Breaking Dawn
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I had a dream... [Isillie H.]

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Suzanne Cummings
Suzanne Cummings
Dream of a little home for her


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MessageSujet: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeMer 3 Mar - 14:27


« I had a dream »

I had a dream... [Isillie H.] Iconjessicastam I had a dream... [Isillie H.] Iconblakelivelyho5
I was a little girl alone in my little world
who dreamed of a little home for me.
I asked God who I'm supposed to be.
The stars smiled down on me,
God answered in silent reverie.
Now I'm old and feeling grey.
I don't know what's left to say
about this life I'm willing to leave.
I had a dream

Priscilla Ahn



La journée avait été pire que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Tenter l'expérience n'avait amené que des choses néfastes. Et ne rien tenter l'aurait rendu malheureuse. Malgré toutes les conséquences, elle n'arrivait pas à s'en vouloir d'avoir pris cette décision. Même avec un QI supérieur à celui d'Einstein, elle n'en était pas moins stupide. Voilà le mot exact : stupide. A peine était-elle en bas de l'étage que quelque chose vint se planter dans sa jambe : un couteau plein de sang séché. Mariah, la preneuse d'otage, avait utilisé ses dernières forces pour enfoncer le couteau avec autant de puissance que son état le lui permis et perdit son âme juste après. Il était même surprenant qu'elle en ait été capable. Suzanne était au sol, intacte alors que presque tous les os de l'autre jeune femme étaient craqués. L'odeur du sang de Mariah était tentant, irrésistiblement tentant. Sue avait tenu suffisamment longtemps, un break ne lui aurait pas fait de mal. Seulement voilà, elle était proche de plein d'élèves et de professeur qui les regardaient d'un air choqué, et boire le sang de la jeune femme devant eux n'aurait pas été judicieux. Luttant avec hargne contre sa soif, Sue se releva et s'enfuit. Plusieurs personnes la suivaient en marchant au ralenti, ne sachant que faire. Ils étaient traumatisés et parlaient tout doucement, d'une voix tremblante. Certains lui demandaient si ça allait, d'autre se contentaient de la regarder d'un air débile. Mais aucun ne la poursuivit vraiment. Elle leur en fut reconnaissante. Tandis qu'elle marchait lentement, s'enfonçant dans un petit coin isolé de Dartmouth, elle remarqua que quelque chose avait changé. Des sensations nouvelles. Ses mouvements étaient lents et engourdis. Sa vue était moins bonne, ainsi que son ouïe et son odorat. Comme un humain myope, elle devait se forcer pour apercevoir certains détails et, malgré cela, elle gardait l'impression d'avoir perdu la vue. Soufflant fort, elle se rendit compte qu'elle respirait de nouveau et que son cœur battait à l'intérieur de sa poitrine. Quant à sa jambe, elle la lançait douloureusement. Fatiguée et souffrante – bien que sa blessure n'eût rien de grave – elle remarqua également que son don avait disparu. Elle ne sentait plus rien, ni les atomes dans l'air ni la composition de quoique ce soit. Elle était comme avant, comme elle avait toujours rêvé d'être. Elle était de nouveau humaine. Bien que sa situation fut douloureuse, il s'agissait là d'un mal qui en valait la chandelle puisqu'elle retrouvait la vie, ce pour quoi elle se battait depuis si longtemps. Sa respiration, irrégulière, irradiait de la vapeur lorsqu'elle expirait la chaleur de son corps dans ce froid glacial. Le froid. Elle avait si froid. Sa peau était chaude et molle, délicieusement teintée de rose et son teint d'albâtre avait laissé place à un beige doré. Elle avait voulu cela depuis si longtemps ; elle qui n'y croyait plus.

Comment se faisait-il qu'elle soit de nouveau en vie, avec un « boum » régulier à la place du cœur ? Tous les évènements précédents s'effacèrent pour faire place au présent, un moment unique, merveilleux. Soudain, tout parut futile et secondaire à côté de ce que l'on venait de lui offrir. La prise d'otage qui avait eu lieu un peu plus tôt n'avait plus aucune importance ; la seule chose qui occupait ses pensées était son humanité. Était-elle enfin redevenue comme avant ? Mariah avait-elle le pouvoir de la rendre humaine de nouveau ? Du plus profond de son âme, elle espérait que ce soit définitif. Quelque chose vint perler à son œil, la picotant légèrement et brouillant davantage sa vue. Le petit diamant liquide roula le long de sa joue avant de s'écraser au sol. Une larme. La première depuis cent quarante six ans. Une larme qu'elle attendait depuis tant de temps. Plus rien n'avait de valeur face à ce cadeau si précieux, pas même les pouvoirs exceptionnels que lui procurait le vampirisme. Si, cent cinquante ans plus tôt, on lui avait dit qu'un jour son rêve se réaliserait, elle n'y aurait pas cru. Mais elle était là, dans le froid, à souffrir d'une blessure qui jadis ne l'aurait pas égratignée, en train de pleurer. Un torrent de sanglots s'empara d'elle. Et, bientôt, ses larmes se mêlèrent à la pluie qui accompagnait la neige dans sa descente. Était-ce bien réel ? La joie qu'elle ressentait piquait son cœur avec une aiguille. Ce bonheur était tellement beau qu'il en était même douloureux. Cela ne dura que quelques minutes mais ce furent les quelques minutes les plus heureuses de son existence d'immortelle. Son sang, tout chaud, se répandait sur la pelouse givrée et faisait fondre les flocons qui tombaient. Oh, Dieu, que le monde était beau avec cette vision si humaine de la vie, la vraie. Elle eût l'impression de s'être endormie pendant plus d'un siècle et d'enfin se réveiller. De sa main tremblotante, elle caressa sa peau. Ce n'était pas du tout la même sensation. Ce fut comme si sa vie de vampire n'avait été qu'un cauchemar que que son humanité soudaine était la réalité. Une douce et belle réalité à laquelle elle n'avait osé songé pendant tant d'années.

Elle était redevenue la vraie Suzanne Teresa Cummings, celle qu'elle avait quitté il y a bien longtemps, avant de devenir une buveuse de sang. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua la voiture en face d'elle, étincelante contrairement aux autres véhicules. Ce devait être un véhicule tout neuf ou bien entretenu. Il n'y avait personne à l'intérieur et elle en profita pour ramper plus près de lui. Son reflet lui coupa le souffle, et les larmes se firent plus nombreuses. Ses yeux. Bien que ses pleurs rendaient sa vision encore moins nette, elle pouvait les voir. Ses magnifiques yeux. Ils étaient d'un bleu pastel, très clair, pétillant. Ils étaient tout simplement exquis. Plus de ces horreurs rouges, juste de beaux yeux bleus. Elle avait perdu son air naturellement intimidant et ressemblait à une fraîche et charmante jeune fille aux lèvres bien roses et au visage certes pâle mais moins que l'ancien. Elle était belle. Plus belle qu'elle ne l'avait jamais été. Peu importe que sa transformation l'ai rendue plus désirable, avec un visage sans défaut et un corps parfait ; elle ne serait jamais plus jolie qu'en cet instant. Elle aurait voulu que quelqu'un le lui dise, le lui fasse remarquer. Sa mine était meilleure, malgré le fait qu'elle soit inondée de gouttes. Elle était si heureuse. Indiciblement heureuse. Plus qu'elle n'aurait jamais pu l'être en tant que vampire. De nouveau, elle était une fille normale, de dix-huit ans. Un sourire radieux apparut sur la carrosserie de la voiture. Le sien. Peu importe que sa jambe l'affaiblisse, elle ne sentait plus rien. Aucune douleur ne pouvait plus l'atteindre, à part celle du doute. La peur que tout s'efface aussi vite que c'était apparu.

Elle s'accorda quelques minutes d'intense contemplation. Après qu'elle eût bien observé tout ce qui l'entourait avec des yeux humains, humé chaque odeur avec son nez peu développé et écouté les sons qu'elle était en mesure d'entendre, elle posa sa main sur son cœur. Elle aurait pu s'endormir, bercée par son rythme régulier, envahie par une fatigue nouvelle. Une envie de dormir qui la réjouissait, la rendait hystérique malgré le sommeil fulgurant qui la menaçait. Toujours les doigts crispés sur la gauche de sa poitrine, elle se rendit compte que le battement se faisait de plus en plus léger jusqu'à ne plus exister. Il était redevenu dur et froid. Suzanne ne sentait plus la fraîcheur ambiante, non plus. Et sa vue s'aiguisait peu à peu. Il en était de même pour chacun de ses autres sens. Paniquée elle mit toute sa volonté à respirer, à dépendre du dioxygène mais rien : elle pouvait de nouveau faire de l'apnée pendant deux jours si elle le voulait. Son rêve s'était éteint et bien que ses joues furent encore mouillées par les larmes qui stagnaient, ses yeux étaient de nouveau tout sec. Injustice. Elle tâta sa peau glacée et dure et toucha sa jambe. La blessure ne lui faisait plus mal et elle cicatrisait à vue d'œil. Tout ceci n'avait été qu'éphémère. Se rendre à l'évidence était si douloureux. La nature reprenait cruellement ce qu'elle avait offert. Le visage déformé par le chagrin, elle se recroquevilla sur elle-même et resta assise à côté de la voiture pendant un bout de temps. Elle entendait la police, non loin de là et sentait le sang humain alentour. C'est là qu'elle y songea : elle n'avait pas ressenti la moindre soif lorsqu'elle était redevenue humaine. On venait de réaliser son vœu le plus cher et on lui avait repris sans scrupule.

