En attente de la vengeance... [PV Anna McDoyle]

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"Depuis quand les sangsues parlent toutes seules ? " railla une voix chaude derrière Isillie.

Le belle vampire se retourna, furieuse et gênée d'voir été surprise dans un moment d'intimité. Elle se trouvait dans une minuscule clairière aux abords du fleuve Connecticut depuis des heures. Elle devait encore passer une nuit seule avec elle même et son étrange don, mais elle n'en pouvait plus de rester enfermée dans sa villa. elle s'était donc rendue ici, dans cet endroit isolé du monde où elle espérait quand même rencontrer un de ses pairs. Mais les rives du fleuve glacé n'étaient pas accueillantes et personne ne s'y rendait. Isillie s'y était allongée, à même le sol terreux et vêtue seulement d'un jean et d'une longue tunique en soie grise. Ses belles boucles blondes se couvraient de terre mais elle n'y prêtait pas attention, elle pourrait l'enlever si facilement. Elle gardait ses yeux d'ambre grands ouverts et observait la Voie Lactée qui s'étendait au dessus. Les étoiles scintillaient doucement, malgré les nuages qui recouvraient la ville d'Hanover. Arrivée depuis quelques mois dans ce havre de paix, Isillie s'y sentait mieux que dans la plupart des endroits où elle avait séjourné durant sa longue existence. Néanmoins, elle savait que le lieu était victime de tensions entre les lycans et les vampires. Isillie avait entendu parler des légendes concernant les deux races, et en avait déduit que les buveurs de sang avaient un prédateur : les loups. Et la présence d'une tribu indienne à Hanover n'était surement pas anodine, les Winnipesaukee devaient avoir leur lot de lycans. Au fond d'elle, Isillie avait envie d'en rencontrer mais une étrange peur lui nouait le ventre, son instinct vampirique en disait suffisamment pour la convaincre de ne pas prendre d'initiatives dangereuses. Alors elle restait seule, ne préférant pas venir à la rencontre de ceux de sa race de pur de les encombrer plus qu'autre chose. C'était un de ses grands soucis : ne pas être acceptée au sein d'un groupe quelqu'en soit le motif.

Elle en était là de ses pensées lugubres quand agacée, elle ferma les yeux et inspira à fond. De délicieuses odeurs s'insinuèrent dans son esprit : le parfum capiteux de la terre, celui pâle mais bien réel de fleuve et les effluves tendres et colorées de la végétation alentour. Seules deux senteurs échappaient à son extraordinaire mémoire : une timide qui ne demandait qu'à s'épanouir et une autre musquée et chaude mais désagréable pour ses sinus sensibles. Isillie se leva, emportant avec elle une nuée de terre humide, et se dirigea vers une partie de la clairière presque entièrement recouverte de grands conifères. Aux pieds des arbres, il y avait un amas de fleurs recroquevillées en bourgeons violets. Dans la nuit sombre, on aurait dit des gouttes de sang. C'était des fleurs qui n'avaient qu'une vie, elle n'écloraient qu'une seule fois. Mais cette seule éclosion était si belle que même un vampire vieux de plus de trois cents ans en appréciait le spectacle. Mais ce n'était pas l'heure pour ces bourgeons de fleurir et si Isillie voulait les voir, il faudrait jouer avec son don. Elle ordonna au vent de diriger sa brise sur les fleurs. Délicatement, il obéit et concentra se force sur les bourgeons qui s'ouvrirent doucement. Toute leur beauté se révéla alors au monde pour la première et dernière fois. Le doux velours bordeaux des pétales était parsemé de grains de pollen dorés et fuchsias. Ces derniers s'envolaient parfois dans les cheveux d'Isillie, laquelle regardait les fleurs d'un air amusé. Elles la fascinaient sans trop savoir pourquoi. Leur parfum entêtant lui rappelait quelque chose sans qu'elle sache quoi. C'était la première fois que son extraordinaire mémoire lui faisait défaut, elle se souvenait juste d'eau, de lumière, d'amour et de douleur. Et c'était à la fois amusant et agaçant de voir qu'un vampire n'était pas parfait. Isillie s'éloigna des fleurs avec un haussement d'épaule et il se passa trois choses simultanées : il y eut un froissement près des fleurs, l'odeur musquée s'intensifia et Isillie se souvint de tout.

