Sandman's Coming [PV. Anna McDoyle]

Enfin… Le Chaos tant attendu avait prit ses quartiers à Hanover. L’arrivée des Volturi en était-elle la cause ? La question restait en suspend, mais peu importe : Rain profitait largement de cette vague de folie fraichement débarquée dans la ville jusque là tranquille et sans histoire. Les autorités n’avaient guère le temps de se pencher sur les scènes macabres qu’elle orchestrait : ils se demandaient encore si les crimes perpétrés avaient été signés de la même main. Car un élément majeur reliait les derniers événements : les victimes retrouvées avaient toutes été vidées de leur sang.
Mais si toute sortes de vampires plus ou moins scrupuleux laissaient les restes derrière eux, Rain ne se contentait pas de s’attaquer aux humains. C’est bien simple : soit on était de son côté, soit on passait de l’autre côté. N’ayant aucun lien avec les vampires, elle n’avait pas de remords à les abattre avec les mêmes armes que les chasseurs venaient tardivement à utiliser contre les Sang-Froid. Mais même si elle prenait un plaisir fou à décimer les clans, le but avoué n’était pas l’extermination pure et dure. Elle n’en avait pas le pouvoir ni l’ambition. Rain était plus avisée que cela… La manipulation étant un terrain conquis, elle n’hésitait pas à s’inviter dans la vie des nouveaux-nés, les conduisant ainsi vers le chemin de l’amoralité. Le travail se faisait ensuite tout seul. Elle se fichait bien de savoir ce que devenaient ses protégés par la suite. Tant qu’il y avait du grabuge…

Anna McDoyle était la suivante. Elle l’avait traquée, étudiée, suivant le même processus qu’elle répétait pour chaque victime. Le ton de sa voix, un sourire, une accolade, autant de gestes aussi insignifiants qu’équivoques pour la sociopathe qui prenait un malin plaisir à déchiffrer le panel de personnalités que lui offraient ses jouets. Quant à son entourage, il était depuis longtemps connu de l’analyste. Mais les personnes qui gravitaient autour d’Anna ne lui seraient d’aucun secours. A l’instant même où Rain avait posé ses yeux sur sa proie, on ne pouvait espérer qu’Anna s’en sorte avec le moins de traumas possible.

L’observation avait un temps… Rain allait maintenant passer à l’action… Et elle avait toutes les cartes en main pour se faire. Le jeu aller commencer. Les dés étaient lancés, Anna n’avait plus qu’à espérer tomber sur son jour de chance. La première étape de la manipulation demandait une visite de courtoisie chez l’oncle de sa victime…

Une heure du matin. La nuit noire masquait le sang des crimes… le moment idéal pour frapper. Perchée sur le toit d’un immeuble qui faisait face au lotissement, Rain attendait les acolytes qu’elle avait recruté. Comme il était aisé de se servir de pauvres idiots, prêts à vous obéir au doigt et à l’œil pour se faire valoir par les crimes que vous leur ordonnerez de commettre… Ces malheureux en quête d’identité, elle les envoyait volontiers à l’abattoir… Ils avaient réussis à s’emparer d’un lycan en perdition ; la bête était à la recherche de ses pairs. Beaucoup de ces âmes esseulés affluaient des quatre coins du territoire américain jusqu’ici, ayant entendu parler de la meute Winnipesaukee.

Rain observait les déplacements d’une ombre en contrebas : un vampire surveillait les alentours : Lio n’avait pas menti à sa protégée… elle était gardée comme un précieux bijou… Bijou qu’une fois en sa possession, elle anoblirait…
Mais pour le moment, elle devait détruire les obstacles qui se mettaient en travers de sa route… A commencer par ce gardien de nuit qui rôdait près de la maison où dormait paisiblement la petite Tess, la fille d’Anna. Visiblement contrariée, Rain fit volte face vers l’un de ses cinq complices, qui tenait en ses mains, une série d’armes de sa fabrication. Elle lui arracha son arbalète des mains ainsi qu’un jeu de carreaux, parmi un armada de sabres… L’assistant restait coït : elle espérait tuer un vampire de cette manière ? La flèche ne l’atteindrait même pas, elle se briserait aussitôt qu’elle serait en contact avec la peau de sa victime. Seulement, elle savait se faire discrète sur les méthodes qu’elle employait pour anéantir ses pairs. Cela faisait plus de trente ans qu’elle utilisait le Sang des Morts contre eux, elle n’avait jamais révélée leur talon d’Achille, se gardant le privilège de les liquider. Qu’ils s’entretuent, cela ne la dérangeait pas plus que cela. Et quand bien même cette cachotterie serait mise à jour, Rain ne donnait pas cher de la peau de celui qui portait ce lourd secret. Se repositionnant à son poste, la chasseuse mit en joue sa proie. La clarté de la lune se refléta dans les fines lames qui entouraient le carreau de l’instrument de mort. Se figeant, elle recentra toute son attention sur la tête du vampire… La flèche décolla, pénétrant de plein fouet le front de sa cible. Il s’écroula sur le champ…

