Même s’il savait que son père ne pourrait le retenir, l’une des conditions du déménagement de Jacob était qu’il soit scolarisé dans un lycée enseignant les mêmes choses que celui où il était inscrit à la Réserve des Quileute. Sa famille d’accueil avait veillé à ce que ca se fasse simplement pour le jeune loup-garou qui avait d’autres préoccupations à l’époque. Ainsi, depuis septembre, le Black suivait son enseignement comme auparavant, si ce n’est qu’il était parfois excusé de ses absences. Le lycée des Winnipesaukee n’était pas vraiment différent de son ancienne école. Seuls les amis lui manquaient. Incapable de s’en faire de nouveau en étant souvent occupé dans les bois, il devait passer la plupart de ses pauses seules. Chaque soir, en rentrant, il mentait au Shivana lorsqu’ils lui demandaient s’il avait passé une bonne journée. En réalité, la solitude le pesait lors de ses cours. Il n’attendait qu’une chose, que tout se termine. Mais les journées lui semblaient très longues.

Pourtant, il y avait eu quelques personnes s’étant intéressées lui. Ils avaient échangé quelques paroles sur leur ville d’origine. Des discussions qui s’étaient avérées passionnantes. Mais Jacob avait ses amis. Et il n’était là que pour une période limité. Il y avait réfléchi. Lorsque son amie, Bella, rejoindrait le monde de son présent mari, le jeune loup s’en irait vivre dans sa forme animal pour oublier un monde bien trop injuste. Du moins, ceci, c’était avant de faire une rencontre. Quelques jours plutôt, alors qu’il faisait sa ronde, Jacob avait croisé une jeune femme. Alors qu’il l’aurait évité dans des conditions normales, il n’avait pas pu s’empêcher de l’aborder. C’était impossible pour lui d’agir autrement, il s’agissait de son imprégnation. Il n’avait jamais vu Bella comme la personne qui lui était destinée par les lois loup-garou, il en était conscient. Mais il n’avait jamais pu imaginer éprouver plus d’amour qu’il en donnait à sa meilleure amie. Pourtant, il en fit l’expérience très récemment.

A la différence de ce qu’on avait pu lui raconter, il n’avait pas oublié Bella. Mais il l’aimait d’une autre manière. Il serait difficile de vivre sans elle, mais beaucoup plus simple qu’il ne le pensait il y a quelques mois. Aujourd’hui, il songeait à elle comme un ami voulant la protéger. Le fait d’avoir été imprégné ne changeait pas le fait qu’il détestait toujours autant Edward cependant. Il était son ennemi naturel, il ne pouvait pas l’apprécier, c’était dans ses gênes. Pourtant, certains loups avaient l’air à l’aise avec des vampires végétariens. Le seul que Jacob pouvait accepter était Carlisle. Il avait une dette envers lui. Une dette qu’il avait réglée en venant ici pour qu’ils soient acceptés par les loups de la région. Aujourd’hui, protégé Bella était la seule raison qui le poussait à supporter les Cullen. Il ne voulait en aucun cas la perdre. Les derniers moments de sa nature humaine était important pour lui. Il ne voulait d’ailleurs pas que cela se termine. La discussion sur sa transformation était un sujet tabou.

Assis dehors, sur un banc de l’école, Jacob avait, pour une fois, le sourire aux lèvres. Ses pensées étaient joyeuses. Cela changeait de sa solitude pesante, sa nostalgie, sa culpabilité, ses peines d’amour et son manque d’envie de suivre les cours. Aujourd’hui, il ne pensait qu’à elle. C’était un sujet de songes fréquents depuis ce jour fatidique. Silver accompagnait sa solitude et même si son désir était de la revoir, son image illuminait ses journées. Malgré le fait qu’il ne s’était pas vraiment ouvert aux autres dans cette nouvelle vie pour des raisons évoquaient plus tôt, un autre avenir se présentait à lui et lui dictait de repartir de zéro, de voir du beau monde et de changer ses habitudes de solitaire. La meute avait bien compris qu’un changement s’opérait chez Jacob, mais n’avait pas osé faire le premier pas. Il s’était conforté dans sa petite vie tranquille et presque solitaire. Il n’avait pas cherché à devenir un garçon sociable, ce qu’il avait été autrefois. Il était, pourtant, temps de retrouver un équilibre. Mais comment faire ?

Pendant son heure de pause, le jeune loup avait donc pris place sur ce banc. Les pieds sur celui-ci, il était assis sur le dossier. Relevant la tête et s’arrachant de ses pensées, il aperçut au loin un jeune homme. Ce dernier avait vécu une terrible expérience que Jake avait connue une année plus tôt. Il aurait du le soutenir, il n’en avait rien fait. Par égoïsme ? Certainement, mais aussi parce qu’il fut très préoccupé en cette période. Bella avait été le centre de toute son attention et il n’avait su lier quelconque lien pour arriver au stade du soutien. Alors il avait fait mine de ne rien savoir, de ne rien voir, de ne rien entendre. Il paraissait pourtant très amical. Mais que pouvait-on contre l’amour et son pouvoir aveugle ? Jacob aimait Bella et ne cherchait rien d’autre que de la protéger toujours, à toute heure. Aujourd’hui, il s’en voulait d’avoir laissé un adolescent, comme lui, vivre sa plus horrible expérience. Alors des excuses devaient être faites. Il se leva d’un bon et l’appela : « Lucas ! ». Il commença alors à trottiner de sa démarche d’athlète pour le rattraper avant que celui-ci gagne la porte de sortie. « Lucas ! » Répéta-t-il.

Lorsque celui-ci était assez près pour l’entendre, il ralentit et l’appela une dernière fois avant de laisser quelques seconde s’écouler pour établir un discours rapide et sincère. C’était plus compliqué que ça en avait l’air. Cependant, des mots défilèrent dans sa tête et il choisit de les suivre le plus naturellement possible. Jacob avait ce pouvoir de paraitre assuré dans ses paroles sans que ça en soit réellement le cas. Alors avec un visage d’excuse, il lui dit :

« Salut, ca va ? Écoute, je voulais m’excuser pour ces derniers mois. Je savais que tu passais un stade difficile et je n’ai pas été là pour te soutenir. C’est ce qu’aurait du faire un membre de la meute. J’en suis désolé. Tu veux bien m’excuser ? » demanda-t-il avec une petite grimace de désolation. « La réalité, c’est que j’ai été très préoccupé et égoïstement, je n’ai pensé qu’à mes petites affaires. »

Il resta planté devant lui attendant qu’il abrège ses souffrances. C’était, bien entendu, une façon de parler. Il ne se torturait pas autant pour cela. Mais le fait que Jacob soit amoureux le rendait d’une humeur à vouloir faire le bien, de se faire pardonner de ses erreurs. Et celle qu'il avait commise avec Lucas était peut être la plus importante.