Elle revoyait la scène : Antoine et elle sur une gondole à Versailles ; le bouquet que lui offrait son amant ; l'odeur agréable des bourgeons qui s'ouvrirent d'un coup en dévoilant leur trésor ; Antoine qui se penchait vers elle dans la nuit étoilée ; elle qui croyait qu'il l'embrassait et lui qui la... mordait ! Affligée par ce souvenir, elle se retourna vers le bosquet en murmurant tendrement et douloureusement :

"Antoine...Antoine ! "

Et là, la voix rocailleuse l'interpella méchamment. Isillie se retourna et vit enfin ce qu'elle attendait : un lycan ! ou du moins elle croyait que c'était un lycan. Devant elle se tenait un beau et immense jeune homme à la peau cuivrée et aux muscles tendus. Il était torse nu et affichait un sourire goguenard mais la peur se lisait dans ses yeux noirs. Tout comme Isi, il n'avait sans doute jamais rencontré son prédateur naturel. En temps normal, la belle vampire aurait essayé de l'aborder gentiment mais là elle était furieuse. Le vent, sensible à sa colère muette, tournoyait autour d'elle et la rendait encore plus effrayante en faisant s'envoler le reste des fleurs piétinées par le lycan. Il avait peur et malgré son assurance, Isillie aussi. Les deux créatures se jaugèrent du regard : le loup semblait se livrer souvent à des exercices guerriers mais la buveuse de sang avait l'air si innocent ! En vérité, elle avait une assez bonne connaissance du monde de la bataille mais ne l'aimait pas plus que cela. Mais elle était affaiblie, cela faisait presque trois jours qu'elle n'avait pas chassé et le dernier mets qu'elle avait savouré n'était pas son préféré. Elle regarda le loup droit dans les yeux et lui dit d'une voix presque douce :

"Tu sais ce qu'il peut t'en couter de te moquer d'un vampire ?

-Je n'ai pas peur de toi ! lui répondit t-il en soutenant son regard de braise.

Soudain, un froissement retentit derrière eux. Avec leur ouïe hors du commun, les deux créatures se retournèrent et inspirèrent à fond. L'air sentait bon, une odeur de vampire et une très faible odeur humaine. Le loup croyant sans doute qu'Isillie avait du renfort, se mit à courir non sans avoir jeté un regard amusé à la belle. Alors les visiteurs apparurent dans la clairière : c'était en fait deux femmes, une belle vampire aux longues boucles rousses et une adorable humaine sans vie. La mère, car elle était probablement celle de l'enfant, tenait la petite aux cheveux blonds dans ses bras. son regard était si triste et si profond qu'il donnait envie à Isi de verser des larmes. D'ailleurs, la mère éplorée était secouée de sanglots muets : elle ne pouvait hélas pleurer. Affligée par ce dur spectacle, Isillie s'approcha doucement et attendit que la buveuse de sang la remarque.

Anna errait encore et toujours dans les alentours du fleuve Connecticut. Elle tenait sa fille contre elle, ne parvenant pas à la mettre en terre. Et pourtant, il le faudrait bien un jour. Mais avant cela, elle tenait à passer le plus de temps possible avec Tess. Toutes ces dernières semaines où elle était restée éloignée d'elle, lui rappelait cruellement ce qu'elle avait manqué.

Pourquoi elle? Elle était innocente.....pensa t'elle.

Hélas, Anna n'avait et n'aurait probablement jamais aucune réponse à cela. Le décor tout autour d'elle lui était bien égal. Comment aurait elle pu continuer à admirer la nature environnante sans la seule personne au monde pour qui son coeur avait la faculté d'aimer? Il y avait Lio bien sur mais en ce moment, elle ne tenait plus à le voir. D'une part parce qu'elle n'aurait pas pu le regarder en face après avoir tué cet innocent. Mais d'une autre part parce qu'il n'avait pas respecté la promesse qu'il lui avait faite, de protéger Tess.

La nouvelle née solitaire sentit son instinct se réveiller, bien malgré elle. Un lycan se trouvait à proximité ainsi qu'un vampire. Il s'agissait plutot de ses deux instincts qui s'étaient mis en éveil : celui de vampire et celui de mère. Les deux cumulés produisèrent un grognement rauque sorti du plus profond de ses entrailles. Mais un regard vers Tess la fit taire rapidement.

Qu'ils se démerdent après tout.....Je ne veux plus être mêlée à leurs histoires....La seule chose que je veux est venger la mort de ma fille. Et pour cela, il faut que je trouve la personne responsable. S'ils s'entretuent, cela m'est égal. Et si je fais partie des victimes, je m'en tape. De toute manière, sans Tess, rien n'a plus d'importance. Mais la personne responsable viendra avant dans la tombe, j'en fais le serment.pensa t'elle de nouveau, ses pensées étant dirigées un peu partout. Mais la colère dont elle avait fait preuve retomba comme un soufflé.

