Petite balade nocturne... [PV Edward]

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Depuis quelques semaines, la tension était à son comble dans la villa des Cullens. La famille de vampire hébergeait depuis déjà quelques jours les Denalis et Jasper trouvait la villa de plus en plus bondées, souvent trop pour lui, surtout qu’il ressentait très clairement les sentiments de tous les habitants. Ça lui devenait tout simplement odieux et insupportable de devoir ressentir la même appréhension, la même peur et la même angoisse chez tous les membres de sa famille et aussi chez leurs invités désormais. Ils avaient tous peur de la même chose, que les Volturis reviennent à l’assaut et ne réussissent cette fois-ci à se venger des Cullens, qu’ils avaient toujours plus ou moins jalousés et qui les menaçaient visiblement.

Ce soir là, alors que la plupart des humains commençaient à sortir pour aller faire la fête, Jasper s’éclipsa plus ou moins discrètement de la villa pour s’écarter un peu des tous ces vampires qui y habitaient. Sa sortie n’avait pas été aussi discrète qu’il l’aurait vraiment voulu, mais simplement parce que la villa avait beau être grande et il avait beau courir très vite, il était impossible de passer assez loin de tous les vampires présents dans la villa de façon à ce qu’aucun d’entre eux ne sente son odeur ou ne le vois sortir, même rapidement. En tout cas, une fois dehors, Jasper hésita sur le chemin qu’il voulait emprunter, mais finit par s’enfoncer un peu dans l’espèce de forêt qui bordait la villa Cullen. Il la connaissait par cœur à présent, mais ça le détendrait un peu de s’éloigner des autres, de ne plus devoir ressentir en même temps toutes les émotions qui leur traversaient l’esprit et d’être un peu seul pour changer. De temps en temps, même l’angoisse d’Alice – notamment parce qu’il avait du mal à la calmer avec les vagues d’angoisse de tous les gens présents dans la maison – lui pesait parfois et ce genre de moment de solitude lui faisaient le plus grand bien.

Il se mit à courir, bien trop vite pour le faire de façon humaine, pour s’enfoncer dans la forêt, évitant les arbres avec une dextérité déconcertante, et sans se retourner. Il essayait de bloquer ses sens au maximum pour se reposer, ça le fatiguait de ressentir sans arrêt les émotions des autres. Enfin, s’il n’avait pas essayé au maximum de ne rien ressentir, il se serait probablement rendu compte plus tôt qu’il n’était pas seul dans la forêt et que l’un de ses frères s’était mit à le suivre. Pendant environ une minute il continua à courir comme ça, pour le simple plaisir de courir, sans but précis, pour le plaisir de se retrouver un peu seul pour changer.

Finalement après une bonne minute il ne put s’empêcher plus longtemps de ressentir ce qui se passait un peu autour de lui, et à mesure que son odorat revenait à la normale, son don lui revenait aussi par bribes. Il sentit l’odeur de son frère quasiment en même temps qu’il ressentit encore une légère vague d’angoisse qui ne venait absolument pas de lui. Il continua comme si de rien n’était, ne reconnaissant pas l’odeur de son frère, mais distinguant clairement qu’il s’agissait de celle d’un autre vampire. Finalement, arrivé dans une petite clairière qu’il connaissait parfaitement bien, toujours sans se retourner ni rien faire de suspect, il grimpa sur un arbre à côté de lui, sur la première branche et laissa passer le vampire qui lui courrait après.

Il sauta de l’arbre et se retrouva derrière le vampire qui s’était arrêté. Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il reconnut son frère et il poussa un léger soupir de soulagement, tandis qu’il le rejoignait si vite qu’on aurait dit qu’il glissait dans l’herbe de la forêt. La clairière n’était éclairée que légèrement par le magnifique clair de lune, mais Jasper distinguait parfaitement les traits du visage de son frère.

« Ah c’est toi ! Tu m’as fait peur… »

Il attendit que son frère se retourne pour lui laisser un regard plutôt neutre, comme toujours, pourtant le cœur y était. Il avait beau avoir envie d’être seul, s’il était seul avec une seule personne, c’était largement supportable, et il avait la douce impression que son don n’était pas inutile comme quand il se trouvait autour d’une dizaine de vampires.

« Ça aurait pu être n’importe qui, tu aurais pu prévenir. »

Le ton de sa voix ne trahissait aucune émotion particulière, comme d’habitude, même s’il ressentait beaucoup. Il avait tellement l’habitude de ressentir les émotions des autres qu’il avait l’impression de ne faire qu’un avec eux et de ne plus clairement distinguer ses propres émotions, ainsi souvent il partageait complètement ses émotions avec celles de ceux qui l’entouraient. En l’occurrence, il sentait qu’Edward était à la fois un peu angoissé, comme tout le monde en ce moment, et en même temps nerveux. Mais Jasper ne prit pas la peine de lui demander pourquoi, il n’avait jamais été très curieux. D’ailleurs il ne lui demanda pas non plus ce qu’il venait faire ici avec lui, même s’il n’était pas naïf au point de se dire qu’il n’y avait aucune raison… Il attendait juste que son frère aborde le sujet de lui-même.