De là où elle était, elle se voyait toujours dans la carrosserie du véhicule. Ses cheveux étaient redevenus la crinière sauvage qu'elle avait avant et ses yeux rouges perçaient. Si jamais quelqu'un la voyait, elle n'aurait qu'à faire croire qu'elle était albinos. Ou, puisque ses gestes se faisaient vifs, elle n'aurait qu'à fuir avant que le pauvre petit humain, dont l'odeur alléchante l'attirerait irrésistiblement, ne la voie. Sa gorge recommença à la brûler, la soif. Son cœur, bien qu'il redevint dur comme la pierre, la pinça. Cela faisait si mal de voir son espoir s'écrouler, réduit à néant. Elle n'était pas pressée de rentrer et il n'y avait pas foule : tout le monde était devant l'endroit où elle était tombée quelques minutes plus tôt. Elle aurait pu être l'une d'entre eux si elle avait été comme eux. Mais elle était différente, tout simplement différente. Une vampire. Une buveuse de sang. Comme un moustique qui pompe sa proie, elle s'abreuvait d'eux. Et la logique allait ainsi, elle était le prédateur et ils étaient les proies. Elle aurait tout donné pour retrouver la vulnérabilité que le Ciel lui avait accordé il y a peu. Celle qu'elle attendait depuis des décennies et qui s'était faite attendre patiemment. Celle dont jouissaient tous les humains de l'université, du monde.

« Au moins, j'ai eu la chance d'y goûter à nouveau... » se murmura-t-elle avec peine.

Elle n'avait pourtant pas rêvé, ce n'était pas une hallucination. Elle n'en était pas réduite à ce point là, à se créer de fausses images. Et elle avait senti des choses qu'elle n'avait plus ressenti pendant son immortalité. Ce n'était pas un délire, tout était vrai. Tout était ce qu'elle avait toujours voulu. Un pas la fit sursauter, mais l'odeur n'était pas celle, escomptée, d'un humain. Il s'agissait d'un vampire. Qu'on l'étripe sur le champ, elle n'en avait rien à faire. Ses années de souffrance avaient fini par payer : elle avait eu ce qu'elle voulait et plus rien ne comptait à présent. Elle ne craignait plus la mort puisqu'elle avait eu droit à la vie. Suzanne était heureuse et triste à la fois, tout simplement. Les yeux fermés, elle attendit le visiteur dont l'odeur douce et merveilleuse envahissaitt progressivement le lieu.
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Isillie Hadington
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeMer 10 Mar - 22:47

    Dès que la prise d'otages avait débutée, Isillie s'était enfuie. Elle avait peur, peur que le sang qui ne tarderait pas à couler lui fasse perdre la tête et lui rende sa véritable nature de vampire sanguinaire. Elle était donc partie et elle s'en mordait les doigts. Elle se sentait coupable de laisser ses camarades, humains ou non, se faire capturer de cette façon. Alors qu'elle attendait une fin, quelqu'en soit l'issue, derrière la cage d'escaliers, les autres risquaient leur vie... Les balles, les poignards, les armes de manière générale ne pouvaient l'atteindre, alors que craignait-elle ? Elle était quasiment certaine de résister au pouvoir tentateur du sang humain à petite dose, elle serait partie après... Elle secoua la tête afin de chasser ses idées négatives, geste inutile et si humain... 

    Soudain, il y eu un brouhaha plus fort encore que celui résonnant à l'étage. Isillie contourna le mur et se posta devant l'entrée, son sac à la main. Au bas des marches se tenait une foule attroupée autour d'une jeune femme. Celle-ci, mais Isi ne pouvait l'affirmer à cause du mur humain, ressemblait fortement à une vampire, le teint pâle et les yeux cernés et rougeâtres. Grâce à sa vision sur développée, Isi aperçu néanmoins des rides de douleur sur le visage recouvert d'un film de sueur et de couleurs sur les joues. Un artifice ? Pour paraitre un peu plus humaine, Isillie avait eu recours à des tas de subterfuges mais aucun n'était vraiment convaincant. Là en revanche, les pomettes de l'étudiante à terre étaient d'un rose pâle et se soulevaient régulièrement. En quelques secondes, il se produisit chez cette étudiante des changements imperceptibles pour l'oeil humain qu'Isi pouvait facilement appercevoir. Son visage s'était un peu coloré, plus cireux que blafard, ses yeux avaient palis et sa respiration se faisait haletante. Isillie inspira l'air saturé dont se détachait un parfum subtil et agréable. Il ne s'agissait pas du sang humain, bien trop brutal et ennivrant, mais plutôt d'un mélange vampirique et humain. Elle se surprit à respirer pleinement cette fragance si fraiche, si douce. Elle n'en avait jamais sentie de semblable...

    Elle se pencha pour mieux voir au travers des étudiants qui s'éloignaient peu à peu. Elle reconnu enfin la blonde accroupie, elle était certaine qu'elle était un vampire, carnivore, répondant au nom de Suzanne. Elle s'approcha encore et vit, une fois n'est pas coutume, une lame acérée couverte de sang séché plantée dans le mollet de Sue. Comment était-ce possible ? Leur peau marmoréene avait une résistance absolue aux armes en tout genres ! Mais Suzanne saignait, quelques petites gouttes écarlates s'echappaient de sa plaie. Il s'agissait là d'une résistance anormale à la douleur, pour des humains ! Un couteau aurait brisé sa lame sur le mollet d'un vampire... Isillie ne comprenait rien et cela lui procurait un méchant mal de tête accentué par les voix que renvoyait son don. Elle regarda, déboussolée, Suzanne s'enfuir en clopinant. C'était tout bonnement inpensable ! Les élèves se dispersèrent en murmurant de sympathie ou s'angoisse pour la blonde. Certains fixaient Isi, toujours figée sur le haut des marches. Elle s'était inconsciemment pétrifiée, tout à ses réflexions. Elle n'arrivait pas à trouver d'explications logiques à ce qu'elle voyait et, pour la première fois de sa longue vie, elle devait revoir les convictions qui lui avaient permis de tenir. Dans cette ambiance là, c'était impossible. Elle passa la main dans ses cheveux, geste inutile qui rassura les humains présents. Il fallait qu'elle parle avec Suzanne, qu'elle lui demande doucement ce qui se passait avec sa gentillesse coutumière .

    Elle se mît à courir, d'abord lentement devant les autres élèves puis rapide à en devenir invisible sur la neige. Ses pieds touchaient à peine le sol et l'air s'engouffrait entre ses boucles blondes. Elle aimait cette sensation d'envol propre à la nature vampirique. Mais elle y renoncerait pour redevenir humaine, bien que cela ne soit pas dans ses priorités. Depuis des siècles elle avait essayé de s'identifier, de lister ce qui faisait d'elle une buveusese sang : le fait d'en boire bien sûr, mais aussi les sens aiguisés, la vitesse, la beauté, les pupilles rougeâtres ou dorées, la pâleur extrême... Que de choses qu'elle n'avait pas demandées mais qui faisaient partie de son quotidien depuis trois cent longues années. En regardant Suze prendre des couleurs, elle avait comprit qu'elle n'était pas damnée à jamais et elle s'en était réjouie, bien que son cerveau eut le temps de se poser des milliards de questions à propos de cette étonnante faiblesse. Apparemment, le couteau était tout à fait ordinaire, bien qu'un peu rouillé, et Isi savait qu'elle pouvait résister à la rouille. Rien à voir donc.