D’un regard, Rain intima l’ordre à ses complices d’aller finir le travail… Se penchant plus encore vers le vide, elle observa les alentours, vérifiant qu’aucun témoin ne rôdait dans le lotissement… Elle aperçut un homme, au loin, visiblement ivre… Il ne représentait aucun danger… Une vie sauve…

Quelques minutes plus tard , le groupe de truands se retrouva dans le jardin du mas… Apparemment, deux de ses compagnons manquait à l’appel. Après une courte attente, les vampires se présentèrent face au cerveau de l’équipe, avec, à leurs prises, un lycan entre la vie et la mort… Il était sous forme humaine, n’ayant plus la force de se transformer. Tout était en place…

Brisant silencieusement les loquets des portes et des fenêtres, les renégats firent irruption chez l’oncle d’Anna en toute discrétion. Les vampires et leur prisonnier semblaient attendre les ordres de leur leader ; celle-ci prit la liberté d’étudier un instant, le cadre de vie de l’habitant des lieux… Sur le recoin d’une étagère, la photo de Tess. Rain présenta le cadre à ses yeux… C’est là qu’un cliquetis se fit entendre : elle reconnut le bruit particulier du déclenchement du chien d’un fusil… La vampire n’eut besoin de se retourner pour comprendre qu’elle était mise en joue par l’oncle. Doucement, elle reposa la photo, avant que son agresseur ne devine le faible sourire qui venait de se nicher au coin de ses lèvres…
Le coup ne partit jamais. La main de Rain broyait le fusil à pompe de l’oncle, l’autre lui déchirait la gorge. L’homme laissa échapper un gémissement inaudible, sa carotide étant trop compressée pour qu’il ne hurle. Il s’effondra aux pieds de l’assassine, sans plus de cérémonie. La rapidité extraordinaire des vampires leur laissait le loisir de ne pas se faire surprendre par des humains…

Alors qu’elle fixa, sans aucune émotion apparente, le corps du vieil homme tomber comme une pierre, Rain, levant les yeux, croisa le regard azur de l’enfant. Face au vampire et à la carcasse de son oncle, la seule figure paternelle qu’elle n’avait jamais eu, la fille d’Anna venait d’assister à la scène. Elle se frotta les yeux, non pas pour y voir plus clair, mais car elle venait de se réveiller, ayant quitter son lit douillet dans la chambre d’enfant pour rejoindre le salon. Rain fit taire les vampires d’un regard : ceux-ci, excités par le sang, s’agitaient à la vue de cette humaine fraiche et innocente. S’ils s’en prenaient à elle, s’en était fini de sa manipulation. Elle n’hésiterait pas les abattre, et cela, ils le savaient très bien… Le lycan, à moitié conscient, regardait la scène avec effroi, redoutant le pire. Rain n’allait pas tarder à trouver légitimité à l’inquiétude du loup…

S’essuyant les mains avec le lin qu’elle venait de sortir de la poche de son blaser, Rain quitta Tess du regard avant de la fixer à nouveau. Quelle brave petite fille. Au moins, elle n’avait pas eu à aller la chercher… La meurtrière s’avança alors doucement vers l’enfant, avant de s’arrêter face à elle. Tess ne cilla pas, malgré l’horreur de la scène et la dangerosité de l’assassine qui se présentait à elle. Cette attitude fit sourire l’intéressée…

« Tu es un petite fille bien courageuse… comme ta Mère. »

Rain glissa alors une main dans ses cheveux, sans aucune affection, comme si elle était prête à lui arracher cette petite tête qui se tenait maladroitement sur ces frêles épaules… Mais Tess la mordit avec toute la force qu’un enfant de cinq ans pouvait avoir. Elle s’étonna de ne pouvoir pénétrer la peau glacée de l’immortelle. Rain se laissa faire, observant le comportement de la gamine avec un certain amusement…

« Vivace avec ça… »

Mais elle n’avait pas de temps à perdre… Le vampire de plus de trois siècles qu’elle était ne céda pas à la tentation de dévorer cette chair fraiche. Son sang devait être des plus délectables. Mais Rain savait se priver pour entretenir un désir bien plus excitant que la faim : la souffrance de l’autrui. Elle dégagea doucement la tête de la furie, la maitrisant aisément. Rain la prit alors par l’épaule avant de se mettre à sa hauteur, la regardant droit dans les yeux.

« J’ai besoin de toi maintenant, tu vas m’aider à accompagner ta mère sur le bon chemin... »

Rain s’efforçait de rendre tout cela moins douloureux pour l’enfant…

« Maintenant, fermes les yeux »

Revêche de nature, Tess aurait du désobéir, mais avant d’être un enfant, elle était humaine. Et l’air grave du visage blême de la Mort l’impressionnait assez pour qu’elle se plie à cet ordre, comme si, au fond, elle savait que ce ne serait que mieux pour elle. Un enfant n’est pas si ignorant qu’on pouvait le croire. Il est plus que jamais sensible au mensonge. Inutile de jouer les parents modèles lorsque le couple est en danger : ils seront les premiers à être victime du malaise… Tess avait su faire confiance à son assassin.
Si les tueurs usaient couramment d’un coussin ou de tout autre matière au meurtre, les seules mains de Rain suffirent à couvrir le visage sous dimensionné de l’angelot. La privant d’air, elle l’étouffa patiemment… Cela dura quelques minutes : Tess se débâtait, essayant de se dégager de l’étreinte de la criminelle, mais rien n’y fit. Son corps se détendit alors, se laissant tomber dans les bras de Rain comme une marionnette séparée de son maitre. La vie s’en était allée du corps de cet enfant, partit trop tôt pour une cause aussi obscure qu’extreme dans son idéologie. L’expression du visage de la petite fille était sereine, comme si elle avait quitté ce monde en toute quiétude… Rain ne ressentait aucun remords. La guerre connaissait son lot de morts, et les premières victimes étaient les Innocents.