Les journées se succédaient rapidement à Hanover et Lucas avait bien des difficultés à ne pas perdre la notion du temps. Le jour, il se rendait au lycée comme un adolescent normal, vaquait à des occupations normales ... la nuit venue, il mutait sous sa forme canine et rejoignait les membres de la meute des Winnipausaukee, mêler son esprit au leur. Sa première transformation datait déjà de plus d'une semaine et, pourtant il lui semblait que ce jour ' maudit ' remontait à des semaines et des semaines en arrière. Sa vie avait été si remplies depuis. Le lendemain de cette expérience éprouvante, il avait dû se rendre au poste de police de la ville, pour signaler la disparition de son géniteur, tout en sachant que ce dernier gisait en kit au beau milieu de la forêt de la réserve indienne. Quelques jours plus tard, il avait dû subir les discours de réconfort de la plupart de ses professeurs et d'un policier venu lui annoncer ce qu'il savait déjà. Discours essentiellement composés de «Nous compatissons à votre douleur »; « Nous retrouverons les coupables »... mais pour cela aussi il était déjà au courant. Il savait déjà qui étaient les responsables de la mort de son père, ou plus globalement quoi. Des vampires.

Sous les conseils de ces camarades canins, Lucas avait rafraîchi sa coupe de cheveux, quelques temps auparavant abandonnant à regrets ses boucles brunes pour un style bien plus court. Et en effet, durant la transformation suivante, il se rendit compte que son pelage était moins long et moins désagréable au port. En une paire de semaines, son corps avait subi un nombre élevé de changements. Ses muscles s'étaient endurcis, sa carrure était devenue plus athlétique qu'elle ne l'était avant, il semblait plus âgé aussi et il avait rejoint la catégorie des géants tant sa croissance avait pointé. Il était méconnaissable.

Ce jour-là, le jeune loup avait eu des difficultés à se lever pour se rendre au lycée. S'il avait pu, il n'aurait certainement pas prit la peine de bouger pour s'y rendre. Qui aurait pu l'en blâmer ? Les enseignants de l'établissement lui portait désormais plus d'attention qu'à l'ordinaire, comme s'ils craignaient qu'il effectue un acte regrettable. Les absents attirent l'attention et, il ne désirait pas qu'on lui rende visite pour vérifier son état de santé, que l'ont croient qu'il aille mal, même si quelque part, c'était en effet le cas. Heureusement, la meute était là. C'était ce qui lui maintenait la tête hors de l'eau, il n'était pas seul. Le jeune homme subissait les assauts permanents des brûlures dues à la condition de loup. De ce fait, il se sentait d'une manière générale, souvent irritable, ce qui l'agaçait encore plus, regrettant son tempérament enjoué habituel. Il démarrait au quart de tour à la moindre occasion et, avait les plus grandes peines du monde à ne pas muter au mauvais endroit, au mauvais moment. Sora l'avait prévenu que ce ne serait pas facile et que son self-control était primordial pour ne pas commettre d'erreurs. De plus, Lucas était abattu de fatigue. Ses heures de sommeil étaient courtes et lourdes. Il n'atteignait jamais vraiment son quota de repos nécessaire pour adopter une mine reposée et dispos. En effet, de profonds sillons de cernes se creusaient sous ses yeux, il était épouvantable. D'après ce qu'il avait pu percevoir des pensées de ses frères et soeurs de meute, les débuts passaient toujours par ce stade d'épuisement, avant de se stabiliser.

Le jeune homme avait passé la seconde partie de sa journée, en cours de physique et de mécanique. Il en avait le cerveau tout retourné à avoir étudié des solutions ioniques. Du repos, c'est tout ce dont il avait besoin. Il avait passé ses heures dans une sorte d'isolation, ne répondant aux questions qu'on lui posait que par monosyllabe. Non décidément, aujourd'hui il n'était pas bavard et n'avait qu'une seule envie : qu'on lui fiche la paix. D'ailleurs, il fut le premier à se lever lorsque la sonnerie annonçant la fin de ses cours retentit. Il allait enfin pouvoir quitter l'établissement. Sac sur l'épaule, le jeune homme traversait la cour de récréation, afin d'accéder au couloir de sortie, il allait en passer la porte, lorsqu'une voix familière le tira de son autarcie mentale. Même à travers le brouhaha des conversations il réussit à la percevoir, son ouïe s'était amplifiée de manière impressionnante depuis ses premières expériences canines. Il s'était rendu compte que la forme animale n'était pas nécessaire pour en posséder les sens. Aussi, les appels qui suivirent de la part de Jacob Black furent inutiles. Durant quelques instants toutefois, Lucas hésita entre s'arrêter pour se laisser aborder par le bêta de la meute, ou bien faire comme s'il ne l'avait pas perçu et continuer son chemin. Ce fut ce premier choix qui l'emporta et Lucas se retourna, lâchant un léger soupir :

« Salut, ca va ? Écoute, je voulais m’excuser pour ces derniers mois. Je savais que tu passais un stade difficile et je n’ai pas été là pour te soutenir. C’est ce qu’aurait du faire un membre de la meute. J’en suis désolé. Tu veux bien m’excuser ? » demanda-t-il avec une petite grimace de désolation. « La réalité, c’est que j’ai été très préoccupé et égoïstement, je n’ai pensé qu’à mes petites affaires. »

Un tic agita la joue du jeune loup. " C'Est-ce qu'aurait fait un membre de la meute" . * C'est-ce qu'aurait fait un ami ouais * songea-t-il renfrogné. La mine désolée qu'afficha Jacob finit par balayer son amertume. Après tout, il n'était pas le centre du monde et Jake avait d'autres choses à faire que de se préoccuper d'un nouveau loup. Ce n'était pas son rôle. Enfin...

« T'excuse pas, tu ne peux pas te couper en quatre » finit-il par répondre, un mince sourire défigeant les lèvres. Le premier depuis quelques jours. Il était peut-être temps de se réanimer un peu. « Je peux savoir ce qui a bien pu occuper les pensées de Jacob Black ? » demanda-t-il, sur un ton qu'il aurait voulu moins sarcastique.