Elle connaissait cet endroit, se le rappelant dans son imagination. Elle était encore humaine à ce moment précis et aujourd'hui voyait cet endroit avec bien plus de netteté qu' à travers sa vision faiblarde d'humaine.

Il s'agissait d'une balade en forêt après une énième grosse dispute avec son petit ami et père de sa fille, Anna avait emmené Tess avec elle et elles s'étaient réfugiées en pleine forêt. Par chance, c'était en été et le temps était plutot sec. Pas une seule goutte de pluie, ce qui était rare dans la région. Elles avaient passé la soirée et la nuit toutes les deux blotties l'une contre l'autre à discuter avant de dormir. Elles avaient parlé de tout et de rien mais entre autre chose, Anna avait discuté d'une chose qu'elle estimait importante : ne jamais laisser entrevoir la peur que l'on ressentait face à quelqu'un qui nous veut du mal sinon cette personne n'en serait que plus satisfaite.

Anna sortit de ses pensées. Elle observa autour d'elle le paysage des arbres. Est ce que Tess avait montré sa peur devant son meurtrier ou avait elle fait preuve de bravoure jusqu'à ce que le dernier souffle de vie s'échappe d'elle? Elle ne le saurait jamais, tant de questions resteraient à jamais sans réponse.

Sentant une présence derrière elle, Anna se retourna et un éclat rouge de fureur vint illuminer son regard et chasser la tristesse qu'elle avait durant un cours moment. Son instinct lui disait de préserver Tess, ce qu'elle fit en gardant une distance de sécurité entre elle et la vampire. Cette dernière semblait partager sa peine, quelle connerie! Personne ne pouvait savoir ce qu'elle traversait en ce moment précis. Personne pas même Rosalie. Aucun vampire n'avait perdu leur enfant, du moins à sa connaissance.

Que me veux tu? Et qui es tu? demanda t'elle finalement, prenant la parole face à la vampire qui ne disait toujours rien.

( H.J : désolée du post archi court et archi nul, j'ai fait ça en vitesse )

Isillie ne se sentait pas à l'aise: cette soirée était tout sauf ordinaire. La vampire rousse en face d'elle la fixait méchamment mais on lisait ay fond de ses yeux une peine infinie. La blonde compatissait, mais personne ne savait sans doute ce qu'elle endurait et subissait en silence. Ainsi lorsqu'elle prit la parole d'une voix claire mais chargée de larmes contenues, Isillie se sentit offensée par son ton colérique. Après tout que lui avait-elle fait, elle une vampire végétarienne plus que pacifique ? Mais au vu de son attitude envers la fillette blonde, elle pouvait affirmer qu'elle n'était que protectrice. Isillie lui répondit alors d'une voix qui résonnait comme un carillon de clochettes :

-Je suis Isillie Hadington. Isi. Et je ne lui veut aucun mal, ajouta t-elle en pointant le menton vers la petite, je ne touche pas aux humains.

Ses prunelles étaient surprenantes mais la belle rousse n'avait pas l'air déconcertée. Isillie avait bien l'intention de lui faire comprendre qu'elle ne craignait rien. Même si pour un vampire, il était plus dur de contrôler ses émotions. Les iris bordeaux de la mère la gênaient, elle devait avoir quelques mois et elle arrivait à tenir une humaine dans ses bras ! A ses débuts en tant que monstre, Isillie avait été forte mais là c'était différent. Afin de paraître la moins formelle possible, elle reprit la parole sans se rapprocher:

-Et vous... Qui es-tu ?

Elle s'adressait à la mère, mais demandait des précisions sur la fillette car cette situation était pour le moins étrange. Elle avait au moins le droit de savoir ça et de rassurer son interlocutrice. Le temps de cette présentation avait été rapide, mais toutes les réflexions qu'Isillie tenait en son for intérieur semblaient avoir pris une heure entière ! Le temps vampirique commençait à lui peser...

Et elle essayait de ne pas perdre patience et de ne pas balancer des mots acides à la figure de la rousse. Isillie était fatiguée et elle ne pouvait même pas s'endormir pour évacuer. Utiliser son pouvoir n'était plus épuisant, elle avait largement dépassé ce stade d'entraînement, et par conséquent elle ne savait pas d'où venait cette soudaine fatigue. Elle porta la main à son front et déplaça une mèche qui la gênait derrière son oreille. La rousse en mettait du temps pour répondre ! Ca ne devait pas forcément être facile pour elle...

