Power Struggle [PV. Trajan Andoras]

Minuit tapante.
L'université était vide. Pas une âme qui ne rôde dans ces couloirs sombres. Rain ne prendrait pas le risque de poursuivre ses investigations au grand jour, pour la simple et bonne raison que la réaction qu’elle opposait à la lumière du Soleil n’était pas la meilleure des couvertures… Mais,... elle pouvait surtout flâner dans les différentes ailes du bâtiment, sans que ses enquêtes ne soient sabotées par une soudaine envie de meurtre. Et Dieu sait qu’elles seraient légions, à la vue de ces adolescents prépubères criards et laids en tout point. Quel âge ingrat.
Ainsi, son fantôme se trainait dans les salles de l’établissement, prenant le temps qu’il faudrait… du temps,… elle en avait devant elle. L’éternité, parait-il.

Le casier d’une certaine Bella… Rain saisit un cheveu, coincé entre deux cahiers de cours. Une fois que l’intrigante se serait imprégnée de son odeur, la jeune protégée des Cullen pouvait s’assurer que sa sécurité serait mise à mal. Ces chiens… ils pensaient pouvoir défier la nature en refusant de se nourrir du sang des hommes… ? L’Eurasienne allait se charger de semer la discorde au sein de cette famille soudée d’apparence. Peut-être reverraient-ils les règles de leur inepte régime végétarien. Auquel cas… Rain se verrait dans l’obligation de s’allier avec les Italiens. L’idée ne l’enchantait guère… Mais alors qu’elle reprenait sa quête, le son des cordes lui parvint aux oreilles… Et,… plus qu’une musique,… un fumet de chair indigeste…, celle de ces trouble-fêtes de lycans, qui s’amusaient à leur enlever le pain de la bouche. Contrariée par l’indiscrétion de l’ennemi naturel du vampire, Rain s’avança vers la salle de cours d’où provenait la mélopée.

Trajan ne put apercevoir son public que lorsqu’il entendit le craquèlement du bois : la belle s’était démasquée en s’emparant de sa canne posée contre le bureau, avant de la briser en deux sous ses yeux. La discrétion des vampires était telle que leurs proies ne leur faisait face qu’une fois que leurs crocs s’étaient enfoncés dans leurs nuques fragiles... Le lycan, lui, ne voyait qu’à présent, la silhouette noire de la beauté métissée. La clarté de la lune, pleine ce soir là, illuminait un des flancs de son visage blême, laissant deviner la couleur de ses yeux de Jade.

Rain examina un instant la canne ; elle venait de lui donner une seconde vie, un pieu parfait pour empaler un vieux loup, par exemple.

« ..à quoi vous sert-elle au juste… …on travaille son style à ce que je vois… ? L’effet du vieil ermite sénile est plutôt bien rendu, je vous félicite… »

En effet, qu’est ce qu’un lycan gagnait à tromper son monde en simulant un handicap… ? Face au tableau, l’énigmatique et non moins insolente intruse se fendit d’un faible sourire avant de porter le bout du pal à la surface du panneau. Leur frottement sur un bon mètre, créa ce son strident, désagréable au possible.

Rain comptait bien déloger l’indésirable, loin de se douter qu’il serait plus difficile à déraciner qu’un tronc mort, avec l’assommante litanie qui sortirait de sa bouche en prime. Elle lui fit donc comprendre, dans un premier temps, qu’il serait bon pour lui d’aller faire un tour.

« On ne trouve pas le repos ? …des dysfonctionnements érectiles peut-être ? Le campus est de l’autre côté de Dartmouth … vous semblez vous être trompé de chemin,… »

Sous-entendant l’activité sexuelle du quinquagénaire présumé, animé par ses étudiantes, Rain le pria de quitter les lieux.

L’air de la guitare sèche ne lui déplaisait pas en temps normal. Mais l'artiste avait une ouïe assez développée pour distinguer le jeu d’une âme pure et celui d’un être malfaisant. Il n’était pas bien difficile de trouver la place bien méritée de Trajan.

All the lonely people, where do they all come from ? All the lonely people, where do they all belong?

Bonne question que se posaient les Beatles, à travers le drame d’Eleanor Rigby et de McKenzie, les deux protagonistes solitaires de cette chanson. Reprise en acoustique par le fringuant guitariste qui malgré sa mine patibulaire et sa paire de basket, avait la prestance d’un artiste accompli. Ce qui ne faisait pas de lui, un privilégié pour prétendre échapper aux griffes de Rain. Le rapport de force était engagé…

Le soucis quand on vit dans un appartement, c'est qu'on a des voisins, ça hurlent, ça crient, ça se disputent, les marmaux pleurent. Les enfants, une véritable saloperie ce genre de chose, comme s'il ne voyait pas assez de têtes blondes les jours où il donnait cours!
Ainsi, préférant ne pas avoir a faire à ce genre de choses et ceux dans le but avouer de se détendre, le lycan était parti, guitare dans le sac vers l'université. Lieux calme durant la nuit, il y avait pour ainsi dire aucune chance de trouver quelqu'un, peut être un animal ou deux, mais vraiment, qui viendrais dans cette université? Et bien, une saloperie de vampire, bien entendu!
La ville était pleine d'odeur de ces êtres abjects et des loup-garou qui leurs donnaient la chasse, mais, soudainement, il y avait eut une autre senteur. Nous, il faudrait être con pour chercher l'affrontement, et bien, le vampire était con. Alors que Trajan jouait tranquillement un petit air des Beatles, All The Lonely People. Pourquoi celle-ci, car il la trouvait mélancolique, un peu triste. On avait beau avoir l'éternité devant soit, on est toujours désespérément seul, un jours, un jeune loup-garou lui avait dit "si ça continue je vais crevé seul avec moi même." C'était tellement vrai...