Il était incroyable de pouvoir penser qu'un changement pu se réaliser aussi soudainement. D'une semaine à l'autre, d'un jour à l'autre... et même d'une minute à l'autre. Il n'y a avait pas de durée de bouleversement par défaut. Les obstacles tombaient un jour ou l'autre, que ce soit aujourd'hui ou demain ne changeait rien. Ou du moins plus maintenant. Lorsque Lucas était arrivé à Hanover au mois de septembre, ce n'était qu'un simple adolescent californien, qui avait été chassé de chez lui par son beau-père. Il était venu au New-Hampshire afin de rencontrer son géniteur; qu'il n'avait jamais eu la chance de pouvoir connaître. Parfois l'être humain perds des choses qu'il ne pourra jamais retrouver. Ne jamais réacquérir. Des choses que l'ont ne pouvaient posséder qu'un temps jusqu'à ce que l'on vous le retire. Aujourd'hui, il avait perdu l'unique chose qui aurait pu le garder encore quelques temps dans les rangs infantiles. Le jeune homme avait perdu son innocence. Et, en un sens, cela l'avait obligé à grandir trop vite. Il était tombé dans ce monde surnaturel, alors que son père tentait de l'en éloigner depuis des années, bien avant sa naissance, ce qui expliquait le fait qu'il eut dû quitté sa mère. Le danger qu'il représentait pour cette nouvelle famille était bien trop grand.

Sans s'accorder de réflexion sur les avantages que lui apportaient sa nouvelle condition de loup, Lucas aurait préféré ne jamais avoir à poser un pied dans cette ville. Si seulement sa mère n'avait pas jugé bon de l'envoyer paître ailleurs... Et si Shawn, son alcoolique de beau-père n'avait pas mit le grappin sur sa génitrice, il n'aurait pas ce problème. Tout le monde serait encore en vie. Tout le monde irait bien. Son père ne se serait jamais trouvé dans cette clairière à l'instant où ces créatures buveuses de sang passaient par là et, lui en serait toujours à se demander à quoi pouvait bien ressembler le visage de son paternel, à se demander si s'était quelqu'un de bien, ou si s'était quelqu'un d'important. Peut-être aurait-il mieux valu rester dans l'ignorance ? Cette dernière était certainement bien moins dévorante que ce sentiment de perte, de haine, de tristesse et d'autres sentiments négatifs qui lui envenimaient l'existence.

Le jeune homme se retourna lentement lorsqu'il perçut la voix de Jacob Black dans le brouhaha qui régnait dans les couloirs du lycée à cette heure-là. Pourquoi s'adressait-il à lui ? Lucas gardait légèrement en travers de la gorge le fait que Jake l'ait complètement mit de côté. Bien entendu, ils n'étaient pas vraiment proches avant sa transformation, mais n'aurait-il pas été décent que le bêta de la meute, vienne au moins lui adresser quelques paroles de soutien à son intégration ? Ils n'avaient jamais muté en même temps. Lucas n'avait pu voir Jacob qu'à travers les pensées de ses camarades loups. Mais, le jeune homme n'avait jamais réellement été d'un tempérament rancunier et, aujourd'hui bien que ses humeurs soient au plus noire, il ne parvenait pas à en vouloir plus que cela à Jake. Il n'était pas un point central, il n'était pas 'important'. Le Quileute avait des préoccupations plus urgentes à régler. Aussi, lorsque l'adolescent de deux ans son cadet lui adressa des excuses plates et sincères, Lucas lui fit clairement comprendre qu'elles étaient parfaitement inutiles. Il enchaîna en l'interrogeant sur les dites préoccupations des dernières semaines. Lucas vit s'afficher sur le visage de son 'frère de meute' une mine de réflexion avant qu'il ne lui réponde : «... Tu dois connaitre l'histoire. » Lucas acquiesça d'un mouvement léger du menton : « J'en ai entendu quelques bribes en effet...».

Lorsqu'il était entré dans la meute, ses membres avaient commencé par lui expliquer les histoires du peuple Winnipausaukee, complètement inconnues à Lucas qui eut le loisir de découvrir ses origines. Mais on lui avait également révélé à travers quelques souvenirs, les raisons de la présence des Quileutes chez les Winnipausaukee. Une humaine. La révélation l'avait premièrement désarçonné. Une simple humaine, responsable d'autant de chamboulement ? Isabella Cullen. Un nom qui lui était parfaitement étranger. Et pour cause, il n'avait jamais eu l'occasion de la rencontrer. Elle allait à Dartmouth, cela n'avait rien d'étonnant. Et d'après ses frères, elle avait épousé un vampire. Cette information l'avait ... écœuré. Comment pouvait-on s'enticher de ces créatures tout bonnement repoussantes ? Des blocs de glaces à l'odeur insupportable, quasiment similaire à de la Javel...en pire. Comment pouvait-elle accepté de faire partie d'une famille de tueurs ? Des végétariens ! Mon oeil ! On ne renie pas la vraie nature des choses et Lucas, que bien peu au courant des choses, en avait assez vu de cette race, pour se forger l'opinion que les buveurs de sang étaient des ennemis. Sans exception.

Apparemment, Jacob avait eu le malheur de tomber amoureux de Bella. Il eut une moue compréhensive. Ces choses-là ne se décide pas au préalable. Mais c'était vraiment dommage pour lui. Toutefois, le Jacob morose qu'il avait connu quelques temps auparavant semblait avoir pris quelques jours de congé. En le détaillant un peu plus, Lucas remarqua qu'il semblait littéralement ... baigner dans le bonheur. Voir la vie en rose. Jacob finit par lui demander sur un ton qui lui semblait bien plus fraternel qu'auparavant s'il tenait le coup. Difficile à dire. Il avait l'impression de devenir apathique. La seule chose qui lui permettait de ne pas sombrer, sa seule bouée de sauvetage, s'était la meute. Jake poursuivit sur sa lancée, en lui proposant une oreille pour l'écouter, en évoquant également les drames qu'il avait bien pu subir dans sa ville d'origine, Forks et, d'autres évènements du même genre à venir.

Debout au milieu du couloir, alors que chacun des élèves se pressaient pour rejoindre son prochain cours, la discussion lui paraissait très peu aisée. Il ne craignait pas particulièrement d'être entendu par quelconque oreille indiscrète, mais ...

