entendre, même sans l'usage de mots, ce qu'ils pensaient de ces paroles. Depuis la nuit des temps, leur race protégeait les humains quels qu'ils soient, qu'est-ce qui lui faisait penser que quoi que ce soit les ferait abandonner certains d'entre eux ? A par leur propre bêtise, évidemment... une fois son ouïe rétablit, Sora fut bien surprise d'entendre les paroles de l'humain que portait Lucas. *Un superhéros, wow, il ne manquait plus que ça. Dommage que tu ne puisses pas le porter KO, ça me démange... Et ne me dites pas qu'il a raison, pitié. C'est le discours d'un crétin égocentrique et mégalomane, les Volturis ne seront pas détruits en une nuit.* lança Sora à Lucas.
*Tu as raison, ces deux là ne sont que des laquais un peu plus haut placés que les autres. Ils sont remplaçables. Tant qu'on ne se débarrassera pas des trois dirigeants, le reste repoussera comme des champignons.* approuva Paco.

Sora venait de faire quelques pas à peine lorsque l'une des vampires, typée asiatique, s'agita, courant dans tous les sens, en une étrange danse macabre et sans but. Lorsque Sora la vit tourner son regard dément sur Will, il était déjà trop tard. La mise à mort ne dura que quelques secondes, mais pour les yeux avertis des créatures surnaturelles, elle se déroula avec une lenteur mettant en valeur une torture atroce. Mais pour les loups eux-mêmes, connectés par leurs esprits réunis, ce fut bien plus pénible qu'une simple vision grotesque du cadavre s'effondrant à terre. La peur et la douleur s'écoulèrent dans leurs pensées à tous, prenant à la gorge chacun des leurs, avant de disparaitre brusquement, laissant place... au vide... L'absence de pensées, l'absence de tout, la mort de l'un des leurs en direct laissait un vide dans leur propre âme. Il fallut moins d'une seconde pour que les sentiments reprennent leur force et jaillissent en masse, colère et haine engloutissant les pensées de la meute. Tout autour d'eux, les hurlements de colère des loups résonnèrent, comme le glas annonçant la mise à mort de la sang froid responsable. Même Sora, habitée par son désir de filer en premier pour mettre les plus fragiles en sécurité, tremblait d'une rage indescriptible.

Jusque là, les pouvoirs des vampires avaient un impact très limité sur la meute. Le pouvoir de Jared notamment, s'il instillait la peur dans le coeur de Lucas, Paco et Sora, se retrouvait confronté à un problème : il n'avait d'influence que sur trois d'entre eux. Mais le réseau d'âmes de la meute se composait de dizaines d'esprits frais et déterminés, nullement sous l'influence de la peur. Quelqu'auraient pu être les conséquences de cette peur en temps normal, elle se retrouvait limitée par le soutien silencieux du reste de la meute : pourquoi trembleraient-ils, alors que les leurs étaient avec eux, autour d'eux, prêts à intervenir ? Par la transmission des sentiments, les trois loups étaient confiants, la détermination des leurs écrasant la peur. Mais par le même phénomène, la rage de la meute engloutissait les pensées de Sora. Leur colère était la sienne.

D'une oreille, elle entendit le vampire - toujours le même, un beau parleur celui-là décidément - prendre la parole. C'est par l'esprit de Paco (il n'y avait que lui pour écouter ça dans une telle situation) qu'elle comprit ce qu'il voulait et ce qu'il expliquait pour sauver sa peau. La blague. Je vous explique : plusieurs dizaines de loups de trois mètres de long ont été mis en colère. Vous croyez sérieusement que des loups enragés vont faire la distinction entre un parasite de la famille machin et deux parasites de la famille bidule ? Non, qu'ils crèvent tous, ce sera définitivement plus simple. Enfin, ça l'aurait été, si l'atmosphère n'avait pas soudainement changé. Un frisson parcourut Sora et les hurlements de ses frères cessèrent brusquement. Plissant les yeux, la louve fixa l'asiatique immortelle aux yeux révulsés. Ses oreilles se rabattirent contre son crâne tandis que tous ses instincts lui dictaient de fuir, pronto. Et si Sora avait totalement confiance en ces instincts, elle n'eut cependant pas le temps de leur obéir. Des bruits étranges résonnèrent autour d'elle et elle eut un petit mouvement de sursaut tandis qu'elle observait les alentours. Rien de plus que quelques minutes auparavant, et pourtant un sens de déjà-vu et une certaine appréhension ne voulaient pas la quitter. Et une douleur au creux de sa nuque se diffusa le long de sa colonne vertébrale, lui rappelant ses transformations régulières en louve, mais plus encore la première fois...

Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un grondement de colère, de méfiance et d'angoisse mêlées. Elle sentit pourtant la peur qui s'était installée auparavant refluer tandis que les deux autres vampires réagissaient, s'acharnant sur l'autre représentante de leur espèce. C'est devant cette scène incongrue et inspirée par les dernières paroles de Jared affirmant qu'ils ne se battraient pas entre eux que Sora réalisa : *Est-ce que je suis la seule à trouver tout cela totalement délirant ? J'ai une chasseuse sur le dos, Will vient de mourir, on change tous d'humeur comme de chemise, et les sang-froids sont entrain de s'entretuer. C'est quoi le p*tain de problème ce soir ?!* Et pour une fois aujourd'hui, ses sentiments furent les siens, les seuls et uniques originaires de sa propre psyché : l'agacement, la colère, renvoyant bouler la peur et l'angoisse, la haine et la rage. *Paco, prend l'humaine.* ordonna-t-elle en se rapprochant de son ami. *Discute pas.* lâcha-t-elle sèchement lorsqu'il fit mine de râler. D'un mouvement des flancs et de la tête, Sora fit comprendre à June qu'elle devait changer de monture. La louve piétina, impatiente, tandis que la chausse s'exécutait. Elle ne quitta pas du regard les sang-froids.