Mais à cet instant, cette musique pourtant si douce se fit interrompre par la présence du vampire. Comment, l'ordure venait de briser sa canne. Mais putain, qu'avait-il tous avec sa canne? Ok, il n'en avait pas forcément besoin, mais merde, il s'était bouffé un éclat d'obus avant sa lycanthropie, c'était une aide cette canne, et puis, ça lui permettait de se sentir plus humain, plus proche des mortels. Mais nan, tout les connards de vampires ne pensaient qu'à une seul chose, lui défoncer sa canne! Depuis qu'il était à Handcover, c'était la deuxième, celle-ci était française, acheté en 44 à Paris d'ailleurs!

« ..à quoi vous sert-elle au juste… …on travaille son style à ce que je vois… ? L’effet du vieil ermite sénile est plutôt bien rendu, je vous félicite… »

Nia, nia, nia, si tu savais ou le lycan avait envie de te foutre sa canne....Dans ta sale Gueule. Mais, cependant, malgré ces pensées assassines, Trajan ne bougea pas, continuant se mélodie, alors que son regard la balayé une fraction de seconde. Et merde, encore une vampire canon, fais chier, elle aurait pas put être moche? Enfin, le flegme anglais dominant, le lycan resta concentré et écouta la deuxième volé de sarcasme qui survirent après le show du crissement de tableau.

« On ne trouve pas le repos ? …des dysfonctionnements érectiles peut-être ? Le campus est de l’autre côté de Dartmouth … vous semblez vous être trompé de chemin,… »

Le professeur continua quelques notes avant de finir enfin sa musique. Sans un mot, il soupira. Lui qui avait juré de ne plus se battre et de vivre tranquillement comme un humain, et bah, lui, on venait lui casser les couille! En y pensant, il préférait la chiante-attitude de ses voisins. Il lâcha alors, sourire aux lèvres :

-Cette canne m'a coûté 28$, en bois de chêne, fabriqué en france, acheté à Paris pour la libération. C'était de la qualité, pas de la merde chinoise qu'on trouve de nos jours...Sinon merci pour le compliment a propos de l'ermite sénile. En connasse de service vous n'êtes pas mal... Je dirais même que vous êtes doué.

Le lycan fixa Rain de ses yeux délavés, fatigué. ET dire qu'il allait ^peut être mourir se soir et qu'ils passaient demain un match de catch. Ah, ça servirait à rien d'appeler Gabriel pour qui lui enregistre. Le lycan commença a esquisser quelques nouvelles notes du bout de ses doigts presque centenaires, comme si la situation n'avait rien de très dramatique. De toute façon, il fallait bien qu'il meurs un jour. Ou pas...Mais reprendre du service lui ferait réellement chier. Il s'arrêta et continua de parler :

-Je présume que tu n'es pas venu au cours du soir, -Enfin, faudrait déjà que tu saches lire pour ça- ...Donc, pourquoi tu viens m'emmerder? C'est quoi ton problème? T'es en chaleur? Tu viens de te faire larguer? Maman Nippon te donnait pas assez de riz quand t'était petite? On t'as bercer trop près du mur? Allez, casses toi ou écoute moi en silence, je pense pas que tu saches jouer un instrument...Compris Petite Fleur de Lotus??

Comme pour ponctuer sa phrase, le lycan avait montré les murs; Oui, c'était la salle de musique, s'y trouvait ainsi divers instrument, plus ou moins bien accordé, utilisé par les élèves les plus pauvres qui étaient quand même désireux d'apprendre. Merde, Trajan n'avait pas fait de testament, c'est con ça, il n'y avait jamais pensé. Oh, il le ferait demain. Deux trois trucs pour Tyron, historie de se foutre de sa gueule, les Cullens, s'ils retrouvaient leur trace, Gabriel aussi, et d'autre personne. Soudainement, les doigts de l'anglais commencèrent a jouer seul, comme mugit d'une propre volonté, une autre chanson, Hey June. Si seulement il avait sut bien chanté, il l'aurait fait. Ou alors s'il avait été seul, car la, il entendait déjà les sarcasmes de la vampire.

