Breaking Dawn
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One more sad song [Lucas]

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Maggie Aikens
Maggie Aikens



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One more sad song [Lucas] Vide
MessageSujet: One more sad song [Lucas] One more sad song [Lucas] I_icon_minitimeVen 18 Juin - 17:41

xXx[ One More Sad Song ]xXx
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« Please stay , don't go away
The hardest thing is letting go of you
Stay, don't go away
» • AAR

Après plusieurs jours de recherches, Maggie avait finalement recouvert la trace de Lucas. Il vivait à la Réserve, d'où son père était originaire et allait au lycée du coin. Toutefois, elle n'était pas la seule à trouver son comportement bizarre, ces derniers temps. Tous ceux qu'elle avait pu interroger étaient restés très vagues et ne l'avaient pas vu depuis un petit moment. Les dates coïncidaient, il avait cessé de l'appeler à peu près en même temps qu'il avait cessé de voir les autres. Simple hasard ? Certes, elle savait que sa visite ici le changerait mais n'imaginait pas une seule seconde qu'il pourrait se métamorphoser de la sorte. Voulait-il la rayer de sa vie ? Appartenait-elle au passé, qu'il semblait vouloir oublier ? Où était sa place, dorénavant ? Elle était perdue. Les choses avaient tellement évolué depuis qu'il avait quitté la Californie... Peut-être même trop évolué au goût de la petite blonde. Et, maintenant qu'ils semblaient sortis de leur impasse tous les deux, elle ne désirait qu'une chose : rattraper le temps perdu. Les moments privilégiés qu'il lui accordait avant et leur complicité lui manquaient terriblement. Un vide profond s'était creusé dans son cœur et il paraissait trop dur à combler. Même si elle le revoyait, que pouvait-elle bien lui dire de toute façon ? Ne plus lui donner de nouvelles était probablement volontaire, de quel droit se permettait-elle donc d'intervenir dans sa vie ? Ne lui avait-il pas fait comprendre clairement qu'il ne voulait plus lui parler ? Cette pensée lui serra la poitrine et l'étouffa, comme si une main invisible s'était emparée de son cou et se resserrait avec force. La douleur la faisait suffoquer. Elle faillit même percuter un piéton, qui traversait au moment où elle passait. La peur lui faisait décidément faire n'importe quoi...

C'était la troisième fois qu'elle venait à la Réserve cette semaine, et cette fois-ci, c'était le moment de vérité. Elle mena son véhicule jusqu'à la maison indiquée par les habitants du coin et se gara. Il était même possible qu'il se soit absenté, qu'elle ait paniqué à l'idée de le revoir avant même d'être vraiment sûre de le recroiser. Néanmoins, les lumières aux fenêtres laissaient croire qu'il y avait quelqu'un. Encore fallait-il qu'elle ne se soit pas trompée de maison – les maisons d'ici étaient tellement similaires. Le petit toit de chaume et les murs en bois amenaient à la bâtisse une impression de chaleur et de familiarité qu'elle aimait beaucoup. Mais elle ne se sentirait pas chez elle s'il n'était pas là. Rejetant sa frange en arrière pour se dégager le visage, elle regarda son reflet dans le rétroviseur une dernière fois avant de descendre de sa voiture. Ses yeux, maquillés de manière assez sombre contrastaient avec ses cheveux clairs, attachés en une queue de cheval. Lorsqu'elle ouvrit sa portière, le froid la gifla et s'empara de ses joues qui devinrent rapidement rosées. Fidèle à ses origines, elle s'était habillée de façon légère et ne paraissait pas plus apprêtée que d'habitude. Elle avait tout de même fait l'effort de s'emmitoufler dans son Sweat noir et avait mis un pantalon à carreaux à la fois large et long, en tissus, qui faisait des plis au niveau de ses baskets. Elle avait toujours son petit air grunge et désinvolte, qui se manifestait également par les bracelets noirs en cuir que ses manches remontées laissaient entrevoir. Sa peau frissonna au contact du vent et elle s'empressa de marcher jusqu'à la porte. Son cœur battait très fort et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle qui croyait que leur malheur avait enfin pris fin, il ne faisait en réalité que commencer.

Nerveuse, elle ne frappa pas tout de suite et se passa différents scénarios dans la tête. En plus, elle ne savait pas quoi lui dire, ni comment le saluer. Un bonjour franc et massif aurait été trop impersonnel, et une accolade trop déplacée pour ce contexte. Encore fallait-il qu'il la reconnaisse... Était-il possible qu'il ait oublié son visage ? N'avait-elle pas été sa meilleure amie ? Elle commençait à douter. Déjà, il fallait qu'il daigne ouvrir la porte. Et ensuite, elle verrait bien. Pourquoi se mettait-elle dans un état comme ça ? Ce n'était que Lucas... non ?

D'une main tremblante, elle donna des petits coups sur la porte en bois et attendit qu'il se passe quelque chose. Elle ignorait ce qui l'attendait mais, honnêtement, ne voulait pas le savoir. Des bruits émanèrent de l'intérieur et sa gorge se noua davantage. Elle ignorait même si elle serait capable de parler alors que pourtant, une bonne discussion s'imposait. Il n'y échapperait pas, c'était sûr. Et elle avait tellement de questions à lui poser. La première concernait son père. Et le reste concernait sa vie ici. Elle ne savait rien des vampires ni même des loups. L'idée que de telles créatures puissent exister lui était étrangère, même si elle vivait chez l'une d'entre elles. Et la notion de meute ou de transformation ne lui disait absolument rien. Tout ça, c'était l'univers de Lucas, pas le sien. Elle, ce n'était qu'une humaine. Une fragile et molle humaine. Inconsciemment, un poids pour lui. Surtout en la sachant en contact permanent avec un vampire. Y avait-il plus dangereux que vivre avec un buveur de sang ?