Lorsqu'elle fut finalement libre de ses mouvements, Sora s'avança. Plus elle s'avançait, plus elle sentait le poids de l'angoisse s'accroitre et les bruits du passé devenir réalité. La nuit de la mort de son père sembla se recristalliser autour d'elle, et elle eut la distincte impression de sentir l'odeur du vampire qui avait tué son paternel tout autour d'elle. Mais elle n'était pas dupe. Elle n'était pas dupe, elle avait les esprits de ses frères autour d'elle pour l'aider à distinguer l'illusion de la réalité. Et depuis des années qu'elle vivait hantée par sa nuit, elle avait depuis bien longtemps appris à faire la part des choses. Le jour où elle aurait le meurtrier de son père devant les yeux, oui, ce jour là, elle ne doutait pas qu'elle perdrait toute raison, toute logique, toute sagesse, mais ce jour là n'était pas arrivé. Ce jour là, c'était celui où elle avait un louveteau qui venait de subir la même chose qu'elle à protéger, et ce n'est pas une saleté de bestiole à peau de diamant qui allait changer la donne.

Elle s'avança entre les deux représentants des Volturis. Leur odeur était insupportable, mais elle masquait presque celle du meurtrier de son père. Le corps imposant de la louve était impressionnant, et pour le premier venu, les deux ersatz d'humains auraient eu de quoi s'en faire. Ils pesaient certes cinq fois moins qu'elle, mais ils pourraient cependant la tuer s'ils le désiraient. Sauf, si leurs paroles étaient plus que du vent et que Jared Volturi tenait ses engagements. Elle n'eut cependant aucun mal à se faire un peu de place, les repoussant en douceur pour atteindre la vampire qui semblait être entrée dans une transe délirante. Une vague de douleur courant le long de sa colonne vertébrale l'arrêta un instant. Mais contrairement aux vampires, les loups revivaient une part de la douleur de leur transformation à chaque fois qu'ils prenaient forme animale, ainsi, cette douleur Sora pouvait la surmonter, par habitude.

C'est néanmoins le souffle haletant qu'elle s'arrêta auprès de Rain. Bien que le souffle chaud et humide était incapable de réchauffer la peau glacée de marbre, ce qui irradiait du corps de la vampire provoquait des frissons dans le corps de Sora. Mais elle ne fléchit pas. Les crocs de sa gueule deux fois plus grande que celle d'un véritable loup se refermèrent sur le ventre du sang-froid. L'odeur qui remplissait les narines de Sora décuplèrent sa volonté, et elle termina son mouvement avec une très grande rapidité que seule des yeux surhumains pouvaient suivre. Un instant, elle tenait Rain entre ses mâchoires, l'instant d'après, le corps immortel volait dans les airs, passant par dessus les flammes pour retomber dans l'eau de la rivière coulant à quelques mètres derrière. Entre les flammes dont la vigueur faiblissait avec la combustion de leur source d'énergie, l'on pouvait distinguer les silhouettes des loups de la meute, se regroupant en silence, immobiles, autour de Rain, prêts à la déchiqueter en morceaux au moindre mouvement.

Si Sora avait pu parler sous cette forme, elle aurait également fait de beaux discours pour dire combien les frasques de centenaires gâteaux lui pompaient l'air. Elle se contenta de rejoindre Lucas et Paco. Mais en passant devant les Volturis, elle fixa le mâle dans les yeux. Elle avait compris que ces deux là pourraient la terrasser par un simple touché. Et ils avaient compris que la meute se vengerait avant qu'ils ne puissent se sauver. Ce n'était que partie remise.

Alors que June s'auto-flagellais pour sa tentative ratée de s'en prendre à Jane Volturi, en croyant dur comme fer que cette mésaventure était sur le point de se terminer, Jonathan poussa de nouveau les limites. Il se lança dans un discours qui se voulait, d'une certaine manière, très convainquant. Quelqu'un d'un tant soit peu téméraire pouvait facilement pencher en sa faveur. Heureusement, les loups répondaient à un seul maître qui, pour le moment, était Sora. Cette dernière, si June se fiait à ce qu'on disait d'elle, ne laisserait pas les autres s'embarquer dans une bataille futile. Jonathan avait oublié un détail important de ses leçons sur les Volturi. C'était probablement la faute de June, elle avait surement omis de lui faire comprendre l'importance des vampires italiens.

Les Volturi étaient, en fait, le gouvernement des vampires. Ils imposaient des lois et les faisaient respecter. Jonathan semblait croire que l'extinction des Volturi règlerait tous les problèmes de vampires, il avait tord. Sans leur gouvernement, les vampires se mettraient à faire n'importe quoi. Ils s'exposeraient au grand jour, fabriqueraient des armées puissantes de monstres nouveaux-nés, ils mèneraient les humains à l'extinction. Le discourt de Jared était tout à fait juste à ce sujet. Évidement, Jared et Jane pouvaient mourir, June n'en avait cure, mais il fallait que Jonathan y pense à deux fois avant de rêver à la mort des trois chefs de Volterra. June, même si cela la dégoutait au plus haut point, tenta de résonner Jonathan une dernière fois. Elle profita d'un moment où les deux loups étaient près l'un de l'autre pour lui parler dans le blanc des yeux.