Le guitariste croyait être le seul à profiter de la quiétude d’une université en plein milieu de la nuit, mais il s’avérait infortuné… Et comme la poisse « colle » au malheureux par définition, les vampires semblaient être irrémédiablement attirés par le lycan, à son plus grand désespoir. Et de l’affliction, Trajan semblait en avoir à revendre. En effet, Eleanor Rigby n’était pas la chanson la plus allègre du répertoire des Beatles. Apothéose de la solitude, cette mélodie aigre relate l’histoire d’une rêveuse et d’un homme simple. La mort d’Eleanor finit de creuser les distances que s’était imposé ce duo improbable : maintenant, un Monde les séparait. Pourquoi tant d’amertume ? Trajan savait peut-être, aussi bien que sa partenaire de joutes verbales, que l’éternité était un cadeau empoisonné, une malédiction fantasmée par ceux qui ne s’imaginaient pas ce que c’était, de rester, alors que les autres partent. De vivre l’Histoire, sans cesse renouvelée par les Guerres, l’unique et véritable Grand Amour de l’Homme. Non, l’idée qu’ils se faisaient de l’éternité était de l’orgueil mal placé, ni plus ni moins que de la vanité. De la même manière qu’ils concevaient des enfants. Par pur narcissisme. Espérant perpétuer leur lignée en forniquant à l’infini comme si la fin du Monde était pour demain.
En commun, le dégoût pour les bambins, le besoin profond de solitude et la lucidité de leur condition d’être immortels. Tout cela commençait à en faire trop pour deux êtres fondamentalement opposés, « racialement » parlant.

Trajan rétorqua alors, de ce flegme qui lui était propre. Son attitude n’était pas sans déplaire à l’Eurasienne, qui y voyait là une résistance saluée, différente de la soumission qu’elle avait pour habitude de recevoir de la part de ses victimes. Elle ne reconnut pas l’accent anglais : si pour les occidentaux, les asiatiques se ressemblaient tous, il en était de même pour cette population orientale qui était proprement incapable de discerner l’Américain de l’Anglais. Pour eux, ces barbares étaient tous vulgaires et inconvenants. Mais elle en déduit ses origines : de père français, la métisse savait tout de même faire la différence entre les européens et les anglophones.

« Un libérateur… ? De quoi se faire mousser auprès de la gente féminine, mineure de préférence. Je n’ai aucun doute quant à l’efficacité de vos tribulations contées à nos chères têtes blondes… »

Oui… Elle aurait pu le défenestrer. Le pousser à se montrer sous forme animale pour mieux le dépecer vivant. Ou encore lui trancher la tête et s’en faire un trophée. Mais étrangement, elle préférait écouter ce professeur bourru bougonner plutôt que d’avoir à contempler son corps sans vie. A l’accoutumée, Rain ligaturait les lèvres des insolents et des fortes têtes qui ne prenaient pas compte de ses avertissements. Mais Trajan ne semblait pas simuler un quelconque courage. A vrai dire, il avait même l’air de s’en fichtre comme de l’an quarante. La sincérité de sa désinvolture fit sourire le vampire…

Lorsqu’il lui répondit par des railleries qui faisaient désormais son charme, il amusa plus qu’il ne blessa l’Eurasienne. Le sens de l’autodérision de cette dernière ne souffrant d’aucune fierté ou de complexe d’infériorité, Rain accueillait ces pics à bras ouverts. Notamment la « conasse de service » qui paraissait presque affective à ses yeux.

« Merci du compliment, de votre part j’ai l’impression d’avoir eu droit à une éloge. »

Puis il continua sa rétorque sur un ton sarcastique, prétextant l’analphabétisme de la nouvelle venue.

« Poète avec ça… Votre langue serait accessible aux pires bœufs. Ne vous souciez pas de mon éducation. Je la crois bien supérieure à celles de vos élèves. »

Seconde méprise, qu’on lui servait à toutes les sauces mais qui avait fini par l’indifférer : les maladresses, volontaires ou non, sur ses origines. L’occidental moyen ne saurait reconnaitre un Chinois d’un Japonais, pourtant fondamentalement différents.

« Et à la votre, à en croire vos prédispositions en Géographie. Leshan et Tokyo… Après tout il n’y a que 2000 miles qui les séparent… »

Il embraya alors sur sa supposée vie sentimentale. Ce lycan était plus distrayant qu’elle ne le croyait, c’était là une réelle surprise. Ses frères l’avait habitué à des comportements nettement plus grégaires : ils montraient les crocs sans délai, à aboyer sans discontinuer après le vampire qui mettait vite un terme à ce spectacle canin grotesque. Trajan cherchait alors à savoir ce qu’elle était venue chercher, à part les ennuis, quel était le problème, se questionnait-il ? Rain répondit très simplement, un léger sourire en coin, marque exclusive d'émotions chez cet être impassible, offerte généreusement à son hôte.

« Le problème, c’est vous, mon cher… »

Soudain, l’un des deux segments de la canne vint se ficher à quelques millimètres de l’entrejambe du lycan, le clouant littéralement sur sa chaise. Rain apparut alors face à lui : sa posture droite et cette placidité inquiétante lui donnait cette allure double : distinguée et dangereuse... Elle se servit alors du second morceau de l’objet brisé, le relevant au menton de Trajan. Les pics formés par la césure caressaient dangereusement la carotide de sa proie. Mais elle se contenta de tailler une légère incision sur le côté de la veine. La goutte de sang provoquée par la coupure coula le long de la canne. Rain ramena son dû à ses lèvres : un coup lascif de langue et son goût lui parvint aux papilles. Amer.