Edward, qui vivait toujours à l'hôtel avec son épouse pour « vampire carnivore voulant tuer Bella » à la maison, devait sortir chasser, ce jour-là. Cela faisait plus d'une semaine qu'il ne s'était nourri et les choses devenaient trop difficiles lorsque Bella réclamait des câlins. Il fallait qu'il refasse le plein d'énergie afin d'être parfaitement apte à se contrôler en toutes circonstances. Si les choses étaient désormais beaucoup plus faciles qu'elles ne l'avaient été par le passé avec son épouse, il n'en était pas moins très prudent. Être vampire végétarien était un combat de tous les instants et il ne fallait jamais relâcher sa vigilance. Ainsi, Edward n'eut d'autre choix que de laisser son épouse à l'hôtel pour aller se nourrir. Il partit donc à regrets, et s'enfonça rapidement dans la forêt pour chasser l'élan. Il aurait bien préféré un puma, mais ce n'était ni l'endroit, ni la saison.

Edward vida deux élans et se décida pour un troisième. Il approchait de la villa et songea aller faire un petit bonjour à sa famille après s'être nourri convenablement. Bien qu'il apprécie grandement la nouvelle intimité dont Bella et lui profitaient depuis qu'ils étaient à l'hôtel, sa famille lui manquait et il aimait les voir de temps à autres. Il évitait cependant de faire part de ses visites à Bella qui en serait sans doute jalouse et attristée. Mais il n'était pas concevable pour lui d'emmener sa femme auprès d'une vampire carnivore en plein apprentissage. Jasper était « sevré » et avait déjà cédé, il ne souhaitait pas tenter le diable avec le petit monstre.
Comme si penser à Jasper lui évoquait certaines hallucinations, il sentit l'odeur de ce dernier dans les parages. Il n'était pas très loin de la villa, cela n'avait donc rien d'étonnant. Ce qui l'était en revanche, c'était qu'il soit seul, et que ses pensées soient si... étranges.
Il ne reconnaissait même pas l'odeur de son frère, comme s'il était parvenu à s'inhiber de toute émotion ou sensation... tout l'inverse de son don, en somme !

Il courait, et Edward décida donc de le suivre pour lui parler. Il y avait quelque chose qui le culpabilisait depuis l'anniversaire de Bella et c'était l'occasion d'en parler à son frère. Toutefois, Jasper ne cessa pas sa course. Edward poursuivit donc, jusqu'à ce que son frère monte dans un arbre, comme si Edward n'allait pas être capable de savoir où il était. Ce dernier stoppa donc sa course une fois l'arbre passé et attendit que Jasper descende de son perchoir. Ce dernier sauta enfin en bas et vint rejoindre Edward. Il sembla surpris de voir qu'il s'agissait de son frère, arguant qu'il avait été effrayé. Surpris, Edward le regarda étrangement, scrutant ses pensées pour comprendre comment une telle chose était possible. Il avait donc semblé que Jasper s'était fermé à toute sensation, aussi bien physique qu'émotionnelle. Une attitude plutôt dangereuse, surtout lorsqu'on savait que les Volturi trainaient dans les parages et avaient pour première cible les Cullen.
Jasper lui dit qu'il aurait pu le prévenir, et Edward haussa les sourcils.

Je ne pensais pas que tu serais incapable de me reconnaître, figure-toi ! lui répondit-il sur un ton calme, mais tout de même étonné. C'est une attitude dangereuse que de se fermer à toute sensation, j'aurais effectivement pu être quelqu'un d'autre et alors, tu serais peut-être mort ! Depuis quand monter dans un arbre est-il sécuritaire ? rigola-t-il malgré lui, ayant du mal à reconnaitre son frère, celui-là même qui avait, durant des années, participé à des combats contre des vampires carnivores.

Puis, les pensées de Jasper l'atteignirent. Il ne demanda pas ce que faisait Edward, mais bien que peu curieux, cela ne lui aurait pas déplu de savoir, apparemment.

Je chassais, je me suis approché de la villa sans vraiment y prêter attention, je pensais passer dire bonjour et puis j'ai capté ton odeur et tes pensées... je voulais également te parler de quelque chose. Mais avant tout, dis-moi comment vous allez, vous tous ? Il semblerait que l'ambiance soit tendue ? Je suis désolé que cela te pèse, Jasper... dit-il gentiment, sincèrement impliqué dans l'humeur de son frère qui avait l'habitude qu'Edward en sache bien plus qu'on ne lui disait à voix haute.

Y a-t-il du nouveau ? Carlisle a-t-il l'intention d'agir ?

Si Edward savait que les Denali avaient répondu présents à l'invitation de Carlisle, il ne savait cependant pas encore qu'ils étaient arrivés et ignorait totalement quels seraient les prochains plans. C'était aussi l'une des raisons qui l'avait conduit vers la villa ce soir, et il attendait donc de son frère qu'il le mette au courant des derniers évènements dont il n'aurait pas encore connaissance.

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C’était vrai que le système de Jasper aurait été loin d’être efficace si jamais le vampire qui le suivait avait été quelqu’un d’autre que Edward, ou tout simplement un assaillant, mais sur le coup il n’avait pas plus réfléchit que ça, encore totalement perdu dans ses pensées. Enfin il se remit bien vite de la surprise que lui avait causée l’arrivée impromptue d’Edward. Après tout c’était de ses frères celui qu’il voyait le moins ces derniers temps étant donné qu’il vivait à l’hôtel avec Bella. Heureusement pour Jasper d’ailleurs, ça lui faisait une tentation de moins et m’odeur de la jeune humaine ne venait pas accentuer la torture qu’il ressentait à sentir constamment l’angoisse de tous les membres de sa famille et celles des Denalis.

Enfin quand son frère se rapprocha de lui et lui avoua son étonnement que Jasper ne l’ait pas reconnu, le jeune vampire réprima un léger soupir et dit d’un air attristé, comme s’il faisait une confession et que c’était dur pour lui de l’admettre.

