Avec le temps, Emily avait développés quelques techniques pour passer le plus incaperçue possible. Il fallait être très discrète dans sa situation. Les enfants-vampires n'avaient pas lieux d'être dans ce monde, d'après la décision trop peu contestée des Volturi, une famille dont tous connaissaient le nom, mais dont personne ne pouvait réellement prouver l'existence. Emily était plutôt d'accord avec cette loi non écrite. Elle ne souhaitait à personne de devoir vieillir, coincée à jamais dans le corps d'une enfant. Emily n'avait pas de compagnon, elle n'en aurait jamais. L'idée d'être un jour la compagne de Victor, ou même de Nathaniel, lui avait traversé l'esprit quelques fois, mais qui voudrait aimer amoureusement une petite fille? Elle finirait vieille fille, seule, elle s'y était fait, depuis le temps. Elle ne pouvait aller à l'université, elle ne pourrait jamais, non plus, avoir un travail comme Nathaniel. Elle allait devoir vivre sa vie routinière et répétitive jusqu'à la fin de ces jours, enfermée dans un corps d'enfant à jamais. Au final, elle se demandait parfois s'il n'aurait pas été mieux pour elle de mourir dans cette ruelle, mordue par ce vampire qu'elle ne connaissait pas. Si Nathaniel ne l'avait pas receuillie, les Volturi se seraient probablement occupé de la tuer, sans pitié. Emily ne souhaitait pas mourir, alors elle devait se proteger du mieux qu'elle le pouvait.

Donc, le matin, elle partait à l'heure où les enfants quittaient leurs demeures pour se rendre à l'école. Elle marchait seule, se dirrigeant, la plupart du temps, à la bibliothèque. Les humains qui la voyaient marcher dehors, à cette heure, croyaient qu'elle se rendait à l'école, elle passait pour une enfant des plus normale. Elle passait beaucoup de temps à la bibliothèque, c'était là sa manière de s'instruire, comme elle ne pouvait aller, ni au lycée, ni à l'université. Heureusement, le fait d'avoir un "père" professeur était un plus, mais lorsque ce dernier n'était pas là, elle devait se débrouiller. La dame de la bibliothèque s'était habituée à sa présence régulière, elle ne posait pas de question. Parfois même, elle lui apportait des boissons aux fruits durant la journée, qu'Émily vidait dans une gourde cachée au fond de son sac, donnant ainsi l'impression d'avoir bu le liquide sucré à la bibliothèquaire au grand coeur. Quelque fois, Émily apportait des fleurs à la vieille dame. Elle s'était légèrement prise d'affection pour elle, avec le temps. Puis Émily quittait sa boîte à livre lorsque l'école primaire du quartier était terminée pour les enfants du coin. Elle passait donc inaperçue en rentrant chez elle, se mellant à la foule d'enfants. Elle partageait quelques histoires avec eux, toujours surprise de voir à quel point elle était différente des autres enfants. Émily était, pratiquement, une vieille dame, aujourd'hui...

C'était une journée comme les autres, elle rentrait de la bibliothèque, avec ses bottes de pluies rouges et son parapluie assortit. L'humidité faisait boucler ses cheveux abondamment, il n'y avait rien à faire pour les lisser, les rendre bien droits. Elle était constamment figée dans cette image de boucle d'or, ce qui lui donnait une allure doublement plus juvénile. Lorsqu'elle tourna le coin pour s'engager dans l'allée de la maison, elle pu sentir l'odeur de Victor, son tendre ami, son frère, à défaut de ne pouvoir avoir plus, mais aussi l'odeur d'un autre vampire, dont elle ne connaissait pas les effluves. Elle entendit, derrière la porte, une voix enfantine, comme la sienne. Figée dans l'entrée, la tête pleine de questions, il lui fallu quelques secondes avant de tourner la poignée de la porte. Une bourasque de vent vint ouvrit la porte dans un éclat, rendant son arrivée bien plus dramatique qu'elle aurait du l'être. Elle posa ses bottes mouillées sur le paillasson, de manière machinale, ses yeux fixées sur le spectacle qu'elle avait devant les yeux.

Une petite fille, comme elle, pratiquement identique si on ne regardait pas les yeux rouges/orangées de l'inconnue, qui avait le regard fixé sur Émily. Une carnivore, normalement, aurait les yeux beaucoup plus rougeâtres. Émily se souvenait avoir déjà eu un tel regard, elle aussi, dans son processus de devenir végétarienne. Elle inclina la tête sur le côté, curieuse, puis elle s'avança, sans gène et fit le tour complet de sa "congénaire" afin de l'étudier. Émily ressentait un énorme pointe de curiosité. L'inconnue avait l'air beaucoup plus stupéfaite, beaucoup plus légère qu'Émily, qui en conclu que la petite vampire devait être moins agée qu'elle. Émily n'arriva pas à sourire, elle garda un regard impassible et sérieux devant la scène, elle attendait une explication de son frère avant de s'énerver ou de lui poser des questions. Elle savait qu'il allait s'y mettre, de toute façon, dans les secondes qui allaient suivre. Émily se posa, alors, devant son "double".

"Bonjour...?"

Le bonjour était lancé vers la fillette, mais le ton interrogatoire de sa phrase était directement dirrigé vers son frère. Elle détourna le regard de l'inconnue pour regarder directement vers Victor, attendant l'explication qu'il lui devait.