Derniers de ces sous-entendus : l’incapacité de Rain à jouer d’un instrument. L'orgueil n'intégrait pas la liste de ses nombreux péchés. L’artiste ne se sentit pas dans le besoin de justifier son talent en pratique. Elle n’avait rien à prouver à ses ennemis, mais la raison première de son silence était tout autre. Rain s’interdisait tout bonnement de jouer. Comme elle le pensait encore et toujours, seules des âmes pures pouvaient s’accorder ce plaisir. Plaisir partagé car communiqué à un public. La mélancolie, la tristesse et surtout la douleur. Tout ce qui ressortait de son jeu de cordes au violon manquait cruellement de chaleur. La profondeur de sa musique n’était pas à prouver, seulement, elle ne se sentait pas en droit de l’offrir à une quelconque oreille.

La violoncelliste jeta tout de même un regard neutre aux instruments. Elle ne s’était pas rendu compte tout de suite qu’elle se trouvait dans une salle de cours de musique. L’air de « Hey Jude » finit de balayer ses désirs meurtriers. L’arrivée de Yoko Ono dans la vie de John Lennon, et, indiscutablement, dans celle du quatuor de musiciens. Co-écrite par Paul McCartney, cette chanson avait un arrière goût d’amertume. L’artiste asiatique avait changé la vie du groupe… Rain s’interrogea alors…

« Je ne sais pas si vous êtes inconscient ou stupide. »

Elle trouva la réponse dans le regard bovin de Trajan.

« Peut-être un peu des deux… »

Ou était-ce le plus noble des je-m’en-foutismes… Quoiqu’il en soit, Trajan avait réussi à survivre plus d’une minute à l'assassine. Exploit dont peu pouvaient se vanter depuis leurs tombes. Il avait eu le mérite d’apaiser le vampire grâce à son jeu de cordes. La musique adoucit les mœurs, n’est-ce pas ?

Pourquoi faut il toujours que les vampires aient des tendances psychopathes, meurtrière et a l'opposé de la bonne parole que prêchaient les bisounours? Sincèrement, les vampires "gentils", ça se comptaient sur le bout des doigts. Et n'ayant que dix doigts, d'ailleurs, les deux majeurs avaient une soudainement envie de se lever pour signifier dans un geste simple et universelle ce que ressentait le lycan à l'encontre de Rain.
Puis, elle ouvrit encore ses délicates lèvres pour une nouvelle fois cracher son venin :

« Un libérateur… ? De quoi se faire mousser auprès de la gente féminine, mineure de préférence. Je n’ai aucun doute quant à l’efficacité de vos tribulations contées à nos chères têtes blondes… »

Avait elle seulement une idée de ce Trajan avait vécu? Oui, certainement que sa vie n'avait pas dut être facile, mais, quand vous parcourrez des plages qui rougissent tellement le sang a couler, quand vous avez vue vote propre frère mort, oui, quand vous avez vu ceci, pouvait vous seulement dormir tranquillement le soir? Il lui était souvent arrivé de se réveiller en sursaut, entendant encore les grondement d'artillerie, le sifflement des balles, le hurlement des mourants. Il était simple pour un vampire de ne pas s'arrêter sur ce genre de chose, mais à l'inverse d'eux, Trajan avait une Humanité, il avait ce sentiment de culpabilité de n'avoir put tous les sauver. Stupides vampires. Ils ne vivent pas eux, ils survivent...

Je dois cependant vous avouer que les remarques désobligeante de Trajan, que se soit sur les origines de notre Eurasienne ou bien sur son niveau d'éducation était plus proches d'une moquerie de désespoir. De toute façon, ne devions nous pas nous moquer de la mourir, car elle, la mort, ne se moquait-elle pas de nous? D'ailleurs, il n'avait jamais imaginer la mort ainsi, belle, cruelle, et avec un magnifique sourire. La jeune asiatique, car pour Trajan, c'était juste une asiatique. Oh, il n'avait rien contre les étrangers, après tout à Londres, il avait eut des camarades indiens ou d'autre pays (bien que ces derniers était toujours rattaché à la couronne d'Angleterre.). Mais je crois que je divague du sujet, donc oui, cette asiatique. Elle avait cette beauté que la mort a, ce petit sourie annonciateur de l'apocalypse. D'ailleurs, pendant une fraction de seconde, Trajan crut que la mort allait frapper.
Le segment de canne, défunte canne devrais-je dire se figea non loin de l'entre-jambe du loup-garou. Franchement, il avait beau être vieux, il comptait bien s'en servir encore de temps en temps. Et puis, merde, frapper ici n'est pas fair-play! Bon, heureusement, elle avait eut la descence de ne pas l'embrocher (par le, j'entends le service trois pièces.).
Malgré cette action belliqueuse, le flegme de Trajan resta en place. Il avait beau avoir du sang indien (ce qui lui avait donné par là cette lycanthropie), il ne demeurait pas moins stoïque. Il avait un peu cet air des anciens qui maîtrisant leur sentiment gardait ce calme olympien si perturbant. Pourtant, il lui fallu un peu plus de volonté lorsqu'elle caressa son visage avec le morceau de canne restante. Elle fit perler un peu de sang. Rien de grave, même pour un humain, mais quand même, cette provocation, nulle doute, elle voulait se battre, elle voulait l'adrénaline du combat, la lute, la rage. Pourtant, cela n'avait aucun effet sur le vieux loup. Il avait perdu l'envie de se battre.