    Elle vit Suzanne s'approcher, quasiment à terre, d'une voiture brillante. La neige tombait encore et recouvrait les cheveux blonds de deux seules femmes à l'extérieur. Isillie secoua discrètement la tête et des flocons s'en échappèrent. Elle se sentait encore plus coupable d'espionner Suze dans son intimité, ce moment ne concernait qu'elle. Des pensées contradictoires se bousculaient dans son cerveau : devait-elle essayer d'en savoir plus en regardant la jeune femme blonde ou devait-elle détourner le regard afin de la laisser seule avec ce nouveau mystère. Son habituelle gentilesse l'emportant -elle n'avait pas envie qu'on lui fasse subir la même chose- elle s'éloigna de quelques pas et porta son regard sur le sol maculé de détritus. Quelques bouteilles, sachets et papiers jonchaient la neige et commençaient à disparaitre sous le manteau blanc. Baissant les yeux sur son jean,elle inspira à fond et de délicieuses odeurs s'insinuèrent dans son esprit. Un délicieux parfum de sang humain lui emprisonna les sens, bien qu'elle garde sa lucidité grâce à son expérience. Elle leva les yeux afin d'apercevoir les deux humains qui traversaient la cour. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle appercut une unique étudiante qui marchait lentement sur la neige en fixant nerveusement Isillie ! Elle avait pourtant perçu la senteur d'au moins deux corps vivants... Elle tendit l'oreille et entendit en effet deux pouls réguliers, elle pouvait même sentir la pulsation du sang qui battait aux tempes des autres présentes dans cette partie du campus. 

    Soudain, un hoquetement de stupeur aux intonations joyeuses retentit juste derrière elle, derrière la voiture. Isillie fut alors si étonnée qu'elle en laissa presque tomber sa paire de gants qu'elle tenait à la main. Cela n'était pas possible dépassait toute imagination ! Et pourtant, c'était la seule explication possible. La personne qu'elle avait voulu espionner, Suzanne, était devenue une humaine ! Non, c'était tout bonnement impossible... Beaucoup de vampires avaient tout tenté pour redevenir ce qu'il étaient mais rien, à la connaissance de la belle blonde, n'avait abouti. Furieuse contre le peu qu'elle savait sur sa propre nature, elle releva la tête vers l'humaine brune plantée au milieu et qui la regardait fixement et lui décocha un de ces regards noirs et terrifiants dont elle avait le secret. La pauvre étudiante bafouilla des excuses et des grognements parfaitement audibles à Isillie et s'enfuit à toute jambes alors que la vampire retroussait les lèvres et laissait échapper un son bas et rauque. Bien, son numéro d'intimidation avait tout à fait fonctionné. A toujours jouer la parfaite humaine, elle en oubliait son côté sauvage et ce don de persuasion. Ravie mais un peu contrie du mauvais tour qu'elle venait de jouer, elle réfléchit intensément aux tournures que pouvaient prendre les choses. Soit elle allait voir Suze afin de consoler les pleurs qu'elle entendait et de faire taire ses démons qui voulaient tout savoir. Soit elle s'en allait, laissant seule la pauvre Sue et n'appaisant pas cette étrange curiosité. La réponse était évidente, elle s'en voudrait pour l'éternité d'avoir manqué à ses principes de solidarité. Elle inspira à fond avant de se souvenir que ça n'était pas une bonne idée. Une flaque de sang gisant non loin, l'odeur exquise rendit à ses prunelles dorées un léger éclat écarlate et sa gorge la brula plus fort que jamais. Elle réussit à retenir bien évidemment, cet exercice était desromais très facile pour elle mais elle n'était pas masochsite et n'appréciait nullement le fait de ressentir une telle douleur. Elle contourna donc la voiture à une vitesse surhumaine et s'arrêta doucement devant la belle blonde qui fermait les yeux. Son teint était blafard et sa blessure semblait inexistante. Isillie ne percevait plus le rythme régulier et appaisant de son cœur et ses prunelles avaient retrouvées leur éclat sanguinaire. Rien ne prouvait qu'elle avait été humaine quelques secondes plus tôt, hormis le sang qui faisait fondre la neige maculée. Silencieusement, elle s'accroupit auprès de Suze encore à moitié allongée et, ne sachant que faire de ses mains, les glissa entre ses genoux. Cette position, très inconfortable pour un humain, ne la gênait pas et elle pourrait rester ainsi indifiniment jusqu'à ce que ses besoins naturels, la chasse entre autres, la rappellent. Elle se demandait ce que ressentait en cet instant celle qui lui faisait face. Presque chaque buveur de sang voulait redevenir humain, et Suzanne qui avait pu toucher son rêve des doigts sans pour autant l'atteindre vraiment et à jamais. Isillie serait prête à donner tout ce que la nature de vampire lui avait donné pour sentir son cœur battre à nouveau dans sa poitrine. Mais très souvent, cette motivation s'effacait et Isillie souhaitait seulement vivre pour l'éternité avec une famille et une âme sœur. Ce rêve là aussi semblait lui être interdit et c'était pourtant une chose simple. Elle avait beau tout faire pour le réaliser, ses semblables avaient l'air de l'éviter et sa nature soliatire la rattraper. Mais à Hanover, le titanesque lot de créatures mystiques était assez grand pour qu'elle puisse en rencontrer 

    Elle reporta son attention sur Suzanne dont les joues étaient encore humides de larmes et lui dit de sa douce voix résonnant comme un choeur de clochettes dorées :


    Suzanne... Tout va bien ? Que c'est-il donc passé ?

    Elle avait à peine murmuré, consciente que Suzanne l'entendrait désormais. Son ton était compatissant, gentil et curieux à la fois. Si Suzanne ne voulait pas d'elle et souhaitait vivre cet instant seule, elle s'en irait, désireuse de faire plaisir à son interlocutrice. Tant pis pour ses questions et sa soif d'informations...
 
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeDim 21 Mar - 16:48

La respiration de Suzanne était de nouveau normale, sans problème de souffle. Ses yeux, rubis, étincelaient et ressortaient davantage sous cette neige pure. Une tête blonde s'approcha, un vampire. Il s'agissait d'une étudiante qu'elle avait déjà vue une ou deux fois. Elle ignorait son nom, son histoire mais, en cet instant, s'en fichait un peu. En temps normal, elle l'aurait bombardée de questions, aurait montré une fascination sans bornes à chacune des paroles de l'inconnue et aurait été pétillante de vie ; nous n'étions pas en temps normal et elle avait d'autres choses à penser. Un air sévère et blessé sur le visage, elle se tordait de douleur sur ce sol glacial dont elle ne sentait plus la fraîcheur. Elle avait perdu toute sensation. Finalement, avait-elle rêvé ? Voulait-elle tellement redevenir humaine qu'elle en était venue à projeter une fausse image ? Perdait-elle la boule ? Ou était-ce le fruit du pouvoir d'un congénère vampire ? Y en avait-il un capable d'un tel miracle ? Dieu qu'elle voulait le rencontrer. Le regard compatissant de la nouvelle arrivée réchauffa le cœur meurtri de Sue. Des milliards de questions se bousculèrent dans l'esprit de la blonde sauvage. Se marierait-elle un jour ? Y avait-il la moindre chance que sa grande maison soit égayée par des rires d'enfants et les aboiements d'un chien ? Elle doutait. Tout ce qu'elle voulait, elle le détruisait. Les vampires. Condamnés à vivre une semi-vie avec ses avantages et ses inconvénients. Voilà ce qu'elle était. Vu sous cet angle, elle était bien bête d'aspirer à une vie banale. D'ailleurs, qu'est-ce que c'était « banale » ? Une vie lambda comme tout un chacun ? Mais tout un chacun a une vie unique... Non ? Son esprit, torturé, repensa à ses premières années vampiriques. Même si elle tuait vampires après vampires, humains après humains, c'était un passage simple. Elle avait beau ne pas aimer ces instants et vouloir les supprimer de sa tête, il fallait convenir que c'était plus facile. Elle était aux ordres de son clan, elle leur était dévouée et n'avait pas à faire ses propres choix. Cela l'avait en quelque sorte protégé de la dureté de ce monde. Pourquoi n'avait-elle pas eu la chance de vivre à cette époque, à ses dix-huit ans ? Pourquoi n'était-elle pas humaine ici et maintenant, tout simplement ? Le destin ? Était-ce lui le responsable ?

Tout en dépliant ses jambes, sur lesquelles aucune cicatrice n'était visible, elle adressa un regard doux et peiné à Isillie. Mine de rien, elle était certaine que tous les vampires auraient voulu redevenir humains. Au moins jusqu'à leur quatre-vingts ans. Pour la plupart, on leur avait enlevé leur jeunesse. On les avait obligé à se plier à cette vie, à cet enfer. Isillie était peut-être de ceux là, elle aussi. Le murmure carillonnant de la vampire blonde retentit et Suzanne se mit à sourire. Pas une de ces sourires joyeux dont elle avait, d'habitude, le secret. Pas non plus un sourire hypocrite ou sarcastique. Pas ce sourire gêné qu'elle affichait pour paraître humaine de temps à autre. Juste un sourire triste, sans signification. Essuyant ses joues, frôlant les petites perles mouillées du bout des doigts, elle se sécha le visage que la neige remouilla aussitôt. Secouant la tête pour enlever les flocons qui s'y entassaient, elle entreprit de répondre. Pas vraiment en répliquant ce qu'Isillie attendait, mais en disant ce qui lui passait par la tête, sa petite tête bourrée d'interrogations qui était sur le point d'éclater.