Alors qu'elle s'apprêtait à repartir, déçue que sa quête n'ait menée à rien – personne ne semblait vouloir ouvrir – la poignée de la porte pivota. Une ombre de taille imposante se dessinait au fur et à mesure dans l'entrebâillement. Dos à la maison, Maggie eût à peine le temps de se retourner pour faire face au jeune homme qui lui avait ouvert. Lucas. Il était toujours le même mais avait en même temps tellement changé. Il avait encore grandi et avait visiblement gagné en muscle. Était-il devenu la nouvelle superstar du catch du coin, ou quoi ? Le regard de la petite Californienne – qui paraissait encore plus petite qu'avant – trahissait sa surprise et elle fit un pas en avant sans pour autant venir vers lui.

« Lu... Lucas, c'est bien toi ? » balbutia-t-elle d'une voix incertaine et émue.

Elle l'avait attendu pendant si longtemps qu'elle ne put rajouter autre chose. Il paraissait vraiment transformé, comme si quelqu'un l'avait kidnappé et cloné pour le remplacer par un double maléfique. Un air incrédule sur le visage, il se tenait de toute sa masse sur le seuil de sa maison. Maggie se sentait déstabilisée par la nouvelle mine de son ami. Mais lui, que ressentait-il ? Était-il seulement content de la voir ? Lui avait-elle manqué ?

« Je peux entrer ? » supplia-t-elle dans un murmure presque imperceptible.

Sa voix avait quelques ratés et se brisa sur la fin des mots. Ses pupilles vertes, foncées par le mauvais temps, scrutèrent le visage indéchiffrable de Lucas avant de se poser sur l'entrée. Elle attendait un quelconque signe de sa part. Encourageant comme décourageant. Il fallait juste qu'il dise ou fasse quelque chose. C'est tout ce qu'elle demandait. Ce silence était insupportable et elle se sentait si loin de lui, comme s'ils avaient vécu à des années lumières pendant ces quelques mois. Cependant, un point positif était à noter. Il était vivant. Car, malgré les changements physiques et moraux qui étaient apparemment survenus chez lui, il paraissait en bonne santé. Sous le coup du stress, et par désespoir, elle s'était d'abord imaginé divers catastrophes. C'est pourquoi elle fut soulagée de le voir en un seul morceau...

Elle aurait voulu commencer à le bombarder de questions mais s'abstint. Comment allait-il ? Avait-il vu son père ? Et toutes ces choses qui assaillaient sa tête, prête à exploser... Elle fit un nouveau pas en avant et tendit sa main, dans l'espoir qu'il la prenne. Elle avait fait son maximum, avait pris sur elle pour faire le premier pas. Que pouvait-elle faire de plus ? En avait-elle déjà fait trop ?
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Lucas Stevenson
Lucas Stevenson
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MessageSujet: Re: One more sad song [Lucas] One more sad song [Lucas] I_icon_minitimeDim 27 Juin - 2:05

Les jours se suivaient sans fin, dans un cycle bouclé que rien ne venait rompre. Aucun évènement particulier ne venait plus s'offrir à lui faire office de repère chronologique. Il lui semblait qu'un temps bien plus long s'était écoulé depuis son arrivée dans le New Hampshire, six mois plus tôt. Lucas avait commencé à perdre cette notion, dès l'instant où son père était mort. Lorsqu'il l'avait vu s'écrouler sous la masse de ces immondes créatures, il avait su que son existence aussi insignifiante soit-elle aux yeux de l'Éternel, ne serait plus jamais la même. La nuit même, il avait reçu le digne héritage de son père, ce fameux gène qu'il aurait mieux valu pour lui qu'il ne possède pas, s'étant activé. Cela faisait donc plus d'un mois qu'il se noyait la bouche grande ouverte dans cet océan de misère sociale, et morale. Sociale, parce qu'il ne voyait quasiment plus personne. Il n'appelait plus personne. Même Magena, sa meilleure amie depuis les temps de Riverside. Même elle, la personne avec qui il avait partagé pensées et rêves, ne recevait plus rien de la part du jeune homme. L'orphelin de père ne sortait que pour la meute désormais. C'était son unique raison de rester ici. Et il ne fréquentait plus que ses frères et sœurs canins, délaissant son emploi à Hanover. Moralement parce que le jeune loup ne supportait plus ses propres humeurs. La rancune, la colère. Cette dernière était constamment présente, compagne fidèle, dont il ne pouvait tout simplement pas se débarrasser. Elle était là, tapie au creux de son estomac, prête à investir son système nerveux et à déclencher ces incendies devenus si familiers.