« Et si on allait s'asseoir ? » proposa-t-il après quelques instants de silence accordé à la réflexion. Ils seraient bien mieux pour discuter, assis et, à l'écart des autres. Cela leurs permettraient de parler plus librement. Lucas n'avait pas vraiment la tête à faire attention aux mots qu'il utilisait, bien que la prudence fut nécessaire. Le jeune homme entraîna son camarade vers un banc de bois libre, fixé au mur d'un couloir ouvert sur la cour extérieure. Il s'y laissa tombé, posant sa besace près de lui. Lorsqu'ils furent tout deux assis, Lucas reprit la conversation, comme s'ils ne s'étaient pas interrompu par ce court instant :

« C'est plus difficile que je ne le pensais lorsque Sora m'a trouvé » confia-t-il au bout d'un moment. « Lorsqu'elle était là pour me rassurer, l'avenir était très facilement envisageable. Seulement, maintenant, la meute est quasiment tout ce qui me reste. Je suis seul chez moi tu vois ? Ma mère est en Californie, je n'ai plus aucune attache à Hanover, mise à part les Winnipausaukee. Le seul avantage que je puisse tiré de cette solitude, est d'être certain que je ne blesserai personne en une mutation incontrôlée ». Les tonalités de sa voix déclinèrent sur ces derniers mots. Sora lui avait clairement fait comprendre que le contrôle de soi était capital et surtout quotidien chez les loups. Et il redoutait de perdre ses moyens. Il pressentait bien, qu'un jour où l'autre, cela arriverait. Il guettait ce dernier avec appréhension. Pour éviter de se pencher plus encore sur ses ressentis, Lucas poursuivit sur un nouveau sujet : « Comment ça t'est arrivé, à toi ?... t'a première transformation ...». D'un côté, il avait besoin de comparer sa propre expérience à celle d'un de ses frères de meute et Jacob était certainement le loup le plus proche de lui en terme d'âge. Il s'identifierait certainement mieux à lui qu'à n'importe qui d'autre...

Parfois, quelques mots entendus quelque part, par hasard, pouvait amener les gens à construire de grosses rumeurs. Les quelques brides que Lucas avait entendu ne pouvait pas résumer l’histoire entière que le jeune Black avait vécu auprès de sa Bella. Il était impossible d’imaginer que tout soit clair dans ce que l’on pouvait entendre dans les pensées des gens. Après tout, le jugement de certains affectait souvent la réalité des faits. Jacob aurait aimé lui raconter tout de A à Z, mais ils n’étaient peut-être pas prêts à entendre la vérité sur les vampires végétariens, ceux qui ont choisis de vivre dans le bien, dans la contre-nature. Rien n’empêchait Lucas de les haïr après ça. Après tout, le loup des Quileutes ne les portait pas dans son cœur malgré leur vécu. Bien qu’il haïsse littéralement Edward, il ne pouvait pas rester plus de cinq minutes dans la même pièce que Rosalie Cullen. La blonde par excellence, agressivité en plus. Si cela ne dépendait que de lui, il lui aurait donné une correction depuis bien longtemps. Mais Jacob avait appris à les accepter. Ne serait-ce que pour Bella. Chose incompréhensible si l’on ne connaissait pas l’histoire complète de ce joli roman en plusieurs tomes qui composait la vie de Jacob Black.

Il se demandait parfois si Bella serait encore à ses côté lorsqu’il serait sur son lit de mort, les cheveux blanc, le visage marqué par une forte expérience de la vie et de nombreuses aventures mouvementés. Et elle, si jeune, si parfaite, si froide, peut être encore maladroite. Il se demandait s’il aurait eu la force de lui sourire une dernière fois avant de donner son dernier soupire après une vie des plus intéressantes. Voila une peur de plus, celle de l’ignorance. Quel chemin prendrait-il ? Et si elle se transformait, resterait-elle sa meilleure amie ? Serait-il capable de la laisser approcher son imprégnation ? Pourquoi reverrait-il tous ses principes pour Bella ? Pourquoi ne le ferait-il pas ? À chaque fois que ces questions faisaient surface, il s’appliquait à les chasser et à les réduire à néant en pensant à la jeune femme toujours parmi le monde des humains à l’heure actuelle. Mais ca ne l’empêchait pas d’avoir peur. Chaque pensées tournaient, vers elle, étaient une crainte sur sa vie.

Lucas l’entraina vers un banc isolé du lycée afin d’approfondir leur discussion, sans crainte d’être entendu. Il avait raison, ce n’était pas prudent de parler autour de tout ce monde. Il savait que chacun connaissait les légendes des loups-garous. Les réserves ne cachaient à personne ces histoires. Mais la plupart ignorait qu’elles étaient vraies. Quelles étaient contées comme une sorte de préliminaire à ce qui allait se produire pour quelques uns d’entre eux. Jacob avait été ignorant de cette réalité avant de subir sa première transformation. Des choses étranges s’étaient produit avant qu’il en soit affecté, mais jamais il n’aurait imaginé que la perte de l’un de ses amis – qui avait rejoins la bande à Sam – était le fruit d’un grand changement. Il aurait du le savoir. Il aurait du s’en rendre compte puisque le mythe des vampires s’était avéré réel. A y penser aujourd’hui…il avait vraiment été crédule.

Le jeune loup, depuis peu, continua de répondre à ses questions. Il comprit alors à quel point il était encore fragile. Le manque de repère n’était pas forcément un bon point pour lui. Sora avait été là pour le soutenir dans son épreuve. Les choses n’étaient pas simples pour lui. Jacob avait toujours eux le soutien de son père. Il avait aussi un atout en lui, c’était sa maturité, son côté responsable provoqué par un papa paraplégique. Ces enfants grandissaient plus vite que la normale, et c’est le pourquoi de tant d’attachement pour cette jeune Swan. Lucas était certainement mature, parce qu’il avait deux ans de plus que lui en premier lieu, et ensuite parce que lui aussi avait vécu des choses peu simple, comme un divorce, par exemple. Le loup de Forks n’en savait guère plus pour se faire une meilleure idée. Mais il était clair qu’il ne fallait pas le laisser tomber une nouvelle fois. La rage qui sommeillait en lui était puissante et pour qu’il puisse se contrôler, il lui fallait un soutien récurrent. Lorsqu’il songea à sa propre première transformation, Lucas l’invita à lui en faire part. Pris de court, un silence s’installa. Il était une épreuve plus difficile de décrire son expérience que de simplement y songer.