« Sommes-nous damnés à jamais ? Il n'y a nul moyen de revenir à ce que nous fûmes avant, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle de son médium chantant.

Sa voix... Elle la détestait tant. En fait, elle détestait tout ce qu'elle était. Presque autant qu'elle l'aimait. Partagée, entre deux avis contraires. La facilité ou la lutte, accepter son sort ou se battre pour accéder à un destin incertain. Après tout, n'était-ce pas plus simple de se comporter normalement, de souffrir en silence en arrêtant de se poser milles questions ? Toutefois, elle n'en était pas capable. Son avenir la préoccupait. Pour quelqu'un qui possédait dans le creux de la main l'éternité, elle était bien soucieuse. Mais c'était sa nature, sa façon d'être. Ou en tout cas sa nouvelle façon d'être. Où était passée la "fille" insouciante, "heureuse" et joyeuse ? Où était-elle donc, celle là ? Etait-elle définitivement partie pour laisser place à cette vieille bileuse ? Peu importe ce qu'elle eût été avant, ce qu'elle était en ce moment ne lui plaisait pas et ce qu'elle était en train de devenir non plus. Il fallait qu'elle trouve sa voix, une solution qui lui conviendrait enfin. Quelque chose qui la rendrait vraiment heureuse.

La neige tombait toujours et Suzanne ne sut estimer le temps de silence qui s'était installé entre les deux jeunes femmes. Après ce qui lui parut dix bonnes minutes humaines, soit beaucoup plus en minutes vampiriques, elle tourna la tête vers Isillie. Cette dernière connaissait son nom mais Suzanne ignorait tout d'elle. Partant dans des confidences absurdes, saugrenues et même déplacées, Sue reprit la parole. Elles ne se connaissaient pas, mais avaient visiblement toutes deux envie de parler. Peut-être même de se confier. Rares étaient ce genre de moments chez Suzanne mais, depuis une semaine environ, ils s'étaient multipliés plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Cette semaine soufflerait un air de changement pour elle, elle le savait. Sa décision finale, sur laquelle elle ne reviendrait pas. Tout ce qu'elle attendait depuis toujours, tout ce à quoi elle aspirait. Si elle avait été humaine, elle aurait certainement demandé à être vampire ; la situation était cependant différente, elle était vampire et voulait être humaine. Elle était passée si près.

« Avoir une vraie vie. C'est tout ce que je demande. Un mari, des enfants, un chien, un métier. Une vie limitée dans le temps pour vraiment en profiter. Et toi, qu'attends-tu ? »

Son visage s'était apaisé, elle avait déjà moins mal. Son cœur ne la pinçait plus autant qu'avant. La crise passait. Car ce genre de moments désespérés n'étaient autres que des crises. Plus fortes les unes que les autres. Plus insensées. Plus réalistes à la fois. Plus les années passaient, plus elle saisissait les sacrifices qu'exigeaient sa condition et aujourd'hui seulement elle en comprenait le sens. Dans l'euphorie du début, elle ne s'en était pas rendu compte. Après plus d'un siècle et demi, elle se lassait. L'immortalité n'avait finalement pas que du bon, en voilà la preuve.

Ce n'est qu'alors que la question du pourquoi lui parvint. Comment se faisait-il que quelque chose de si incroyable – si ça s'était vraiment produit – soit arrivé ? Scientifique dans l'âme, malgré le fait qu'elle soit une créature fantastique digne de la plus grande fiction, elle chercha à résoudre ce mystère. Il n'y avait pas quinze possibilités : soit Mariah avait des pouvoirs, soit l'un des vampires dotés d'un don lui faisait une blague, soit cela était du à un événement autre. L'image du couteau s'imposa à elle. En tombant, il ne s'était rien passé mais dès lors que Mariah eût planté la lame dans sa peau, les changements opérèrent. C'était forcément cela. Le couteau.

« Ce... c'était bien réel, hein ? Ce n'était pas le fruit de mon imagination ? Mon cœur... battait, à l'instant, non ? C'est à cause du couteau, j'en suis sûre. »

Perdue. Elle était perdue. Se levant rapidement, elle attrapa la main de son interlocutrice avec précaution et l'entraîna jusqu'au bâtiment d'où elle était tombée. En bas, il y avait la police qui récupérait l'objet tant convoité par Suzanne. Le fameux couteau. Il était dans un sac plastique, manipulé avec attention par les gants d'un homme trentenaire. La foule s'entassait encore plus, curieuse de savoir pourquoi cet attroupement avait lieu. Elle n'aurait pas beaucoup de temps et il fallait faire vite avant que le couteau ne parte au commissariat. Lâchant la main de la jeune femme, dans un geste qui - pour Suzanne - parut quasi-naturel - elle s'élança le plus vite qu'elle put sur le couteau que le policier venait de poser dans un carton nommé "Pièces à conviction". Invisible aux yeux des humains, elle fut telle une ombre qui frappe : insaisissable et furtive. Revenant à toute vitesse vers Isi, elle lui montra l'arme avec un regard plein d'espoir. Elle détenait dans ses mains, sans le savoir, la clé de tout ce mystère. Une idée étrange derrière la tête, Suzanne sortit le couteau de son emballage avec précaution.

« Tu sembles me connaître un peu mais en revanche, j'ignore jusqu'à ton nom. Je crois que j'ai une idée mais je vais avoir besoin de ton aide. Tu serais... d'accord ? » chuchota-t-elle d'un ton hésitant.
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Isillie Hadington
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeDim 16 Mai - 22:32

    Le petit sourire triste que Suzanne adressa à Isillie lui fit comprendre à quel point cela l'avait perturbée de redevenir humaine. Ce rictus ne dévoilait aucune émotion, juste de la lassitude. Il ressemblait tant à ceux qu'elle offrait elle-même tout les jours ! Si elles avaient eu plus de temps, Isi aurait adoré discuter avec Suzanne, en savoir plus sur elle. Mais les circonstances n'était pas vraiment propices alors qu'elles étaient assises dans la neige humide, sans parler pendant une bonne minute. La question de Suzanne, qui n'en était pas vraiment une, ne la prit pas au dépourvu. Elle s'attendait à ce genre d'interrogations auxquelles personne n'avait de réponses. Chacun se faisait sa propre opinion, mais celle d'Isi était plutôt pessimiste. Elles étaient coincées dans un corps, dans cette vie qu'elles n'avaient pas choisie. On la leur avait imposée, sans préavis. Une force incomparable, une beauté extraordinaire, des capacités uniques et puissantes... Mais aussi l'obligation de tuer pour "vivre", le fait de ne pas pouvoir vivre en société, de se sentir coupable en permanence... Tout cela, Isillie l'aurait volontiers troqué contre une vie à durée limitée et une famille aimante. On l'avait condamnée à une adolescence éternelle, à un avenir dans le corps d'une fillette. Cependant, si elle n'aimait pas son pouvoir, bien trop dévastateur, elle aurait peine à quitter toutes les connaissances qu'elle avait acquises. Un cercle vicieux sans issues. Elle servit à Suzanne la réponse qu'elle attendait d'une voix peinée et fataliste :

    « À jamais, sans doute. Nous sommes condamnées à vivre cet enfer seules jusqu'à ce que tout se termine. Et même si nous n'en sommes pas responsables, nos lamentations n'y changeront rien. »

    Elle eu un haussement d'épaules qui faussait ses pensées. Elle voulait en sortir, mais c'était impossible alors elle faisait avec. Il y avait du vrai dans ses paroles, il ne suffisait pas de pleurer une vie perdue pour avoir une chance de la connaitre. Elle voulait agir. Soudain, elle sursauta imperceptiblement, même Suze n'avait dû percevoir cet infime mouvement : Hanover l'avait profondément changée. Autrefois, elle serait passé à autre chose pour ne pas souffrir. Aujourd'hui, elle préférait subir les conséquences de ses pensées pour trouver une solution à cet état que peu d'entre eux supportaient désormais. Le mythe de vampire les avait tous sûrement amusés, mais maintenant que ce moment d'allégresse en découvrant ses pouvoirs était passé, on en voyait les inconvénients. Isillie avait toujours comblé sa solitude en apprenant encore et encore. Elle aimait cela, la découverte. Son esprit rapide et perspicace lui ouvrait de nouveaux horizons que sa vie de courtisane lui avait toujours interdit. La lassitude était un mot qui lui convenait bien aujourd'hui, et si rencontrer d'autres vampires avait été une expérience extraordinaire et magique, cela ne l'avait pas rendue véritablement heureuse. Elle savait que son rêve d'être humaine et de pouvoir embrasser ses enfants était stérile. Alors elle ne demandait qu'une chose : l'amour. Si cette requête parait stupide, après trois cent ans de solitude elle prend tout son sens.