« Edward, toi mieux que tous les autres, tu dois comprendre à quel point c’est agréable de ne plus avoir ce don si pesant, juste de temps en temps. J’avoue avoir été imprudent, mais j’avais besoin de me détendre un peu. »

Jasper détestait attiré la pitié des autres sur lui, il n’aimait pas qu’on le plaigne, néanmoins il préférait expliquer à Edward que ce désir de couper ses émotions, ses sentiments et tout ce qu’il ressentait pendant quelques temps n’avait rien à voir avec le fait qu’il essaye de jouer les têtes brûlées, mais que c’était seulement par pure lassitude vis-à-vis de son don. Edward lui aussi avait un don qui pouvait se révéler à la fois très utile et très pénible. Quand on savait constamment ce que les gens pensaient, même ce qu’ils ne voulaient pas avouer, et même ce que Edward lui-même ne voulait pas savoir, c’était souvent très pénible, tout comme c’était pénible pour Jasper de devoir supporter l’angoisse de toute sa famille et de tous ceux qui se trouvaient autour de lui, quand déjà lui-même avait du mal à gérer ses sentiments.

Dans tous les cas, comme il aurait put s’en douter, Edward avait de nouveau lut dans ses pensées. Des fois Jasper avait l’impression que ça l’amusait de pouvoir aller et venir dans l’esprit des autres, et c’était assez exaspérant pour ceux qui essayaient de lui cacher des choses, parce que c’était tout simplement impossible. Ça avait d’ailleurs été particulièrement pénible, pour l’un comme pour l’autre, aux débuts de la relation entre Edward & Bella, étant donné que Jasper prouvait mentalement et constamment à Edward qu’il avait envie de tuer celle qu’il aimait…

Quand son frère se dit désolé que l’ambiance tendue de la villa pèse à son frère, ce dernier se contenta de hocher presque imperceptiblement la tête. Après tout que pouvait-il y faire ? Personne n’y pouvait rien, et Jasper ne pouvait pas se couper de son don et de ses émotions comme ça quand il était à la villa, il ressentait trop de choses à la fois. Certes c’était devenu un véritable enfer que d’être avec tout le monde, mais Jasper ne voulait pas s’en plaindre, ce n’était pas son genre.

« Oui, tout le monde est sur les nerfs à la villa, mais tu le sais très bien. Des fois j’ai l’impression que je pourrais juste communiquer avec toi par la pensée tu sais. »

Il esquissa une sorte de grimace amusée qu’il essaya de faire passer pour un sourire, pas vraiment convaincant, mais au moins il avait essayé. Enfin Jasper n’insista pas sur le fait qu’Edward avait quelque chose à lui demander pour l’instant et le laissa continuer. Il devait s’inquiéter un peu pour sa famille quand même vu comment il était à l’écart avec Bella. D’un autre côté, c’était le plus raisonnable à faire, en partie pour lui aussi, mais il avait besoin de se tenir au courant un peu.

« Les Denalis sont arrivés cette nuit à vrai dire. Carlisle a à peine finit de leur raconter un peu la situation, et je pense qu’il attend l’avis de tout le monde pour prendre une véritable décision. Il essaye d’évaluer la situation au mieux. Mais si quelque chose est débattu ou décidé, on te tiendra au courant, toi et Bella bien sur. »

Jasper regarda furtivement tout autour de lui pour vérifier qu’il ne voyait rien ou n’entendait rien de particulier. Désormais qu’Edward lui avait si justement fait remarquer qu’il n’avait pas été assez prudent, il essayait de se rattraper un peu. Enfin, dans tous les cas, même s’il avait comprit qu’Edward avait quelque chose à lui demander mais qu’il avait préféré remettre sa question à un peu plus tard, Jasper ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une légère angoisse à la perspective de parler à son frère de quelque chose, ce qui réussissait plus ou moins à piquer la curiosité de Jasper. De quoi pouvait-il bien pouvoir lui parler ? Si quelque chose de grave s’était produit, Edward n’y serait pas allé par quatre chemins, alors de quoi s’agissait-il ?

« Edward, de quoi veux-tu me parler ? Tu sais, je ne peux peut-être pas lire dans tes pensées, mais je sens quand même que tu es aussi tendue, et ce n’est pas juste à cause des Volturis. »

Sur ce point là, Jasper suivait plus son instinct que son véritable don, mais il avait réellement l’impression que le sujet d’angoisse de son frère était un peu plus personnel, surtout vu qu’il hésitait visiblement à en parler de suite. De suite, Jasper s’en voulut de l’avoir en quelque sorte forcé à en parler, mais il était persuadé que tout le monde se sentirait mieux une fois qu’Edward se serait libéré de ce poids.

Lorsqu'Edward fit part de son étonnement à son frère, disant qu'il était assez surpris de constater que Jasper ne l'avait même pas reconnu, ce dernier lui confia qu'il devait mieux que quiconque comprendre le poids d'un don lorsqu'on ne pouvait l'empêcher. Et s'il y avait bien quelque chose qu'Edward comprenait, c'était cela, maintenant plus que jamais, puisqu'il venait de faire l'expérience de quelques heures sans aucune pensée parasite. Oui Edward comprenait parfaitement qu'un don pouvait se révéler pesant pour celui qui le portait, lorsqu'on ne pouvait s'en débarrasser à sa guise. C'était le cas d'Edward, mais également de Jasper qui ne pouvait cesser de ressentir les émotions des autres. Et tout comme les pensées, les émotions ne cessaient jamais d'émerger. Si les gens pensaient constamment, ils ressentaient également de manière irrévocablement régulière.
Jasper avoua donc qu'il avait besoin de se détendre et si Edward comprenait son sentiment, il ne reconnaissait pas son frère quand ce dernier se mettait inutilement en danger. Maintenant plus que jamais, il fallait se montrer prudent, Edward en savait quelque chose puisque même Bella se mettait à faire la morale à ce sujet. Jasper n'était pas du genre à négliger une telle chose, il était celui qui connaissait le mieux la manière de faire des vampires carnivores et savaient parfaitement qu'il fallait s'en méfier comme de la peste... là c'était Edward qui en savait quelque chose.