Jacob évita le regard, devenu pesant, de son interlocuteur. Il n’avait jamais vraiment aimé parler de sa vie. Il était un solitaire aimant aider les autres. Se faire aider, c’était inconcevable. Pour preuve, il s’évada lorsqu’il apprit que Bella et sa sangsue allait se marier. Il chercha du réconfort seul, plutôt que de laisser ses amis le consoler. Il n’aimait pas craquer devant quiconque. C’était probablement à cause de ce fait qui serra la mâchoire à plusieurs reprises. Il réfléchissait pour détourner la question et évoquer autre chose. Quelque chose qui ne concernait pas sa vie. Il regardait des élèves au loin, discuter, rire et chahuter comme des pré-adultes sur des réflexions certainement taquines. Certains abordaient des sujets plus sérieux. L’oreille très fine de Jacob se pencha sur deux amis et entendit des parcelles de leur discussion parmi d’autre. Avec de la concentration, il comprit la complicité de ses deux garçons et leur besoin de parler de leur expérience. C’est à partir de ce moment qu’il accepta de se confesser. Sans pour autant reprendre son attention sur son ami, il commença :

« Il y avait tous les éléments pour que je me rende compte que les légendes qu’on nous racontait, autour d’un feu, à la plage, étaient vraies. Pire encore, je voyais un groupe, que je fréquentais par obligation lorsque mon père m’y obligeait par ses occupations, me surveiller avec intérêt. »

Jacob regarda alors Lucas et voulu ne pas négliger les détails. Il souhaitait que le jeune homme voit les similarités qu’il pouvait y avoir entre leurs deux histoires. Rien ne l’empêchait de lui faire un très bref résumé, mais il n’y tenait pas. S’il lui avait demandé de lui raconter son expérience, ce n’était certainement pas par politesse, mais plus par curiosité. Une curiosité saine dont il pourrait se servir pour ses propres épreuves. Alors Jacob indiqua :

« Mon père est paraplégique. Je n’ai que très peu connu ma mère. Elle nous a quitté mon père, mes sœurs et moi trop tôt pour que je m’en souvienne. Mon père n’a jamais pu se résoudre à la remplacer. En tant que veuf solitaire, j’ai du m’occuper de lui avec mes sœurs. Puis, celle-ci sont parties pour faire leur vie et je me suis retrouvé seul à devoir l’accompagner un peu partout. Mais je l’ai voulu. » Précisa-t-il. « Il ne m’a obligé à rien. »

En évoquant son père, il se rendit compte à quel point sa présence lui manquait. Bill avait été d’une présence précieuse lors de sa transformation. Il avait été le père idéal et de nombreuses familles voyaient à quel point père et fils étaient soudés jusqu’aux 16 ans de Jacob. Après cela, l’amour s’en était mêlé et le jeune loup a préféré être plus dépendant, plus solitaire, surtout lors des mauvais jours. Cependant, Jacob était sur une autre discussion, il reprit en regardant de nouveau devant lui, se souvenant de chaque détail :

« Lorsque j’ai eu les premiers symptômes, j’étais avec…une amie. Mon agressivité me surprenait moi-même. J’ai commencé à avoir très chaud et j’ai du rentrer alors que je passais un bon moment. Lorsque j’ai subis ma première transformation, le groupe, dont je te parlais plus tôt, a été présent pour la sécurité de mon père. Après ce jour, Je crois que … » il chercha ses mots pendant un cours instant même s’il savait lesquels utiliser. « J’ai changé. »

Son ton devenait moins audible. Il se parlait presque à lui seul. Bien sur, Lucas pouvait parfaitement l’entendre grâce à son ouïe fini, mais il ne se rendait même pas compte qu’il se plongeait dans un nouveau monde. Celui de la confession de ses souvenirs. Dire qu’il avait changé était important. Le jeune loup devait apprendre à se reconnaitre. A faire la part entre l’ancien et le nouveau. Chacun avait sa place, mais il fallait apprendre à les séparer et à les gérer comme il se devait. Jacob était passé par là. Il continua son récit avec une description plus détaillé :

« Du Jacob gentil, remplie de joie de vivre, généreux, je suis passé au Jacob agressif, morose et égoïste. Enfin, c’était surtout pour une raison. » Il pensa rapidement à Bella. Il passa ce sujet pour soupirer , et regarder de nouveau Lucas. « Enfin, ma transformation est arrivée à un moment très mal venu. Malheureusement, on ne contrôle pas ça. »

Le jeune loup s’installa dans un silence. Il ne savait quoi ajouter. Il avait tout dit sans pour autant évoqué Bella et la source de sa torture. Il était trop plongé dans ses souvenirs pour se rappeler qu'il était accompagné.

Les deux adolescents avaient quitté le couloir menant à la sortie de l'établissement et, s'étaient naturellement installé sur un banc qui longeait un mur d'un corridor ouvert sur la cour de récréation, dans laquelle traînaient quelques étudiants. Inconscients du monde qui les entouraient. Lucas aurait aimé faire encore parti de ce groupe, ne pas se soucier de ce qui pourrait bien arriver dans les prochains jours, s'il ne parvenait pas à contrôler les incendiaires pulsions lycanes ou bien simplement cessé de se sentir harceler par cette odeur nauséabonde propre aux vampires. Non, bien sûr qu'il ne passait pas ses journées aux mêmes endroits que ces sangsues. Depuis la mort de son père, Lucas avait restreint son champ de circulation à la Réserve Winnipesaukee et, il ne se rendait quasiment plus à Hanover. Il avait dû demander un congé indéterminé à son patron, au Blue Lagoon, afin de conserver son emploi. Il serait bien obligé de le reprendre à charge dans les prochaines semaines, s'il ne désirait pas avoir à se serrer la ceinture. Car, maintenant qu'il était majeur, il était responsable de lui-même. Il pouvait toujours se fiche le doigt dans l'oeil s'il avait le malheur d'espérer une petite aide financière de la part de sa mère. Celle-ci n'était certainement pas au courant de sa situation solitaire. De la mort de son premier amour. Elle n'avait jamais aimé parler de lui. Et Lucas était sûr qu'elle n'aimait pas non plus en entendre parlé.

Lucas ne savait pas comment considérer Jacob Black. Ce dernier était censé avoir seize ans. Sensé. Car à cet âge, il était quasiment impossible de posséder la maturité qui était la sienne. Alors, le nouveau loup, avait bien des difficultés à le compter pour son âge. Ce qu'il ne faisait finalement pas. Il avait l'impression de discuter avec une personne aussi vieille que lui (lol). C'était surement pour ces traits de caractère qu'il avait été placé aussi haut dans la hiérarchie de la meute. En réalité, Luke n'y connaissait strictement rien sur le fonctionnement de qui occupe telle place et pourquoi du groupe de lycan. Il était possible que ce fut pour une toute autre raison.