    « Je ne demande pourtant pas grand chose, juste un peu d'amour, un compagnon, des amis. Et encore... Je n'espère plus redevenir humaine après ces centaines d'années infructueuses, mais ce que tu viens de vivre change toute la donne. Tu étais... Vivante. Du sang circulait dans tes veines et ton cœur battait. À moins d'avoir halluciné toutes les deux, ce dont je doute, tu étais humaine et c'est sûrement à cause du couteau. Mais je ne sais pas pourquoi... »

    Elle aurait rougi de s'être lancée dans de pareilles confessions, son éducation rigide lui avait appris à ne jamais dévoiler le fond de sa pensée. Elle avait été plus honnête avec Suzanne qu'avec elle même, plus honnête qu'elle ne le serait sans doute jamais. Mais le sang ne circulerait plus sur ses pomettes, pas plus que son pouls battrait la mesure de sa vie. Elle en avait assez de ressasser ces mêmes pensées tristes et inutile ! Un plan venait de germer dans son esprit, et il semblerait que Suzanne avait eu le même...

    Isillie se leva lestement dans un furtif geste flou quasiment invinsible et savoura le contact de la main que Suzanne lui avait tendue. Sa peau était encore tiède, chaleur infime qu'elle percevait à peine et couverte de quelques gouttes de sang ennivrantes cat mêlées à l'odeur délicieuse que dégageait Sue. Main dans la main donc, elles se dirigèrent rapidement vers le bâtiment qui avait vu Suzanne redevenir humaine. En bas, les policiers rassemblaient les preuves qu'ils avaient pû trouver et dans lesquelles figurait le poignard de Mariah, soigneusement emballé dans un sachet et posé dans un carton portant l'inscription "Pièces à conviction". Déçue quand Suzanne rompit le contact qui les avait étrangement réunies alors qu'elles ne savait rien l'une de l'autre, elle fut cepandant emplie d'un mélange de fierté et de satisfaction en la voyant passer entre les officiers, subtile et furtive. C'était comme si une de ses meilleures amies venait s'accomplir quelque chose dont elle pourrait être fière, à la différence qu'elle ne connaissait pas Sue. Intriguée par cette émotion positive qui réchauffait son cœur flétri après pareilles pensées noires, elle lui adressa un sourire complice et heureux, bien qu'encore teinté d'amertume. 

    Soudain, une idée contradictoire lui traversa l'esprit. Suzanne avait-elle l'intention de lui enfoncer le couteau dans la jambe ou le bras ? C'était ce que son sourire d'espoir laissait sous-entendre... Isillie n'était pas contre, enfin... Elle appréhendait la douleur et le fait d'être vivante pour la première fois depuis des décennies mais l'envie et la curiosité la démangeait. Cette dernière l'emportant d'ailleurs avant que son amie ne lui expose son plan et elle lui dit d'une voix un peu hésitante mais ferme :


    « Je ne connais que ton nom, mais je suis prête à tout pour t'aider. Depuis tout à l'heure, j'ai sentis quelque chose éclore en moi, ou mourir... Je me sens mieux grâce à toi, j'imagine que je ne te remercierais jamais assez. Moi, c'est Isillie. Qu'as-tu l'intention de faire avec ce couteau ? Me le planter dans le corps ? »

    D'un regard ambré elle lui fut comprendre que cela ne la dérangerait pas le moins du monde...
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Suzanne Cummings
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeLun 31 Mai - 18:08

Isillie inspirait un sentiment de confiance à Suzanne. Il est vrai que dans son état, tout le monde lui aurait paru digne de foi. Cependant, Isillie dégageait ce genre de bonté que l'on trouve rarement dans sa vie, le genre à faire fondre un pauvre petit cœur seul et endurci. Suzanne était de ces derniers. Elle se laissait charmer par ce petit bout de femme-vampire au caractère si doux, prêt à se plier en quatre pour l'aider. Si Sue avait été une étudiante de dix neuf ans comme les autres, elle aurait sûrement fait de sa compatriote blonde une grande amie. Seulement elle était une vampire de cent quarante quatre ans, figée dans le corps d'une môme de dix huit ans. Elle ne grandirait jamais plus, ayant tout juste finit de développer son corps mi-enfant mi-femme. Elle resterait sous ces traits pour l'éternité. L'éternité... Ce mot sembla si lourd à ses oreilles. L'éternité était si longue.

Tandis que la neige se posait silencieusement sur elles, elles s'observaient. Les circonstances de leur rencontre les avaient liées d'une façon étrange. Sans parler, elles avaient su communiquer et s'accorder leur confiance. Alors, répondant à la question défaitiste de Suzanne, qui en réalité n'en était pas une, Isillie répliqua d'une voix sans appel.

« À jamais, sans doute. Nous sommes condamnées à vivre cet enfer seules jusqu'à ce que tout se termine. Et même si nous n'en sommes pas responsables, nos lamentations n'y changeront rien. »

La grande blonde resta silencieuse. En effet, elles étaient condamnées à rester comme cela pour toujours. Et rien ne pourrait changer cela. Le souffle court, toujours saccadé par sa condition momentanée d'humaine, Suzanne ferma les yeux et observa mentalement le ciel. Elle voyait ce nano-monde qu'aucun ne pouvait observer. Elle voyait par séquence les atomes, tel un puzzle d'enfant. Elle voyait la neige, dont la constitution H²O fondait petit à petit. Et elle voyait Isillie et sa peau inerte, morte. Malgré des années de pouvoirs, elle ne voyait pas la composition du venin, ni même du reste. Ou en tout cas, ne savait pas comment l'identifier. Ces matières étaient inconnues. Elle-même était donc inconnue. Elle n'existait pas, dans le monde des humains. En réalité, elle n'était qu'une caricature améliorée de ces êtres faibles mais attachants. Elle remarqua alors sur sa peau des particules très fines, toujours les yeux fermés. Il s'agissait de sang. Son organisme l'avait totalement rejeté et il n'était séché qu'en surface. Une idée lumineuse lui parvint et elle se leva d'un bon, entraînant sa nouvelle amie avec elle. Cette dernière lui contait ses rêves. D'un ton désolé et compatissant, elle acquiesça.

« Oui... je rêve des mêmes choses. »

Elles marchèrent quelques secondes avant d'arriver sur les lieux du crime. Comme si Isillie ne s'en était pas douté, Sue murmura.

« C'est moi qu'ils cherchent... Ils ne tarderont peut-être pas à me trouver. Surtout la fille du FBI qui était avec moi dans la salle. Ils vont finir par se douter de quelque chose. Si je quitte l'université, ça paraîtra suspect, et si je reste, certains vont s'interroger davantage... Je peux faire passer cela pour un accident mais... Je reste perplexe. » confia-t-elle à la superbe végétarienne qui se tenait à côté d'elle.

Le but de Suzanne était, dans l'immédiat, de s'emparer du couteau que Mariah lui avait enfoncé dans la chair. Elle savait qu'il s'agissait d'un indice potentiel et elle ne comptait pas le laisser filer comme cela, dans ce camion de police où toutes les preuves étaient réunies.

S'élançant avec grâce, d'une démarche féline, la belle carnivore passa tout à fait inaperçue à travers les humains. Ils ne la virent pas, ne sentirent sûrement même pas sa présence. Elle avait été digne du titre de guerrière : rapide et efficace. Un coup de vent n'aurait pas fait plus de bruit. Une fois le couteau en main, elle rejoignit Isillie qui se présenta enfin. L'espoir de Suzanne avait été contagieux et son amie confia même qu'elle était prête à tout pour comprendre cette once de probabilité. Elles pourraient redevenir humaines, Sue le savait. Elles n'étaient pas folles, pas encore.

« Je ne te demanderais pas tel sacrifice, je ne veux pas t'y pousser. Mais si tu y tiens, libre à toi. Je veux que toi aussi, tu puisses connaître – ou reconnaître – de telles sensations. Mais j'aimerais surtout me le replanter dans la jambe une deuxième fois, pour que je puisse analyser le contenu de ce couteau. La meurtrière y a peut-être mis une substance qui m'a échappée... Je suis... Je suis alchimiste. » annonça-t-elle d'un ton honteux.