Rain la déposa à terre… elle remarqua ce bracelet qui entourait son poignet. Elle ne su pourquoi mais elle le subtilisa, le glissant dans une des poches de sa chemise… L’argent ne protège pas les hommes des vampires. Tess avait vécu dans un rêve…
Elle se tourna alors vers ses complices : le lycan su qu’il n’en avait plus pour longtemps dès que le regard glacial de la belle alla se poser sur lui. Alors qu’il pensait sa dernière heure venue, Rain, d’une voix calme, s’adressa à lui, parfaitement stoique malgré la gravité évènements.

« Transformes toi ».

Il mit un temps à comprendre, stupéfait par cette injonction… Puis il s’agita, essayant en vain de se défaire de l’emprise des deux vampires, avant de pester contre Rain. Il plut alors un florilège d’insultes qui lui écorchèrent les oreilles. Elle avait une sainte horreur de la vulgarité. L’Eurasienne soupira faiblement, avant de s’avancer vers le captif. Ce dernier cru à nouveau qu’elle allait l’achever mais, malheureusement pour lui, ce qu’elle fit fut bien plus douloureux pour son âme… Ses mains vinrent embrasser la forme du visage du lycan : elle le regarda alors dans le creux de ses yeux. Il se sentit soudainement malaisé, il perdait pied à la réalité au fur et à mesure que Rain le poussait dans les retranchements de son passé. Son don était d’une efficacité redoutable… Plongeant dans son esprit, elle alla à la rencontre des maux les plus traumatisants de sa victime.
Rain le relâcha quelques minutes plus tard… Un regard au troisième vampire qui portait encore ses instruments : elle se saisit son sabre, l’extirpant des mains de son accolyte. L’assassine pointa alors l’extrémité de la lame contre le torse nu de sa victime.

« Lorsque je t’aurais arraché la tête, penses à saluer la putain alcoolique qui t’as vomi de son bas-ventre… »

Ils étaient si faibles…. Qu’ils soient humains, vampires ou lycans, ils restaient avant tout des hommes. Des hommes qui possédaient tous, sans exception, une boite de Pandore qu’elle avait le loisir d’ouvrir à son bon vouloir…
L’effet voulu fut immédiat : le loup-garou fut piqué par la colère, il se débattit et la transformation eu lieu. Les vampires furent jetés au sol. Rain, qui n’avait pas bougé d’un cil, sourit à peine, avant de passer à l’attaque : d’un coup net et précis, elle lui découpa la patte avant, qui vola à travers la pièce. La bête déjà à l’agonie avant de se transformer, gémit avant de s’incliner à terre, parfaitement inoffensif. Excellent… Tout se déroulait comme prévu… Ses complices suivaient le plan à la lettre : l’un des leurs s’avança vers la le membre, le ramassant. Il s’approcha alors du corps sans vie de Tess, avant de lui asséner un coup de griffe sur le torse, assez puissant pour que l’illusion soit parfaite. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, elle avait tué l’oncle de façon méthodique, arrachant une partie de sa gorge comme si son forfait était l’œuvre d’un lycan. Maintenant, il était temps pour ses acolytes de s’éclipser. Ils s’enfuirent, emmenant les preuves avec eux…
Rain était désormais seule avec les cadavres, ou du moins, exception faite avec le lycan, encore en vie… Selon sa stratégie, Anna devait d’ors et déjà être prévenue de l’attaque d’un loup-garou errant, sans plus de détails. Les complices de l’assassine avait trainé le corps du vampire hors de l’ombre, ce n’était plus qu’une question de temps pour que les autres gardiens qui surveillaient Anna ne soient tenus au courant, et l’en informe. Des imposteurs s’étaient chargés de déformer la réalité auprès du cercle social d’Anna, prétendant avoir vu une bête rôder aux environs.