Ce jour-là, le jeune homme avait rompu ses habitudes. Pratiquant sans remords l'école buissonnière, il avait conservé une forme humaine, afin de se rendre au garage de la Réserve, qu'il avait complètement laisser de côté. D'après Paco, celui qui représentait pour lui une sorte de mentor, il devait reprendre goût aux choses simples. Et ne pas se laisser sombrer dans un gouffre qu'il se serait lui-même creuser. Il devait reprendre les activités qui naguère lui tenaient à cœur. Bien que cela ne soit pas pari gagné, Luke faisait son possible. Il y avait deux personnes ici, qu'il tenait à ne pas décevoir. Et il s'y appliquait, sous leurs bons conseils. Son ex-patron l'accueillit avec quelques tapes dans le dos. Bien entendu, l'histoire comme quoi Rowtag Clearlake aurait été agressé par des bêtes sauvages, avait fait le tour. Darshan était un homme compréhensif, et assurément plein de compassion. Il reprit l'adolescent à son service, à l'unique condition que celui-ci ne se ménage pas trop. Lucas passa son après-midi sous les voitures à re-découvrir sa passion pour la mécanique, qu'il avait cru loin derrière lui. Lorsque la nuit commença à poindre, Lucas quitta l'endroit, pour enfin rentrer chez lui. Il se dispensa d'une visite à l'épicerie des Kimama. Il était conscient que la tante de Sora avait besoin de repos et ne souhaitait pas les déranger toutes les deux, avec une visite sans but, à l'improviste. De plus, il était complètement lessivé. La fatigue était souvent une de ses partenaires ces derniers temps. Ses nuits étant tellement agitées, et courtes... Le moment de s'apaiser venu, il sombrait presque immédiatement dans les bras de Morphée, au pays des songes insaisissables.

Arrivé chez lui, le jeune homme referma la porte derrière lui à l'aide de son pied, et sans prendre la peine de verrouiller la serrure, s'avança dans son salon, désert. Il se délesta de sa veste qu'il envoya choir sur une chaise au milieu de la pièce avant de se laisser lourdement tomber sur le canapé. Il laissa durant quelques instants sa nuque s'aplatir contre le coussin en soupirant d'aise, lorsqu'il sentit ses muscles se détendre légèrement. Il se passa une main sur le visage, avant d'ébouriffer ses cheveux en arrière. Ces derniers avaient poussés à une vitesse folle durant le dernier mois. Encore un changement occasionné par sa transformation. Il était plus que dérangeant d'avoir les cheveux longs sous forme canine, du fait que les poils le sont tout autant. Certes, aujourd'hui ils étaient plus courts que lorsqu'il avait quitté la Californie, mais il faudrait qu'il songe à reprendre une paire de ciseaux à l'occasion. Le jeune homme clos ses paupières quelques secondes, s'isolant de toute communication avec ses capacités sensorielles, et tenta de se laisser flotter, dans cet état de légèreté, que tous le monde se plaît à rejoindre lors des mauvaises passes.

Cependant, quelques trois coups secs portés à sa porte d'entrée le tirèrent de son assoupissement, et Luke ouvrit les yeux soudainement. Son regard se porta sur l'entrée, et il fronça les sourcils. Qui pouvait bien lui rendre visite à une heure pareille ? Peut-être Paco, venu le rabrouer pour son absence journalière au lycée ? Mais son odorat lui porta une identité toute autre. Surprenante. Lucas quitta le sofa pour traverser la pièce. Sur le point d'ouvrir, il s'arrêta dans son élan pour jauger son état vestimentaire. Un jean délavé, un débardeur dans un état misérable. Certainement qu'Elle avait vu pire chez eux, mais ... Haussant finalement les épaules, Lucas actionna la poignée et ouvrit le battant sur Maggie. Les traits tirés du jeune loup se détendirent imperceptiblement et quelque chose en lui céda, si bien qu'il fut incapable d'émettre le moindre son, à l'instant propice. Elle se tenait là, devant lui, au beau milieu du New Hampshire. Elle avait quelque chose de changer, comme si une nouvelle beauté l'avait couverte, chassant celle qu'il conservait dans ses souvenirs. Elle respirait tout simplement la vitalité. À côté, il ressemblait certainement à un type maladif. La voix balbutiante, la jeune femme lui demanda inutilement si c'était bien lui. Les sourcils de l'indien se froncèrent. Avait-il autant changer, au point que sa meilleure amie d'enfance ne le reconnaisse plus avec assurance ? Le jeune homme finit par acquiescer doucement et ses épaules se relâchèrent. Maggie lui demanda si elle pouvait entrer. Cette dernière question, la plus banale qu'il ait eu l'occasion d'entendre depuis si longtemps, lui fit marquer une pause de quelques secondes. « Bien sûr » finit-il par lui répondre. Il s'effaça de l'encadrement de la porte pour qu'elle puisse pénétrer chez lui. Lorsqu'elle fut entrée, il claqua la porte derrière lui. « Désolé pour le désordre » déclara t'il en indiquant d'un mouvement de menton les piles de linges sur le sol dans un coin de la pièce « Je ne m'attendais pas vraiment à recevoir quelqu'un. Pourquoi es-tu ici Maggie ? » finit-il par l'interroger. À ne pas se méprendre, la visite de son amie le rendait d'une certaine manière "heureux", bien qu'étant dans l'incapacité de le lui montrer. Elle était là pour lui, certainement. Mais comment avait-elle pu quitter la Californie ? Il ne souhaitait pas la voir ici. Ou du moins, pas en étant conscient désormais, des créatures assoiffées de sang qui règnent à Hanover. À travers ses pupilles sombres, le jeune homme sonda les iris azuré de son amie, un masque impassible posé sur ses traits durs...