Citation :: Je suis Isillie Hadington. Isi. Et je ne lui veut aucun mal, je ne touche pas aux humains.

Quelle importance cela faisait il pour Anna désormais? Tess était morte et rien ne pouvait plus lui faire de mal désormais. De toute manière, elle avait bien vu que son interlocutrice blonde était végétarienne à la couleur dorée de ses pupilles.

Malgré tout, cela eut au moins le mérite de rassurer très légèrement Anna. Elle répondit d'une voix rauque mais néanmoins "musicale" au niveau du son.

Anna Mc Doyle. Et c'est ma fille. Tess...lui répondit elle, sa voix aussi basse qu'un murmure.

Elle baissa la tête vers le petit être qui semblait dormir dans ses bras. Ce ne fut que maintenant qu'Anna réalisa que la peau de sa fille avait la même teinte que la sienne. Si blanche, elle qui avait des joues rose pâle quand...

Non, il faut que je cesse d'y penser sinon je vais devenir cinglée. Il faut que je continue à vivre. Mais c'est tellement dur. Je ne peux même pas envisager de la mettre en terre et de penser à son corps dévoré par les vers. Et pourtant, encore une fois, je devrais me séparer d'elle...pensa t'elle.

Relevant la tête mais la gardant basse tout de même, elle reprit :

Je ne l'ai pas tuée, c'est la vérité. Jamais je ne lui aurait fait de mal. murmura t'elle d'une voix brisée.

Elle devait avoir l'air affreuse ainsi même si cela lui paraissait secondaire en cet instant. Les cheveux en bataille, les vêtements déchirés par les ronces. A l'intérieur, son coeur était en miettes. Elle supplia la dénommée Isillie du regard avant de prononcer les mots qui lui déchiraient le coeur encore plus :

Aide moi je t'en prie. Il faut que j'ai les idées claires et l'avoir près de moi ne m'y permet pas...J'ai massacré un homme la nuit dernière. Je ne suis qu'un monstre.

Elle se dégoutait elle même, ne se trouvant pas digne de la confiance qu'avait eu Lio et Rosalie en elle. Ils auraient mieux fait de la laisser crever, Tess serait triste mais bel et bien vivante aujourd'hui. Tout comme cet homme, mort cette nuit, subissant sa colère et son énorme peine.

Déposant Tess avec douceur sur sa veste en cuir qu'elle avait retiré, Anna déposa le bracelet d'argent qui lui appartenait et lui coupa une mèche de ses magnifiques cheveux blonds qu'elle glissa dans son pendentif. Puis elle observa de nouveau Isillie :

Aurais tu un briquet s'il te plait? Je ne supporterais pas de la voir mise en terre.....

Citation :: Anna Mc Doyle. Et c'est ma fille. Tess...
Je ne l'ai pas tuée, c'est la vérité. Jamais je ne lui aurais fait de mal.

La voix brisée de la dénommée Anna fi l'effet d'un coup à Isillie. Oui, elle la croyait, car même si elle n'avait jamais eu d'enfants, elle n'osait pas imaginer la douleur d'en perdre. Savoir que vous vivrez pour l'éternité alos que votre raison d'être était figée dans la mort, cela devrait être extrémement dur. Preuve qu'un monstre avait une âme... La petite Tess ne possédait pas la beauté mortelle de sa mère mais en un sens, elle devait être plus charmante quand... quand le sang affluait encore sur ses pommettes. Isillie ignora la brûlure qui tenaillait sa gorge et la venue de venin frais dans sa bouche. En trois cent dix années d'existence elle avait tué qu'un seul humain au liquide vital infesté par la peste, elle ne toucherait pas cette petite au sang froid. Elle n'en avait pas envie et cela blesserait Anna. Qui donc avait bien pu commettre une pareille horreur ? Elle ouvrit son esprit au bavardage interne du vent qui lui apprit tout ce qu'elle voulait savoir. Il voyait tout et rapportais même les odeurs, il suffisait de savoir l'écouter...

La scène était entrecoupée, comme une télévision qui ne recevait pas le câble. Elle voyait l'assassin, l'assassine plutôt : une magnifique brune aux yeux verts en amande, maintenir un coussin sur le visage reconnaissable de Tess. Cette dernière se débattait, puis elle s'affaissa comme une poupée de chiffon. Tout ça n'avait duré que quelques secondes. Mais pas une seule fois Tes n'avait tremblé devant son agresseur. Anna pouvait être fière de sa fille !