Lucas n'avait jamais été du genre à exposer ses problèmes aux autres, à cancaner sur les malheurs que sa vie lui imposaient. Premièrement, parce que jusqu'à présent, il n'en avait pas eu énormément mais aussi parce que le second prénom de Lucas est générosité. Lucas de Générosité Stevenson. Penser aux autres avant de s'intéresser à lui-même avait toujours été dans sa mécanique. Il ne pouvait en aller autrement. C'était inscrit dans son code moral. Toutefois, dans le cas présent, la coupe était pleine, il avait le besoin urgent de la vider. Et qui mieux que Jake pourrait lui prêter oreille attentive ? Il ne souhaitait pas se rendre à l'épicerie et déranger Sora dans son travail. Bien évidemment, elle lui avait clairement fait comprendre qu'il faisait partie de 'la famille' que représente la meute, mais c'était par principe. Et le jour où il aurait réellement besoin de la jeune femme, assurément qu'il irait la voir. Mais pas pour telles broutilles. Après lui avoir expliqué son ressenti, il se sentit à la fois légèrement allégé et assez dérangé par ses confidences. Habituellement, il était justement le confident et, non le confiant. Il n'était pas sur d'apprécier l'inversement des rôles. Sur le moment, il était agréable de pouvoir vider son sac. Il invita Jacob à partager avec lui l'expérience de sa première transformation, seul le silence lui répondit.Les sourcils du jeune homme se froncèrent légèrement et, il essaya de ne pas faire peser son regard trop longtemps sur la nuque du jeune Quileute. Luke se contraignit à patienter. Il en fut récompensé lorsque, sans lui prêter fixement attention, Jacob reprit la parole pour lui expliquer. Évidement, le jeune Black avait vécu en quelques sortes dans cette atmosphère surnaturelle. Il avait littéralement baigné dedans, avait eu les indices en main dès son plus jeune âge, en croyant certainement à des fantaisies de la part des adultes de sa réserve. Aurait-il réagit pareille, s'il avait été dans la même situation que le jeune indien ? Probablement. Mais Lucas n'avait pas grandi dans une Réserve et il n'avait été mit au courant de ses origines amérindiennes qu'à l'âge de quatorze ans - âge où il avait sérieusement commencé à interroger sa mère sur son père biologique.

Lucas comprit que la maturité de Jacob ne venait pas du seul fait d'être devenu loup. Certes cette dernière expérience était très frappante, mais avec l'enfance qu'avait dû avoir son ami... il avait certainement dû prendre certaines responsabilités plus tôt que prévues. Notamment à cause de la paralysie de son père. Bien que d'après son récit, ses soeurs soient parties tôt de la maison, il n'empêchait que de s'occuper de son père devait être une tâche prenante. Une lueur d'admiration s'alluma dans le regard terne de Lucas. Il fallait sans doute être animé par un formidable moteur d'altruisme pour agir ainsi et de courage. Luke estimait que peu de personnes auraient agi à la manière du jeune Quileute. Ce dernier insista sur le fait que c'était son choix et non une obligation, que de s'occuper de son géniteur ce qui fit se renforcer l'opinion laudative de Lucas à son égard. Un bon gars.

Gardant le silence afin de ne pas le freiner dans son élan, il écouta le bêta, raconter le contexte de sa propre première mutation. Lui aussi avait eu des sautes d’humeurs, cela le rassura en quelques points. Au moins, cela ne venait pas de lui. Quand les mots de l’indien quittèrent la conversation, Luke s’y engagea à son tour :

« Je ne crois pas que ce soit les premières transformations qui tombent aux mauvais moments » déclara-t-il « C‘est plutôt les mauvaises passes qui déclenchent les premières transformations. Paco [hj: un loup de la meute] m‘a raconté qu‘elles se produisent généralement lorsque les émotions sont puissantes. »

Luke joignit ses paumes et appuya ses avants bras sur ses cuisses en se penchant en avant, dans une attitude moins raide qu’auparavant.

« Est-ce que ce n‘est qu‘une passe que d‘être désagréable ? De se sentir quotidiennement irritable ? Tu sembles plutôt apaisé aujourd‘hui » remarqua-t-il. Le regard du jeune loup se fit légèrement interrogatif, tout en adoptant une mine qui laissait clairement signifié que si cela était indiscret, il passerait par-dessus. * Un bon gars ce Jacob * songea une nouvelle fois Lucas * À qui il arrive que des m**des *...

Assis sur ce banc, a dévoilé son histoire sans pudeur, Jacob offrit un peu de sa vie à un jeune loup, de deux ans son ainé. Il avait traversé cette expérience lui aussi, sa première transformation et cela n’avait pas été simple. Si Jacob avait pu se contenir et se contrôler plus facilement qu’un loup-garou normal, c’était parce que le sang d’un Alpha coulait dans ses veines. Il aurait du en être un a son tour d’ailleurs, mais il avait refusé la proposition de Sam, qu’il trouvait de plus qualifié. C’était encore une preuve de sagesse. Là où il aurait pu avoir le pouvoir, il le déclina. Et même après l’avoir été le temps d’un voyage vers Hanover, accompagné de Leah et Seth, il se défit facilement de son statue pour ne devenir qu’un Bêta. Le seul rôle dont il refusait de se défaire était celui de protéger celle pour qui il était là.

Après un petit discours sur son vécu, il écouta Lucas avec attention. Un détail le chiffonna sur ce qu’il avançait, mais il le laissa finir. Il remettrait ce détail au clair ensuite. Il partagea alors son inquiétude quant à son caractère changeant. C’était une passe des plus normales, mais c’était malheureusement celle qui poussait a commettre des erreurs. Cependant, peu de loup en arrivait là. Si c’était le cas, les loups-garous ne seraient plus une légende mais un fait réel. Le loup originaire de la réserve des Quileutes voulu rectifier un premier point avant d’apporter une réponse plus complète à la seconde. Il commença alors :

« Bien sur que les émotions y sont pour quelques choses, mais cela ne dépend pas uniquement de cela. Tu sais, des indiens vivent avec le gêne du loup-garou dans leur sang sans qu’il se manifeste durant leur vie entière. Non, le problème, c’est l’endroit où tu vis et, surtout, qui y vit. Lorsque la population de vampire augmente, les meutes de loup-garou s’agrandissent aussi. C’est un fait. Sans eux, dans les parages, forte émotion ou pas, nous serions de simples hommes. » Expliqua Jacob. « Cependant, Paco n’a pas totalement tort. C’est en général lors des fortes émotions que l’animal, en nous, se réveille. Tu sais, on dit souvent que les hommes ont un instinct animal lorsqu’il est question de leur survie. C’est un peu le principe de la première transformation. La rage prend une forme en fin de compte. »