"Jonathan, le vampire à raison." Lança t'elle avec un goût amer dans la bouche. "Si tu crois que d'exterminer les Volturi serait le meilleur moyen de sauver l'humanité, tu te trompes. Bien que cela soit horrible à dire, pour moi, les Volturi sont les derniers vampires que tu aimerais voir tomber. Ce sont eux qui ont le contrôle sur leur race, sans eux, notre espèce serait tout probablement sous l'esclavage. Réfléchis! Je me fiche bien que tu veuilles tuer ces deux là, au risque de ta vie, je n'ai aucun contrôle là-dessus, mais si tu t'en sors en vie, et s'il te reste un minimum de bon sens, il faut que tu t'enlèves de la tête l'idée que les chefs Volturi sont tes plus grand ennemis. Ce sont des monstres, la situation actuelle de Hanover est catastrophique, c'est vrai, mais sans les Volturi, les choses seraient deux fois pire. Je respecte ta haine et ton courage, mais je t'ai déjà vu plus logique! Partons! Je t'en pris!"

Mais quelque chose vint bousculer la tournure des évènements, encore une fois. Un grognement lourd attira l'attention de June. Sous ses yeux se produisirent le meurtre sanglant d'un loup que June ne connaissait pas. Tout le déversement de sang et d'organes qui coula sur la terre humide de la forêt donna des frissons à June. Elle même était habituée à de telles visions, elle avait elle même dépecer des dizaines de vampires, mais la violence avec laquelle Rain avait tué l'animal l'effraya. Ce qui fut le pire dans cette histoire était que cette exécution avait eu lieue par sa faute. Elle avait été le premier pion de l'échiquier, et en faveur de Rain, June avait été d'une parfaite coopération. Qu'avait-elle fait? Prise de tremblement, de colère, de peur et de honte, June baissa la tête et, sans s'en rendre compte, resserra son étreinte dans le poil de Sora. Cette dernière réagit rapidement, elle s'approcha d'un autre loup et fit sentir à June qu'elle devait descendre. En proie à une chute de larmes incontrôlée, June cria à la monture de Jonathan de s'enfuir.

"Partez! Allez-vous en!!"

Elle ne voulait pas voir d'autres mourir. Elle se fichait bien de ce qui se passerait entre les vampires, une fois qu'ils seraient partis, mais elle voulait que les loups et les humains ne comptent plus aucune perte parmi leur clan, surtout par sa faute. Elle se doutait bien que même si le loup portant Jonathan décidait de partir, le chasseur risquerait de sauter au sol et d'attaquer les vampires, mais elle espérait le contraire. Elle sauta au sol et fit quelques pas vers l'autre loup, cependant les choses, encore une fois, ne se passèrent pas comme prévu.

Un silence lourd s'imposa dans l'esprit de June. Tout d'un coup, elle n'était plus dans la forêt. Elle était dans une pièce presque vide. En son milieu, un lit d'enfant. June s'approcha lentement du lit et posa ses mains sur la barrière de protection. Un bébé y dormait paisiblement. June eut un sourire et tendit les bras afin de prendre l'enfant dans ses bras. Au contact de la peau dure et froide de Lucas, son corps entier devint lui aussi froid et dur. Elle approcha le cadavre de son fils près de son coeur et les larmes se mirent à couler de plus bel au long de son visage. Serrant la petite chose de toute ses forces, elle s'effondra au sol, les deux genoux dans la boue. Elle ne se rendait pas compte de ce qui se passait réellement autour d'elle. Tout ce qu'elle savait, c'était que son fils mort gisait sur sa poitrine. Elle se mit à le bercer, en chantant une berceuse. Le monde venait à nouveau de s'effondrer. June n'avait pas conscience que le pouvoir de Rain lui jouait des tours. Elle n'était plus là. Elle était dans les limbes avec son enfant, attandant que Dieu vienne les chercher tout les deux.

Les quatre loups franchirent avec grâce et aisance le rideau de flammes qui jusqu'alors, isolait le centre de la bataille qu'abritait les White Moutains. C'est une odeur des plus nauséabondes qui envahit les narines sensibles du jeune louveteau, et presque aussitôt, ce dernier chassa cet air malpropre de son museau, d'une vive expiration nasale. Dégouté. Il se faisait très difficilement à cette puanteur que dégageait ces créatures surnaturelles. De plus, cette dernière ne l'aidait pas à garder la tête froide, au contraire. Elle déterrait ses désirs violents dus à sa soif de justice. La haine qu'il éprouvait à l'égard de cette race à la fois non vivante et non morte n'avait d'égale qu'au dégout qu'elle lui inspirait. Et il ne tenait pas à perdre de vue ses priorités, à savoir sauver ces deux humains, et non pas libérer l'humanité de trois cadavres ambulants. Le jeune loup rejoignit rapidement sa victime attitrée et patienta le temps qu'elle monte sur son dos, avant de se redresser. Il sentit les mains de l'humain fourrager son pelage en quête d'une prise sure et, se fut à grande peine que Luke se retint de lui grogner dessus. Ce n'était guère le moment de se montrer grincheux. A son grand dam, son passager commença à débiter un flot de paroles suicidaires qui eurent pour effet de l'exaspérer. Lui ôtant la possibilité de réfléchir, une détonation sèche claqua dans l'air, alterrant durant quelques secondes l'ouïe des loups. Lorsque sa surdité passa, le jeune homme réceptionna l'une des exclamations mentales de Sora, naturellement appuyée par Paco. Luke n'émit aucun commentaire et, seule ses mâchoires purent trahir son agacement, lorsqu'elle se serrèrent. Bien sûr qu'il était persuadé que s'attaquer aux plants avant la racine était inutile. Mais il résistait difficilement à son instinct primaire - étant de se débarrasser des vampires. Entre autre, Lucas se serait volontiers passé du discours de son passager. Il était déjà relativement difficile pour lui de ne pas sauter à la gorge du premier vampire venu, il n'avait pas spécialement besoin qu'on l'y incite ! Le jeune loup sentit ses membres inférieurs tremblés de sa rage contenue. Cette bataille intérieure lui coutait en énergie, mais il savait qu'elle était nécessaire s'il ne désirait pas que cela lui coûte la vie. Il calqua son comportement sur celui de Paco, tentant de se représenter une attitude tout aussi attentive et calme que lui. Bien plus difficile à dire, qu'a faire.

