It's a Beautiful Day, th Sky falls [PV Helden]

« Beautiful Day »

It's a Beautiful Day, th Sky falls [PV Helden] Signjessicastaaaam

The heart is a bloom, shoots up through stony ground.
But there's no room, no space to rent in this town.
You're out of luck and the reason you had to care,
The traffic is stuck and you're not moving anywhere.
You thought you'd found a friend to take you out of this place.
Someone you could lend a hand in return for grace.

It's a beautiful day, the sky falls
And you feel like it's a beautiful day
It's a beautiful day
Don't let it get away
© U2 - Beautiful day

Harmonie.
Les longs doigts blancs d’Isillie couraient sur les touches d’ivoire, insaisissables et gracieux. La mélodie paraissait retentir quelques secondes après ses gestes, rapide et joyeuse. Le vent soufflait à travers la baie vitrée ouverte, caressant la peau de la jeune blonde qui comprenait ses messages. Elle faisait corps avec son élément favori, s’impliquant jusqu’au bout dans la musique. Elle ne pensait même plus à penser, seule comptait la mélodie qu’elle était en train d’improviser. Légère, elle emplissait l’air et la brise la portait au loin, vers la ville et la forêt. Jamais une oreille humaine n’aurait pu entendre le piano, mais n’importe quel loup ou vampire l’aurait clairement perçue. Isi ne jouait pour personne, juste pour son propre coeur. Son don pour la musique ne datait pas d’hier, mais plutôt de ses leçons de clavecin obligatoires et frustrantes quand elle était toute jeune. Elle ne les aimait pas pour la contrainte qu’elle constituaient mais lorsqu’elle fut devenue vampire, le temps qu’elle consacrait à approfondir son apprentissage était énorme. Certes, lire était de loin sa principale activité, mais en jouant elle s’était vite rendue compte que le clavier lui plaisait beaucoup plus lorsqu’elle n’y était pas contrainte. Très vite, elle avait développé un véritable goût pour la musique et savait jouer du piano, un peu de violon et de harpe et taquiner une guitare. Son mépris pour les dernières sorties dites à la mode, autrement dit saturées de platines et autres stupidités, allait croissant et le plaisir matinal qu’elle prenait à inventer une mélodie au fur et à mesure de ses pensées faisait de même. C’était amusant de voir comme tout les problèmes qu’elle ressassait en permanence pouvaient disparaître en jouant. Elle livrait son coeur à la musique, elle s’exprimait par son moyen, et elle se sentait mieux. Bien sûr, tout ce que ses épaules rejetaient maintenant allait lui retomber dessus juste après, mais qu’importe : elle se sentait bien. Et c’était rare...

Un coup de vent lui porta l’odeur sucrée d’un vampire, brisant sa quiétude et ravivant son étrange caractère. Elle s'inquiéta immédiatement de la présence d’un de ses pairs dans les environs. Cela n’arrivait jamais, et pourtant la senteur était bien réelle. Elle était un peu trop loin mais son don faisait le chemin pour elle sans pour autant qu’elle ne puisse la reconnaitre. C’était agréable, doux et sûrement masculin avec cependant une pointe de délicatesse. Sa perception s’arrêtait là, elle avait beau être douée, elle n’était pas une déesse. Vampire était déjà suffisamment difficile. Même ses capacités mentales étaient limitées, à moins que cela ne soit dû à son caractère quelque peu étrange : elle hésitait sur la démarche à suivre. Devait-elle descendre et aller à la rencontre du vampire ou simplement l’ignorer ? Son coeur lui dictait la première solution, bien entendu. Elle était toujours ravie de rencontrer un de ses pairs, et ces moments s’étaient multipliés depuis les quelques mois de son arrivée à Hanover. Ils étaient si inexistants autrefois qu’elle chérissait chacune des secondes passée en la compagnie de quelqu’un. En même temps, il se pouvait que le vampire en contrebas - car il s’agissait sans doute aucun d’un vampire - soit agressif ou dangereux, et risquer sa vie ne lui disait pas grand chose. Elle était une terrible indécise... Une mélodie vint forcer son choix, inconnue et douce comme du velours.Il émanait d’elle une telle confiance qu’Isillie se laissa porter par les notes, incapable de résister au pouvoir charmeur qu’avait sur elle la musique. L’instrument ne pouvait être qu’un violon, parfaitement reconnaissable à ses notes douloureusement longues et mélancoliques. La mélodie n’était pas joyeuse, mais si belle... Le vent la lui portait, doux et puissant. Ses longues boucles blondes s’envolaient à son rythme, s’enroulant autour de son cou blafard comme des rubans de soie déchainés. Sa vue n’était pas la partie la plus développée de son organisme, mais elle pouvait apercevoir le doux scintillement d’une peau de granit juste à l’orée des bois. Il s’agissait d’un vampire mâle aux cheveux pâles comme les siens, qui tenait un violon comme si sa propre vie en dépendait. Du mois, c’est ce que voyait Isi. Son physique subliminal s'effaçait pour faire apparaître une véritable et étonnante personnalité. La musique semblait être le fondement de son existence, et tant de « mélomanie » rendait la belle anglaise curieuse. Le monde n’était désormais fait que de barbares, un peu de délicatesse détonnait. Sans rester plus longtemps perchée à sa fenêtre telle une sombre idiote, elle se précipita au rez-de-chaussé, dévalant les escaliers en deux sauts gracieux et inhumains. Quelles que soient les intentions de l’étrange homme au dehors, elle se devait tout de même d’aller savoir qui il était et ce qu’il faisait sur son terrain. Même si ce n’était qu’une pitoyable excuse...