Citation :: Aide moi je t'en prie. Il faut que j'ai les idées claires et l'avoir près de moi ne m'y permet pas...J'ai massacré un homme la nuit dernière. Je ne suis qu'un monstre.

Comme nous tous, pensait amèrement Isillie. Nous sommes tous des monstres sans âmes, solitaires, avides et sanguinaires... Je ne fais sûrement pas exception à la règle...

Elle devait avoir l'air ridicule avec ses vêtements bien propres et brillants alors qu'un cadavre gisait tout près. Elle regrettait soudain d'avoir accepté l'énorme lot de tenues que lui avait proposé un créateur après un défilé particulièrement réussi. C'était trop ostentatoire... Elle regarda avec tristesse Anna déposer délicatement la fillette sur une veste en cuir et prélever une mèche blonde de la même couleur que celles d'Isi. Le seul souvenir qui lui resterait. Une vie pouvait basculer si facilement... Elle ne se rendait jamais immédiatment compte de la disparition de quelqu'un, mais lorsqu'elle la ressentait vraiment c'était horrible. Elle avait toujours l'impression que son rire allait retentir mais c'était fini. Même pour elle qui n'avait pas connu Tess c'était dur. Surtout que la fillette était encore très jeune. Trop jeune... La peine d'Anna n'avait pas de mots, sa voix désespérée le prouvait :

Citation :: Aurais tu un briquet s'il te plait? Je ne supporterais pas de la voir mise en terre.....

Isillie fit la grimace, elle ne voyait pas non plus la fillette rongée par la vermine. L'inhumation était une coutume proprement écoeurante à son avis. Incinérer était beaucoup plus naturel pour elle, pour peu qu'on dépasse le côté sauvage de la chose... C'était aussi la seule façon à sa connaissance de liquider les vampires. Quel paradoxe... Quelque soit la fin que sa mère lui choisisse, Tess ne méritait pas de mourir. Alors Isillie glissa la main dans sa poche arrière en savourant l'idée qu'elle avait eu : de son vivant, Tes s'en serait sûrement émerveillée ! Elle ouvrit le briquet argenté et activa une flammèche. Elle soupira d'aise en sentant la brûlante odeur du feu et sa présence imposante. Comme toujours, elle se demandait comment avait-elle réussi à ne pas devenir pyromane à cause de son don. Alors enfin, d'une voix rendue calme et rassurante, elle prit la parole face à Anna :

-Préfères-tu le faire toi même ou puis-je rendre ça plus... artistique ?

Préférer n'était pas le mot, comme si elle pouvait préférer brûler sa fille ! Néanmoins, Isillie joignit le geste à la parole. Un cercle de feu jaillit de briquet et vint s'enrouler autour d'elle. sublime feu follet doré. Le feu continua sa course autour de son poignet, le frôlant dangereusement. La scène était d'une beauté sauvage mais incomparable. La vie semblait graviter vers cet être mort, l'oxymore le plus complet mais aussi le plus beau. Par peur d'une réaction violente de la part d'Anna, elle ordonna à la flamme d'aller s'éteindre dans le fleuve. L'élément doué d'une conscience rechigna puis obéi en maugréant, ce n'était pas agréable pour lui d'entrer en contact avec son opposé. Ce contact provoquait d'ailleurs une sorte de feu d'artifice. Isillie s'en excusa mais l'heure n'était pas aux disputes. Anna attendait toujours... Alors la blonde la fixa et lui dit d'une voix presque tendre :

-Je t'aiderai, Tess ne devait pas mourir, je... je ne serais pas tranquille tant que sa meurtrière ne sera pas mise hors d'état de nuire !

La phrase lui était venue soudainement, mais il en suintait un tel venin qu'elle même s'en étonna. Elle n'avait jamais été du genre violente pourtant la mort de cette petite l'avait brusquement sortie de son quotidien léthargique, elle devait au moins ç à la fillette. Puis elle se figea en attente de la réaction d'Anna. Cette dernière serait sûrement étonnée, après tout elle ne se connaissait que depuis quelques minutes...

Anna n'avait aucun mot à dire. La phrase qu'elle venait de dire rappelait toute sa tristesse. Elle n'avait pas le choix. Il fallait que le corps de Tess soit détruit à jamais. Elle ne pourrait l'observer se putréfier en la conservant auprès d'elle. Non, il valait mieux qu'elle conserve l'image de sa fille, blonde, souriante et pleine de vie plutôt qu'un cadavre sans forme au fil du temps.