Dernière édition par Lucas Stevenson le Mar 20 Juil - 14:06, édité 1 fois
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Maggie Aikens
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MessageSujet: Re: One more sad song [Lucas] One more sad song [Lucas] I_icon_minitimeMar 6 Juil - 0:37

Peut-être que Maggie avait trop espéré. Se tenir debout, devant lui, à Hanover, l'avait visiblement perturbé. Elle pouvait très bien ne pas en être la cause, mais elle devait y être pour quelque chose tout de même. Cette pensée lui faisait mal. Avant, ils étaient une bouffée d'air frais l'un pour l'autre. Aujourd'hui, qu'étaient-ils ? Elle n'en savait même rien. Leur lien d'antan n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été et ils ne ressemblaient plus à rien. Si cela s'était passé il y a plusieurs mois, aucun d'eux n'auraient réagi comme ils l'avaient fait. Maggie réalisa à quel point les choses avaient changées depuis cette époque. Il lui parut que les quelques mois qui étaient passés s'étaient avérés être une éternité. Lucas, qui accueillit sa meilleure amie avec une banalité déconcertante, était méconnaissable. Même ses traits, jadis plus enfantins et décontracté, étaient devenus sérieux et épuisés. Qu'était-il arrivé au jeune homme que Maggie avait tant aimé ? Qu'était-il arrivé à son fidèle ami d'enfance ? Il paraissait fatigué, comme si son travail relevait de l'esclavagisme. Elle ne venait apparemment pas au bon moment. Mais, quand serait-ce si ce n'était pas aujourd'hui ? Au moins, même s'il avait mis du temps à ouvrir, il l'avait fait et était là. Bien qu'on eût dit qu'il eût subi un lavage de cerveau, il était en vie et c'était l'essentiel. Le voir si lointain et renfermé blessa la petite blonde, dont la présence n'avait lieu d'être que pour lui. Mais elle ne laissa rien paraître et se contenta de le regarder. Il paraissait avoir tant vieilli, comme si le souci de sa nouvelle vie l'avait rendu plus mature. Sa première question fut stupide, évidemment que c'était lui. Elle se sentit bête de le demander sans toutefois parvenir à regretter de l'avoir fait. Son évolution était si flagrante qu'elle s'était sentie obligée de le faire. Il acquiesça sans rien ajouter, restant silencieux et l'observant. Elle aussi, était différente. Sa vie était plutôt belle, maintenant. Elle avait tout ce qu'elle avait rêvé d'avoir et cela se voyait à son visage, pétillant de dynamisme et bonne humeur. Et même si le contexte était inapproprié, une forte envie de lui dire qu'elle avait réussi l'envahissait. La distance soudaine qu'il mettait entre eux la poussait davantage à tout faire pour qu'il soit content pour elle ou pour qu'il se soucie d'elle. Peu importe qu'il la réprimande pour ceci ou cela, ou même qu'il se mette en colère, elle voulait garder la valeur qu'elle avait eu à ses yeux.

Quelques minutes s'écoulèrent et elle demanda à entrer. Le froid ne semblait pas l'atteindre, lui. Elle, en revanche, frissonnait et sa bouche frémissait. Était-ce dû au froid ou à la nervosité qui l'animait, elle n'en savait rien. La réponse se fit attendre un peu, il paraissait réfléchir. Ne voulait-il pas qu'elle entre dans son nouveau chez lui ? Lui cachait-il quelque chose ? Il finit par accepter et par l'inviter à pénétrer dans sa maison. Se poussant pour lui céder le passage, il s'excusa du désordre. Des vêtements traînassaient par terre et les pièces manquaient un peu de rangement. D'une certaine façon, elle s'y attendait. Et elle se doutait que lui ne s'y attendait pas. Elle hocha la tête avec un sourire crispé pour indiquer que ce n'était rien, que ça n'avait aucune importance. Non, il y avait pire dans la vie qu'un t-shirt roulé en boule dans un coin de la maison. Mais son côté ordonné était tenté de succomber à la manie du nettoyage. Néanmoins, elle n'était pas là pour ça. Elle s'assit avec aise et quitta l'émotion qui l'avait submergée peu de temps avant. Quel âge avait-elle, au juste ? Dix-huit ans ? Elle avait passé l'époque où elle se mettait à pleurer en suppliant le ciel pour que tout redevienne comme avant. C'était une adulte désormais et il fallait qu'elle agisse comme tel. Et Lucas n'était que Lucas, se répétait-elle mentalement. Il n'y avait donc aucune raison d'être triste ou nerveuse, non ? Ce n'était que Lucas, dit-elle une énième fois, le Lucas qu'elle connaissait depuis des années... Ce même Lucas qui se montrait à elle avec une tenue négligée. Il avait été mieux, d'un point de vestimentaire, mais elle avait déjà vu pire. Son père portant ses chemises deux semaines consécutives, plus rien ne l'effrayait. Le silence s'installa. Un silence gêné et rongé par la curiosité. Intimidée, elle se mordilla la lèvre inférieur alors que Lucas s'approchait d'elle. Il rompit le silence avec précipitation et vint droit au but. Pourquoi était-elle ici, que faisait-elle là ? Il ajouta qu'il ne s'attendait pas vraiment à recevoir quelqu'un, elle s'en était douté. Prolongeant ce silence qui parut interminable, elle regarda par la fenêtre. On y voyait l'entrée d'un garage, elle en déduisit qu'il n'avait pas perdu son goût pour la mécanique. Aurait-elle été crédible si elle était repartie en direction de la porte et si elle avait retoqué une nouvelle fois pour apparaître comme une fleur et demander s'il pouvait redonné un coup de neuf à sa vieille cadillac ? Car à présent, la situation était pesante, elle craignait que ses raisons soient prises avec colère par Lucas. Il n'avait visiblement envie de voir personne, ça ne semblait pas la concerner elle uniquement et l'excès de sociabilité de Maggie ne correspondait absolument pas avec celui de Lucas qui se murait inconsciemment dans un excès de solitude. Pourquoi était-il devenu ainsi ? Bien que la vie à Riverside était vraiment laide et déprimante, elle commençait presque à regretter qu'il soit parti.