Bien que les loups ne puissent pas exprimer leurs façons de penser en paroles, ce n'était pas le cas des vampires. L'un d'eux, le mâle pour ne pas le nommer, ne faisait que cela. Lucas n'était pas spécialement le genre de personne à se faire une idée de la personne face à lui, d'un simple coup d'oeil. Toutefois, le loup qu'il était devenu savait jauger les gens, que cela se fasse avec ou sans minutie ne dépendait que de l'urgence de la situation. La suffisance de ce type, sa morgue naturelle, lui hérissait le poil, l'irritait profondément. Un imbattable sentiment de contrariété naquit en lui. Il fut soulager de constater le fait que Sora n'envisage pas de s'allier à ces blocs de glace puants. Oui, les loups ne pouvaient pas exprimer leurs façon de penser de vive voix. Cependant, quiconque aurait posé les yeux sur la louve à cet instant même aurait parfaitement compris le message. Lucas se joignit à son grognement et ils produirent une symphonie de grognements aux notes menaçantes. Il était plus qu'hors de question de laisser les humains sur place. Comment pouvaient-ils s'imaginer que sous prétexte que monsieur madame appartiennent à la famille machin, les loups se plieraient à leur doléance ? Le mâle insistait même, en déclarant qu'il ne souhaitait que discuter, et qu'il leur rendrait l'humain indemne. S'il avait pu, Luke aurait rit jaune. Il ne pouvait tout simplement pas aborder le concept du vampire qui laisse gentiment repartir sa proie. Ni même qu'une telle discussion ne s'achève pas par un bain de sang. Certes, il était jeune, il était stupide, il était celui qui possédait le moins d'expérience sur place, et assurément que son jugement était faussé par les récents évènements qui étaient venu le bouleversé. Mais au final, le résultat restait le même. Les deux chasseurs quitteraient les lieux avec eux, ce n'était pas négociable pour un sou. Que cela ne plaise pas à monsieur, ils s'en fichaient comme de l'an quarante. Le regard du lycan vint se plonger ardemment dans les prunelles sanguines du vampire mâle. Il sentit quelque chose, une pointe de crainte, tenté de percer ses défenses. le plus étrange, c'est qu'il savait que ce n'était pas une crainte naturelle, et qu'elle provenait de l'extérieur. Mais il la sentait en lui. Mais ils sentaient également, l'appui de ses frères et sœurs. Eux n'étaient pas atteint pas cette attaque vicieuse. Cette dernière tentait d'écraser la horde de ses autres sensations - haine, contrariété, irritation, contenance, colère - de devenir unique en son esprit et en son âme. La seule chose dont pouvait être conscient le jeune loup, s'était qu'il ne fallait surtout pas y céder. Néanmoins, il y avait tant d'esprits qui partageait le siens, tant de force dans l'union mentale des loups, que ses peurs s'écrasèrent littéralement contre un dôme lisse et sans faille. Lucas, ne faisait qu'en sentir la présence toute proche, pareillement à ce que l'on perçoit une fraîcheur derrière une vitre, durant l'hiver. Il suffisait de se réfugier près des siens.

Leur objectif était alors atteint, désormais. Ils étaient parvenu à récupérer les deux humains en danger, il ne leur restait qu'a quitté les lieux afin de les mettre en sécurité. Ensuite seulement, ils rejoindraient Enzo, pour décider des résolutions à prendre, contre cet attroupement de vampires. Oui voilà ! C'était exactement le bon choix et, ce qu'ils allaient faire. Seulement, la situation leur échappa totalement, en une poignées de secondes, lorsque l'une des femelles vampires perdit les pédales. Elle se précipita, à une vitesse telle qu'il aurait fallut la fixer à cet instant, pour saisir son déplacement, vers Will. L'esprit de leur camarade loup fut soudainement très confus,embrouillé par la panique qui se saisissait de lui, et Luke peinait à ne pas se laisser embrouillé lui-même. Ils eurent à peine le temps de percevoir l'éclat de terreur dans le regard de leur frère - lorsque ce dernier fut soulevé de terre aussi aisément que s'il eut été une poupée de chiffons- que ce dernier fut déchirer en deux, au sens propre du terme. Un craquement écœurant retourna l'estomac de Lucas. Une odeur métallique alourdit l'air et le jeune loup mit à peine quelques secondes à comprendre que c'était l'odeur de toute cette hémoglobine répandue sur le sol. La nausée élu domicile au creux de son ventre. Des éclaboussures avaient jailli. L'une d'elle s'étalait devant sa patte avant, tandis qu'une seconde avait éclaté sur son crâne. La violence, l'inhumanité de ce meurtre, le choquait. Il croyait pourtant avoir perdu toutes capacités à ce genre de sensations. Comment se tromper lourdement. Il ne pu détourner son regard du corps mutilé de son confrère. Et se fut le vide qui régna en maître durant quelques secondes, longues, dans les esprits des loups. Des sentiment de révolte naquirent, et ne tardèrent pas à le combler. Un grondement sourd, en provenance des profondeurs de sa gorge et de sa poitrine, se prolongea, traduction des sentiments violents que l'acte de l'asiatique avait causé.

