let me see you stripped [ Brad Maidon]

Il était tard ce soir là pour Trajan, une heure où un petit vieux aurait dut se coucher, mais pas notre lycan. Oiseau de nuit, il traîné le soir. Cela faisait deux jours qu'il avait rencontré Rain, il n'avait presque plus mal, mais elle obsédait son esprit, cette connasse asiatique, elle était toujours avec lui, dans sa tête.
Le malheureux empereur n'était pas encore le "lycan", il était ce vieux misanthrope. il avait marché dans la rue, il était une heure du matin et il errait, errait? Non, Trajan n'était pas du genre à errer, il savait parfaitement où il allait, il allait au strip-club, il allait y boire un coup, mater les filles, discuter avec le barman. Ouais, le barman, un sacré loustique ce mec là. Nul doute qu'il lui remonterait le morale avec sa critique acerbe. Ouais, tout comme Rain, Brandon avait la langue acérée, si ce n'est que ce dernier n'avait encore jamais essayé de le tuer (pour l'instant).
Le lycan arriva enfin devant la porte du "bar", le vigile le regarda, comme d'habitude, Trajan avait son vieux manteau, et, cependant, à la place de la canne, une sorte de béquille pour handicapé. Le videur le regarda d'un air hautain, il devait bien faire une tête de plus que l'ancien soldat (et pourtant, il était du genre Grand notre lycan) pour presque deux fois sa largeur. Le dit videur s'appelait Wilson Mac Floyd, un chauve à la barbe rousse et aux tatouages aussi développé que ses muscles. Lorsqu'il regarda notre lycan, ce dernier lui lâcha sèchement :

-Alors, grand benêt d'Irlandais, tu vas mettre longtemps avant de me faire rentrer, où tu vas d'habord essayé de me voler tout ce que je possède?

Le videur le fixa alors d'un oeil noir avant de sourire jusqu'aux oreilles, il se décala légèrement de la porte d'entrée pour le laisser entrer. Le vieux loup sourit a son tours et ouvrit la porte. Le silence omniprésent qui régnait dehors se transforma en musique électronique, des lumières rouges, bleues, balayées le sol et les murs. Le lycan arriva au bar, et, d'un geste souple, il s'assit sur un des tabourets, il lâcha tout simplement :

-Hé, l'cheveulu! Si tu t'es acheté une main droite pour remplacer tes deux mains gauches, tu veux bien me préparer un bloody Marie?

A ces mots, le vieux professeurs fixa le jeune homme, il devait avoir la trentaine, il était même assez beau garçon, il fallait l'avouer. Et ces cheveux longs, ce bouc, cet classe. L'enfoiré, il devait se serrer pas mal de femme ce connard.

B

« Y avait pas de tâche, beauté, mais sinon, jolie palpation, la prochaine fois fais juste ça un peu plus sensuellement et ce sera parfait. »

S

« Mes deux mains gauches t’emmerdent, papy. J’ai pas besoin de main droite dans l’intimité contrairement à toi. »

I

« Eh ben, t’as pris dix ans dans la gueule depuis la dernière fois ou quoi ? A ce rythme là, tu vas me claquer entre les doigts avant la fin de la soirée. »

L

Le bon vieux Trajan retrouvait avec un léger sourire la présence de Brad, il avait toujours cet air décontracté, un peu cool, non chalant. Il attirait facilement la confiance et Trajan se doutait qu'il attirait facilement les confidences. Dommage qu'il ne soit qu'un simple barman, il aurait été très bien en journaliste ou flic. Non, il n'avait pas du tout le profil du flic en y pensant, il semblait bien trop indiscipliné. Alors il lui restait le métier de journaliste. Soudainement, la voix dudit barman s'éleva dans les airs pour lancer une remarque acerbe sur la sexualité de notre bon vieux lupin. Il n'avait pas totalement tords, cela faisait un bout de temps que Trajan n'avait pas été dans une relation avec quelqu'un, que cette relation soit stable ou instable.
Puis il commença son show, ouais, le salop, il connaissait son métier, il savait y faire pour jouer le mariole. Et il avait l'oeil, Trajan remarqua que Brad posait un regard pesant sur lui, ouais, "l'empereur" n'était pas vraiment beau à voir, il avait on pouvait même dire un air de déterré. En même temps, Rain n'y avait pas été de main morte avec lui.