Il avait gardé sa franchise et elle décida d'en faire de même. Ses explications ne seraient peut-être pas bien vues par son ami mais elle se risqua à dire la vérité. Toute la vérité. Le silence ambiant était désagréable et elle voulait le meubler du mieux qu'elle put. Et puisque Lucas n'avait pas l'air décidé à l'y aider, elle démarra son récit toute seule.

« Quand tu es parti j'ai été virée de la supérette où bossait ta mère. Et en passant... elle... elle te salue. » entama-t-elle d'une voix basse et mal-à-l'aise.

La dernière fois qu'elle avait vu la mère de Lucas, c'était au magasin. Cette dernière travaillait tandis que Maggie achetait de la nourriture. Mrs Stevenson avait la mine détruite par le stress que son compagnon lui causait et, même si elle ne voulait pas l'admettre, son fils lui manquait. Il ne fallait pas être devin pour savoir que le renvoi de Lucas était en parti la cause de son ivrogne de beau-père. Ce dernier résidant presque perpétuellement chez le père de Maggie, les visites chez la délaissée Mrs Stevenson s'étaient multipliées jusqu'à être complètement rompues. Shawn, sur un coup de tête, avait interdit à sa femme de revoir Maggie, qui selon lui avait une mauvaise influence sur elle. Rien que d'y penser, la petite Californienne bouillait de rage. Mais que pouvait-elle y faire ? La mère de Lucas s'était elle-même faite prisonnière de ce type, ce n'était pas faute d'avoir le choix... Mais c'est bien connu, les gens font toujours le mauvais, pas vrai ? Elle essaya de sonder le visage impassible et froid du jeune homme. Il avait l'air de n'avoir aucune réaction en entendant parler de sa mère. Les questions sur son père, qui se succédaient dans l'esprit de Maggie seraient peut-être plus fructueuses...

« Alors j'ai enchaîné les petits boulots. Et j'ai commencé à jouer dans le petit club du centre ville. Des agents m'ont contactée et l'un d'entre eux avait des affaires à régler à Hanover avant de commencer ma promo'. Comme tu ne répondais plus à mes coups de fil et que je n'avais plus de nouvelles de toi, je l'ai suivi... pour essayer de savoir si tu étais toujours en vie et... » relata-t-elle en passant la fin sous silence, la jugeant inutile.

En effet, il était vain de rajouter « et je me suis retrouvée devant ta porte ». Et lui avouer qu'elle était là depuis une petite semaine, à le chercher avec hargne, tout en logeant chez une inconnue – qui en plus s'avérait être une vampire – n'apparaissait pas, à vue d'œil, comme la meilleure des idées qu'elle ait eu. Finalement, elle avait beau avoir été franche, elle préféra dissimuler une partie de la vérité. Ne pouvant réfréner sa curiosité, elle voulut poser clairement sa question, elle-aussi. Avec détermination, elle le regarda dans les yeux et son ton fut même courroucé sur quelques notes. Non pas qu'elle soit en colère qu'il ne l'ait pas contactée mais plutôt déçue qu'il n'ait pas songé à l'inquiétude qui l'avait gagnée durant ces mois de silence. Il avait l'air occupé ici, elle le voyait bien. Mais était-ce une raison valable pour être à la limite de passer pour mort ? Même les gens d'ici le disaient, il avait disparu. Comment voulait-il qu'elle dorme tranquille avec cette pensée sur la conscience ? Les sourcils froncés de Lucas l'avaient vexée, ainsi que le ton las sur lequel il avait déblatéré sa phrase. Elle se permit donc de froncer les sourcils, à son tour, et d'exprimer un air accusateur.

« Que t'est-il arrivé ? Pourquoi tu as décidé de couper les ponts comme ça, d'un coup, sans prévenir ? Je me demandais même si tu t'étais pas fait descendre... Ça a un rapport avec ton père ? Tu l'as retrouvé ? » interrogea-t-elle avec un ton impitoyable. Elle s'était battue avec rage pour des explications et elle ne pouvait plus attendre et laisser le silence s'installer une nouvelle fois. Elle voulait savoir. Il fallait qu'elle sache. Depuis quand Lucas avait-il des secrets pour elle ?
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Lucas Stevenson
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One more sad song [Lucas] Vide
MessageSujet: Re: One more sad song [Lucas] One more sad song [Lucas] I_icon_minitimeMar 20 Juil - 14:04