Soudainement, sans qu'il n'eut pu le voir venir, il se sentit attaqué. D'une autre manière que sa crainte précédente, cette offensive là, était ... psychologique. Il n'eut pas le temps de s'en rendre pleinement compte. Le jeune loup, contre toute attente, et surtout contrairement à Sora et Paco, parfaitement maîtres de la situation, recula d'un pas. Puis d'un second. Ses oreilles s'aplatirent sur son crâne et il résista à l'instinct qui lui ordonnait de se plaquer au sol face à une supériorité. Comme si quelqu'un s'était amusé à lui passé un voile noir sur le regard, ce ne fut plus que des odeurs et des sons qui lui parvinrent. Et ces derniers n'auraient pas dus se retrouver là, pas dans ce contexte, c'était impossible ! Des relents d'alcool, de malpropreté et ce tabac excessif qu'il détestait tant le prit à la gorge. Ses oreilles lui rapportèrent les aboiements d'un homme d'âge murs. Une dispute. Oui ce la ne l'étonnait pas, Shawn était un homme râleur. Il devrait peut-être réagir ? Qui est-ce qui l'autorisait à s'adresser de la sorte à sa mère ? Dans cet état en plus ! Un véritable tyran cet homme depuis qu'il vivait avec eux ! Et maintenant qu'il était assez grand, assez fort pour répondre à ses insultes, il était chassé de la maison. Luke se revit vivre ses premiers mois à Hanover... puis la mort de son père et sa première transformation. Peut-être étais-ce dû au fait qu'il l'avait vécu récemment, dans tout les cas, la douleur ardente, l'aurait terrassé de nouveau. Un gémissement franchit la barrière de ses lèvres et il peina à ne pas s'aplatir au sol, à se rétracter sur lui-même.

Quelque chose changea. Lucas qui jusqu'alors était complètement déconnecté de la réalité, reprit pied avec celle-ci, complètement dérouté. La source de ses illusions, à savoir Rain, venait d'être projeté au dessus des flammes, et tous entendirent le flop qu'elle produit lorsque son corps entra en contact avec la surface de l'eau. Ce fut à cet instant que Lucas craqua. Une goutte de trop qui fait se vider le vase. Il n'avait ni l'expérience de Paco, ni le self control de Sora, et attendre de lui qu'il les possèdent en si peu de temps était à la fois exigeant et optimiste. Le jeune loup trembla de ses muscles puissants. La chasseuse était au sol, près de Paco qui ne pouvait rien faire, sinon rester près d'elle afin d'éviter qu'un sang froid ne l'approche. Cette vision de vulnérabilité - certainement si semblable à la sienne quelques instants plus tôt - le mit hors de lui hors du possible. Ce fut presque sans conscience qu'il éjecta son passager de son dos, sans prendre véritablement de pinces. Il ne su pas vraiment où il attérit, juste qu'à l'endroit où il se trouvait désormais, il n'était plus en danger immédiat. Car le danger immédiat, ce n'était plus les vampires mais lui. Le controle de soi est capital pour un loup, et le loup est dangereux lorsqu'il ne le possède pas. Cette notion était inscrite, graver même, dans sa mémoire. Et c'était l'unique manière de ne pas blessé sérieusement celui qu'il était sensé protéger. * Merci Sora * Pensa t'il avec ce que l'on pourrait qualifié de rapidité. Il ne savait pas vraiment de quoi il la remerciait, peut-être de l'avoir débarrasser de son enfer personnel en envoyant valser l'asiatique, ou bien en lui ayant appris certaines régles de vie pour un loup. Et même le simple fait d'être là pour le protéger. Il ne savait pas. mais il la remerciait. Puis il muta. À la place de l'imposant loup, se retrouva un garçon taché de sang, nu comme un vers. Il ignora sa nudité pour traverser l'endroit et rejoindre June rapidement. Elle ne pouvait pas rester là. Et ce simple objectif qu'il se fixa suffit à l'aider à maitriser ses tremblements et ignorer sa rage. Lorsqu'il fut auprès d'elle, le jeune homme s'accroupit. Il l'attrapa par les épaules et la secoua sans délicatesse. Elle devait quitté ses illusions. Il la voyait pleuré, un torrent salé se déverser sur ses joues, agitée de sanglots incontrolables, et profondément enraciné dans ses souvenirs. Luke leva la main haute et l'abaissa. Il la gifla tout simplement. Si cela suffisait à lui sauver la vie, il lui en collerait plutôt deux fois qu'une. Enfin, il la vit reprendre conscience des vérités qui l'entourait. Il n'attendit pas trente ans qu'elle soti pleinement rétablie et la saisit par les joues, afin de l'obliger à le regarder. « Hé ?! Hé !! Tu m'entends ?! Lèves-toi bon sang ! ». Le jeune homme jeta un regard circulaire en quête d'un regard de ses confrères, mais également pour voir où en était la situation avec les vampires. Se retournant vers l'humaine, il la saisit sous les aisselles, comme une enfant et s'efforça de la remettre correctement sur pied. Il indiqua d'un signe de tête à Paco qu'il s'occupait d'elle, et de la protéger. Sous forme humaine, il était parfois plus facile de se recentrer. Luke se plaça devant elle, dans des allures protectrices en attente de ce qui se produirait ...