En effet, il tenter de protéger une humanité qui passait son temps à s'entre tuer. Les vampires n'étaient pas les pires prédateurs pour l'homme, non, le pire prédateur était l'homme lui même, incapable de réprimer ses pulsions. Viols, Meurtres, Guerre, violence, tout ceci étaient fait par l'homme contre l'homme. Mais, la voie de Rain fit sortir Trajan de ses pensées, elle lâcha :

« Je ne sais pas si vous êtes inconscient ou stupide. »

Elle le fixa quelques instant, regardant les yeux ternes que le lycan lui offrait avant de continuer :

« Peut-être un peu des deux… »

Cela arracha un sourire au lycan qui arrivait vers la fin de sa musique. L'arrivé de Yoko avait scellé le destin des beatles, on disait qu'elle avait tué le groupe. Si-jie allait elle faire de même? Annonçait-elle la mort du vieux professeur? Le loup-Garou finit la musique en quelques notes avant de poser sa guitare à côté de lui, retirant le morceau de canne de là où il était planté. Il regarda le morceau de canne avant de le déposer presque solennellement à côté de son instrument de musique. Il lâcha une sorte de soupire, assez proche de celui que l'on émet dans un état de tristesse. Il croisa ses mains et jeta son regard de chien battu sur Rain en lâchant :

-Est-ce de l'inconscience de ne pas avoir peur de toi? Est-ce de la stupidité de ne pas avoir peur de la mort? Je préfère rire de mourir et en mourir de rire que vivre dans une crainte sans fondement. J'ai fait le choix de mourir fleur de lotus. Bon, je pensais pas que la mort viendrait alors que je jouerais des Beatles.... Mais bon, si elle aime la musique...

Doucement, le loup-garou, se releva et fit quelques pas vers la jeune femme, boitillant comme à son habitude, il se dirigea vers les fenêtres, ignorant totalement la dangerosité de la demoiselle. Bien sûr, il gardait un œil sur elle mais rien de plus. Bah de grognement, de crocs, de "je me transforme en gros loup pas beau!" ou ce genre de chose. Il semblait presque serein. Il lâcha cependant :

-Saches que cependant je te trouve malpolie, on interrompt pas un musicien ainsi. Et puis quoi? T'es parent t'ont pas appris a dire ton nom? La prochaine fois tu viendras m'emmerder quand je serais entrain de peindre? Franchement Yoko, tu es chiante.

Comme pour ponctuer la phrase du lycan, il se mit soudainement à pleuvoir, pas une petite averse, non, une lourde averse, drue, puissante, un temps à ne pas mettre un Lycan dehors! Le lycan d'ailleurs, ce bon vieux Trajan lâcha entre ces dents, son tout a fait audible pour un vampire :

-Putain, et voila, le temps de merde. Comme si se taper une connasse ne suffisait pas, je vais devoir rentrer sous la pluie. Et cette saloperie a brisé ma cane. Je vais mettre cent ans a faire le trajet....Je sent que demain la jambe va encore me faire mal.

Le loup-garou se retourna pour cesser de fixer la fenêtre et chercha Rain des yeux. Qu'allait elle encore lui faire?

Trajan se posait des questions qui trouvaient facilement une réponse : les vampires végétariens étaient si peu nombreux… mais… jeunes… Il s’agissait là d’une nouvelle génération. Les « sang-froid » comme on les appelait, ne choisissaient pas forcément d’être des tueurs sans vergogne. Mais comment ne pas perdre la raison lorsqu’on voit défiler les pires abjections ? Il se demanda par la suite si l’Eurasienne avait conscience des pages de l’Histoire qu’il avait traversé. Elle se doutait que sa vie n’était pas un long fleuve tranquille par cette simple analyse : les lycans revanchards, ceux qui aboyaient le plus fort, ceux-là, oui,… ils étaient dans un esprit de domination. D’exhibition. De surenchère. Le tout était de montrer au Monde leur supposée grandeur. Trajan semblait au-dessus de tout ça. Pour cause, il n'avait rien à se prouver, ni à lui-même et encore moins aux autres.

Les plus discrets sont ceux qui taisent les pires horreurs. Le peu de choses que les exubérants avaient à dire, ils le criaient sur tous les toits, se dorant le blason impunément. Le boiteux ne s’imaginait peut-être pas qu’il s’était trouvé un nouveau point commun avec son ennemi : celui d’avoir vécu l’Enfer, et, pire, d’y avoir participé. Si Trajan était hanté par cette odeur de fer que les corps criblés de balle rejetaient, Rain pouvait encore sentir le relent des boyaux des martyrs éventrés. En Europe les Thompsons crachaient leur feu, alors que dans les civilisations asiatiques, les conflits s’étaient réglés à coup de sabre. A la fin de la guerre, les japonais décapitaient encore leur ennemis, tandis ce que les chinois s’entredéchiraient à coup d’armes blanches de première main. On ne pouvait pas mettre un degré à la violence, l’Horreur s’était invitée sur tous les continents. Le charnier de Nankin n’était pas comparable à celui des plages de Normandie. Différents dans l’infamie, mais au même stade de barbarie. Seulement, Rain n’avait pas perdu de proche durant les guerres. A vrai dire elle n’en savait rien, puis ce qu’elle les avait oublié. De plus, elle ne nourrissait aucune inimité envers un peuple "ennemi". Que ce soit les nippons et leur rage expansionniste, ou les colonisateurs occidentaux, elle ne blâmait personne. Car il ne faut pas oublier qu’au sein même de l’Empire du Milieu, les chinois s’étaient battus contre leur frère. Alors qu’est ce que le terme « race » signifiait ? Patriotisme ? Nationaliste ? Quelle fierté pouvait-on tirer de cela ? Les hommes se déchiraient à cause de leurs différences, mais au fond, ils étaient tous pareils. Et cela, personne ne semblait l’avoir compris.