Isillie lui proposa alors de le faire à sa place. Et de rendre cela plus artistique. Comme si la mort pouvait paraitre artistique. Aux yeux d'Anna, rien n'avait plus d'importance. La seule personne à qui elle tenait n'était plus là. Elle observa le spectacle que lui offrait Isillie en s'amusant avec les flammes. Tess aurait aimé cela, elle en était certaine. Alors, autant lui rendre cet hommage. C'était le moins qu'elle pouvait faire. Puisqu'Isillie le lui proposait, autant accepter. Elle continua d'observer sans vraiment les voir, les flammes qui allèrent mourir dans le fleuve, provoquant un feu d'artifice orangé.

J'accepte ton offre, Isillie. Je doute en être capable de moi même.

Qu'il lui était dur de prononcer ces mots pour Anna qui s'efforcait coûte que coûte de ne plus regarder le corps de Tess. Il lui semblait que si elle cédait, toutes ses résolutions céderaient. Tandis qu'Anna continuait obstinèment d'observer le fleuve, Isillie reprit la parole. Elle lui parla de vengeance, du fait que Tess n'aurait pas du mourir. Comme si elle avait lu dans ses pensées.

Merci Isillie. Encore une fois. Mais je veux que la pourriture qui a tué Tess crève de mes mains. J'accepte une nouvelle fois ton aide pour y parvenir mais il faudra à tout prix que je la finisse seule. Elle m'a volé ma fille, je veux lui rendre la pareille en tuant ce à quoi elle tient le plus. Moi au moins, j'aurais une raison de le faire. Elle, n'en avait aucune.

Suffoquant un peu, même si elle n'avait plus besoin d'oxygène, Anna jeta un regard d'excuse à Isillie.

Je peux pas rester là. Préviens moi quand... quand ce sera terminé.

Sur ces simples mots, elle s'enfuit à toute vitesse à environ trois kilomètres plus loin vers le nord. Là, elle s'asseya près du fleuve, attendant l'arrivée d'Isillie lorsqu'elle aurait brulé le corps de Tess et qu'il n'en reste que des cendres.

Isillie se sentait mal. Si elle avait pu pleurer, les larmes avaient coulés sans interruption. Elle était d'accord, Anna devait venger sa fille seule ou du moins administrer le dernier coup à la meurtrière brune. Elle l'y aiderait, traquant l'horrible vampire jusqu'au bout. Depuis cette nuit, sa vie avait basculé, mais de quel côté ? Elle ne saurait le dire mais elle n'était plus seule. Les circonstances malheureuses atténuaient de beaucoup sa joie de parler avec une personne de sa race. Mais Anna lui demandait de brûler le cadavre de Tess et cela li était impossible. En proposant de l'aider, Isillie pensait qu'Anna resterait, pour faire son dernier hommage à sa fille. Elle était partie.. Et Isi devait maintenant incinérer la fillette. Elle n'en était pas capable. Moralement, elle se disait que c'était comme tuer Tess, et donc impossible. Elle restait figée dans la clairière, son briquet à la main, incapable d'ordonner au feu de se diriger vers la petite blondinette. Furieuse contre elle même, elle puisa toute sa force et lança le briquet le plus loin possible. Sa vision aiguë perçut pendant encore quelques secondes son éclat argenté puis il disparut derrière les sapins. Elle se sentait déjà mieux... Son geste, digne du meilleur lanceur de base-ball, lui avait permis d'évacuer un peu sa force physique et de se sentir plus calme.

Elle refixa la fillette de ses grands yeux tristes et s'attarda sur la veste en cuir noir qui lui servait de linceul. La petite n'avait donc aucune famille, aucun ami pour l'incinérer ? Ce serait à elle, une parfaite inconnue, de le faire ? C'était immoral, contraire à ses convictions. Mais elle devait le faire, elle n'avait pas le droit de s'enfuir et de laisser Anna en plan. Mais Tess ne la connaissait même pas ! Que ferait-elle des cendres ? elle n'avait aucun récipient mais qu'en ferait Anna ? Que de questions sans réponses... Elle fit un pas vers la fillette et s'agenouilla près de sa tête blonde. Délicatement, elle passa ses mains sous son crâne et le souleva pour le poser sur ses genoux. Son briquet étant hors d'usage, elle se concentra pour amener une flammèche d'une cheminée environnante, bien que la plus proche soit à une dizaine de kilomètres. Rapidement, la petite lueur orangée s'était rapprochée et Isillie la maintenait n suspend au dessus des pieds de Tess. Pendant une longue minute, elle pesa le pour et le contre : jamais elle n'aurait pensé incinérer quelqu'un, encore moins une enfant qu'elle n'aurait pas connue ! Mais Anna le lui avait demandé et Isi était dotée d'un fort sens de l'honneur donc en somme, elle n'avait pas le choix. Elle ordonna au vent de balayer les feuilles mortes autour de Tess afin d'allumer un brasier correct puis la petite flamme se déposa délicatement sur la chaussure de Tess, qui se consuma rapidement. Elle sépara le feu en deux parties qui exécutèrent un ballet dangereux autour du cadavre. De la magnifique petite blonde, il ne restait désormais plus que des cendres grisâtres...