Le lycan eut un léger sourire quand le barman lâcha la fin de sa réplique. Mais rapidement, le sourire du professeur s'effaça pour laisser place à un visage plus dur, plus sûr. Il se pencha légèrement vers son compagnon de soirée comme s'il voulait lui avouer quelques choses et souffla doucement :

-Ca reste entre nous hein... Je suis un loup-garou, je chassais les vampires, et là, je suis tombé sur une vampire, et elle m'a foutu la raclé de ma vie. Elle m'a enfoncé ma canne dans le torse, défenestré puis au final elle m'a fait apparaître mes cauchemars du passé!

Le loup garou resta un instant impassible, totalement sérieux avant de soudainement son visage se déforma en un rictus béant et Trajan se mit à rire amusé. Il valait mieux dire ça qu'inventer une histoire bidon. Il laisserait le jeune homme se faire un film. Probablement qu'il penserait qu'un "ex-femme" du lycan serait venu, ou qu'il aurait passé tout simplement une très mauvaise soirée. Ce genre de choses. Cependant, peut être que le dit barman aurait entendu dire sur internet de rumeur parlant de vampire. Enfin, pour la majorité des gens ce n'était que des légendes folkloriques.
Le vieil homme laissa quelques instants son compagnon "sans lui", en effet, ses yeux venait de capter le magnifique postérieur d'une des danseuses du bar, ha, de nos jours les femmes étaient bien moins prude que dans sa jeunesse, même dans les G.I il avait pas vu autant de femme dénudé qu'à notre époque. Que dieu Bénisse l'amérique décadente! Et qu'il emmerde les asiatique psychologiquement dérangé!!

Brad ramassa la monnaie que Trajan lui avait posé sur le comptoir et fit tinter la caisse en y déposant le prix du cocktail. Quand il releva la tête, il vit le regard sérieux et dur qu’affichait l’homme. Brad connaissait cet air, la solennité dans l’attitude annonçait une révélation. Bien entendu, il ne s’attendait pas à apprendre l’origine du monde de la bouche de cet habitué du Strip-Club mais chaque vérité est bonne à connaître. Il s’approcha quelque peu intrigué et quand le professeur se pencha pour renforcer l’effet de confidence, Brad sentit sa curiosité attisée. Il tendit l’oreille et recueillit avec incrédulité le récit ironique et improbable de son interlocuteur. Il recula pour apercevoir l’expression du soit disant loup garou avec scepticisme. Il soupira alors qu’il s’apprêtait à l’envoyer se faire voir pour avoir piqué sa curiosité quand l’autre se mit à rire ouvertement. Brad se fendit d’un sourire et envoya une tape virile sur l’épaule de son compagnon d’infortune. Il s’exclama avec intérêt :

« Faut qu’t’arrête les films pornos sado-vampiriques… Si tu veux, je t’en débarrasse. Comme ça j’pourrais toucher du doigt l’ambiance de tes longues soirées d’hiver. »

Brad attrapa dans sa poche de Jeans son paquet de cigarette. Ce con de prof l’avait bien eu avec ses histoires de vampires et de loups-garous. Ca lui rappelait que depuis qu’il était arrivé à Hanover, il avait essayé de commencer un semblant d’enquête pour alimenter son blog. Il avait alors découvert l’existence d’une tribu d’indiens dans la ville et en faisant quelques recherches sur leurs folklores il était tombé sur des légendes concernant une descendance lupine. Il n’avait pas prêté attention à ces histoires, il cherchait simplement si des sacrifices humains n’étaient pas dans les coutumes de ce peuple. Ca paraissait stupide comme hypothèse et même un peu fasciste. Comme si ces sauvages d’indiens, ennemis ancestraux des Américains, méchants et barbares, étaient responsables de toutes les plaies de la société. Brad ne leur reprochait rien, il avait juste jeté un œil. Sa cigarette laissait échapper un mince filet de fumée, il observait les danseuses à l’unisson avec le vieux Andoras et se moquait bien que l’endroit soit non fumeur.