Il fallait être franc, et avouer que l'apparition soudaine et imprévisible de Magena sur le pas de sa porte, le prenait de court. Pourquoi était-elle là ? Pourquoi ne l'avait-elle pas prévenu avant de venir ? Il songea avec amertume, que même si elle l'avait fait, il n'aurait certainement pas vérifier les messages de son répondeur. Il ne consultait même plus les nouvelles de son téléphone mobile. Et d'ailleurs, dieu seul sait où ce dernier avait disparu. Il ne voulait pas qu'elle soit là près de lui. Bien entendu, c'était une sorte de soulagement qu'il avait de la voir, car elle était l'unique personne qui pouvait le rattacher à son passé à Riverside, presque la seule à pouvoir le tirer de la tombe dépressive qu'il se creusait de jour en jour. Mais il ne désirait pas qu'elle soit ici. Parce que malgré le fait que Lucas ait l'air de ne plus se soucier de rien, ce n'était pas le cas. Maggie était l'une des personnes les plus importantes de sa vie. Et ces mots n'étaient en rien exagérés. C'était avec elle qu'il passait les soirs où leurs pères avaient bu quelques verres de trop, c'est avec elle qu'il s'amusait à chanter des classiques, c'est avec elle qu'il sortait afin de s'évader pour quelques heures de l'ambiance malsaine de leurs chez eux. C'est elle qui lui avait toujours tenu la main. Et il ne l'avait jamais oublié. Il s'était seulement égaré lorsqu'il avait fini par être seul sur le chemin. Mais Maggie était là désormais. Une part de lui qu'il jugeait égoïste aurait souhaité qu'elle reste. Mais Maggie, comme je vous l'ait déjà dit est importante. Elle ne doit pas rester dans le New Hampshire. C'était bien trop dangereux et il ne supporterai pas qu'il lui arrive des malheurs.

Lucas finit par lui demander les raisons de sa visite, bien qu'il se douta déjà de sa réponse. Depuis la mise en pièces de son père, Lucas avait complètement ignoré ses messages inquiets et s'était coupé de tout ce qui n'appartenait pas à la Réserve Winnipesaukee. Il s'était isolé d'elle en quelques sortes. Toutefois, il n'aurait jamais imaginé qu'elle se déplace jusqu'ici, en traversant la moitié du pays pour lui. D'ailleurs, elle n'en avait pas les moyens. Les sourcils de Lucas se plissèrent. Il s'assit sur une chaise face au canapé dans lequel la jeune femme s'était installée et attendit des réponses. Lorsque Magena évoqua sa mère, les traits de Lucas se détendirent et sa bouche s'entrouvrit légèrement. Perturbé par l'invocation du souvenir de sa mère, Luke resta muet quelques instants. C'était elle, qui l'avait jeté de son foyer l'année précédente. Et elle le saluait ? les mâchoires désormais serrées; la gorge nouée, il ne commenta pas. Il savait parfaitement que c'était Shawn qui avait influencé sa mère dans son choix de le faire quitter la maison. Il n'en voulait qu'à lui. Elle, elle lui manquait cruellement. Mais il ne se sentait pas assez bien moralement pour ne serais-ce que tenter de l'appeler afin de prendre des nouvelles.

La jeune femme lui apprit qu'après avoir été renvoyée de la superette, elle avait enchaîné les petits jobs, sans valeur. Et finalement, elle avait été repéré par quelqu'un lorsqu'elle jouait dans un club. Et de fil en aiguille, elle avait pu se retrouver à Hanover. Le visage du jeune homme s'éclaircit légèrement. Depuis qu'ils étaient petits, Magena était tout comme lui passionnée de musique. Et si lui ne désirait pas en faire une profession, elle, avait le potentiel pour devenir une véritable artiste. « Je suis vraiment content pour toi Maggie » déclara t'il après un léger silence. Il n'avait pas franchement l'air de ressentir de la joie, mais c'était le cas. Maggie, après une enfance passé dans l'ombre, pouvait enfin décoller et gérer sa vie sans entrave. Très soudainement, Luke se tendit presque imperceptiblement. Ses narines se dilatèrent légèrement et ses traits se firent durs. Une odeur aisément repérable par ses sens olfactifs sur développés et très facilement identifiable par sa puanteur. Une odeur de sang-froid. Son comportement semblait certainement étrange, mais la jeune femme pourrait sans difficulté l'associer à la question qu'elle venait de poser. Les yeux fixes, Luke comprit que l'odeur venait d'elle. De toute manière, elle ne pouvait venir que de la jeune femme. Aucun vampire ne circulait dans la Réserve. Cela voulait-il dire qu'elle fréquentait un sang-froid sans en être consciente ? Évidemment qu'elle n'en était pas consciente, sinon elle aurait fui à toutes jambes, réaction parfaitement naturelle dictée par son instinct de survie. Il décida de ne rien dire, et son silence passa pour une réflexion renfrognée aux dernières interrogations de la jeune femme.

Magena l'interrogeait sur son père. Oui, il ne lui en avait pas parlé. Tout c'était enchaîné si rapidement. Un silence s'imposa durant lequel Lucas chercha à ne pas croiser le regard de son amie. Il baissa les yeux sur la paume de ses mains. Le cœur gonflé et la gorge obstruée par des sentiments refaisant surface, Lucas détourna les yeux sur un point quelques parts au-delà de la jeune femme, sur la gauche. « Il est mort, assassiné » lâcha t'il sombrement, sans prendre la peine de faire un détour. Il n'avait ni l'envie, ni la force mentale pour prendre des pincettes. Avec frustration, il sentit le coin de ses yeux s'humidifier et il leva les yeux vers le plafond afin de contenir ses larmes. Il finit par se lever et se détourner d'elle, afin de les dissimulées, et s'essuya les paupières d'un revers de manche.