Une désagréable sensation saisit Jonathan au ventre. Comme un poids qui soudain vous pèse sur l'estomac, cette pression invisible était contrôlée par Rain, qui bien que secouée par son altercation avec les deux autres vampires, gardait encore intact ses capacités démoniaques. Toutefois le jeune homme semblait avoir été la cible d'une peine moindre, à en juger par la douleur qui se lisait dans l'expression des corps des différents protagonistes présents. En fait, chacun d'entre eux, à l'exception de June et de lui semblait subir un supplice dont seule l'eurasienne avait le secret. Heureusement un des lycans sut réagir : en un clin d'oeil, l'agresseur avait été maté. De là où il était, le corps de Rain ne semblait qu'une brindille à deux doigts de craquer sous les mâchoires robustes de la bête ; c'était la première fois qu'il les voyait en action et il avait du mal à cacher l'impression que cela lui faisait.

Jonathan reprit vite ses esprits, une fois l'effet du pouvoir estompé. Il n'avait rien perdu de ses objectifs, maintenant que la balance des forces était plus équilibrée. Mais autour de lui, cela tournait au grand n'importe quoi. Il n'y avait plus aucune notion du bien et du mal, ni clans ni groupes près à en découdre les uns contre les autres. Qui était allié avec qui? La question demeurait sans réponse, au regard de la complexité des relations qu'entretenait tout ce beau monde d'ordinaire.
En effet, les Volturi se plaçaient contre l'Eurasienne en dépit de leur appartenance commune à une même race. Cette dernière semblait seule contre tous, alors que June elle, semblait en retrait. Les lycans eux, occupaient une place ambiguë, car bien qu'ils partageaient d'ordinaire les mêmes objectifs que les chasseurs, Jonathan restait sur ses gardes.

Quoi qu'il en soit , c'était bien sur l'un d'eux qu'il se trouvait à cet instant, chevauchant une bête comme un chevalier sur son destrier. L'image pouvait prêter à rire, mais en tout cas elle donnait au jeune homme un fort sentiment de puissance, lui qui quelques instants auparavant était totalement démuni. Le sabre à la main, il écoutait avec dédain le discours narquois de Jared. Force était de constater qu'il n'avait pas entièrement tort Mais Jonathan était persuadé de ses convictions. La colère grandit en lui.

- Je n'en ai rien à foutre de votre petite guerre entre vampire, rien à foutre que vous soyez la Loi. A mes yeux vous êtes les mêmes, des parasites. Si jamais il m'était donnée l'opportunité d'en tuer ne serait-ce qu'une poignée, croyez moi je n'hésiterai pas à le faire. De toute façon qu'est- ce que l'on gagne aujourd'hui? A vivre dans la peur? A craindre chaque fois que la nuit tombe la morsure d'un monstre au coin d'une rue? Vous vous pavanez sous vos grands airs d'être les garants d'une terre paradisiaque. Mais ce que vous ne comprenez pas, c'est que nous sommes déjà en enfer et que l'on soit à mille lieux sous terre ou à dix millions, ça ne changera rien.

Mais manifestement, personne ne semblait partager l'avis de Jonathan. Le lycan montrait sa réticence au combat en faisant preuve d'une immobilité parfaite. June également, lui tournait le dos.

- Dis moi ce qui est logique June : faire semblant d'être heureux dans un monde qui nous échappe, ou prendre le risque de tout changer? Pourquoi est-ce que l'on prenait le risque de se faire tuer tous les jeudi soirs lorsqu'on allait chasser ensemble? Pour quel but? Ne me dis pas que tu chasses parce que tu n'as aucun but, ou encore moins par l'amour de tuer. Combien de temps cette soumission va durer hein? Il est temps que l'on agisse, que l'on croit en nos chances merde!

Jonathan était prêt à y aller seul. Mais manifestement, sa monture ne semblait pas en état de faire quoi que ce soit. Alors que le lycan fut pris de ce qui aurait pu dans le cas d'un humain s'apparenter à une crise d'épilepsie, le jeune homme tenta de rester accroché à la bête, craignant une chute au sol qui aurait été tout sauf agréable. Ces mouvements incontrôlés étaient d'autant plus inexpliqués que Rain Si Jie était désormais écartée de la bataille.
Le jeu de rodéo ne dura pas longtemps. Très vite, Jonathan lacha prise, il ne pouvait plus résister. Propulsé dans les airs, il atteint une certaine hauteur qui lui permit de voir au delà des flammes. Ils étaient seuls dans cette clairière, au milieu de nulle part et en pleine nuit. Il resta une ou deux secondes à la hauteur des feuillages des arbres.