Rain patientait en silence… Dans son attente, elle se rappela de la photo sur l’étagère. Retournant à l’endroit où elle l’avait posé, elle lui déroba un regard : le sang de Tess s’était figé sur le cliché, colportant sa Mort jusque dans ces souvenirs… Rain revint à la réalité lorsqu’elle sentit la présence de l’invitée. Elle arrivait vite, très vite… Il était temps de clore le spectacle. Jetant un coup d’œil au loin par la fenêtre, elle s’assura que l’illusion prendrait effet. Là voilà. Elle la reconnaissait par cette chevelure rousse, mais surtout, cette énergie nouvelle, propre aux jeunes vampires… C’est à ce moment là que Rain brandit son sabre : elle l’abattit froidement sur la tête du lycan, qu’elle décapita littéralement. Tout avait été manigancé pour faire croire à une attaque d’un loup-garou, éternel ennemi des vampires. Idéal pour manipuler l’esprit innocent d’Anna… Elle irait croire qu’il avait décimé la famille : Rain serait alors intervenue pour arrêter la folie meurtrière du lycan… Elle n’aurait aucun mal à se faire passer pour la blanche colombe car qui irait s’imaginer qu’un vampire tuerait sans boire le sang de ses victimes ? De plus, le vert pénétrant de ses yeux trompait sur son régime alimentaire… Anna penserait qu’elle était de ceux qui méprisaient les carnivores… Ceux là même qui avait une éthique sans faille…

Anna payait le prix d’une Guerre dans laquelle elle avait été enrôlée sans le savoir. Elle n’avait pas senti le danger se profiler dans sa vie. Une ombre. Un esprit malfaisant qui la suivait depuis quelques temps, étudiant son comportement, son cercle social, mais surtout, ses rancœurs. « Tu n’as pas en t’en faire, la probabilité, qu’un tel danger de présente est faible et même si c’était le cas il y aurait une armée de vampires pour défendre ta fille. Je ne laisserais personne s’en prendre à elle, Rose et les siens non plus. » Promesse non tenue, mon cher Lionel. Les Cullen avaient beau constituer un clan puissant et respecté, Rain était la preuve vivante que face à la sournoiserie et au machiavélisme qui défiait la famille rivale italienne, ils étaient aussi faibles que les humains qu’ils défendaient.

Et si cela tournait mal, Rain aurait assez de force pour contenir la jeune vampire nouvellement née. Mais ce cas était peu envisageable. Face à la souffrance de perdre un enfant, dans la peine, on ne peut guère prétendre se dresser contre un être aussi sournois que l’intrigante. L’esprit de sa victime serait empêtré dans un tel chaos qu’il lui sera aisé de la manipuler… La supercherie prendrait : Anna n’était pas censé savoir qu’elle avait en face d’elle, un vampire de trois cent soixante sept ans qui maitrisait depuis longtemps sa soif. Un meurtre commis par un vampire verserait forcément,… dans un autre style.

Pieds nus, Anna était mi assise, mi allongée sur le sofa du hangar où elle vivait en attente du logement qu'elle allait partager avec Lio.

Refusant de repenser à la dernière conversation qu'elle avait eu avec ce dernier, elle continuait de lire un roman de son auteur préféré. Cependant quelque chose clochait. L'air était si lourd et oppressant qu'Anna ne parvenait pas à se concentrer. Son esprit était sans cesse dérangé par quelque chose. Si seulement, elle avait pu savoir de quoi il s'agissait, elle aurait pu se sentir mieux et régler la situation si elle en ressentait le besoin.

Son regard tomba alors sur une photographie de Tess qu'elle conservait avec un grand soin près d'elle. En l'observant, son mal être s'amplifia de manière très significative et Anna réalisa qu'il ne s'agissait probablement pas d'une simple coincidence.

Le premier réflexe d'Anna fut de chercher Lio du regard afin de lui faire part de ses inquiétudes et qu'il la rassure, en lui disant qu'un vampire s'assurait que sa fille allait bien et qu'il fallait lui faire confiance. Il avait promis après tout. Mais Lio n'était pas là et Anna n'avait aucun moyen de savoir si Tess allait bien. Elle devait se contenter des nouvelles qu'elle recevait à heures fixes de différents vampires.

Se levant du sofa, Anna commencait à s'impatienter tout en observant l'heure sur l'horloge murale. Cela n'allait pas, quelqu'un aurait du déjà venir. Jamais ils n'étaient en retard même de quelques secondes. Tournant comme une lionne en cage, elle autorisa cinq minutes de retard qui s'écoulèrent sans qu'elle n'entende le moindre bruit qui aurait pu lui faire comprendre que quelqu'un arrivait.

N'en pouvant plus et réellement très inquiète, Anna enfila avec souplesse et dextérité son unique paire de bottes de cuir noir ainsi qu'une veste de la même texture et couleur. Elle sortit sans prendre la peine de refermer la porte du hangar. Vu l'heure tardive, personne ne passerait par cet endroit.

Humant l'air frais de la nuit, Anna ne put en apprécier pleinement la saveur, toujours opressée comme si on lui comprimait la poitrine d'une main de fer. Elle ne ralentit pas pour autant sa course pour arriver au domicile de son oncle.

Des rumeurs commencaient à circuler. Un lycan était entré dans une des maisons de Hanover et avait assassiné ses habitants. Un homme d'une cinquantaine d'années et une petite fille. Sans même avoir pu les personnes, Anna savait qu'il s'agissait de vampires. Elle ne se soucia pas d'eux, se contentant d'accélerer sa course vers le domicile de son oncle.

Il fut inutile à Anna d'entrer pour savoir que son mauvais pressentiment était bel et bien réel. Rien qu'en arrivant dans la rue, elle pouvait sentir l'odeur de sang et de mort qui se faisaient sentir à la distance à laquelle elle se trouvait.