« Tu ne devrais pas être là Maggie. Quitte Hanover. Ce n'est pas un endroit très ... sain. » déclara t'il d'une voix sourde.
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Maggie Aikens
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MessageSujet: Re: One more sad song [Lucas] One more sad song [Lucas] I_icon_minitimeDim 25 Juil - 3:30

On dit souvent « loin des yeux, loin du cœur », ce proverbe était-il vrai ? Bien entendu, le contexte avait un rôle important dans cette question mais, à en juger par la mine incrédule de Lucas, la réponse était oui. Qu'il soit surpris était une chose, qu'il ait l'air contrarié en était une autre. Une pointe de joie, était-ce trop demandé ? Après le chemin et les obstacles qu'elle avait franchi, un minimum d'enthousiasme aurait été le bienvenue. Cependant, elle savait qu'il ne serait pas rayonnant de bonheur. S'il avait cessé de voir les gens, c'est qu'il avait un problème ou que quelque chose avait changé. Si ça n'avait pas été le cas, elle n'aurait pas été là, ce qui l'empêchait donc de lui en vouloir pour ne pas être ravi par sa venue. En revanche, elle pouvait lui en vouloir de n'avoir rien dit, d'avoir fait semblant de ne plus exister. Était-ce elle qu'il voulait évincer ? C'est la question qui la tourmentait le plus. La simple pensée qu'elle était la chose qu'il fuyait l'effrayait. Une adolescente de la Réserve lui avait annoncé la mort de Rowtag, ce qui expliquait l'état dans lequel Lucas se trouvait. Cependant, elle n'aurait jamais imaginé qu'il se serait éloigné d'elle comme cela. Voir qu'elle avait la même importance que « les autres » pour lui la blessait profondément. Avant, il lui aurait expliqué, lui aurait confié ses états d'âme dans la mesure du possible – assez pour qu'elle soit au courant mais pas trop pour qu'elle ne panique pas. Les choses avaient décidément bien changé depuis cette époque.

Installée sur le canapé, elle fixait le mur de bois qui se trouvait devant elle. Elle avait beau avoir lancé quelques regards à son ami auparavant, elle n'osait plus le toiser davantage. Il vint droit au but tandis qu'elle détaillait l'habitat. Expliquant la raison de sa présence ici, elle retira son pull et se mit plus à l'aise. Il faisait chaud dans la maison, contrastant avec le fraîcheur du dehors, et elle profita de la température pour attacher ses cheveux tandis qu'elle parlait. Elle agissait comme si tout était comme avant et s'enfouit dans le sofa, confortablement. Bien que son ton disait le contraire, elle essayait d'afficher une certaine décontraction, réfuté par ses sourcils froncés. Son débardeur blanc découvrait des bras et un cou bronzés, qui témoignaient du fait qu'elle n'était là depuis très longtemps, et qu'elle avait quitté un beau soleil en partant. Le ciel cendré du New Hampshire reflétait l'atmosphère et Maggie ne manqua pas de regarder la neige fondue par la fenêtre, avec un ton plein de regret et d'amertume. Après un certain moment, elle le dévisagea de nouveau. Ce n'était pas rare de constater des changements dans notre entourage mais la nouvelle apparence – et le nouveau caractère – de son meilleur ami la choquait. Combien de kilos de muscles avait-il pris, au juste ? La mine détruite, il arborait tout de même un corps bien entretenu et épaissi, comme travaillé chaque jour un peu plus intensément. Il ressemblait presque aux « hommes » qui se battaient durant les matchs de catch le samedi soir, à la télé. Ces mêmes hommes dont, quelques mois plus tôt, ils se moquaient ensemble autour d'un verre de soda et de pop-corn.

Lorsque Maggie mentionna la mère de Lucas, ce dernier ne changea presque pas d'expression, même si elle décela une légère tension. Il semblait beaucoup moins apte à exprimer ses émotions qu'avant et elle le lui reprochait avec acidité, habituée à être le journal ouvert du jeune homme. Leur relation régressait. Évidemment, il ne lui avait jamais tout dit de sa vie, il avait son jardin secret, comme tout le monde, mais pas au point de lui cacher que son père avait été assassiné et qu'il s'était coupé du monde. Cette dernière constatation était la pire. Elle qui revoyait si facilement le souvenir d'un jeune homme plutôt serein, malgré sa condition, ne pouvait se résoudre à accepter ce zombi qui se tenait devant elle, le visage sans vie. Une fois qu'elle eût terminé son récit, il s'exclama qu'il était content pour elle. Cette remarque ne convainquit pas la petite blonde, trouvant son intonation trop peu spontanée et assez hypocrite pour être vraie. Peut-être était-ce le cas, peut-être était-il vraiment heureux qu'elle s'en soit sortie aussi, cependant il ne renvoyait absolument pas cette impression. On aurait même dit qu'il se fichait d'elle, qu'il disait cela avec ironie. Vexée, elle détourna une énième fois ses yeux pour s'attarder sur les vêtements étalés un peu partout. Quelque chose ne lui échappa pas, même si son regard était tourné dans une toute autre direction, comme clignotant en fluo. Lucas trahît l'impression de se concentrer sur quelque chose et respira fort son odeur, comme s'il y découvrait quelque chose. Elle réfléchit un instant et pencha sa tête vers son cou, sur lequel elle avait mis plusieurs gouttes de parfum le matin-même. Il sentait le bonbon, la barbe à papa. Bien que sucré, elle ne le trouvait pas écœurant et prit même plaisir à en sentir la fragrance. Elle avait ce parfum depuis des années – faute de moyens, elle ne pouvait pas en changer si facilement – et Lucas l'avait bien connu. Quelques fois, lorsqu'elle dormait à la maison, elle laissait son arôme sur les affaires du jeune homme et elle la retrouvait en revenant quelques jours après, pour lui rendre visite. La réaction de Lucas était donc injustifiée... Elle songea encore un peu, repassant sa journée en un genre de film mental dont elle était la vedette, se rappelant qu'elle avait pris une douche – il était donc peu probable qu'elle sente mauvais, s'était parfumée et avait étreint Isillie avant de partir. L'odeur de cette dernière lui paraissant succulente, elle ne pouvait pas concevoir que quelqu'un ne puisse pas l'aimer. Mais c'était peut-être le cas de son ami, qui paraissait encore plus en colère. Il avait trouvé quelque chose qui lui déplaisait mais Maggie ignorait quoi et cela l'agaçait.