L’humanité dont se vantait Trajan, Rain l’avait perdu depuis bien longtemps. Que ce soit en découvrant les expériences de l’unité 731, les cadavres des femmes chinoises dont le sexe avait été mutilé, les irradiés du Vietnam et tous ces tableaux de Mort, témoins silencieux de la sauvagerie de l’Homme. Quoi qu’il en soit, Rain n’eut pas à user de son don pour effrayer sa proie. Elle la sentait fragile physiquement, mais doté d’un mental assez puissant pour se moquer de la Mort, tout comme elle,… qui s’était préparée depuis longtemps à l’évidence. Surtout depuis qu'elle avait trouvé le moyen d'éradiquer les vampires, qui faisaient leur entrée dans la longue liste des ennemis du prédateur qu'elle était.

Mais si Trajan semblait être épargné par la foudre, la pluie allait se charger de recouvrir son tombeau. S’il avait ressenti chez son agresseur, le besoin d’en découdre, il ne pouvait pas deviner qu’elle ne choisissait pas toujours de régurgiter sa violence.

La pluie ne fertilisait-elle pas la terre, semant la vie ci et là pour qu’au printemps, de nouvelles germes voient le jour ? Paradoxe, le prénom donné à l’Eurasienne était emprunt d’ironie…

L’averse. Un ange passe. Le visage de Rain semblait s’être figé.
La pluie battante qui lavait les chairs des charniers. Cette pluie qui purifiait la Terre du sang maculé des hommes. La pluie salvatrice. Rain était ailleurs, décrochant totalement son attention de sa proie. La pluie la galvanisait. A vrai dire, il ne fallait mieux pas l’affronter lorsque les nuages se montraient menaçants, cela avait pour effet de souffler le moindre brin d’humanité qui se serait déposé dans un coin de son esprit. La pluie lui rappelait le soir de sa confection, conté par sa mère. Elle lui rappelait aussi l’excitation de son premier meurtre. Puis… le soir des grandes batailles. La première étreinte avec sa bien-aimée. La dernière,...et le jour de sa mort. Autant d’instants volés que la pluie avait cristallisé, s’invitant en fond de tableau.

Une malheureuse seconde plus tard, le vampire se tenait face au loup-garou ; il put alors observer de près son adversaire, le temps d’un échange de regards, à la lueur lunaire de l’astre mort qui daignait enfin à dévoiler les contours du visage désirable de la belle. Ses lèvres mutines étaient une invitation aux plaisirs. Son teint blanc, noble, ne jurait pas sur sa peau asiatique, à l’origine, assez claire. Mais c’est son regard saisissant qui prenait de court les bienheureux spectateurs du tableau de maitre. Si la transformation pouvait parfaire les traits des vampires, elle n’avait pas grandement influencé le physique de l’Eurasienne, ne faisant que renforcer la glace qui entourait le personnage et nourri cette aura mystérieuse. Cependant, la teinte vermeille des buveurs de sang qui noyait leur iris, ne semblait pas avoir eu raison de la couleur émeraude naturelle de cette création d’un Dieu bien généreux. Curiosité que Trajan put relever. Mais si ce fut l’occasion pour lui d’observer un moment de contemplation, Rain profita de cette maigre distance pour porter un regard attentif au visage du lycan. Davantage à ces yeux, ce miroir de l'âme, dont la teinte était peu commune. La maturité d'un homme qui avait su s'accommoder de la fatalité, et celle d'un être humain qui trainait derrière lui un lourd vécu...

C’est là qu’elle lui délivra un regard étrange, presque désolée de ce qui allait suivre.

La violence de la morsure fit se raidir le malheureux qui n’avait rien demandé. Son impulsion se justifiait pas la bestialité qu’elle n’arrivait pas à contenir, la pluie n'arrangeant en rien son état second. Pourtant, elle n’y retira aucun plaisir... Rain ressentit même un profond dégoût,... les vampires savaient pertinemment que le sang de lycan était un poison lent, tellement il en était indigeste. La douleur se contrebalançait par l'agrément de l’étreinte féminine. Si sa morsure était une source de souffrance, sa victime pouvait accueillir plus aisément le contact de la menotte de la métisse sur sa joue. Mais ce rapport masochiste prit fin, alors qu’elle extirpa ses crocs de la nuque de sa victime, finissant de s’incommoder de ce venin émétique..

« Rain… »

Une réponse tardive. Des présentations… bien inconvenantes.
La Violence malgré elle. Elle n’était que le reflet d’une société aussi brutale qu’injuste. Pour répondre aux questions du lycan, l’envoyée de la Mort appréciait la musique. Mais elle vouait une véritable passion commune avec son ainé: l’art. Seulement, Rain, personnage antisocial, perturbé et profondément instable, ne laissait pas deviner ses contours facilement. Autant tenir la conversation à une bombe à retardement. Les humains censés ne prenaient pas la peine de se frotter à une arme aussi fatale. Et ils avaient raison.