Un homme le héla pour avoir son verre de Gin tonic, Brad lui fit signe d’aller voir ailleurs si il y était et sa collègue débordée s’approcha du client avec un sourire jaune. Elle ne supportait déjà plus son co-barman qui passait son temps à lui toucher le postérieur en toutes situations mais à chaque fois par malheureux accident et qui tirait au flan toute la soirée mais avait l’admiration du patron. Il détourna les yeux pour les reporter sur le vieux loup martyr de vampire et lui demanda :

« Bon alors, tu protestes même pas quand j’te fais passer pour un mal-baisé et tu tournes ton regard mélancolique vers les p’tits culs des strip-teaseuses ? T’as vraiment besoin de tirer ton coup, toi. On n’est plus tous frais, on n’a plus vingt ans mais bordel, la machine envoie encore, s’tu vois ce que je veux dire. Oh oui, j’envoie, hein poupée ? »

Sa collègue essayait d’attraper une bouteille qui était rangée sous le bar à l’endroit où Brad était affalé. Elle grogna d’énervement et certainement d’indignation et choisit de se venger en poussant violemment le barman pour atteindre son but. Elle le laissa chanceler avec un sourire amusé aux lèvres et s’éloigna avec la bouteille de sirop de framboise qu’elle cherchait. Brad reprit son équilibre et ajouta à l’encontre de Trajan :

« T’es pas obèse, t’es pas dégueulasse à mater, tu schlingues pas le vieux… Et si t’as plus la pèche, chope du viagra. Mais faut qu’tu te chopes de la nana, qu’est-ce que t’attend ? »

Sur terre, on peut diviser les hommes en plusieurs catégories, dans l'une d'elle, il y a les machistes-connards-qui-de-prennent-pas-pour-de-la-merde. D'après l'idée de Trajan, on pouvait y placer Brad, car il fallait avouer que l'étrange personnage qu'était le barman n'était pas vraiment du genre bisounours, mais ça n'empêchait pas au vieux professeur de bien l'aimé, après tout, ça lui faisait un moyen de distraction, et puis, notre bon anglais casi centenaire aimait les gens méchants, il n'y pouvait rien...

Un sourire amusé fracassa le visage du lycan latiniste quand la serveuse poussa le jeune homme d'un coup de rein, le visage du vieil homme, totalement illuminé, gratifia la jeune femme d'un clin d'œil complice alors que Maidon commença a débiter une longue tirade :

« T’es pas obèse, t’es pas dégueulasse à mater, tu schlingues pas le vieux… Et si t’as plus la pèche, chope du viagra. Mais faut qu’tu te chopes de la nana, qu’est-ce que t’attend ? »

Le lycan pouffa un peu de rire avant de boire une gorgée de son verre, ha, le gout délicat de la tomate allié à l'amer de la vodka était délicieuse. Ha, il était bien loin la guerre contre la russie ou prendre de la vodka pouvait être considéré comme acte de trahison avec toute la chasse au sorcière qui allait avec. Mais ce temps était comme les autres, révolu.

Notre héros était loin de se douter que Brad était le chroniqueur tant lut dans toute l'Amérique pour plusieurs raison, déjà, le dit écrivain savait se faire discret, chose utile dans ce genre de métier, deuxièmement, n'étant pas vraiment habitué à la technologie moderne, préférant par ailleurs le bon vieux support papier, et les tableau avec des craies, il n'allait jamais sur internet et ne savait pour ainsi dire pas du tout se servir d'un ordinateur. En y pensant, il n'allait pas non plus au cinéma, de toute façon, tout n'était que parodie au cinéma, on vous sortez des films de guerre avec de vrais héros et des vampires sexy qui combattent des loups encore plus. Pfff, monde de dégénéré pensa le lycan en replongeant ses lèvres dans son breuvage chèrement payé.
Cependant, il lui fallait lancer une réplique ne serait-ce pour paraitre fort et en pleine forme. Il se contenta de souffler d'un air un peu absent :

-Roh, tu sais, hormis ta mère, les autres femmes...

Le lycan remarqua un sourire narquois sur le visage de la serveuse puis il enchaîna instantanément :

-Et toi, pas de potins à raconter, de truc anodins?