La jeune adolescente délaissa son écharpe et ses bottes en caoutchouc rouge avant de se tourner vers ses deux congénères qui ne semblaient pas l'avoir quittés des yeux depuis qu'elle avait franchi le pas de la porte. Emily affichait un air tranquille mais impassible qui paraissait bien trop sérieux pour l'apparence qu'elle possédait. Qui était cette vampire blonde aux prunelles si rougeoyante ? Elle se rappelait encore les avoirs posséder, des décennies auparavant, alors qu'elle était encore gorgée de son propre sang. Seuls les vampires carnivores qui ne suivait pas de régime animal possédait ses yeux. Cela signifiait-il que la blondinette en était un ? Dans ce cas, comment cela se faisait-il que Victor lui avait permis d'entrer ? Cette foule de question tourbillonnait sous le crâne de la jeune fille. Il n'empêche que la demoiselle qui se trouvait en face d'elle lui ressemblait énormément. Elle possédait des cheveux fins et blonds comme de l'or, un teint neigeux sans défaut et une taille identique. Seuls leurs regards divergeaient. Par politesse et après qu'elle eut fait sa propre analyse, Emily émit un salut interrogateur, plus en direction de son frère que vers l'inconnue. Extérieurement elle gardait son expression neutre mais intérieurement, elle était perdue. Elle ne savait pas qu'il y avait d'autre enfant-vampire ici, à Hanover, depuis le temps elle aurait dû le remarquer ! Ses yeux ambrée se posèrent sur son frère qui fit les présentations. La jeune fille s'appelait donc Mathilda ! Et elle se trouvait avec les Cullen, la nouvelle famille de vampire végétarienne. Encore une fois, un point d'interrogation se forma dans son esprit. Pourquoi n'avait-elle pas des yeux ambré si sa famille était végétarienne ? Un doute stupide s'insinua en elle. Et si Victor cherchait à la remplacer ? Après tout cela faisait plusieurs décennies qu'ils étaient sous le même toit peut-être avait-il besoin de nouvelles têtes étant donné que la sienne ne changerait jamais... Emily s'asséna une gifle mentale. Bon dieu, elle réagissait comme une gamine ! Victor n'était pas comme ça ! Elle fut interrompue dans ses pensées par la prénommée Mathilda qui lui adressait son plus beau sourire en lui disant qu'elle était enchantée de la rencontrer. Malgré elle, Emily ne pu s'empêcher de lui rendre la pareil. Cela faisait du bien de se rendre compte qu'elle n'était pas tout à fait seule... Malheureusement ne s'étant jamais retrouvée dans ce genre de situation, elle ne savait que dire... Victor s'approcha soudainement d'elle pour lui ôter sa veste trempée qu'elle n'avait pas encore retirée tout en leurs proposant de passer à la pièce d'à côté pour discuter, ce qu'Emily approuva d'un signe de tête. Passant une main dans son dos et une dans celle de la jeune Cullen, il les poussa à se diriger vers le salon et lorsqu'elles passèrent la porte, les deux fillettes se frôlèrent ce qui fit trembler Emily. Non, elle n'était pas encore habituée... cela viendrait. Un étrange sentiment était née au fond de son ventre. Une sorte de soulagement qui atténuait un bref instant sa frustration de ne pas pouvoir quitter son corps de pré-adolescente, de ne pouvoir connaître certaine expérience. Elles seraient deux à partager cela. Ce sentiment ressemblait fort à du soulagement. Lorsqu'elles furent assises côte à côte sur le canapé, Victor en face d'elles, Emily qui avait retiré ses chaussures, s'installa confortablement en tailleur. Cette habitude reflétait une attitude plus humaine et elle avait pris l'habitude de l'afficher. Emily était patiente, elle attendait seulement que Mathilda commence. Ce qu'elle fit après quelques secondes de silence qui lui parurent bien plus longues que la normale. Un sourire étira les lèvres de Emily lorsqu'elle écouta la phrase de la jeune fille. En effet, elle n'avait pas été chasser par les Volturis. La génocide lui avait été épargnée et honnêtement, elle avait simplement eu de la chance. Beaucoup de chance. Heureusement que Nathanael c'était occupé d'elle... la jeune Reynolds en aurait tués plus d'un sinon. Elle prit le temps de choisirent ses mots, hésitant à répondre. Après tout, elle ne la connaissait pas, pourquoi prendrait-elle la peine de se confier à elle ? Emily croisa le regard de son frère et se décida à répondre.

« Oui je suis une enfant-vampire, bien que j'abrite sûrement un âge plus avancé que le tiens. Elle fit une pause, un sourire amusé éclairant enfin son visage angélique. C'est vrai qu'elle aurait dû être une vieille femme toute ridée entourée d'une ribambelle de petits-enfants. Cette simple pensée la rendit mélancolique et elle poursuivit ; J'ai simplement eu de la chance, la génocide des enfants-vampires s'est passé avant ma transformation il me semble et j'ai été élevée assez discrètement par mon père, Nathanael. Elle observa la réaction de Mathilda sans réussir à la déchiffrer, ont aurait presque dit qu'elle s'était plongée dans ce qu'elle disait. Il m'a donné la possibilité de vivre plus longtemps que prévu puisqu'à mon époque, un vampire avait décidée d'assouvir sa soif en se gorgeant de mon sang. Il m'a engendré pour que je puisse vivre d'autres expériences et je lui en suis infiniment reconnaissante. Mais dis-moi, comment as-tu réussis toi ? Je n'aurais jamais cru, enfaîte je n'attendais plus, croiser un de mes semblables qui me ressemblent...»

En effet cela la troublait. Elle en avait presque oubliée la présence de Victor pourtant bien présent à côté d'elles. Elle se tourna vers Mathilda affichant enfin la même curiosité qu'elle montrait envers elle depuis qu'elle avait posée les yeux sur les siens.