Alors qu’il pensait peut-être être tiré d’affaire, Trajan ne s’imaginait pas que la belle allait considérablement raccourcir ce trajet qui semblait lui faire du tort. Son dos s'écrasa contre lu mur, Rain le poussa violemment ; le verre se brisa, Trajan fut propulsé par la fenêtre. Son corps alla s’écraser au sol. Mais sa chute fut moins douloureuse qu’elle aurait pu l’être ; accompagnée par l'agresseur, qui avait alors retenu une partie de sa puissance, le lycan pouvait s’estimer heureux de ne pas être en morceaux.
Aussi furtive qu'imprévisible, l'offensive prit fin. Trajan était à terre, mordant la poussière, tandis ce que la coupable le toisait, plantée là au milieu du terrain de sport. Balayant du revers de la main, un morceau de verre qui s'était déposé sur son épaule, Rain répondit enfin au loup. Ses paroles étaient plus... mécaniques. La violence de ses actes prenait le dessus sur ses parenthèses d'humanité, comme celles qu'elle s'était accordée avec Trajan en le laissant en vie.

« Je ne suis pas impolie. Je n’ai aucun remords à mettre fin aux litanies. Votre âme n’est pas assez pure. J’ai du respect pour les belles choses... »

Reprenant le guitariste, elle soulignait là, le fait qu'elle ne lui avait pas manqué de respect pour la simple et bonne raison qu'a ses yeux, la musique ne devait pas être un exécutoire.
Sur ces paroles, Rain lui tourna le dos, emmenant avec elle ses excès et son brin de démence...

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Si beaucoup pensaient que l’arrivée de Yoko avait éclaté le groupe, certains puristes préféraient y voir la maturité gagnée par Lennon, qui ne pouvait qu’être bénéfique pour sa créativité. La japonaise annonçait un renouveau.

Troublante, je ne pense pas qu'il y ait d'autre mot pour décrire Rain. La beauté Eurasienne était toute particulière. En effet, naturellement, les personnes d'origine asiatique ont une peau assez blanche, d'ailleurs, au japon, c'est un critère de beauté, et lorsqu'ils vont à la plage, il s'installe parfois à l'ombre d'un parasol. Mais, elle... La transformation en vampire rend la peau encore plus blanche, et accessoirement brillante au soleil, ce qui ma foi, permet d'organiser des journées disco en plein air.
Mais elle, ce visage était proche de la perfection, sculpté par un maître, la blancheur du teint ne faisait que renforcé ces magnifique cheveux jais. Et ces yeux. Deux magnifiques émeraudes. En y pensant, on aurait put faire le parallèle entre les yeux de Trajan et les siens. Lui était la mer calme, elle agité....Sean are Green comme disait les Beatles et leur sous-marin jaune. "Au moins je serais tué par une belle", c'était à peu près ce que pensais le lycan. Il est vrai qu'il aurait put se transformer, se battre, la tuer même peut être. Mais non, il en avait marre de la lutte, il avait décider de raccrocher.
Soudain, elle lui lança un regard, presque désolé. Oui, comme si elle n'avait pas vraiment le choix. C'était tellement simple de dire que l'on a pas le choix, que l'on est obligé. Oui, tellement plus simple de se laisser envahir par sa nature profonde et bestiale. Les vampires "carnivores" n'avait vraiment aucun mérite, ils étaient au sommet de la chaîne alimentaire par pur "hasard", par simple chance génétique. Et les Lycans quand a eux étaient leurs prédateurs. Amusant de voir comment même pour des monstres immortels qu'ils étaient, la nature s'était assuré un équilibre..,
Elle frappa, sa morsure était semblable a du poison que l'on vous injecte directement dans le cou! Et malgré la douleur, malgré ce grognement dut à cette mort imminente, le professeur gardait son calme, demeurant sous sa forme humaine. On félicite souvent les vampires pour leur capacité à résister à l'appel du sang humain (uniquement les vampires végétarien cependant), mais on oublie trop souvent l'effort de volonté que doit faire un lycan pour ne pas se transformer, pour rester sous sa forme humaine.
Cependant, il faut bien l'avouer, la scène n'était pas ce qu'avait vécu de pire notre vieux Trajan. Oui, il allait une nouvelle fois être proche de la mort. Mais jamais celle-ci n'avait eu un costume aussi sexy, et jamais d'ailleurs il ne s'était laissé faire face à la mort. Puis elle stoppa sa morsure et lâcha juste un mot :

"Rain..."