T

« Bah faudra que tu me la présentes, ma daronne, alors ! »

I

« Y a des boulets qui se font trucider à tour de bras et tu veux un scoop ? J’ai cru comprendre qu’il allait bientôt y avoir un couvre-feu, mon connard de patron va devoir s’asseoir sur son gagne-pain pour quelques temps… Et moi, aussi, putain… »

I

« J’vais finir par devoir me prostituer pour gagner ma croûte, j’pense que ça… »

I

« Bandes de sales ploucs de soulards ! Je baise votre mère, les mecs ! »

I

Trajan n'avait jamais été connu pour son tact, ainsi, qu'il sache ou nom que Brad n'ai jamais connu sa mère n'aurait certainement rien changé sur la réplique qu'il avait changé.
Cependant, il avait un certains don pour comprendre d'infime changement, peut être par ce qu'il entendait mieux entendre la respiration des gens qui, durant un mensonge a tendance à s'accélérer. Peut être tout simplement car la vie de professeur vous forme à avoir l'habitude des mensonge et des tensions. Ainsi, il remarqua la tape du barman, mais n'ajouta rien, préférant rester silencieux et austère.
Il se contenant de regarder l'homme faire son travail, chose dans laquelle il semblait exceller. En effet, il avait cette connaissance particulière des boissons qu'on tout les barmans des clubs de discothèque et autre lieux où la consommation d'alcool est soumise à la législation.
Lorsqu'il eut finit sa basse besogne qui consistait donc à faire le cocktail, servir le dit cocktail et encaissé l'argent pour payer le verre, il revint vers notre lycan adoré et commença a lui parler sur un ton de confidence :

Un mot frappa alors l'esprit du loup. "Rain". Cette femme, si tant soit peu qu'on puisse appeler ce démon une femme, cette femme était elle la responsable de tout ces trucider? Possible, mais il y avait d'autre vampire ici, Trajan l'avait senti et il n'aimait pas, mais alors pas du tout cela. Peut être serait il bon d'essayer de partir d'ici, trouver un endroit bien tranquille où il pourrait continuer bien tranquillement. Les derniers mots de Brad - constitués du fait qu'il devrait probablement devenir gigolo pour alors gagner sa vie -passèrent complètement hors d'atteinte du lycan.
Mais, alors que les mots du journaliste passaient bien au-dessus de la tête de notre homme, quelque passa par contre a travers, ou, plus exactement, frappa avec violence la tête de notre infortuné vieille homme en se brisant dans un bruit caractéristique de verre brisé.
Surpris par le coup violence, la tête de Trajan tomba vers l'avant, frappant avec entrain le comptoir. Ouch, ça ça fait mal aussi! Déjà, le lycan voyait des petites étoiles et sentait couler sur son visage le liquide chaud et cuivré qu'était le sang, et ici son propre sang.

Si on retire toutes les altercations que notre lycan avait eut avec les vampires, la derrière blessure reçut de la part d'un humain par Andoras était un projectile allemand sur les plages maudites de Normandie. Le Loup tenta de se redresser, mais, passablement sonné, il ne réussit qu'a s'écrouler de son tabouret pour se fracasser sur le sol dans un nouveau bruit sourd. Putain, dire qu'il était venu ici dans ce bar pour se remettre des ses mésaventures avec l'asiatique dégénérée.
Tentant de reprendre ses esprits, le vieux professeur ne remarqua pas le magnifique uppercut de son ami Brad et donc ainsi de son intervention casi salvatrice. Il ne se rendit compte juste que quelqu'un le trainé, et, en déduisait que c'était ce bon vieux Barman.

Doucement, l'esprit toujours embrumé, Trajan commença a jurer :

-Putain Brad, j'vais défoncer leur petit gueule! J'ai pas laisser les boches m'balancer des pruneaux pour me faire frapper de la sorte!

Les yeux du lycan clignotèrent alors qu'il reconnaissait le parking et il senti les mains de Brad lui toucher son front dans le but avouer de voir l'ampleur des dégâts. Trajan le repoussa légèrement en maugréant :

-Ha putain touche pas ça pique!