Isillie était désorientée, tout était allé trop vite. Comme pour se faire pardonner, elle baissa les paupières et déposa ses mains jointes sur ses genoux. Bien qu'elle soit une créature "maudite", elle était très pieuse sans parvenir à croire complètement toutefois. A l'époque de sa naissance, la foi était l'une des seules choses auxquelles se raccrocher dans ce dur monde. Oui, elle priait pour Tess. Si il y avait un Dieu quelque part, il entendrait ses prières pour la petite fille au coeur sûrement plus pur que n'importe quel adulte. Elle resta ainsi une bonne dizaine de minutes avant de rouvrir les yeux t de poser ses mains blanches sur le sol. elle allait offrir à Tess un magnifique cadeau. Elle puisa au maximum dans ses réserves de "force mentale" et chercha. Elle fouillait mentalement la terre à la recherche d'une graine qui ne sortirait qu'au printemps. Elle la fit germer en insufflant de la chaleur au sol. L'arbrisseau se déploya à une vitesse incroyable. Sur ses branches poussèrent des grappes entières de fleurs blanches. Elle ne pouvait plus regarder cette clairière et elle balaya les dernières cendres au vent. Pis elle se mit à courir à toute vitesse vers l'endroit où Anna était partie.

Elle déboucha sur près d'un énorme rocher à l'orée du bois traversé par un minuscule bras du fleuve Connecticut. Anna s'y était assise et Isi n'arrivait pas à déchiffrer son visage. Elle s'approcha silencieusement et s'assit sur la pierre à ses côtés. Elle no'sait pas la toucher pour lui faire comprendre qu'elle était désolée alors elle li dit d'une voix basse mais claire :

-Je suis désolée...

Même s'il faudrait du temps à Anna pour s'en remettre, elles devaient s'occuper de la meurtrière. Et Isillie ne l'avait vue que de dos et ne pouvait pas vraiment la reconnaître. Ca serait un véritable travail de groupe que de retrouver et achever cette ordure, cela prendrait du temps. Isillie était prête à attendre qu'Anna ait évacué et sorte de son espèce de transe et elle prît ses genoux entre ses bras puis posa son menton sur ces derniers. Elle avait patienté trois cents longues années avant de rencontrer un vampire, elle pouvait bien respecter le chagrin d'une "amie" durant quelques heures ! Inconsciemment, elle se mit à fredonner une douce mélodie de sa magnifique voix claire : un nouvel hommage à Tess....

Incapable de rester présente tandis qu'Isillie procédait à l'incinération de sa fille, Anna s'enfuit. Elle trouva refuge dans une clairière et prit place sur le gigantesque rocher qui bordait le fleuve. Dans sa tête se déroulait l'exact récit de la vie de Tess. L'accouchement bien sûr, les moments de calin entre elle et son bébé qui gazouillait, ses premiers pas, la première fois où elle lui dit "maman" étaient les moments les plus marquants mais il y en avait tellement d'autre. Comment se pouvait il que cela prenne fin aussi vite? C'était inconvable de cruauté envers ce cadeau donné puis repris.

Bien qu'elle fut perdue dans ses pensées, Anna conserva tout de même une part d'elle même qui se concentrait sur ce qu'il se passait du côté d'Isillie. Elle pouvait tout entendre ce qu'il se passait, sans le voir. Elle supposait donc, imaginant la scène dans un coin de sa tête. Elle se trouvait lâche de ne pas être capable de se trouver là bas mais voir la fin du corps de sa fille était trop dur à supporter. Elle aurait été capable de dévaster la foret vu l'état émotionnel dans lequel elle se trouvait mais se retint, se contentant de prélever un bout de roche qu'elle tailla en forme de coeur à la force de son esprit. Le saisissant entre ses doigts, elle le réduit à l'état de poudre en à peine quelques secondes.