Toutefois, Edward n'eut aucune pitié pour son frère. Il ne s'agissait pas là d'un sentiment adapté à la situation, et de toute façon, il savait également que Jasper n'en voulait aucune. Et il en avait encore moins en sachant que son frère s'était mis en danger inutilement. Par inutilement, il entendait simplement que s'éloigner pouvait déjà être efficace et qu'il était donc inutile de se fermer à toutes sensations, même physiques.
Par la suite, Jasper émit quelques idées intérieures qui ne furent pas un secret pour son frère. Il en avait assez que ce dernier puisse lire son esprit sans qu'il ait besoin de parler, et avait même la sensation que cela l'amusait. Edward retint un sourire à cet instant, il est vrai que quelques fois, la situation l'amusait, parce que certaines pensées étaient pour le moins risibles. Mais jamais Edward ne dépassait la limite et il avait toujours fait du mieux qu'il le pouvait pour éviter de violer le jardin secret de chacun. Toutefois, il devait bien reconnaitre qu'il aimait son don la plupart du temps. Il s'était senti vide lorsque, l'espace de quelques heures, il n'avait plus pu lire les pensées des gens, lorsqu'il était redevenu humain. Et quelle frustration constante il avait de ne pouvoir lire l'esprit de Bella, même si elle pouvait changer cela à sa convenance.

Quoi qu'il en soit, Edward parla de leur famille, se demandant si tout le monde était toujours aussi tendu. Jasper lui répondit qu'effectivement, les choses n'étaient pas évidentes, mais remarqua que son frère le savait déjà et lança une petite pique lorsqu'il lui dit qu'il pourrait juste communiquer par la pensée. Edward eut un léger sourire en coin. Cela lui arrivait souvent, avec Rosalie ou Alice. Carlisle aimait cette voie de communication également, lorsqu'ils souhaitaient s'entretenir discrètement. C'était pratique, il fallait bien le reconnaitre. Les membres de son entourage avaient appris à comprendre ses réponses par son regard ou un simple signe de tête. C'était quelque chose qu'il aimait et qu'il utilisait, mais toujours à bon escient.
Jasper sembla lui aussi amusé et Edward ne releva donc pas. Il se contenta de donner les dernières nouvelles, bien qu'Edward soit au courant depuis qu'il avait retrouvé son frère. Les Denali étaient arrivés, et Carlisle tâchait de prendre une décision pour l'avenir de la famille. Jasper promit qu'on tiendrait Edward au courant et tiendrait compte de son avis dans la décision finale.

Edward n'était pas angoissé de parler à son frère de ce pour quoi il l'avait suivi. Il se sentait plutôt coupable et espérait que les excuses qu'il comptait présenter amoindriraient le mal commis. Jasper lança le sujet, demandant de quoi il s'agissait, disant que son frère était tendu. S'il est vrai qu'Edward était légèrement angoissé, Jasper se trompait néanmoins sur la raison de cette angoisse. Parler à son frère n'était pas stressant, Edward se tracassait surtout pour Bella, comme toujours lorsqu'il était loin d'elle, mais aussi pour Jasper, qui jusque là n'avait jamais eu besoin de s'isoler de la famille pour éviter les émotions. Cela signifiait que la famille était vraiment tendue, et Edward s'en voulait, bien que décidé à ne pas revenir sur sa décision de la non transformation de Bella pour l'instant.

Il décida de se lancer, et regarda son frère dans les yeux.

Je ne suis pas angoissé par le sujet de la conversation que je vais entamer. Je m'inquiète pour Bella et pour notre famille, mais passons, ce n'est pas de cela que je voulais te parler. Ou peut-être que si, mais d'un point de vue différent.

Edward était attentif à ce qui se passait autour d'eux. Ils étaient seuls dans la forêt et s'ils ne craignaient pas une attaque directe des Volturi sur leur personne, ils devaient néanmoins se méfier. Les vampires de Volterra étaient capable de tout, et surtout du pire. On ne pouvait réellement prédire ce qu'ils planifiaient de faire.

Je voulais en réalité profiter de notre rencontre inattendue pour m'excuser. Je sais comme la vie ces dernières années a été difficile pour toi, en présence de Bella. Sa non-transformation ne t'aide pas et bien que je ne reviendrai pas là-dessus pour l'instant, je tenais à m'excuser pour les désagréments que cela te cause.

Edward tenait également à préciser qu'il n'en avait jamais voulu à son frère pour l'attaque qu'il avait perpétré à l'encontre de Bella le jour de son anniversaire. C'était important pour lui de le faire savoir à son frère.

Je tenais également à te dire que je ne t'en veux pas pour ce qui s'est passé à l'anniversaire de Bella. Après tout, c'est de ma faute, parce que je ne veux pas la transformer. Je m'excuse pour cela aussi, je sais comme cela est dur. Aussi, je te remercie pour la patience dont tu fais preuve, et le non-jugement à l'égard de ma décision.. Ton support muet est apprécié à sa juste valeur, Jasper.

Edward regarda son frère avec sincérité, et espéra simplement que Jasper continuerait à accepter le choix que son frère avait fait.