Un loup-garou normale aurait déjà cicatrisé, le vieux loup qui refusait de se transformer qu'était Trajan quand a lui mettrais un peu plus de temps. C'est a dire que là, si Brad regardait, il verrait sous ses yeux la chaire se refermer comme s'il voyait une guérison de plaie a travers une cassette accélérée.
Les yeux azures du lycan fixèrent Brad dont la moitié du visage était illuminé par la lueur bleutée du néon, lui donnant un air assez étrange par la même, a moi que ce ne soit le fait qu'il avait vu ce qu'il ne devait pas voir. Trajan recula d'un pas, se relevant de toute sa hauteur, fixant le barman de son regard de glace. Il lâcha :

-C'est juste une égratignure, ça va aller.

En son fort intérieur, il espérait que le blogueur n'avait rien vue car sinon il l'avouait il serait dans un sacré merdier pour lui expliquer le pourquoi du comment…

Alors, Brad, tu crois aux miracles?

Brad avait traîné ce bon vieux Trajan sur le parking, ce dernier était légèrement étourdi. Il parvint tout de même à revendiquer sa décision de mettre son poing dans la gueule des troubles fête en évoquant les Boches… Qu’est-ce qu’ils venaient foutre là les Allemands ? Il parlait comme un vétéran de guerre, mais pour avoir participé à cette guerre, il aurait fallu qu’il ait au moins 70 ans. Mais Brad n’y prêta pas attention, ça devait faire partie de ses manies et il était certainement tout aussi ironique qu’à son habitude quand il avait cité les nazis. Ca n’étonnait pas vraiment le barman que son client se prenne pour un vétéran. Mais qu’il veuille aller corriger les auteurs des faits était par contre légèrement inutile puisque deux personnes étaient déjà au sol. Il constata :

« Laisse tomber vieux, vu ce qu’ils ont picolé et ce que je leur ai fait prendre, ils sont pas près de se relever. »

Il s’intéressa plutôt au front de son ami couvert de sang, il s’approcha de lui mais le vieux loup le repoussa afin qu’il ne touche pas à sa blessure. Brad avait beau être je-m’en-foutiste, il ne comptait pas laisser cet homme rentrer chez lui dans cet état. Il allait l’amener à l’hôpital. Mis à part la plaie en surface, le choc du coup avait pu faire des dégâts internes. Il n’y connaissait rien à la médecine, mais il avait entendu l’histoire d’un mec qui avait fait une chute bénigne en scooter et qui était rentré chez lui sans se poser de questions puisqu’il se sentait très bien. Sauf qu’il était mort quelques heures plus tard. Alors, il n’avait pas envie que son pilier de bar préféré finisse à la morgue. Y avait déjà assez de boulot pour les pompes funèbres dans le coin. Brad insista :

« Laisse-moi regarder, tocard. Y a pas moyen qu’tu me claques entre les doigts, vieux con, j’vais perdre la moitié de mon salaire sans tes pourboires. »

S’approchant à nouveau, il inspecta le front plein de sang. Trajan lui assura que ce n’était qu’une égratignure. En effet, ça n’avait pas l’air si terrible au final. Le récalcitrant continuait à reculer et Brad, fatigué de devoir courir après ce vieux gosse pour lui mettre un désinfectant (qui, promis, ne pique pas), attrapa l’homme par l’épaule pour l’immobiliser et avec son autre main palpa son front. Il essuya doucement le sang mais ne trouva aucune plaie. Le front était lisse. Le front était intact. C’est comme si la scène n’avait jamais eu lieu si l’on excluait le sang. Mais bordel, pensa-t-il, il a bien fallu que toute cette hémoglobine s’échappe par quelque part. Il relâcha l’homme, perplexe et le regarda avec surprise :

« Putain, mais t’as que dalle. T’as pissé le sang par les pores de la peau ou quoi ? Non mais bordel, j’ai pas picolé autant que ça, y a une bouteille qui vient d’exploser sur ta gueule, t’es couvert de sang mais t’as que dalle… »