Répondant à toutes les interrogations de sa meilleure amie, Lucas expliqua que son père était mort – chose que Maggie savait mais qu'elle n'avoua pas. Il se serait sûrement demandé pourquoi elle avait posé la question si elle était au courant, néanmoins ce n'était pas si facile que ça. Elle voulait qu'il le lui dise de lui-même, qu'il lui raconte de sa propre initiative – même si c'est elle qui lui avait demandé. S'il lui avait menti, elle l'aurait su et aurait compris qu'il ne voulait pas se confier à elle. Ce n'était pas le cas car, même s'il parlait avec un ton distant et froid, inamical, il avait révélé la vérité et cela signifiait déjà beaucoup pour elle. « Je suis désolée » murmura-t-elle gravement. Elle le pensait sincèrement. Le jeune homme avait eu tant d'espoir de recommencer une vie nouvelle avec cet homme qu'il idéalisait que voir son rêve s'effondrer anéantissait Maggie. Elle se redressa du canapé et s'approcha de lui, pour l'étreindre, en signe de soutien mais s'arrêta brusquement. Ne pouvant aller plus loin, elle posa la main qu'elle venait de lever et baissa ses yeux, bleu grisâtres. Il paraissait si triste qu'elle eût envie de pleurer avec lui mais se retint, ne masquant pas les larmes qui s'agglutinaient. Lui-aussi voyait sa vue s'humidifier et se détourna d'elle pour ne pas montrer sa peine. Son réflexe était normal, et elle ne lui en voulut pas pour cela – il avait honte de pleurer devant elle. Il ne voulait certainement pas qu'elle le voit ainsi, ce qui expliquait probablement la raison pour laquelle il s'était barricadé ici.

Après un moment de silence, il lui intima de partir de la ville et de ne pas revenir. Selon lui, ce lieu était néfaste. Elle secoua la tête négativement. « Je ne partirais pas en te laissant ici, comme ça. Pourquoi tu restes ici, alors que tu n'as plus rien à y trouver ? » interrogea-t-elle en une question qui n'en était pas vraiment une.

Elle ignorait qu'il était lié à cet endroit, par son origine de loup et qu'il dépendait de la Réserve autant que la Réserve dépendait de lui. Et tout paraissait si simple pour Maggie. Si tout fonctionnait bien, elle gagnerait assez rapidement de l'argent et se prendrait une petite maison vers Houston, dans laquelle elle séjournerait quand elle ne serait pas en tournée. Lucas pourrait y vivre s'il le voulait et elle l'engagerait comme musicien pour qu'il ait un emploi et un salaire. Ce tableau était idyllique, il les représentait tous deux sortis de la misère. Mais pour Lucas, cette idée aurait été plus compliquée que ce que Maggie pouvait croire. Il était un loup, bordel ! Ça, elle ne l'assimilait pas, tout simplement parce qu'elle ne savait rien du nouveau monde du jeune homme. Elle pensait que s'il qualifiait cet endroit de malsain, c'était à cause du meurtre de son père ; cependant sa notion de meurtre n'était plus la même que celle de son meilleur ami. Elle s'imaginait un simple tueur en série, ou un détraqué et elle était loin de la vérité. Les tueurs auxquels Lucas pensait, lui, étaient les « gens » comme Isillie.

Elle voulait croire que Lucas ne voulait pas se venger, qu'il ne tomberait pas à ce point là. Toutefois, rien n'était moins sûr car, à la mine qu'il manifestait, il avait l'air sacrément remonté contre quelqu'un ou quelque chose. « Arrêtes de nourrir ton cœur de haine, implora-t-elle. Ça ne servira qu'à te rendre plus malheureux de jour en jour. On dirait qu'un double maléfique a pris ta place... » constata-t-elle avec déception. « Je comprends ta frustration et ta colère, mais tu dois en faire abstraction pour continuer à vivre heureux. »

Elle en savait quelque chose, d'une certaine façon. Bien qu'elle n'ait jamais été proche de l'un d'entre eux, deux personnes de sa famille étaient mortes. Son frère et sa mère. Il n'avait pas compté pour lui mais, elle, en revanche, avait eu une importance capitale. Certes, elle n'avait pas été tuée contre son gré, contrairement à Rowtag, pourtant c'était aussi dur. Savoir que sa mère avait été tellement malheureuse dans sa vie qu'elle avait préféré l'abandonner peinait la jeune fille, qui se sentait coupable de ne pas avoir été assez présente pour elle. Peu importe la manière, perdre quelqu'un était toujours une étape difficile. Et Maggie se sentait l'âme de réconforter son ami, comprenant quelle épreuve il traversait. Les cas étaient différents mais l'effet était similaire... S'avançant vers lui, elle se décida enfin à poser une main sur son épaule. « Je t'en prie, ne te laisse pas entraîner dans cet engrenage sans fin... » conjura-t-elle avec détermination.
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One more sad song [Lucas]

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