Etait-ce là son prénom? Son nom? Un surnom? Parlait elle de la pluie? Le malheureux professeur n'eut le temps de poser la question qu'elel se saisit encore de lui. A la fin, c'était lassant de savoir si on allait mourir ou non. Tout cas est il que, bien que la vampire retenait sa force, la chute fut dure. En effet, lorsque l'on cesse de se transformer en loup-garou, l'on peut recommencer à vieillir, mais cela entraîne aussi une légère perte des capacités lycane, ainsi, Trajan était bien moins fort, bien moins agile que ses "compagnons", il avait un facteur de régénération bien plus faible, et, une chute comme celle-ci lui avait ainsi causé bien plus de douleur qu'à un loup-garou normale.
Mais revenons à cette scène étrange qu'est le chasseur au dessus de sa proie. Elle se mit à parler une nouvelle fois, mais, la douleur, la pluie, la désorientation, tout cela rendait Trajan totalement inapte à comprendre ce que notre Mao version féminine disait. D'ailleurs, elle semblait en avoir fini avec lui, puisqu'elle se retournait, comme si elle partait. Mais! Depuis quand joue-t-on avec la nourriture?
Le vieux lycan, car oui, bien que n'étant pas particulièrement âgé, Trajan pensait que l'on était vieux dans sa tête et ceux même si l'on avait un corps d'athlète. Et lui se considéré comme vieux; Donc, je reprends, le vieil "homme" lâcha platement entre deux râle de douleur :

-Bof, c'est pas très beau Rain...C'est même moche...

Sur ces mots, il essaya de se relever, la première fois, il n'y parvint pas, la seconde, il réussit pour finalement retomber au sol, victime de sa jambe abimé, mais la troisième fut la bonne. Ruisselant plus ou moins de sang, les cheveux trempés par la pluie battante, tenant à peine debout, il ressemblait bien plus a l'eau qui avait foulé les plages de Normandie qu'au lycan qu'il était aujourd'hui. Sa voie grave et amusé se mit alors de nouveau a résonner dans la cour, semblable à un avertissement, ou plus exactement à une moquerie, tel un homme faisant un pieds-de-nez à la faucheuse, surnom affectueux que les hommes avaient donné à la Mort qui ici était bien réel et n'avait pour faux que des crocs acérés et une force herculéenne :

-Tu crois que tu vas me laisser là? Comme-ça? Attends, t'es une marrante toi, t'as fait quoi? L'école du rire? Reviens ici, j'dois déjà te foutre ma main sur la gueule, et ensuite, tu dois me ramener chez moi.

Le pire dans tout cela, était la sincérité qui émanait des paroles du lycan, il voulait vraiment qu'elle vienne pour qu'il lui colle une claque dans la gueule, et qu'ensuite elle le raccompagne chez lui.D'ailleurs, en y pensant, il n'avait pas beaucoup de café chez, lui, bah, de toute façon, les vampires ne mangeaient ni ne buvaient. Ça devait être chiant ça aussi, se nourrir que de la même chose, ça devait être lassant à force. Le lycan voulu faire alors un pas vers Rain, mais une nouvelle fois, sa jambe lui fit défaut et il tomba un genou a terre sous une flopée de juron. Rain lui avait demandé s'il était stupide ou inconscient. Elle avait pensé au je-m-en-foutisme. Il me semble que c'était ça, se moquer de tout, surtout de lui même. C'était le crédo de ce lycan on dirait..

Le choix. Tous n'avaient pas droit à ses grâces. Surtout lorsqu'on était un être aussi torturé que Rain. Si elle avait su garder la tête froide face à l’Horreur, elle ne pouvait réprimer ses pulsions meurtrières. Car à la racine de cette fleur hybride, des germes d’une personnalité profondément sadique. Et cette tare avait été enfantée par la Nature… Les épreuves que cette familière des charniers subissaient, n’avaient fait que légitimer ce maelstrom de violence qui mûrissait chaque jour en son intérieur… Certes, elle n’avait pas sagesse de Trajan, ce vieux loup qui ne puisait pas le courage dans le combat mais dans la force de maitriser sa lycanthropie. Mais elle ne pouvait prétendre changer. Elle était ainsi.

Même à l’article de la Mort, Trajan se permettait de se moquer de son émissaire. Il était réellement sincère. Il ne se donnait aucune image, ne jouant aucun rôle… celui du vieux solitaire, un brin sarcastique, se fichant de tout, étant taillé sur mesure pour lui.
Rain l’avait entendu, mais pas écouté, son esprit étant prit entre les courroies d’un chaos pesant. Mais elle daigna tout de même se retourner, apercevant au loin, les vieux os du lycan qui tentaient vainement de se relever. Pitoyable. Oui, il n’y avait pas d’autre mot. Mais le spectacle n’avait pas cette dimension de la pitié qu’on méprise, mais de celle qui force le respect, pour être ainsi nourrie par tant de volonté.
C’est là qu’il lui « ordonna », oui, « ordonna », de rappliquer dard-dard. Il était… extravagant... Depuis le début de cette soirée animée, il avait réussi à arracher plus d’un sourire à la belle… Ce ne fut pas le dernier qui se dessina sur ses lèvres à ce moment là… Il n’y avait vraiment qu’un pitre comme lui pour détendre le vampire dans un moment pareil.

Rain leva alors ses yeux verts au ciel, la pluie finissant d’épurer son visage blême. Sur quel engin était-elle tombée ? Elle n’en savait rien, mais il valait le détour. Puis, s’il l’ennuyait, elle le tuerait sans plus de cérémonie. Ou peut-être, était-ce Trajan qui la dévorerait. Qu’importe, la misanthrope allait s’offrir de la compagnie, et cela s’annonçait déjà mouvementé.

[Edit Bella - 'ttention la psychopathe aux stylos trop géniaux, j'ai que 17 lignes moi ^^ Tu pourras enlever l'edit après le rajout ! Merci ^^]

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