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C'était très frustrant pour Jasper de toujours ressentir les émotions des gens qui se trouvaient autour de lui, quand il ne pouvait pas deviner leur cause. Avec sa famille tout particulièrement, et heureusement pour lui, Jasper n'était pas spécialement du genre curieux, sinon il aurait très certainement perdu la tête quelques siècles plus tôt. En tout cas il regardait toujours son frère, attendant que celui-ci daigne lui dire ce qu'il avait sur le coeur. Il se sentait étrangement serein ici, dans la forêt, même s'il savait qu'ils n'étaient en sécurité nulle part, surtout en groupe réduit, le fait de ne plus ressentir l'angoisse d'une petite dizaine de personnes en même temps le reposait amplement, et Jasper appréciait ce moment à sa juste valeur.

Il fut surprit par l'introduction d'Edward. Il voulait lui parler des Volturis, de Bella et des autres, mais d'un point de vue différent ? Jasper ne comprenait vraiment pas ce que son frère entendait par là, mais il entendait bien le comprendre d'ici peu. Il se contenta de se taire donc et d'attendre que son frère continue à expliquer ce qu'il avait sur le coeur. Mais la suite de son récit ne fut pas moins une surprise pour le jeune vampire. Il s'excusait de ne pas avoir transformé Bella ? Eh bien, c'était assez inattendu, enfin non, pas franchement inattendu de la part de son frère, Jasper le connaissait assez pour savoir qu'il avait tendance à culpabiliser pour tout et pour rien et à essayer de prendre toutes les responsabilités sur ses épaules quand quelque chose tournait mal. Non, c'était plus absurde pour le jeune vampire qu'autre chose.

A vrai dire, il en vint même presque à se sentir coupable d'avoir voté pour que Bella soit transformée. Sa décision avait été purement égoïste, mais on lui avait demandé son avis, et il l'avait donné à ce moment là. Oui, il aurait aimé voir Bella en vampire, mais juste pour ne plus ressentir la constante envie de lui sauter à la gorge et de lui ôter la vie. Enfin Jasper avait apprit à vivre plus ou moins avec, néanmoins ça restait dur pour lui, mais il n'avait aucune idée que son frère lui, se sentait coupable pour Jasper... ! Enfin encore une fois, Jasper choisit de ne rien répondre, laissant son frère finir ce qu'il avait à dire, se contentant de serrer légèrement les dents en repensant à l'odeur humaine si appétissante de Bella. Il ferma doucement les yeux en faisant craquer les os de son cou pour se détendre.

Quand il rouvrit les yeux, Edward poursuivit, et le reste de son récit fut lui aussi assez surprenant pour Jasper. Il n'avait pas besoin d'exprimer sa surprise sur son visage, son frère devait bien le lire dans son esprit, c'était assez évident pour lui. A présent il s'excusait pour ce que lui, Jasper, avait fait à Bella, ou plutôt faillit faire ? Là, ça devenait franchement ridicule et Jasper aimait assumer ses erreurs, prendre ses responsabilités. Mais plus que tout encore, il n'aimait pas quand son frère essayait de prendre toutes les responsabilités sur ses épaules, surtout quand ça n'avait pas lieu d'être comme en ce moment même. Ce fut pour cette raison qu'il décida finalement de parler.

"Tu ne vas pas commencer à t'excuser pour ce que j'ai fait ? C'est de ma faute si je ne peux pas me contrôler en présence de Bella, et tu n'as absolument pas à te sentir coupable."

Un voile passa devant ses yeux tandis qu'il repensait à cette fameuse soirée où il avait perdu tout contrôle de lui-même et où il avait sauvagement sauté sur Bella à son anniversaire. Encore une fois il ferma les yeux et tourna son cou vers l'arrière pour faire calmement craquer ses os. Ces souvenirs n'étaient jamais agréables à se remémorer pour lui, surtout que ça lui rappelait son ancienne vie, et les causes de cette difficulté à s'adapter au régime végétarien. Voyant le regard qu'Edward lui lançait, il comprit qu'il avait lu dans ses pensées et accédait assez indirectement à ses souvenirs. Il les chassa donc vivement, du mieux qu'il put, de ses pensées.

"La transformation de Bella ne concerne qu'elle et toi, c'est à vous de décider. Tu sais que si tu décides d'accéder à sa demande, tu as le soutien de toute la famille, mais nous ne devrions pas te forcer la main... Encore une fois c'est moi qui suis désolé si tu t'es senti coupable par ma faute. Bella n'est pas le problème, tu le sais bien..."

Encore une fois il ferma les yeux, ressentant la même vague de culpabilité qui le rongeait depuis des siècles maintenant, et qui ne partirait probablement jamais. Si seulement il réussissait à contrôler ce sentiment aussi facilement qu'il réussissait à contrôler les autres... Mais il sentait bien au-dessus de ses propres forces, et il lui faisait souffrir le martyre constamment, Bella ou pas Bella. C'était pour ça qu'il ne voulait pas qu'Edward se sente coupable, d'une manière ou d'une autre.

"Tu dois arrêter de te sentir coupable pour tout ce que les autres ressentent... Accepte que tout n'est pas de ta faute, tu ne peux pas prendre la responsabilité pour m... ça."