Non, pas Tess. Je vous en prie. Faites qu'elle soit encore en vie..., pensa t'elle même si elle doutait qu'une aussi petite et frêle petite fille comme elle pouvait tenir longtemps face à l'attaque d'un lycan.

Pas une seconde, Anna ne pensa à ce que sa fille penserait si elle la voyait en face d'elle. Il serait bien temps plus tard de rectifier cette situation. Elle préferait cela plutot que de la savoir morte. Pour le savoir, le mieux était d'aller voir. Sautant sur le toit avec grace et sans un bruit, elle pénetra ensuite par une des fenêtres qui étaient restées entrouvertes.

Citation :: « Lorsque je t’aurais arraché la tête, penses à saluer la putain alcoolique qui t’as vomi de son bas-ventre… »

Elle ne connaissait pas cette voix. Tellement glaciale qu'Anna ne put retenir un frisson en entendant cette phrase. Puis, l'air se modifia. Une mutation. Celle ci fut rapide mais à peine fut elle terminé que l'odeur doucatre et écoeurante du sang des lycans vint chatouiller le nez d'Anna.

Avancant à pas silencieux, Anna arriva en haut de l'escalier d'où elle pouvait voir tout ce qui se déroulait dans le salon. Son coeur tomba dans sa poitrine quand elle vit les cadavres de son oncle et ... de Tess. Cette dernière semblait sereine dans la mort qui avait envahi son être. Seuls ses yeux grands ouverts laissaient entrevoir la peur qu'elle avait eu en voyant le spectre de la mort en face d'elle. Anna resta focalisée sur cette vision, ne se souciant même pas du cadavre étété du lycan dont le sang souillait la moquette ni de la vampire présente. Que faisait elle là d'ailleurs?

Sans s'en apercevoir, Anna avait sauté par dessus l'escalier et serrait le corps sans vie de Tess, la bercant doucement.

"Tess aroon (chérie en gaélique) , je t'en prie, ne me laisse pas. J'ai besoin de toi, de te voir vivre, de te voir sourire, grandir et aimer. Maman est la mais je t'en prie, regarde moi et dis moi que tout va bien. Je te jure que je ne te quitterais plus mais respire. Par pitié mon bébé...."

Anna continua de supplier sa fille mais en vain durant de longues minutes. Sa fille était morte et avec elle, la dernière chose qui lui permettait de ressentir un peu d'humanité. Tous les efforts qu'elle avait fait ne serviraient jamais à rien.

Les pensées d'Anna se mélangeaient dans son esprit. La tristesse et la colère mais aussi les souvenirs : le jour où elle avait appris sa grossesse, le jour de l'accouchement quand elle avait serré sa fille dans ses bras après 7heures et 46 minutes de souffrance. Chaque jour qu'elle avait passé avec elle et aussi la promesse que lui avait faite Lio. Une promesse vaine, des mots inutiles qui ne serviraient plus à rien désormais. Plus rien ne pouvait la ramener, pas même une transformation en vampire.

Anna revint au présent. L'instant d'avant, elle se voyait en train de tenir Tess juste après sa venue au monde. Et là, elle la tenait juste après sa mort. Quelle injustice. Ivre de colère, Anna observa autour d'elle. La vampire se contentait d'observer la scène. Pas un mot, pas un geste qui aurait pu troubler cet adieu à Tess.

Ce fut les lèvres et les mains tremblantes qu'Anna embrassa le front de sa fille et lui ferma les yeux. Mais il ne lui fallut qu'une seconde pour fondre sur la vampire qui tenait la hache et la serrer au niveau de la gorge. Son regard avait viré au noir le plus profond, de la même couleur que son âme désespérée. Sans la lacher du regard, Anna dit très lentement et distinctement :

Tu as cinq secondes pour m'expliquer ce qui s'est passé. Presse toi, je ne suis pas réputée pour ma patience.

L’instinct maternel… sa force était largement sous-estimée par les hommes, qui ne pouvaient alors comprendre le lien qui unissait une mère et son enfant. Cette alchimie avait doté Anna d’un sixième sens : malheureusement, ni elle, ni l’un de ses nombreux anges gardiens ne pouvaient prévoir l’impensable… La Mort avait frappé au cœur de sa raison de vivre…

Mais pour le moment, la colère prédominait sur tous les sentiments qui se bousculaient dans l’esprit torturé d’Anna. Rain savait pertinemment qu’un nouveau-né se laisserait abuser par sa rage ; faire appel à la raison dans de pareils moments était inconcevable pour un humain, alors qu’en était-il d’un être fraîchement transformé qui était sûrement aussi aliéné qu’assoiffé de sang ?

Rain sentit la présence d’un vampire… Anna avait répondu à l’invitation, ne s’imaginant pas enclencher les mécanismes d’une machine bien huilée… L’assassine leva les yeux vers la silhouette perchée en haut des escaliers : cette dernière rejoignit en quelques fractions de secondes, le corps sans vie de son enfant, la serrant contre elle, à espérer naïvement son retour parmi les Vivants. Aux yeux de la meurtrière, la scène était des plus pathétiques, mais elle s’efforçait de contenir le moindre signe de mépris qui pourrait se dégager de son visage atone.