Tout se passa si rapidement que Jonathan n'avait pas le temps de penser à sa chute. Et alors qu'il vit le jeune lycan qu'il avait monté quelques secondes auparavant, se transformer et reprendre forme humaine, il sentit le poids de son corps s'apensentir avec une lourdeur insoutenable sur le sol. Un cri de douleur s'échappa de sa bouche. Il ferma les yeux.
Lorsqu'il daigna les rouvrir, il se retrouvait dans la situation la plus inconfortable qu'il soit. A sa droite, Jared Volturi. A sa gauche, la soeur Jane.

Mais surtout, Jonathan ne pouvait plus bouger. Non pas que la chute de plusieurs mètres l'avait cloué au sol. Mais en tentant de se relever, il aperçut, logé dans son abdomen, le bout de l'énorme branche dans lequel il était désormais empalé.

Quelle agréable sensation… L’eau pénétrait ses pores, enrobant la créature dans un confortable linceul… une caresse aussi douce qu’inattendue après le déluge de violence qu’elle avait subi… et infligé. Cette apesanteur la berçait tendrement… on crut deviner, l’espace d’un instant, l’ombre d’un sourire sur le visage à demi voilé par les ondulations d'une chevelure ténébreuse...

Celle dont le nom invoquait la pluie, semblait retrouver son élément…

~

Valdinguant par-dessus la clairière, le poids mort du vampire s’était retrouvé au fond des eaux noires du lac. La louve avait-elle dirigé cet acte ? Peu importe, volontaire ou non, l’erreur était stratégique. Sora n’allait pas tarder à s’apercevoir de sa bévue…

Mais pour le moment, Rain n’était plus, son corps meurtri finissant de signer sa chute dans les quelques mètres de profondeur que les bras de la rivière lui offrait. Son ombre s'enfonçait dans les ténèbres... Le visage de l'aliéné paraissait si serein ; il avait fallu qu’elle touche du doigt la Mort pour enfin se reposer. Déliées, les perles de son chapelet bouddhiste flottaient au-dessus de son corps, mêlées au sang du lycan qu’elle avait sacrifié. La peau tendue de son bassin commençait déjà à recouvrir la plaie béante que les crocs de Sora avait entamé. Désormais vermeille, sa chemise blanche était en lambeau, laissant apparaître les prémices de sa poitrine.
L’état d’inconscience momentané dans lequel elle se trouvait, avait réussi à éloigner ses démons... Les voix dans sa tête s’étaient tues, dès lors que son corps avait touché la surface de l’eau. L'eau (bénite ?) avait-elle purifié le vampire du mal qui la rongeait ? Certainement pas, mais cette douche froide avait eu le bénéfice de faire le vide dans son esprit, jusqu'ici en proie au chaos. Rain ne saurait remercier celle qui l'avait extirpé de ce cercle infernal... Ses congratulations attendraient. L'heure était à la renaissance...

Les pions de l'échiquier avaient été balayés ; place à une seconde partie. Nouvelles pièces. Nouveau terrain. Et nouvelles règles. Avec un maître mot dont elle ne se lasserait jamais : sournoiserie. Pourquoi se montrer loyal en combattant de front lorsque l'on peut renverser le jeu en oubliant les codes de l'éthique ?
Alors qu'il se réveillait doucement de l'inconscience, l'esprit calculateur de Rain réanima son activité prolifique ; la malveillance. Elle se remémora alors chaque moment clé de la partie précédente, chaque poste de chaque acteur présent, ainsi que les paroles proférées durant l'action.

Exit le double-discours de Jared qui promettait l’exécution de celle à qui il tendait la main quelques minutes plus tard. Assez intelligent pour désarmer son adversaire, mais étrangement maladroit. Il n’avait obtenu aucune réponse de la part de Rain, trop confuse pour aligner ne serait ce qu’un mot. Puis il y avait Jane, cette délicieuse vampire aussi agaçante que désirable. Elle avait vu juste, maintenant que le mal avait été fait, la tête de l'Eurasienne avait été mise à prix. Il n’était plus question de riposter contre les attaques répétées des chasseurs ou encore d’écarter les loups de son chemin, mais de faire face à une meute vengeresse et à la toute-puissante famille des Volturis. Situation insensée pour un bourbier tout aussi invraisemblable. Mais, ce n'était un secret pour personne : Rain ne répondait d'aucune logique. Il était donc naturel qu'elle ne s'attire qu'une somme d'ennuis tous aussi insolubles et extravagants les uns que les autres... Et elle ne faisait rien pour s'en dépêtrer ; si elle avait réussi à faire sortir Jane de ses gongs, de son côté, Rain n'avait qu'une seule envie, celle de la chiner à nouveau. Pure folie ? Elle plaidait non-coupable : il y avait seulement des têtes brûlées que l'intrigante aimait ennuyer plus que d’autres. Mais alors qu'elle réévaluait son environnement, Rain ressentit la douleur se propager derrière son crâne. Elle se rappela alors de ce coup bas, porté à la tête alors qu’elle était en position de faiblesse. Le jeu du chat et de la souris ne faisait que commencer, très chère Jane… Et ton ennemi préférait milles fois la détestation à la pitié ; une nouvelle inimité venait de naître...

Qu'en était-il des autres protagonistes ? Ce bon Lucas... un élément facilement manipulable. L'efficacité de son don, malgré la cohésion de la meute, était un véritable appel à la tortionnaire : la brèche ne demandait qu'à s'ouvrir. Quant à Sora, la donne différait... Sa haine des Sang-Froids ne semblait pas connaître de limite. Ses initiatives en étaient profondément marquées : la louve ne prenait pas la peine de se tourner l'esprit dans tous les sens pour régler le problème ; elle agissait. Un courage qui était tout à son honneur mais qui flirtait dangereusement avec l'impulsivité. Et dieu sait que la hâte nous faisait faire des choses bien regrettables.. Avoir écarté Rain du jeu en était une. Elle apprendrait à ne pas quitter des yeux, un adversaire aussi imprévisible que ce vampire pernicieux qui reculait et passait son tour pour mieux revenir à la charge.