Il allait dire "mon passé", mais cette évocation trop directe lui aurait fait encore trop mal, et il se corrigea donc juste à temps. C'était assez étonnant le fait que le jeune vampire ne réussisse pas à se remettre des traumatismes qu'il avait vécut au début de sa vie vampirique, mais surtout de tout le mal qu'il avait causé... Mais son passé d'assassin et de monstre le suivait encore aujourd'hui. En effet, encore aujourd'hui, Jasper était persuadé que c'était à cause de ça qu'il avait autant de mal à se convertir au régime végétarien... Des fois il lui arrivait de penser qu'il n'y arriverait jamais réellement, mais pour sa famille, pour sa femme et pour les valeurs qu'il s'efforçait de garder, il continuait à se battre contre la soif permanente qui lui brûlait la gorge.

Jasper ne savait plus quoi dire, de toute façon il n'avait jamais été du genre très causant, il était plutôt taciturne et renfermé, sa famille le savait et ne se sentait jamais vexé, heureusement. Mais là, plus que jamais, le sujet le mettait dans une situation inconfortable. Il ne voulait pas penser à la soif perverse que Bella lui inspirait, ainsi que tous les autres humains. Il s'en voulait constamment de ressentir cette envie, cette pulsion, et quand Edward s'en excusait pour lui, il avait l'impression d'être encore plus un monstre que d'habitude.

Il baissa les yeux, se frottant la nuque comme s'il avait trop fait craquer ses os, alors que c'était juste une tentative assez pathétique d'éviter le regard de son frère. Il avait honte, constamment, honte de ce qu'il était, mais les excuses d'Edward n'arrangeait rien, au contraire.

(J'espère que ça te va ^^)

Jasper avait aujourd'hui une fâcheuse tendance à penser à Bella d'une manière qui ne plaisait guère à Edward. D'autant plus que ressentir l'odeur de Bella avec les sens de Jasper, au travers de ses pensées, était quelque chose de difficile à gérer. Jasper avait du mal à se contrôler et Edward vivait cela en entendant ses pensées. Cela le rendait malade de repenser à Bella d'une telle façon, une façon qu'il avait, lui, réussi à combattre à force de volonté, d'entrainement et d'amour. Mais Jasper avait toujours eu du mal et devait vraiment se contenir avec les humains en général, même s'il y parvenait toujours. Edward avait confiance en lui, là n'était pas la question. La seule fois où son frère avait craqué, c'était lorsque le sang avait coulé, et rien de plus naturel que de difficilement résister à l'odeur du sang vif. Edward lui-même avait eu de la difficulté, et puis son amour pour Bella l'aidait grandement dans sa lutte contre sa nature profonde. Jasper ne pouvait prétendre à recourir à un tel sentiment envers Bella. Il l'aimait d'un amour fraternel qui n'était pas aussi puissant que l'amour qu'Edward portait à son épouse.
Le problème, si problème il y avait d'ailleurs, se situait plutôt dans le fait qu'Edward n'aimait pas vivre les pensées de Jasper lorsqu'il s'agissait de son épouse. Mais il ne lui en voulait pas, pas du tout, il se sentait même coupable, comme Jasper l'avait vite deviné en entendant son frère lui parler.

Jasper pensait qu'Edward prenait ses propres erreurs sur ses épaules, mais ce n'était pas le cas. Il n'était pas responsable du fait que Jasper n'avait pu se contrôler, mais il était responsable du fait qu'une humaine était dans la maison. Une humaine sans aucun instinct de survie et gaffeuse, qui plus est. On ne pouvait nier la responsabilité d'Edward dans ce fait, et il était évident que si le vampire n'avait pas amené Bella dans la famille, la vie du clan Cullen serait plus paisible. Il ne remettait absolument pas la faute sur les épaules de son épouse, bien entendu. Elle n'y pouvait rien si elle était humaine, et n'était pas responsable qu'Edward ait fait le choix de l'intégrer. Il aurait pu s'éloigner du clan, tout simplement et chacun aurait eu une existence plus tranquille, le couple insolite y compris. C'est en cela qu'Edward était responsable. Il avait fait le choix d'avoir pour épouse une humaine et, tout en même temps, de rester au sein de son clan. Il avait été égoïste, mais il savait que sa famille ne lui en tenait pas rigueur. Cependant, il était bel et bien responsable de tout ce bazar.

Jasper, cependant, ne l'entendit pas de cette oreille, disant que c'était sa faute s'il n'avait pu se contrôler en présence de Bella, et refusa qu'Edward en prenne une part de responsabilité. Ce dernier eut accès à une bribe de souvenirs de la vie de Jasper, mais il y était habitué. Il avait imperceptiblement froncé les sourcils, non de surprise ou de dégoût, mais parce qu'il savait que cela faisait encore souffrir son frère.
Pourtant, contre toute attente, la conversation prit une autre tournure, inattendue pour Edward. Jasper lui dit que la transformation de Bella ne concernait qu'eux, et que la famille les soutiendrait, quoi qu'il arrive. Il disait également qu'on ne devrait pas leur forcer la main, et Edward fut surpris de se trouver soudainement un nouvel allié. Emmett, Rosalie et presque Alice, pensaient qu'il était temps qu'il passe à l'action. Carlisle le pensait sûrement également, mais comprenait parfaitement les réticences d'Edward. Quant à Esmée, elle espérait voir Bella devenir vampire pour qu'elle se sente un membre de la famille à part entière, et bien qu'elle n'ait jamais affirmé à haute voix qu'elle voulait qu'Edward agisse, il savait qu'elle serait soulagée lorsque cette étape serait passée. Jasper était le premier à lui dire haut et fort qu'ils ne devaient pas lui mettre la pression et qu'il était libre de sa décision avec Bella. Pour la première fois depuis un long moment, Edward se sentit soulagé. Soulagé et compris. Pourtant, il aurait dû s'en doute. S'il y avait bien un être dans la famille, en dehors d'Edward, qui n'aimait pas son état de vampire, c'était bien Jasper. Simplement par regret de tout ce qu'il avait pu faire dans sa longue existence.
Jasper poursuivit, disant à son frère qu'il devait accepter que tout ne soit pas de sa faute. Edward sourit, amusé.