Son pouvoir était la pire pièce à conviction que l'on pouvait trouver. Niveau surnaturel, on ne faisait pas mieux. Bien entendu, elle ignorait qu'il y avait en face d'elle un vampire avec un pouvoir très puissant. Après avoir enfoncé la lame de nouveau dans sa jambe, elle tendit le couteau à Isillie en lui intimant que si elle voulait, elle pouvait en faire de même. Le processus recommença, encore une fois.
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Isillie Hadington
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeMer 9 Juin - 22:31

    Isillie soupira, le comportement de Suzanne était égoïste. À moins que ça ne soit elle. Mais après tout, elle ne pouvait pas de débrouiller seule pour une fois, une seule fois depuis des siècles où elle avait besoin d'aide. Pouvait-elle décemment s'enfoncer ce coutelas dans la chair ? Qui sait ce qui se passerait alors, il se briserait peut-être net sur sa peau marmoréenne ou lui couperait le bras. Impossible de savoir à l'avance, elle n'avait connaissance de cet étrange procédé depuis quelques dizaines de minutes et était plus étonnée que jamais. Le seul moyen d'être apaisée consistait à inciser son avant-bras blafard ou son mollet. Elle se mordit la lèvre inférieure, consciente que ce choix l'entrainerait bien plus loin qu'une transformation temporaire en humaine : sa vie en serait changée du tout au tout. Ce que venait de vivre Suze remettait en question ses convictions les plus profondes, acquises bien des centaines d'années plus tôt. Pour cette raison, elle ne pouvait blâmer la belle blonde de choisir à sa place, bien qu'elle douta que ce fut ce qui vint à l'esprit de sa nouvelle amie. Elle la regarda donc avec une lueur triste et angoissée dans ses prunelles d'ambre brillant planter le couteau à nouveau dans sa jambe. Elle voulait analyser la composition de l'arme... Elle possédait un don très intéressant, un don qu'Isillie aurait adoré détailler avec Suzanne pendant des heures et des heures. L'alchimie, un rêve et une jolie passion pour certain de hommes dont Suzanne avait dû faire partie, rien qui ne justifiait le ton honteux qu'elle avait employé en dévoilant son pouvoir. Isillie pensait qu'il s'agissait d'un tabou chez les vampires, et n'avait dévoilé le sien qu'à Anna sans trop savoir ce qu'elle faisait tandis que maintenant, tout le monde pouvait être au courant que cela ne la gênait pas : elle n'était pas une machine de guerre. La puissance des éléments qu'elle contrôlait, si elle pouvait s'exprimer ainsi sans paraitre prétentieuse, ne serait jamais entre les mains de vampires dictateurs et ambitieux. Cette pensée motiva son choix, alors que Suzanne posait le couteau tout près d'elle en subissant une nouvelle fois les transformation. Elle ne voulait pas être un être exceptionnel et unique, elle voulait être quelqu'un de normal, tout simplement. Fut-elle humaine en ce moment, elle aurait sans doute aucun cherché à devenir quelque chose de plus fort, plus beau et plus puissant mais aujourd'hui, cela faisait trois cent ans et quelques qu'elle était cela, un vampire et Suzanne avait réussi une nouvelle fois à scarifier sa jambe. Elle lui répondit, après elle serait seule :


    « Je comprends... C'est à moi de faire ce choix, pour long qu'il soit... C'est un don formidable, l'alchimie. Il n'y a pas de quoi en avoir honte. Moi je... Je contrôle les éléments. C'est étrange, et je ne perçois pas les atomes mais sur ce couteau, je ne vois que du sang, bien que je ne sois pas une experte et ne vois pas le reste. »

    Son bavardage incessant devait agacer Suzanne, mais, la gorge nouée par l'angoisse, elle ne savait que faire d'autre. Elle avait l'impression de profiter de la dure expérience qu'avait vécu la belle carnivore, d'être une intruse sans scrupules. Devait-elle -non pouvait-elle - tenter à son tour, en partant avec l'handicap du volontariat ? Cela lui apporterait-il autre chose qu'un amer goût de déception et de regret ? Les questions auxquelles elle avait trouvé réponse quelques minutes auparavant redevenaient mystérieuses. Indécise, son choix n'arrivait pas. Mais que changerait le fait de redevenir humaine pour quelques minutes dans sa vie insipide ? Au mieux, elle serait plus vivante, bénéficierait d'autres choses que la solitude à laquelle elle était habituée. Au pire... Elle ne voulait même pas y penser. Les conséquences ne pouvaient pas être désastreuses. Elle inspira profondement, geste qui lui serait bientôt vital, et repoussa ses mèches blondes en arrière. Doucement, elle attrapa le manche du couteau et incisa, avec encore plus de délicatesse, la peau d'albatre de son avant bras gauche. Elle retint un hoquet de surprise en voyant la lame s'enfoncer. Elle gardait à l'esprit qu'elle était indestructible - ou presque - et ne pensait pas que cela allait marcher, même si elle avait vu Suzanne le faire. Une goutte de sang, minuscule, perla au bord de la plaie étonnamment propre et la douleur afflua, puissante, étrange. Elle n'avait jamais, même lors de sa vie humaine, subit une blessure pareille. Petite princesse protégée du monde extérieur, la moindre coupure lui était évitée et elle ne connaissait pas la douleur, hormis celle de sa transformation, plus violente et dure que n'importe quelle blessure. Mais là, c'était comme si, après des années sous morphine, elle ressentait enfin la vie. Elle avait mal, et en était heureuse. Son bras la brulait, elle sentait comme une morsure sourde affluer vers sa plaie d'où s'écoulait un léger filet de sang. Sa gorge ne la brulait plus - presque plus - et elle avait envie de crier au monde sa joie : elle avait du sang ! Elle le sentait circuler en elle, faible mais bien là.

    Elle ne voulait pas perdre une miette de ce qui de déroulait et, déposant le couteau auprès de Suzanne - déjà humaine et perdue dans ses pensées - elle agrippa son sac pour y prendre un miroir de poche. Il était petit mais largement suffisant puisque la voiture qui avait servi à Suzanne était désormais couverte de neige. L'image qu'il lui renvoya était au delà de tout espoir : elle ressemblait encore à un vampire : peau pâle, yeux dorés, beauté terrifiante et digne d'une déesse... Mais ses pomettes étaient rosées, quelques gouttes de sueur coulaient le long de son cou et elle avait le souffle court. Respirer commençait à devenir une nécessité et elle inspira une longue et délicieuse bouffée d'air qui emplit ses poumons comme il ne l'avait jamais fait depuis trois cent ans. Chacune de ses respirations lui rendaient peu à peu la vie. L'ambre de ses prunelles vira doucement au bleu, une jolie couleur pâle proche du gris et cernée d'un anneau noir. Ses traits s'adoucirent et devinrent moins sublimes. Elle était juste une humaine un peu plus belle que la moyenne. Elle attrapa instinctivement la main de Suzanne dans un geste qui n'avait plus rien de sa grâce de vampire mais qui avait repris le dédain et la douceur de ses mouvements dus à la noblesse de sa naissance et la serra à s'en briser les phalanges. Le contact était chaud et humide, si agréable que les larmes qu'Isillie retenait coulèrent sans retenue. Elle tenta bien de les empêcher de rouler le long de sa joue mais quand elle entendit son cœur battre dans sa poitrine, elle les laissa. Quelle honte y avait-il à pleurer de joie en se rendant compte que l'on était vivant ? Les picotements annonceurs de pleurs étaient au début si semblable à ceux des vampires qu'elle pensait ressentir la douleur sèche qui les caractérisait. Mais une larme avait envahi ses yeux, douce et étonnante et d'autres avaient suivi, Isi de sentant incapable de les arrêter. Elle était humaine. Cette vérité, prouvée par son souffle court, son apparence et la douleur de son bras, la rendait plus heureuse que jamais. Elle ferma les yeux, ahurie par la lenteur de ses pensées mais sûre d'une chose : elle n'en voulait plus à Antoine de l'avoir faite vampire. Si il était resté avec elle, elle aurait été la plus comblée des femmes mariées mais il avait juste goûté à son sang et était parti, et avec lui ses rêves de stabilité et d'amour. Il l'avait laissée seule mais aujourd'hui, elle pouvait affirmer qu'elle ne ressentait plus ni haine ni amour pour son "géniteur". Elle avait dépassé ce stade inutile grâce à Suzanne, et serait sans doute plus apte à nouer des liens en redevenant vampire.