Il jeta un œil a Lucas pour voir qu’il était clair dans ses propos. Lorsqu’il pensa à la seconde chose qu’il devait éclaircir avec lui, un sourire se traça sur son visage. Il était question de Silver. Jacob avait retrouvé sa bonne humeur. Son côté très sombre qui s’était installé en lui depuis sa transformation et certains choix de Bella, s’était estompé à la simple vision d’une telle créature : Son imprégnation. Il n’y avait jamais cru et pourtant elle était venue à lui. Il n’y avait jamais cru, ce n’était pas totalement vrai. En réalité, il pensait simplement qu’il ne la trouverait jamais et qu’il était destiné à souffrir de son amour pour Bella. Et un jour, dans la forêt…Mais il ne lui annonça pas tout de suite. Il préféra lui prouver qu’on était capable de se contrôler soit même et qu’être soit ne dépendait que d’eux-même :

« J’ai des bonnes raison d’être apaisé aujourd’hui. J’ai une sorte de soutien. » Expliqua-t-il sans faire référence à son imprégnation pour le moment. « Mais il est très difficile de maitriser ses émotions lorsque le loup s’est manifesté une première fois. C’est comme si tu lui avais donné le droit de s’exprimer. »

Lorsque Jacob parlait de lui au sens animal, il ne pouvait s’empêcher de parler à la troisième personne. Il avait compris, il y a peu, que séparer les deux créatures – l’humaine et l’animal – l’aidait à se retrouver lui, l’ancien et le vrai Jacob Black. C’est une astuce qu’il avait trouvé seul et que certain ne partageait pas forcement. Ils pensaient de le loup était l’homme et qu’il n’y avait aucune séparation entre les deux, aucune différence. Seule l’apparence changée. D’autre allait plus loin, voir trop loin, en affirmant que l’imposteur était surtout l’homme qui avait vécu avant que son loup ne se manifeste. Il en fallait pour tous les goûts. Jacob, lui, acceptait ce qu’il était, ce qui habitait en lui, entièrement. Mais il préférait faire la part des choses. C’était un moyen simple de se donner des excuses sur son comportement ou même de le contrôler plus facilement.

« Nous sommes bien d’accord que le loup, c’est toi. Je veux dire, ce n’est pas un étranger qui se manifeste quand bon lui semble. Tu peux le contrôler…enfin après une petite période, j’entends. » Se rattrapa-t-il en laissant échapper un petit rictus. « J’aime utiliser la troisième personne pour le décrire parce que…parce que ca me donne l’impression qu’il est sous mes ordres. C’est étrange…peut-être parce que je ne m’obéis pas à moi-même. J’ai toujours été têtu, même envers moi. Par contre, j’étais très loin d’être bavard… » Se rendit-il compte en riant franchement cette fois-ci.

Habituellement, Jacob était plus celui qui écoutait et posait les questions plutôt que l’inverse. Etait-ce le résultat de son imprégnation récente ou se sentait-il redevable envers Lucas au point de se confier afin de le rassurer. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas un exercice très désagréable. Il y prenait même plaisir malgré le sujet. Maintenant, de là à écrire un roman autobiographique d’ici peu, il ne fallait pas abuser. Et puis même si ca lui venait à l’idée…le roman passerait pour de la science fiction. Malgré cette petite pensée, il observa son ami avant de continuer :

« Tu vas te sentir très irritable encore un moment. Surtout sans soutien. La meute est là pour toi, ne l’oublies pas. Et si tu as besoin de quelque chose, je suis soit chez les Shivana, soit au lycée ou soit sous forme animal dans la forêt, n’hésites pas. » Essaya-t-il de le rassurer. « Tu changeras lorsque tu seras prêt. La seule chose qu’il faut que tu surveilles, c’est la facilité que tu offres à ta rage, à ta colère, de s’exprimer…disons… sous forme animal. Un conseil, si tu es seul, fuis. Si c’est un homme qui est en face de toi, tu vas le mettre en danger ; si c’est un vampire, c’est toi que tu vas mettre en danger. » Il s’arrêta un instant et finit pas lâcher avec un sourire un peu gêné : « Mais tout ce que je viens de te raconter, on a déjà du te le dire. Non ? »

Il se rappela alors que Lucas avait, sans doute, eu le soutien d’autres loups avant lui. Lui avait été absent. Il ne s’était pas mêlé de sa vie, de son changement de vie, alors qu’il était le Bêta de la meute. Mais il était un étranger. Là depuis peu, il n’avait pas eu le temps de se rapprocher des autres membres de la meute. Etait-ce là son excuse ? Pas vraiment. La seule qui pouvait être convainquant était le sentiment qu’il avait pour l’ex-Swan et son besoin incessant de la surveiller, de la protéger. C’était l’unique raison qui l’avait poussé à ne pas se vouer entièrement aux loups d’Hanover. Ce n’était pas une question de fraternité avec une autre meute, les Quileutes, non. C’était juste une question d’amour. Un amour qui n’existait plus à présent. Quelque chose de plus intense avait élu domicile dans son cœur. Après un bref silence il l’informa :

« Et puis, il y a l’histoire de l’imprégnation. Lorsque tu rencontreras celle qui te sera destiné, tu te retrouveras plus facilement. J’en fais l’expérience actuellement. » dit-il un sourire aux lèvres.

Lucas exposa son point de vue, selon les informations qu'il avait en mains, sur le déclenchement du gène canin. Jacob le détrompa à moitié en lui expliquant que les émotions jouaient assurément un rôle, mais que d'autres paramètre entrait en ligne de compte. Luke fronça les sourcils en écoutant les explications du bêta. Ainsi, y aurait-il eut moins de vampires en ville, qu'il n'aurait pas obligatoirement muter cette nuit là ? Lucas n'avait jamais vraiment rejeté sa nature de loup, il n'avait pas encore vécu assez d'expériences dans sa peau de lycan pour ça. Mais la simple idée que son état était causé par ces cadavres ambulants l'énervait au plus haut point. Ou disons, lui laissait un goût très amer sur la langue. Les vampires. Toujours les mêmes responsables. Ne savaient-ils que semer des embûches partout où ils allaient ? Encore une fois, il n'était pas nécessaire de s'étaler sur le vécu... que pouvait-il y changer désormais ? Il était un Protecteur et au fond de lui-même fier de l'être.