L’ironie de ce spectacle, résidait dans le fait que la mère, abattue par la mort brutale de son enfant, devait probablement être aussi excitée par le sang qui se dégageait du corps sans vie de sa progéniture. Rain comptait bien profiter de son ascendant sur la situation, pour s’imposer comme un mentor, une alliée bien pensante qui viendrait en aide à l’âme qu’elle venait d’écorcher vive.

« Partons d’ici, avant que tu ne dévores ta chair… »

Prenant ainsi le rôle de son créateur, Rain se faisait bienveillante, chose qui ne lui ressemblait bien évidemment pas mais en y mettant les formes, elle arrivait sans grand mal à se faire passer pour une altruiste, ou du moins, la figure de Raison qui manquait à ce chaos dans lequel était plongé Anna. Cependant, elle prenait garde à ne pas trop se montrer compatissante. Elle savait jouer avec justesse, verser dans le sentimentalisme tromperait son jeu : on imaginait qu’une personne aussi froide que Rain ne pouvait qu’observer le deuil en silence, en admettant qu’elle le considère vraiment.

Mais ne brusquons pas les choses… Dans un premier temps, la carnivore devait calmer les ardeurs de sa nouvelle protégée, sans quoi, celle-ci s’écarterait du chemin qu’on avait tracé pour elle. Mais Anna allait rapidement la devancer…

Pour le moment, cette dernière se méprenait sur les sentiments de son adversaire en affirmant qu’elle ne pourrait être à même de connaître l’infinie douleur causée par la perte d’un proche. Si elle se doutait de ce jugement, cela arrangeait bien l’intéressée : il valait mieux qu’Anna ne soupçonne pas les faiblesses de celle qui menait le jeu. Car, oui, en quelques sortes, elle ne connaissait pas la souffrance d’une mère à qui on enlève son enfant. Non,… mais Rain savait ce que c’était de se perdre soi même. De se voir arracher à sa moitié. Sa belle qu’elle ne considérait alors plus comme un être à part entière, mais comme sa chair, son sang, sa raison, son souffle, sa conscience, une entité qui faisait partie d’elle. La Tua Cantante frappe rarement les brebis égarées, et pourtant, Rain, en avait été victime. Une victime, car plus qu’un phénomène rare et fantasmé par bon nombre de ses congénères, elle voyait ce sort du Destin comme une malédiction qui l’avait frappé. Vingt ans après, son amante obsédait encore son esprit. Il n’y avait que les sots pour décréter que le deuil suffirait à effacer le fantôme d’un être perdu. Le deuil en lui même était une absurdité. Il n’y avait que l’oubli pour gommer les traces du passé. Et quand bien même nous arrivions à supprimer cette part de notre inconscient, alors cela voulait dire qu’on ne tenait pas assez au défunt, qu'il était, en somme, une personne parmi tant d'autres, un mort de plus. Oublier, renier l’existence de celui ou celle qui a donné un sens à votre vie. Rain ne pourrait s’y résoudre, tout comme sa victime ne pourrait faire disparaître Tess de sa mémoire.

Après cette mégarde, Anna leva enfin les yeux de sa fille pour observer le carnage et la dernière personne vivante sur les lieux du crime, qui en était forcément responsable. Celle-ci était aussi morte que tous les malheureux qui gisaient au sol de cette maison endeuillée.
Bien. Il fallait que son regard croise celui de Rain, et la page noire se tournerait… Car son don était d’autant plus redoutable si un tel échange se produisait. Elle pouvait bien essayer de pénétrer l’esprit de ses victimes à distance physique, la tâche était plus rude, elle demandait plus de concentration, et les premières probabilités d’échec se présentaient. Mais une fois que sa proie se perdait dans l’opale de ses yeux, s’en était fini : elle avait un total contrôle de son jouet du moment.

C’est là qu’Anna fusa vers Rain, l’attrapant à la gorge. La silhouette filiforme de l’Eurasienne la dépassait de peu. Malheureuse… Plus elle s’approchait, plus elle facilitait la tâche à la manipulatrice en allant à la rencontre du danger. Pour le moment, elle n’avait pas conscience de l’emprise qu’exerçait la sorcière sur son esprit. Menaçante, Anna serrait son bourreau à la gorge, pestant contre elle. Mais cette colère ne trouva pas écho dans le regard dérangeant de Rain. Imperturbable, elle ne cilla pas. Au fond, elle était même satisfaite du résultat : elle avait réussi à semer un grain de folie au cœur du sujet.

Impertinente, elle s’accorda même le loisir d’observer en toute quiétude, le visage d’Anna, l’étudiant sous toutes les coutures. Quelle ravissante jeune femme… Et ce volcan de colère qui pouvait à tout moment exploser… Le blond vénitien seyait bien à son teint. Par contre, si elle espérait tromper ses pairs avec de simples lentilles colorées, Anna se méprenait. Les vampires « intégrés » utilisaient les mêmes stratagèmes. La teinte violacée de ses pupilles laissait deviner la couleur originelle de ses yeux.