    Son regard croisa celui de Suzanne, tout aussi bleu, et elle ressenti un élan d'affection pour la jeune femme, qu'elle ne connaissait que depuis une heure. Elles étaient si semblables, et si différentes. L'une sociable mais renfermée, l'autre solitaire mais ouverte... Oxymores. Rapprochées par cette journée proche du rêve, Isillie se sentait attirée par la caractère et l'histoire de son amie, sa vue semblant différer énormément de la sienne. Si le temps le lui avait permis, elle l'aurait bombardée de questions et c'est avec grand plaisir qu'elle l'aurait écoutée. Mais pour l'instant, Suzie était concentrée sur le poignard qui avait servi à les scarifier et analysait sûrement sa composition... Et Isi sentait ses effets se dissiper. Un dernier regard dans son miroir le lui prouva, sa peau retrouvait sa pâleur tandis que ses yeux retrouvaient une couleur dorée tirant un peu sur le rose. Elle était horrifiée par cette dernière teinte, ses yeux d'ambre qui signifiaient tout ce qu'elle avait bâti depuis des centaines d'années, ses beaux yeux si étrange et symboles de son régime alimentaire et donc de ses sacrifices, disparaissaient quand elle redevenait humaine ? S'il suffisait de quelques minutes pour détruire ce qu'elle avait fait en trois cent dix ans, où était l'intérêt ? Elle devait cependant reconnaitre que pour rien au monde elle n'aurait raté ce qu'elle venait de vivre. C'était si exceptionnel ! Pour que cela soit aussi formidable, il fallait que ça reste rare, elle l'avait déjà dit. Elle eut une brusque envie de briser le silence qui s'était installé, un peu religieux et pénible. Les sujets de conversation ne manquaient pas, surtout qu'elles de devaient des remerciements mutuels :


    « Je ne te remercierais jamais assez pour ce qui vient de se passer. Je... J'étais humaine ! Mon cœur battait, j'avais du sang, je vivais ! Nous n'avons pas rêvé n'est-ce-pas, comment un tel miracle est-il possible ? As-tu réussi à analyser le couteau ? C'est vraiment étonnant, pourquoi n'en avons nous jamais entendu parler à ton avis ? »

    Elle était consciente de la bombarder de questions comme une gamine émerveillée et curieuse, mais personne ne pouvait l'en blâmer. Elle se resaissit en passant son doigt fin et blafard sur sa pomette gauche. Une petite perle, humide et fragile, trembla sous son contact avant de venir se déposer sur son index. Une larme. Indécise, elle la porte devant ses yeux. Chaque rayon de lumière était capté par la goutte qui les renvoyaient sous forme de couleur éclatantes. Elle brillait, surtout pour Isillie qui se rendait compte qu'elle lui appartenait. Son corps avait versé cette larme, son corps mort depuis trois cent ans. Sans plus réfléchir, elle la porta à ses lèvres et lécha très délicatement son doigt. La larme avait un goût étrange, humain mais pâle, un peu acide. Son comportement devait être bizarre, personne ne mangeait ses pleurs ! Mais l'opinion des autres lui importait peu à ce moment là, elle se sentait encore trop libre et vivante pour en tenir compte. Elle s'excusa auprès de Sue en reprenant un ton plus calme :

    « Je suis désolée de mon enthousiasme, mais je ne puis m'en empêcher. Si on m'avait dit qu'un jour je redeviendrais humaine, je ne l'aurais pas crû et je remercie le ciel d'avoir pu vivre ça. »
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeLun 5 Juil - 18:15

Suzanne avait aimé cette sensation, autant qu'elle l'avait détestée. Se dire qu'elle n'avait pas rêvé était douloureux et la torturait davantage, comme si on lui montrait avec méchanceté tout ce qu'elle avait perdu en devenant ce qu'elle était. Mais y goûter une nouvelle fois était impensable. Pourquoi tous les humains rêvaient-ils donc de cette malédiction que l'on connaissait sous le nom d'immortalité ? Elle était prête à échanger avec l'un d'eux n'importe où, n'importe quand. Encore fallait-il que les choses soient si simples. Or, elles ne l'étaient pas. Suzanne pouvait faire de toute une nation des immortels mais cela ne lui rendrait pas son humanité pour autant. Le plus blessant, dans l'histoire, était que si elle avait eu le choix, elle aurait sûrement choisi cette vie. Elle n'aurait pas réalisé l'étendu de son engagement, mais son caractère aventurier et curieux l'aurait poussée à accepter. Donc en ce qui la concernait, ce n'était plus vraiment une question de choix : elle ne pouvait pas rejeter la faute sur son créateur en prétextant qu'on lui avait forcé la main. Non, en réalité, la seule chose qu'elle pouvait se dire était « Si j'avais su... ». Jusqu'à quand vivrait-elle ? Jusqu'à quand s'ennuierait-elle ? Car l'éternité avait au même titre que quelque chose de mystique quelque chose de lassant. L'enthousiasme d'Isillie à l'idée de retrouver sa vie d'humaine démontrait clairement que beaucoup de vampires exécraient leur condition. Les Cullen en étaient un exemple parfait. La différence entre Suzanne et eux était indéniablement le régime alimentaire. Les Cullen avaient choisi – en plus de ne pas aimer leur régime – de se battre contre. Suzanne, elle, se contentait de le détester mais ne reniait pas sa nature. Elle essayait d'éviter les débordements, le massacre inutile – elle avait déjà assez donné dans ce domaine – mais n'avait jamais essayé de se contenter uniquement de sang animal qui lui paraissait de qualité médiocre à côté du sang humain. Elle avait remarqué que sa préférence allait visiblement vers les animaux exotiques, en particulier d'Amérique du Sud, ce qui n'aidait pas. A part dans les Réserves Naturelles et Parcs Animaliers, elle n'avait aucun moyen de chasser des animaux et elle ne risquait pas de tenir longtemps avec les quelques jaguars du Zoo. Et elle aurait fait la une des journaux, « un nouvel animal s'en prenant aux animaux du zoo ».

Après quelques confidences avec Isillie, Suzanne apprit que la vampire qui se tenait devant elle contrôlait les éléments. Un don des plus intéressants. Bien plus utile que celui de Suzanne, qui ne servait que très peu. A part pour tuer les humains par suffocation, ou asphyxie afin qu'ils ne souffrent pas trop. Ainsi, elle acquiesça aux révélations de la vampire végétarienne. Il est vrai qu'à vue d'œil, il n'y avait rien d'autre que du sang. Suzanne ne percevait rien d'autre non plus... Mais elle avait assez été en contact avec du sang pour savoir que cette entité n'avait pas de telles propriétés. Pas à sa connaissance, en tout cas. Et là était le problème, elle n'avait pas la science infuse mais de là à laisser passer une telle information, c'était absurde. Faisant abstraction de ses pensées, elle ferma les yeux et se planta le couteau dans la jambe, une nouvelle fois. Son geste fut plus doux, modéré, lent. Elle prit bien le temps d'examiner ce qui se passait en elle – bien que tout ce qui concernait les vampires était un véritable trou noir pour la science, y compris celle de Suzanne. Retirant le couteau avec brutalité, elle le tendit à Isillie qui l'attrapa et en fit de même. Le changement opéra en Suzanne, ainsi qu'en son interlocutrice qui vivait l'expérience pour la première fois. Sue se concentra mais ne ressentit rien. Elle voyait encore ce puzzle, ces détails, si grand qu'elle était obligée de le prendre par partie. Ciblant son analyse sur sa plaie, elle observa chaque pièce du montage et ne vit ni plus ni moins que la composition d'une plaie humaine normale. Ses yeux se rouvrirent pour voir, devant elle, une jeune fille qui lui paraissait à la fois familière et étrangère. Elle ressemblait à la femme qu'elle avait rencontré peu de temps avant mais était très différente. Sa peau, la couleur de ses joues... tout ressemblait à ce que Suzanne avait vu sur elle-même lors de sa première transformation. Et ses yeux se reflétèrent dans ceux, très bleus, d'Isillie. Un sourire animait le visage de la vampire végétarienne qui donnait l'impression d'être perdue dans son rêve éveillé.

Les sensations qu'elle avait ressenties par le passé se manifestèrent de nouveau et Suzanne eût à peine le temps de s'y habituer lorsque tout disparut progressivement. Elle se sentait trahie par son corps et ne put s'empêcher d'avoir des pensées négatives sur ce dernier. Pourquoi lui faisait-il cela ? Pourquoi ne se contentait-il pas de rester tel qu'elle voulait qu'il soit ? Et le sentiment de soif absent lui avait été si agréable. Elle n'avait plus eu à se soucier de se contrôler, elle avait cessé d'être un monstre pendant quelques secondes. Son regard se reporta instinctivement sur Isillie, dont l'illusion disparaissait aussi. Ses pupilles redevenaient dorées et le bleu intense qui avait illuminé ses yeux un peu plus tôt avait quasiment disparu. Prise dans l'euphorie, Isillie bombarda Suzanne de questions et eût comme premier réflexe le même que la vampire carnivore avant elle : avaient-elles rêvé. Non, songea Suzanne. Elle pouvait affirmer qu'elles n'avaient pas rêvé. A moins qu'un vampire, au pouvoir dévastateur, ne s'amusent avec elles depuis déjà dix bonnes minutes, elles n'avaient pas rêvé. Sa tête voyagea de gauche à droite en un geste de négation. Elle réfléchit un instant avec de répondre. Une nouvelle de ce genre n'était pas facile à digérer, elle avait besoin d'y penser un peu avant de tirer des conclusions hâtives.

« Il me paraît improbable qu'un vampire avec un tel pouvoir d'illusion se trouve dans le coin et joue avec nous. Donc ma première conclusion est faussée. Et la deuxième... » elle s'interrompit, l'air indécise.