Brad ne comprenait rien. Il était totalement estomaqué et cherchait en vain une explication rationnelle à ce qu’il voyait sous ses yeux. Lui qui aimait plus que tout investiguer pour trouver la vérité et qui n’abandonnait devant rien, se trouvait face à un mur. Le mur de l’irrationnel. Toutes les explications possibles étaient plus invraisemblables les unes que les autres. Existait-il une maladie ou déformation quelconque qui accélérait à ce point la cicatrisation ? Non c’était impossible, il n’y avait déjà plus une seule trace de plaie. Saigner par les pores de la peau était aussi idiot comme idée. Et puis de toutes façons, comment ne pas avoir le front tailladé après s’être fait assommer avec une bouteille en verre ? Et les autres idées étaient totalement de l’ordre du surnaturel, il aurait fallu que ce mec soit cheerleader et blonde pour que les séries télé deviennent réalité. Secouant la tête comme pour retrouver ses esprits, il attrapa machinalement son paquet, glissa une cigarette entre ses lèvres, l’alluma et jeta un nouveau coup d’œil au front de son client grisonnant. Il avait espéré que ce qu’il verrait aurait changé, mais bordel non, il n’y avait toujours aucune trace de coupure. Il s’écria :

« Putain, y a pas deux secondes, t’étais ouvert, je l’ai vu. C’est quoi cette merde ? »

Il l’avait vu ou il pensait l’avoir vu ? Etait-ce seulement le sang qui avait noté ? Se pouvait-il que ce soit un des poivrots qui se soit ouvert la main en manipulant la bouteille ? Etait-ce le sang de quelqu’un d’autre ? Et surtout, Brad ne devenait-il simplement pas fou ?

Trajan se débattait légèrement, déjà il se sentait mieux, son organisme lycan bien qu'amoindri reprenait le dessus pour le soigner rapidement. Ca avait quant même du bon d'être un lupin, notamment les lendemain de cuite où la gueule de bois disparaissait rapidement! Et en hiver aussi, ouais car bon, c'est pas que comme ça on a moins froid mais si.
Brad avait beau se faire repousser tant et plus par notre lycan qu'il revenait à la charge. Ca partait d'une bonne attention si l'on y pense bien, mais là, il valait mieux qu'il ne sache pas.
Alors quoi? Le jeune homme, chroniqueur secret et barman attiré de ce strip club allait il découvrit l'immonde vérité de son monde? Allait il découvrir que tout n'est que ténèbres?
Allait il dans cette rue dégueulasse relever le masque qui voile toute la société?

Brad attrapa par surprise le vieil homme et inspecta son front comme une maman qui va mettre le désinfectant (qui je suis désolé, pique!) sur la plaie de son gosse. Il savoir une chose, en imaginant que Trajan ne fut pas un Lycan, il n'aurait jamais voulu aller à l'hôpital. Il en avait une sainte horreur et comme il aimait le dire "on pense que les hôpitaux sont les endroits le plus sûr, pourtant c'est là qu'il y a le plus haut taux de mortalité". Oui, c'est con et chiant les vieux! Puis les mots terribles de Maidon résonnèrent :

« Putain, mais t’as que dalle. T’as pissé le sang par les pores de la peau ou quoi ? Non mais bordel, j’ai pas picolé autant que ça, y a une bouteille qui vient d’exploser sur ta gueule, t’es couvert de sang mais t’as que dalle… »

Trajan resta immobile, son esprit fonctionnant à 100 à l'heure. Il luil fallait "justifier" ce truc, il aurait put sortir pleins de trucs, mais là, il faut avouer que trouver un truc qui tiens la route pour la cicatrisation, c'était pas gagner, voyons, euh, expérience militaire sur lui... Nan... Ou alors il disait qu'il s'appelait Spoke et qu'il venait d'un autre monde? Non plus. Bon, réfléchissons qu'est-ce qui aurait put faire ça? Trajan se contenta de prendre le paquet de cigarette de Brad et de se glisser une des clopes dans sa bouche. Il resta un instant silencieux et lâcha

-J'ai jamais saigné Brad...Ils m'ont juste balancer la bouteille. A la rigueur demain j'aurais une grosse bosse...

Jouer le sur le fait qu'on était de nuit, qu'ils étaient fatigué, que ce sang n'en était peut être pas, qu'il pouvait se trouver sur la bouteille avant ou quelque chose dans le genre. Le vieux loup continua :

-On peu pas guérir aussi vite d'une blessure....C'est physiquement impossible....

Le professeur commença alors a jouer sur la corde de la rationalité, oui, on croit plus facilement quelque chose que l'on sait possible que quelques choses que l'on sait impossible ! Allez Brad, tu ne crois quand même pas aux histoires de vampires...

**Contenu sponsorisé**