Maintenant que toutes ces données étaient parfaitement imprégnées dans l’esprit malin de la stratège, il était temps de laisser place à l'action.

Les loups étaient aux aguets, observant le moindre mouvement suspect dans les eaux sombres de la rivière, pour mieux cueillir leur proie. Rain avait une marche de manœuvre extrêmement réduite ; à vrai dire, elle était à deux doigts de retomber dans un état d'inconscience duquel elle ne se réveillerait pas de si tôt. Sora l'avait empêché de se consumer avec le feu de sa propre démence. Ainsi, elle ne devait compter que sur la tactique, payante, elle l'éspérait.
Alors qu’ils lui tournaient autour, Rain mesura le moindre battement de cils ; les vampires étaient d’excellents nageurs, leur état de mort avancée les empêchant de se noyer… ce qui n’était pas le cas de leur ennemi : elle allait tirer profit de cet ascendant. Prenant appui sur les roches du fond de la rivière, la fourbe s'immobilisa. De là, elle observa les mâchoires qui l’attendaient à la surface. Si elle distinguait très bien le contour de leurs crocs, les loups, eux, étaient dans le flou ; l’odeur du vampire était masqué par l’eau, tout comme sa silhouette, enfoncée dans les profondeurs. S’éloignant de l’endroit où la meute était concentrée, le vampire, tel un serpent silencieux, se faufila vers la proie idéale qu’elle avait immédiatement repéré : un jeune loup de moindre envergure. Malgré son entourage, elle avait l’avantage de la surprise… Prenant son mal en patience, l'attaquante attendit que les loups délaissent leur compagnon ne serait-ce qu'un instant, mais une nouvelle surprise allait lui faciliter la tâche : Jonathan avait attiré l’attention de tous. Ce millième de seconde lui suffit : Rain fusa en hauteur, avant de frapper violemment le sol meuble qui soutenait sa proie. Déstabilisé, sous le coup de la surprise, le louveteau ne put que se laisser choir dans la rivière. Aussitôt, son agresseur l’amena vers le fond... Par instinct, sa proie se transforma, reprenant forme humaine pour mieux se mouvoir dans les profondeurs et ainsi échapper au vampire. Bien qu'il se débattit, il s'évanouit rapidement, Rain le maintenant sous l'eau. Sans plus attendre, elle tira le corps vers elle avant de prendre la fuite, toujours en immersion ; ce qui ressemblait plus à un enlèvement plutôt qu'à un crime, s'était produit en toute impunité, et ce, à une vitesse fulgurante... Si elle ferait en sorte de sauver son prisonnier, ce n'était qu'un sursis accordé. En effet, plus qu’un dernier coup d’éclat, cet acte était une révérence de l’artiste, une promesse qu'elle délivrait à Sora : elle n'en avait pas fini avec elle.

Il en allait de même pour tous les acteurs ici présents. Mais ils ne le savaient pas encore…

De plus, cette mêlée lui avait apprit que son pouvoir n’avait qu'une limite ; la mort de son hôte. Dès lors qu’elle le contrôlait, elle deviendrait plus redoutable. Ce soir, son don l'avait profondément affecté, mais ses ennemis n'en avaient ressenti que les prémices. Un grain de sable qui avait réussi à semer la confusion. Qu’en serait-il, si elle arrivait à maîtriser ce qui avait manqué de la tuer ? Elle avait entrevu une autre facette de ce pouvoir qu'elle n'avait que trop restreint... et se riait d'elle même ; durant ces trois cent années de lutte acharnée, elle n'avait pas imaginé une seule seconde que son aptitude à réveiller les démons de chacun, pouvait être aussi modulable...

Mais pour le moment, son don avait suffi à faire perdre la raison à l'un des deux humains. Pions, qui, ironiquement, avaient servi à ouvrir le jeu et à la clôturer. Si Rain en viendrait presque à regretter les larmes de June, ses intentions étaient étrangement bienveillante envers Jonathan... Elle n'avait pas assisté à la scène ; sa fuite précipitée l'avait contrainte à abandonner un des rares êtres qu'elle se surprenait à respecter. Il n'en savait peut-être rien, mais l'Eurasienne arrivait tout de même à l'apprécier pour ses convictions. En effet, du point de vue du vampire, il était le seul ici présent à mener une existence légitime. Mais il ne connaîtrait probablement pas les raisons de ce regain d'estime car sa vie ne tenait plus qu'à un fil...

Dans sa course, Rain semblait rire intérieurement... Sur son passage, elle avait semé un vent de folie... Haine, colère, désespoir ; le trio gagnant. Elle reviendrait bien assez tôt... plus puissante, plus perverse, et plus aliénée que jamais…

~

Une goutte s'abattit sur le museau de Lucas, présageant l'arrivée d'une averse... La bruine qui la précéda humidifia l'air, qui devint vite étouffant... Les flammes se désépaissirent progressivement, sans s'éteindre cependant... Une étrange atmosphère avait recouvert le champ de bataille. Les habitants d'Hanover n'étaient pas prêts de trouver le repos...

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