Il ne s'agit pas de cela, ni de tout ce que tu peux penser, Jasper.

Edward regarda autour de lui, inspira inutilement, puis poursuivit. La nuit était bien avancée à présent, les étoiles brillaient de mille feux, et une fine brise venait caresser les feuilles, donnant à la nuit une douce musique.

Ce que j'essaye de te dire, c'est que je sais que j'ai fait le choix de l'intégrer à la famille, et que cela n'est simple pour personne. Je sais ce que cela entraine comme sacrifices pour chacun d'entre vous. Je suis responsable dans le fait que je l'ai amenée à vous, au lieu de partir avec elle. Si j'avais fait le choix le moins égoïste, je serais parti avec elle et vous auriez eu une vie plus simple. Nous ne serions pas en train de débattre sur les Volturi, sur la transformation de Bella, sur le fait que tu aies du mal à te contrôler en sa présence. Je ne prends pas cela sur moi. Je dis simplement que je sais ne pas t'avoir facilité la tâche en te mettant une humaine sous le nez.

Edward parcourait les souvenirs et pensées que Jasper lui avait donnés. Il comprenait son besoin de s'échapper de la maisonnée, et tâcha de ne pas ressentir trop d'émotions pour soulager son frère. D'autant plus qu'il les ressentait en écho, au travers de l'esprit de Jasper.

Ce qui m'amène donc à m'excuser d'avoir rendu la tâche difficile. Mais je ne t'en ai jamais voulu. J'ai moi-même voulu la tuer, la première fois que je l'ai vue. J'ai été plus lâche que toi, j'ai fuit.

Edward eut un petit sourire nostalgique à ce souvenir. Il était parti en Alaska, après avoir rencontré Bella, et Tanya avait essayé de le convaincre de rester éloigné de Bella. Aujourd'hui, Tanya était heureuse pour son cousin. Bella, elle, n'avait pas spécialement d'atomes crochus avec sa « rivale », comme elle aimait à l'appeler. Elle se sentait inférieure, une idée qui avait le don de rendre Edward hilare.
Perdu dans ses pensées et ses souvenirs, Edward fut interpellé par celle, violente et soudaine, de Jasper. Une pensée d'envie, attirée par l'odeur d'un sang humain. Une odeur puissante et alléchante. Un humain était aux alentours, et était apparemment blessé... et l'odeur du sang se répandait partout dans la forêt. Si cet humain était encore en vie dans dix minutes, il s'agissait d'un miracle !

Il vaudrait mieux que cet humain s'éloigne de la villa, histoire de ne pas attirer tous les carnivores de la région dans le seul endroit sûr des environs... dit lentement Edward en reportant son regard sur son frère. Il vit alors les yeux de ce dernier noir de jai, et comprit qu'avant toute chose, il devrait s'occuper de Jasper...

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Jasper fut légèrement surpris quand il entendit Edward le contredire. Il était pourtant convaincu qu’il avait bien compris les appréhensions, les doutes et les remords de son frère. Enfin Jasper comprit mieux quand Edward se mit à lui expliquer clairement ce qu’il voulait dire. Jasper reconnaissait bien là son frère, toujours égal à lui-même, il était tout sauf égoïste, et même s’il se blâmait toujours pour ne pas avoir prit les décisions les plus nobles dans toutes les occasions, toute la famille savait très bien qu’Edward était bien intentionné, toujours et qu’il n’avait jamais voulut autre chose que le bien de tous ceux qui l’aimaient et qui l’entouraient. La réflexion et les pensées d’Edward ainsi exprimée firent légèrement sourire le jeune vampire. C’était ridicule cette façon qu’ils avaient tous les deux de vouloir à tout prix que tout soit de leur faute, ils avaient toujours été comme ça, un passé trop lourd et un caractère trop doux pour rejeter la responsabilité sur les autres, même quand c’était le cas ou que personne n’était responsable. C’était parfois ennuyant, surtout pour les autres qui les avaient déjà vus plusieurs fois coincés pendant des heures à débattre inutilement sur qui avait le plus tort des deux… Dans tous les cas, Jasper ressentait les efforts que son frère faisait pour apaiser ses souffrances, à s’empêcher de ressentir trop fort par exemple là, le jeune vampire le ressentait parfaitement… Et ce fut peut-être cette sollicitude qui poussa Jasper à faire quelque chose qu’il n’aurait pas fait tous les jours ni avec n’importe qui. Il se rapprocha doucement de son frère et posa sa main glacée sur l’épaule de son frère, la pressant doucement en le regardant dans les yeux. Il n’agissait jamais comme ça avec les autres, mais sur un sujet aussi important et sensible pour Edward, il savait qu’il valait mieux mettre tout de suite les choses au clair et ne laisser plus aucune équivoque.