Lucas avait un surplus de rage en lui. Il vivait avec chaque jour. Lorsqu'il se levait, lorsqu'il se couchait ... ses seuls instants de paisibilité prenaient forme lorsqu'il rejoignait ses frères et soeurs de meute dans la forêt Winnipesaukee. Mais quatre heures contre vingt ... c'était bien peu pour tout évacuer. Il vivait contrarié et irrité. Lui autrefois d'une nature calme, était devenu d'une impulsivité au-delà du tolérable. Il démarrait généralement au quart de tour pour un rien. Et cela l'énervait encore plus. Il était bien décidé à user de cette rage qui circulait dans ses veines. Pas uniquement contre les sangs froids. Plutôt comme d'une protection contre justement les pulsions qui le poussait à vouloir se transformer à n'importe quelles occasions contrariantes. Et pour l'instant, il s'en sortait plutôt bien, malgré que cela le laissait pantelant de fatigue toute cette tempête intérieure.

Le jeune loup se massa un instant les tempes, comme si une douleur avait vrillé la paroi interne, ce qui n'était pas loin d'être le cas. Mais c'était plus un tic qu'autre chose, le temps d'assimiler les informations que son ami venait de lui apporter. Il en apprenait de jour en jour avec les membres de la meute. Bien sûr, Paco y était également pour beaucoup. Luke aimait beaucoup passer du temps avec le vieux loup. Une encyclopédie vivante indienne, qui ne manquait pas une occasion de lui apprendre tel ou telle chose qu'il pourrait juger importante ou non, pour l'évolution lycanne du jeune Stevenson.

Après quelques instants de silence, plongés dans leurs réflexions respectives, à peine perturber par les gamineries d'un petit groupe de secondaires, Lucas interrogea le Quileute sur les raisons de son apaisement. Lorsqu'il l'avait connu, Jacob était une personne plutôt morose, tout comme lui actuellement. Bien que cet état à l'époque fut assez effacé pour qu'ils établissent un semblant de lien amical en discutant avec enthousiasme sur leurs villes d'origine. Un nouveau Jacob était apparu entre deux. Tout en lui adressant un regard interrogateur, le jeune loup avisa un sourire traversé le visage de Jake, ce qui d'un côté attisa sa curiosité. Il n'avait pour ainsi dire jamais vu une expression d'une telle intensité sur le visage du Bêta, même pour les courts instants partagé avec lui dans le passé. Le jeune indien lui répondit assez vaguement qu'il possédait un soutien... et enchaîna en déclarant qu'après la première mutation, il était difficile de contrôler ses émotions. Lucas fut premièrement perturbé par cet emploi de la troisième personne dont usait Jake pour s’auto-désigner. Devant sa mine incompréhensive, le bêta lui expliqua qu’user de ce moyen lui donnait l’impression de pouvoir contrôler pleinement la bête qui sommeillait en lui. Une vague mine pensive traversa le visage du Californien, le front plissé par la vision des choses du Quileute. De son propre point de vue, le loup s’était lui et uniquement lui. Une forme qu’il invoquait quand bon lui semblait. Mais encore une fois, il admit ne pas avoir encore assez vécu pour tracer les différences. Peut-être aurait-il changer d’état d’esprit dans une semaine, un mois voir un an. Il avait beaucoup de mal à se projeter si loin. Déjà qu’il ne voyait pas au-delà de la semaine suivante, comment saurait-il dire où il en serait l’année suivante ? Il espérait seulement ne pas avoir à quitter la réserve pour tel ou telle raison. Il s’y était bien trop attaché pour cela.

Lucas sourit face à l’autodérision dont faisait preuve Jake et ne pu que laisser échapper quelques éclats de rire, se joignant à celui de l’indien. Ils finirent par calmer leur hilarité. La présence du Quileute était reposante en fin de compte. S’était-il à ce point renfermé jusqu’à en oublié les plaisirs des bons moments partagé avec les amis ? Ou cela venait-il seulement du fait qu’une certaine complicité s’installait entre le jeune indien et lui-même ? Il n’aurait pas vraiment su le dire.

Jacob lui adressa quelques mots pour le rassurer. La maison des Shivana. Lucas fouilla sa mémoire afin d'associer ce nom à une des maisons de la réserve. Il finit par se souvenir. La maison légèrement en retrait des autres, exposant un charme particulier. Il se souvenait de l'avoir trouvé particulièrement accueillante à son arrivée à la réserve quelques mois plus tôt. Il acquiesça alors : « Merci » dit-il simplement. Le bêta le mis en garde sur les conséquences que sa rage pourrait provoquer. « Oui on m'a déjà servi un discours semblable » lui apprit-il avec un léger rictus, destiné à ne pas refroidir la situation « Sora m'a expliqué, que je pouvais être dangereux autant pour moi-même que pour mon entourage, si je ne prenais pas la peine de me contrôler. Le sujet m'a semblé sensible pour elle, je n'ai pas tenté d'argumenté. Après tout, elle a raison. Paco m'a conseillé de m'éloigner de la population quand je me sentais à bout. Et lors d'une ronde, Enzo m'a demandé de ne pas m'aventurer seul vers les groupes de vampires. Alors je m'enferme dans les limites de la Réserve. Je ne crois pas être encore vraiment prêt à remettre un pied à Hanover. Ça pullule de ces saletés de buveurs de sang. ». Il eut un rictus en coin à cette dernière phrase. Oh, que oui que les vampires grouillait dans la ville universitaire, précisément parce que Dartmouth s'y tenait. Jake reprit la parole et Lucas le regarda droit dans les yeux, sans comprendre de quoi il parlait. Imprégnation ? Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? Il avait entendu ce mot dans les pensées de certains membres de la meute, mais ne s'y était pas intéressé. Il avait été loin de s'imaginer que cela était un phénomène spécifique aux loups.



« C‘est quoi l‘imprégnation ? » l’interrogea-t-il curieux de savoir ce qui pouvait bien adoucir la vie douloureuse d’un loup. « Et, tu es imprégné de quoi ? »

Les sourcils froncés, Luke attendit les explications du Quileute. En quoi consistait cette imprégnation ? De quoi on s’imprégnait ? Qu’est-ce que cela impliquait ? Des questions qui trouveraient bientôt leurs réponses.