Était-ce le simple contact avec le sang qui leur permettait cela ou la percée ? Car si la première était exacte, ce sang avait tout de même quelque chose de spécial sinon elles n'auraient eu aucune réaction, comme à la chasse. Et si Suzanne découvrait le secret de ce sang spécial, elle pouvait sûrement rendre permanent son effet assez facilement. Tandis que si elle avait besoin de se « charcuter » pour que le sang fonctionne – ce qui paraissait le plus logique pour l'instant – elle aurait plus de difficultés à l'exploiter. D'un point de vue chimique, ce sang n'avait rien d'un sang extraordinaire. Il ressemblait à celui que Suzanne buvait à la différence qu'il n'était pas frais. Et certains détails prouvaient qu'il s'agissait bien d'un sang humain. La seule disparité était donc la période à laquelle il avait été prélevé. Si tout ceci n'avait pas relevé du surnaturel, cela aurait été une évidence pour Suzanne. Seulement voilà, comment pouvait-on trouver une logique à l'illogique ? Sa deuxième conclusion était plus complexe que la première. Elle décida de la révéler à la vampire végétarienne. Après tout, cela la concernait aussi et feindre l'ignorance n'apporterait rien de nouveau. Après avoir partagé un instant comme celui là, Suzy se sentait plus proche d'elle et elle se sentait le cœur à partager un secret de cet envergure avec elle. Quel mal pouvait-il y avoir à le savoir ? Elles n'étaient certainement pas les seules à qui cette aventure était arrivée et au même titre qu'une faiblesse, être au courant était une force. Observant le couteau, Sue le prit dans sa main mais veilla à ne pas toucher le sang. Elle avait tout son temps pour préciser sa théorie. La prochaine étape était de déterminer si c'était toucher le sang qui la transformait ou si c'était l'incision.

« Je n'ai rien détecté d'anormal. Le problème, si on peut l'appeler de la sorte, est qu'il y a du sang coagulé sur le couteau. Or, un vampire n'est pas sensé être en contact avec. Si on suit la logique des choses, un vampire doit se nourrir de sang frais, prélevé directement sur la victime. Je me trompe peut-être mais je commence à croire qu'il n'y a rien de spécial, dans ce sang, et que ce qui provoque tout cela, c'est le moment auquel il a été prélevé. Soit c'est en rapport avec le fait que le sang est assez vieux – mais je ne pense pas que ce soit ça, j'ai manipulé en laboratoire du sang prélevé depuis longtemps, soit c'est en rapport avec le fait que la victime est décédée. »

En effet, Suzanne avait remarqué durant son analyse – ou plutôt autopsie - que le sang avait été pris après la mort de son propriétaire. Cette hypothèse s'était formulée au fur et à mesure qu'elle parlait, elle-même n'y avait pas songé avant de le dire. Et maintenant qu'elle y pensait, cela était assez... cohérent. Car, comme elle venait de le faire savoir, elle avait déjà touché du sang ancien, sans gant. Donc, cela enlevait la proposition du « contact » avec du sang ancien. Il restait trois idées : l'incision avec du sang ancien qu'elle n'avait jamais expérimenté. Et le contact et l'incision avec du sang de mort. Ce dernier était le plus étranger. Elle avait travaillé une ou deux fois sur des cadavres mais ils avaient été vidés de leur sang et elle portait des gants. Ce mystère serait résolu, c'était certain. Encore fallut-il que tout ceci ne soit pas dangereux. Car se battre chimiquement avec leur nature paraissait, à première vue, malsain.

Isillie avala sa larme et en savoura le goût. Il est vrai que, pour un humain, sa réaction aurait été déplacée. Mais Suzy la comprenait mieux que quiconque. Sa camarade s'excusa pour son engouement pour l'humanité. D'un geste nonchalant, Suzanne lui indiqua que ce n'était pas la peine. Elle savait ce qu'elle ressentait et il est vrai que tout ceci paraissait fou. La Suzanne scientifique se laissait entraîner par l'excitation mais la Suzanne normale était sous le choc. Même si elle affichait une mine plus sereine que ce à quoi on aurait pu s'imaginer, tout son esprit était en alerte. Elle offrit un sourire rassurant à la vampire végétarienne et lui tapota le bras pour la consoler. Cette découverte redonnait de la vigueur aux recherches jusqu'à présent faibles de Suzanne. Elle se sentait pousser des ailes et sentait qu'elle venait de découvrir quelque chose de bénéfique à son avancée. La solution à tout ceci était peut-être dans sa main droite.

« On va bien finir par résoudre ce mystère... ne t'en fais pas. Et avec un peu de chance, je trouverais peut-être un moyen pour nous rendre notre humanité... » promit-elle en pesant avec attention le poids de son engagement.
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Isillie Hadington
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MessageSujet: Re: I had a dream... [Isillie H.] I had a dream... [Isillie H.] I_icon_minitimeDim 12 Sep - 10:40

Je l'ai écrit il y a longtemps, cet été, et il n'est pas du tout terminé, mais j'avais envie de le poster, au lieu de le supprimer des dossiers de mon téléphone. Désolée si je n'avais pas le droit, de toute façon, il n'est pas fini (à peine le quart), et je n'attends pas de réponse, c'est juste parce que BD me manque trop, à Suzie et à moi. L'ambiance, la qualité, les membres... On complexe quand on voit la façon dont Glee et BD sont administrés ;p.


    Isillie avait une étrange et absolue confiance en Suzanne. Cette dernière dégageait quelque chose, une aura apaisante qu'elle ne pouvait ignorer. Tout ce que la blonde pouvait dire semblait d'or, tant ses paroles étaient censées et humaines. Isi se surprenait à l'écouter pleinement, prise d'un sentiment plus fort encore d'altruisme et d'assurance envers Suzie. Tout ce que cette dernière disait était vrai, mais elle n'était pas d'accord sur un point. Chercher, d'accord. Émettre des hypothèses, bien sûr. Se creuser la tête était toujours agréable. Mais redevenir humaine ? Non. Elle en désespérait d'envie, mais non. Après tout, n'était-ce pas malsain d'essayer de changer sa nature ? Et comment réagissait le corps ? Elle était certaine que cela n'était pas bon, au sens moral et physique. Une fois, un essai, un espoir... Passe encore. Mais elle savait qu'elle causait des dommages à son esprit et à son corps en cherchant plus, elle le sentait. Et même si tout son être se révoltait contre cette pensée, elle ne voulait pas retenter l'expérience. Car une fois, c'était beau, émouvant, extraordinaire mais après, en serait-elle blasée ? Elle ne voulait pas, elle voulait garder cette image brillante et dorée de sa peau rose et humide, de ses yeux bleus et de sa beauté humaine. Elle voulait la garder comme unique, extraordinaire. Elle frissonnait en imaginant pareille merveille devenir un quotidien sans saveur, elle ne voulait pas perdre cette première sensation de bonheur presque parfait au profit de l'habitude. Il était si rare qu'elle se sente aussi... Pleine.  Elle écoutait Suzanne, attentive tout en étant loin, perdue dans les méandres nuageux de ses pensées. Elle approuva d'un signe de tête discret ses dires. Aucun vampire ne se trouvait à proximité, et un tel don était... Véritablement un don. Elle l'aurait bien imaginé impossible, mais son propre pouvoir était trop puissant et farfelu pour qu'elle ignore l'existence de pareil vampire. Tout était possible... Mais la seconde hypothèse de Suzanne, plus pragmatique, laissait planer comme un enivrant parfum d'espoir. Oui, c'était logique. Jamais un vampire ne devait entrer en contact direct avec le sang de ses proies, donc par conséquent... Certains avaient dû en faire les frais innocents. C'était peut-être ça.. Mais si elle traçait du bout du doigt une ligne écarlate de sang de mort sur son bras, se produirait-il la même chose ? Redeviendrait-elle humaine ? Le fait qu'il n'y ai nul besoin de se scarifier allégeait déjà sa conscience. Elle n'aimait pas cela, quelqu'en soit le résultat. C'était impur, masochiste de faire une chose pareille, elle en frémissait d'horreur. Presque. Après tout, n'était-elle pas censée ne pas s'entailler ? Sa peau aurait dû résister... Il fallait croire que même un vampire avait ses limites, elle était lasse, mais jamais le sommeil ne la délivrerait ses ce tourbillon incessant de pensées noires ou blanches. Elle faisait avec depuis trois cent dix ans, et pour l'éternité. Elle avait du mal à évoluer, elle en avait peur, et pour ces raisons et tant d'autres, les paroles de Suze faisaient briller un possible avenir humain dans son esprit. Elle en doutait, mais l'espoir était permis en ce bas-monde, sinon comment survivre ? Quand tout ce que la vie avait de doux vous avait été pris ? Quand il ne vous restait que des yeux secs aux lamentations et une gorge sans cesse assoiffée ? Elle savait que Suzanne aurait du mal, mais elle n'avait encore aucune raison de rester vampire. Alors elle espérait avec elle, l'aidant dans sa quête désespérée d'une humanité trop rapidement perdue, se sentant inutile.
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