Elle poussa la porte d’entrée avec empressement et ralentit pour ne pas paraître ce qu’elle était aux yeux de l'inconnu : une vampire égarée et ignare. Les odeurs des fleurs qu’elle cultivait virent chatouiller ses sinus et elle inspira à fond, apaisée. Depuis le temps, elle avait réussi à dompter ses émotions changeantes, ou du moins à les accepter. Elle ignorait s’il s’agissait de sa nature vampirique ou de son caractère, mais ses émotions étaient trop violentes, et cela l’insupportait. Elle était d'ordinaire calme, mais elle perdait ses moyens quand elle allait à la rencontre de quelqu'un. Elle ignorait toujours si elle était malvenue ou bien le contraire, et elle ne voulait surtout pas gêner. C’était pour cette unique et idiote raison que la tricentenaire restait seule avec son don. Tout ce qu’elle faisait était uniquement pour les autres, et le désir de se rebeller naissait en son coeur comme un bourgeon encore timide. Mais cette envie s’épanouissait au fur et à mesure qu’elle réalisait à quel point elle avait été stupide de se renfermer sur elle même, de même qu’elle n’en pouvait plus de subir une nature qu’elle n'avait jamais demandée. Les chemins tortueux de son esprit commençaient à définir plus clairement ce qu’elle ressentait au fond d’elle depuis si longtemps : sa solitude lui pesait, et elle voulait vivre comme bon lui semblait. Normalement.

Fièvre. Ses pensées tourbillonnaient, toujours plus tumultueuses. Elle voulait juste se laisser aller, fermer les yeux et sombrer dans un sommeil réparateur. Elle avait vécu trop longtemps dans le même état physique et moral, tout ce qu’elle désirait lui était refusé. De véritables amis, un compagnon, une vie. Des amis, elle commençait certes à en avoir mais elle se sentait intruse dans leur vie, stupide. Ce sentiment houleux était nouveau, et elle en avait peur. La sûreté de son ancienne vie n'était plus à prouver, et se lancer dans cette abysse profonde qu’était l’inconnu l’effrayait aussi. Jamais elle ne s’était sentie aussi perdue. Devenait-elle folle ? Elle continuait de marcher lentement en direction du vampire sans même sans rendre compte, et elle ne savait plus pourquoi elle avançait. Pour la première, elle était moins pure et blanche...

La musique recommença, encore plus douce à ses oreilles, et l’apaisa une nouvelle fois. Encore un changement d’humeur... Elle s’était avancée inconsciemment vers l’inconnu, qui jouait du violon avec une dextérité impressionnante. On aurait dit que l’instrument était une extension de son bras, tant sa maitrise en était totale. Enhardie par cette vision, elle s’approcha avec lenteur du vampire blond de sa démarche gracieuse et élancée. Un musicien aussi talentueux ne pouvait qu’être quelqu’un de bien... Elle ressassait cette phrase, peu convaincue mais impatiente d’en savoir plus sur le nouveau venu. Il était d’ailleurs étonnant qu’il est atterri dans son jardin, alors que personne n’y avait jamais mis les pieds. Pour ne pas paraître impolie, elle prit la parole afin de se présenter :

Bonjour... Je suis Isillie Hadington, Isi. sans vouloir être effrontée, puis-je savoir votre nom et ce que vous faites chez moi ? J’ai senti votre odeur et je vous ai entendu jouer - ce que vous faites divinement d’ailleurs - donc je suis venue à vitre rencontre. Votre musique a un pouvoir extraordinaire sur moi.

Elle s’était un peu laissé entrainée par ses émotions, mais qu’importe. Cet homme qu’elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve semblait pacifique, et elle n’avait rien à perdre en lui parlant, surtout aussi élogieusement.