« Bleu acier… Quel gâchis… »

Une fois de plus, Rain jouait la carte du vampire raisonné, qui avait choisi la voix du végétarisme pour lutter contre ses pulsions. Naturellement, il n’en était rien. Ainsi, Anna ne pouvait se douter que cette étrange créature était une des plus impitoyables carnivores qu’il lui était donné de rencontrer. Fait heureux, Rain n’avait pas (plus, du moins), recours aux lentilles… Le vert envoûtant de ses yeux, qui ne pouvait être le résultat d’une coloration artificielle, les trompait tous… Sans exception… Elle détenait là un instrument bien utile pour piéger ses victimes…

Rain ne perdit pas de temps : à la seconde où Anna avait fiché son regard dans le sien, la mentaliste avait pénétré son esprit à son insu. Si son don faisait revenir les démons du passé, le passé pouvait être celui qu’on a laissé dernière nous il y a seulement quelques minutes. Ayant lâché sa lame sous l’impulsion d’Anna, la bretteuse n’avait que pour unique défense, le contrôle mental qu’elle exerçait sur elle. Il ne lui servirait qu’à réfréner la colère de sa victime, en décuplant la dépression qui entourait la mort de Tess. Le mal-être remplacerait alors la furie du nouveau-né.

Sous le joug d’Anna, Rain répondit à sa menace, affichant toujours ce calme olympien…

« J’ai tout mon temps,… toi, en revanche, tu devrais te hâter de quitter les lieux avant de t’en prendre à elle… »

Sur ce, Anna sentit une pression compresser son poignet. Rain, écrasant la chair, se défit de son étreinte, avant de l’envoyer sur les roses. Un nouveau-né ne faisait pas le poids face à un vampire de plus de trois siècles. Elle ne comptait pas la ménager, il ne fallait pas en faire trop, car après tout, l'aliénée n'était pas réputée pour sa tendresse envers l'autrui... Elle l’avait poussé jusqu'au fond de la pièce pour l’éloigner le temps de reprendre son sabre en main ; non pas pour se défendre, comme on aurait pu le croire… En effet, Rain, silencieuse, arborant toujours cette sérénité presque effroyable, laissa courir la lame sous son menton. L’odeur du lycan était imprégnée dans l’acier… Elle planta l’arme dans le sol, le double sabre venant se ficher droit dans le plancher. Puis, calmement, elle s’approcha d’Anna. Le vampire inspirait la peur... Mais le nouveau-né n’avait qu’elle. Elle, et rien d’autre qui ne puisse lui donner les réponses qu'elle attendait. Il fallait qu’elle compose avec l’ennemie, même si pour le moment elle paraissait être de son côté.

« Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé.. à ta fille… »

Arrivée à sa hauteur, Rain la toisa du regard…

« Alors, tu peux t’en prendre à moi,… mais sache que ma patience aussi, a des limites. Je peux te servir d’exécutoire, le temps que tu comprennes que je ne te veux aucun mal… Mais tu perds de vue le vrai coupable… et,… à l’heure qu’il est… il court rejoindre ses chers petits camarades… »

Rain tentait de la raisonner sans pour autant donner dans l’affect : le ton était sévère, presque incisif.

« J’ai arrêté son frère, parce qu’il a eu la malchance de me trouver dans les environs, mais je ne traquerais le second assassin que si tu me l'autorises »

La loyauté ? Tiens, voici une nouvelle notion apprise en quelques secondes par la criminelle, qui, toute sa vie, n’avait juré fidélité qu’à son ombre.

« Seulement… je ne pourrais rien faire si tu t’obstines à me jeter la pierre. Et si le lycan rejoint la meute,… il nous sera impossible de l’atteindre… »

Rain observa un silence, avant de jeter un regard par-dessus son épaule. L’oncle et la fille… un carnage désastreux… Anna lui avait demandé des réponses. L’assassine décida de la laisser dans le floue, jouant la carte de l’Horreur, alors trop abjecte pour se laisser narrer.

« Veux tu vraiment que je te raconte ce qui c’est passé… »`

Elle tourna à nouveau le regard sur la scène, comme si le scénario était écrit sous les yeux d’Anna. Puis, en quelques secondes, Rain se retrouva une fois de plus, face à son interlocutrice, sa menotte glacée posée sur la joue de sa proie, d’un geste confiant. Le vampire ne s’était pas rendu compte de la noirceur de son regard, n’étant qu’un apparat de plus à sa panoplie d’âme en souffrance. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’elle était loin, très loin, de maîtriser son impulsivité. Les nouveaux-nés…. Des machines de guerres à placer en première ligne… Il ne restait plus qu’à espérer qu’ils y laissent la vie : ces tueurs n’hésiteraient pas à mordre la main de leur maître…

« Un nouveau-né… »

Rain posait alors un regard protecteur sur sa victime.

« Où est ton créateur ? Il t’as perdu en chemin… ? »

Même si elle ne pouvait s’empêcher d’être sarcastique, l’Eurasienne ne s’autorisait pas d’écarts, comme celui de reprendre Anna sur le ton qu’elle employait avec elle. Malgré le fait que cette arrogance l’irritait au plus au point, elle avait laissé courir cette provocation, pour le bien de sa petite entreprise. Recentrant son attention sur le nouveau-né, Rain se permit tout de même une mise en garde.