« Tu sais, je suis sur que si tu avais fait le choix contraire, celui que tu penses être le plus noble pour tout le monde, et que tu étais parti avec Bella… La famille toute entière t’en aurait encore plus voulu. Tu sais bien que tout le monde aime Bella ici, et que tu comptes pour la famille. »

Il se sentait déjà assez embarrassé et ridicule pour rajouter que ça n’aurait pas été pareil sans lui dans la famille, mais il était persuadé que son frère était bien assez perspicace pour comprendre par lui-même ce que Jasper ressentait à ce moment même et essayait de lui faire comprendre. Il lâcha l’épaule de son frère et se recula à nouveau, reprenant une attitude normale, enfin qui lui ressemblait plus. Le regard vide, comme s’il regardait au loin, le corps frigide et droit, le visage figé, on aurait put croire une statue de cire s’il n’avait pas bougé de temps à autre les yeux pour fixer son frère. Jasper eut même un petit rire nerveux quand Edward lui rappela sa réaction après sa rencontre avec Bella, et il ne put s’empêcher de penser que lui rêvait encore et toujours d’en faire son repas. Il s’en voulut immédiatement d’avoir pensé ça, sachant que son frère pouvait si aisément lire ses pensées… C’était ce genre de choses qui faisaient de la vie de Jasper un véritable calvaire, enfin il fit un effort pour ne pas se renfrogner encore plus qu’il ne l’était déjà, mais en grande partie aidé par un sentiment qui naquit en lui au même moment, dépassant tous les autres.

Suivant le conseil d’Edward quelques minutes plus tôt, Jasper avait recommencé à être sur ses gardes et à analyser tout ce qu’il voyait et sentait autour de lui. Grand mal lui en prit puisque l’odeur qu’il sentit à ce moment là le mit dans tous ses états. Il n’entendait même plus Edward et il avait l’impression de le voir parler, mais de ne pas entendre le moindre mot. C’était plutôt comme un charabia incompréhensible, parce que son cerveau et tout son corps était concentrés sur cette odeur qui arrivait si délicieusement à ses narines depuis quelques secondes. L’odeur du sang humain… Il bascula la tête en arrière nerveusement, faisant craquer doucement les os de son cou, essayant vainement de se calmer. Il focalisait ses pensées sur autre chose, sur Alice, sur ses parents, sur ses frères et sœurs… Sur ce à quoi il tenait le plus et à ceux qui comptaient le plus pour lui, sa source de motivation quotidienne. Il essaya d’arrêter de renifler, mais c’était trop tard, il ne pouvait plus s’en empêcher, et déjà il sentait son instinct bestial reprendre le dessus. Il était assoiffé et il n’arrivait plus à réfléchir correctement. Il avait dans les yeux une lueur abominable pour quiconque n’y était pas habitué quand il rebaissa la tête pour regarder Edward. Vu la tête de ce dernier, il avait du sentir l’odeur lui aussi. Jasper n’arrivait plus à penser à rien d’autre qu’à cette odeur qui l’attirait. Il la reniflait depuis assez de temps pour savoir exactement d’où elle provenait et combien de temps il lui faudrait pour y arriver. Il lui semblait que chaque millième de secondes gâchées ici, face à Edward, étaient de plus en plus insupportables… Il fixa son frère du regard, l’air à la fois désespéré et assoiffé, il savait qu’il allait craquer, il le savait, il le sentait dans toutes les fibres de son corps… Sa gorge le brûlait littéralement et il n’avait plus qu’une idée en tête, satisfaire ce désir irrépressible qui rendait cet instant insupportable. Il n’eut que la force de remuer les lèvres rapidement, comme un humain sur son lit de mort, sur le point d’être emporté à tout jamais, il murmura ces quelques mots, sans même être sur qu’Edward réagirait à temps, c’était trop tard, il ne pouvait plus lutter.

« Aide-moi… »

Et sans crier gare il partit à toute vitesse, suivant l’odeur à la trace. Il n’était plus concentré que sur une seule chose, le goût que ce sang aurait une fois qu’il coulerait délicieusement dans sa gorge… Il accéléra encore en pensant au bien que ça lui ferait, il ne pensait plus à sa famille, plus aux sacrifices auxquels il avait consentit depuis des années et des années maintenant pour pouvoir être un membre de cette famille qu’il aimait. Il ne revit pas le visage de sa petite lutine de femme au moment où il se rapprochait assez de son but pour sentir encore plus précisément où l’homme en question se trouvait. Il n’arrivait plus à se contrôler, et la sensation n’était pas désagréable sur le coup. Répondre à ses pulsions les plus primitives, bestiales et surtout les plus puissantes. Incapable de réfléchir, il continua à courir à travers la forêt, évitant agilement les arbres un à un, se rapprochant un peu plus à chaque seconde de sa cible. Il ressentait encore plus fort l’attrait du sang et il avait l’impression de le sentir couler déjà dans sa gorge. Il était tellement prit dans sa frénésie meurtrière qu’il n’entendait pas les pas derrière lui qui le rattrapaient peu à peu. Plus rien n’avait d’importance, rien ne comptait à part ce sang qui le nourrirait bientôt… Si seulement il pouvait aller plus vite, il n’en pouvait plus, cette attente était insupportable. Après toutes les années que le vampire vivait sur un régime végétarien, ne se nourrissant que d’animaux, faibles, insuffisants pour le faire vivre dignement, il allait enfin retrouver ses forces et goûter aux délices du sang humain.

Finalement il arriva si proche de l’humain blessé qu’il le voyait. Pathétiquement affalé au milieu d’un chemin de terre en lisière de la forêt, mais assez enfoncé pour être invisible aux yeux des humains qui se trouvaient dehors. Parfait. Il se rapprocha tellement vite qu’il eut l’impression de se téléporter. Il sentit ses jambes bondir et ses pieds se décoller du sol, il allait y arriver, enfin, sa soif allait s’arrêter, définitivement… ! Mais alors qu’il aurait déjà du sentir le sang couler dans sa gorge, il comprit que quelque chose ne se déroulait pas exactement comme il l’avait prévu.

(Super RP, vraiment j'ai adoré ta réponse !)

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