« A l’avenir ne t’avises pas de t’attaquer aux membres de ta race… surtout quand ceux-là même ont chassé les assassins de ces humains à qui tu semblais tenir… Nous sommes déjà traqués par ces chiens,... Il serait regrettable de devoir se méfier de nos congénères... »

Beau mensonge puis ce qu’elle même était un électron libre qui chassait aussi bien les vampires, que leur ennemis naturels, les lycans, sans ménager pour autant les humains qu’elle trucidait à tour de bras. Rain jeta un dernier regard sur le corps décharné de Tess.

« Elle a été victime d’un conflit qui ne la concernait pas… Nos ennemis ne font pas de sentiments, les innocents ont plus à craindre que la chair à canon… »

A l’image des humains qui n’épargnaient pas les civils, les grands perdants des guerres de ces derniers siècles...

« Tu n’as qu’un mot à dire… Nous pouvons encore le surprendre avant qu’il ne rejoigne la meute »

Elle guettait le moindre signe d’hésitation chez Anna : si elle refusait de la suivre, Rain devrait aviser… Elle n’aimait pas employer la force, surtout quand elle s’était échinée à aménager le couloir qui mènerait Anna à sa perte… Non, il ne s’agissait pas du simple trépas, mais de la Mort de sa Raison. Une victoire pour l’assassine, qui ne cherchait qu’à semer la confusion au sein des rares foyers végétariens...

Anna avait bien sûr énormèment de difficultés à résister à l'appel du sang qui se trouvait dans la pièce. Tout était moins important que ce désir qu'elle avait mais une voix dans sa tête lui disait de se consacrer uniquement à la vampire qu'elle tenait serrée à la gorge aussi fort qu'elle le pouvait pour lui permettre de parler. Elle attendait que celle ci prit la parole. Elle fut désarçonnée de l'entendre parler de la couleur de ses yeux et resserra son étreinte sur le point qu'elle comprimait, tellement la rage était forte en elle.

Mais, sans qu'elle s'en apercoive, la rage fit place à la tristesse. La dépression qui était le résultat de la mort de la personne qu'elle avait le plus aimé. Peu à peu, elle desserra l'étreinte puissante sur la gorge de celle qu'elle estimait responsable de son malheur. Bien qu'elle eusse les yeux d'un vert puissant, il ne faisait aucun doute de sa nature profonde. Les tréfonds de la sadicité de son âme vile et cruelle se lisait parfaitement lorsqu'elle l'observait. A côté d'elle, son ex était un enfant de choeur.

Citation :: « J’ai tout mon temps,… toi, en revanche, tu devrais te hâter de quitter les lieux avant de t’en prendre à elle… »

A ces mots, Anna n'eut pas l'occasion de répondre. Une main de fer broya son poignet et l'expulsa à l'autre bout de la pièce. Dans un bruit sourd, elle s'écroula sur le sol, se relevant aussitôt pour faire face, un grognement sourd s'échappant de ses lèvres. Elle ne quitta pas Rain une seule seconde, l'observant prendre son sabre, dont la lame était couverte du sang d'un lycan. Si elle croyait que c'est avec cela qu'elle allait mettre fin à son existence, elle se trompait lourdement.

En réalité, Anna se trompait sur les intentions de Rain qui affichait un calme olympien. Elle planta la lame dans le sol et s'approcha d'elle. Sentant le dégout l'envahir, elle resta de glace, la tête haute, attendant qu'elle accomplisse ce pourquoi elle était là. La surprise des paroles de Rain, qui se disait non responsable de ce qui était arrivé lui fit rouvrir les paupières pour observer et voir si elle disait la vérité ou pas. Et visiblement, elle avait trouvé un autre coupable.

Anna ne lacha Rain du regard qu'une seule fois, afin d'observer le lycan mort. Celui qu'elle disait être responsable de la mort de Tess. Rain avait planté les graines du doute et de l'incompréhension dans la tête et dans le coeur mort d'Anna. Elle arrosa ceci avant que ces sentiments grandissent en disant qu'ils leur fallait le rattraper avant qu'il ne retrouve sa meute.

Anna était encore en train d'attendre. Elle devait être sure que Rain lui disait la vérité avant d'engager le combat contre les lycans. S'ils n'étaient pas responsables, cette haine n'avait pas raison d'être. Mais dans ce cas là, elle se retournerait contre celle qui lui avait menti pour protéger ses arrières. Quelle autre raison avait elle sinon au lieu d'assumer ses actes comme une personne mature ? Plus le temps passait et plus Anna la voyait comme une gamine qui faisait un caprice en tuant des gens au hasard.

Ce ne fut que lorsque son interlocutrice recommenca à parler de Tess que la nouvelle née se remit à l'écouter. Elle se leva lorsqu'elle reprit l'urgence qu'il y avait à venger Tess en allant s'attaquer au lycan responsable

Qu'est ce que t'attends? dit elle en ouvrant déjà la porte pour sortir de là. Dehors la nuit était aussi sombre que l'était le coeur d'Anna en ce moment précis. Finalement, peu lui importait l'objet de sa vengeance du moment que cela soit fait.

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