Une odeur de fumée arriva jusqu'à elle. Fermant les yeux, Anna ne parvint pas à oter le gigantesque monstre de tristesse qui l'envahissait sans que ses yeux puissent verser la moindre larme qui aurait pu le chasser d'elle. Elle devrait vivre avec lui jusqu'à ce que le temps ou la mort l'en débarrasse.

C'était fini. L'odeur restait présente dans l'air mais Anna savait que la crémation avait pris fin. Ca avait été rapide, le corps de Tess étant si petit. Elle sentit même le souffle du vent qui emmenait les derniers vestiges d'elle, à savoir ses cendres là où la mère de l'enfant ne pourrait plus les retrouver.

Quelques minutes passèrent. Anna semblait dans un état de catatonie, comme si le choc de la mort de sa fille l'avait démolie à jamais. Dans l'impossibilité de regarder la réalité en face, elle se replongea dans le passé, souhaitant l'arrêter à une période où elle vivait heureuse en compagnie de Ryan et de Tess. Tous les deux étaient morts, il ne restait plus qu'elle. Elle qui devrait vivre. Voir mourir toutes les personnes auxquelles elle tenait au cours de sa vie humaine, et conserver sa jeunesse définitivement. Elle entendit Isillie arriver mais ne broncha pas. Elle n'eut aucune réaction non plus lorsqu'elle lui murmura, de sa voix chantante dans laquelle on pouvait déceler une vague de tristesse, qu'elle était désolée.

Tandis qu'Isillie chantait cet hommage à Tess, Anna faisait son deuil momentané. Le véritable viendrait plus tard. Elle ne pouvait pas le faire avec une personne près d'elle, il fallait qu'elle soit seule. Même si elle se sentait désormais plus seule que jamais, elle ne devait pas oublier qui elle était. La chanson d'Isillie était magnifique, correspondant parfaitement à Tess même si elle ne l'avait jamais connue et ne le pourrait jamais.

Parle moi un peu de toi Isillie. J'aimerais te connaitre un peu mieux. lui demanda t'elle,d'une voix rauque, brisée par le chagrin mais néanmoins chantante, une fois qu'elle eut terminé.

Isillie se sentait coupable. En plus d'avoir tué Tess une seconde fois lui semblait-il, elle s'immisçait dans le deuil d'Anna. Elle aurait voulu partir à l'instant, si Anna ne lui avait pas posé une question sûrement improvisée pour l'éloigner de ses pensées négatives à l'encontre de sa fille. Elle voulait en savoir plus sur la belle anglaise, chose légitime étant donné l'ampleur du temps qu'elles risquaient de passer ensembles. C'était étonnant comme une simple rencontre pouvait changer tout le cours de votre vie. Si elle n'avait pas rencontré Anna, elle serait rentrée chez elle après avoir chassé un quelconque petit animal, puis serait retournée à Dartmouth pour revenir errer comme une âme en peine dans la forêt. Elle s'en voulait énormément étant donné les circonstances mais parler enfin à un vampire après trois cent ans de silence la ravissait. Même si Anna ne semblait pas du tout partager son mode de vie et ses centres d'intérêts, elle subissait la même chose qu'elle tout les jours. Pourtant, la petite étoile qu'était tess devait illuminer son quotidien, le rendre si beau qu'elle devait en oublier sa terrible nature de vampire. Maintenant, elle était partie, laissant derrière elle un champ dévasté par la lumière perdue à tout jamais... C'était ainsi qu'Isi voyait les choses, et ses métaphores valaient mieux qu'affronter la réalité. Dieu ou pas, Tess resterait toujours vivante dans les coeurs de ceux qu'elle avait connu, cela rendait sa mort moins difficile à accepter, même si elle ne l'avait pas connue. Elle pouvait encore la connaître d'ailleurs, qui mieux que sa mère pouvait en parler élogieusement ? Cela pourrait la soulager, tout comme la briser, ce qu'Isi ne souhaitait en aucune façon. Elle attendrait de voir, elle ne voulait surtout pas brusquer la pauvre mère en attente de sa vengeance. Toutes deux avaient à faire avant qu'Anna ne puisse accepter son deuil : elles devaient trouver et tuer la fameuse Rain Si-Jie, meurtrière de la petite.

Là encore, Isillie ne comprenait pas comment elle en était arrivée là. Elle se sentait naïve de croire qu'il y avait une heure, le monde tournait rond sans heurts. Seule ne comptait pas sa petite personne, et ça faisait mal d'admettre qu'elle avait été égoïste. Elle avait été idiote d'attendre que le jour se lève sur sa triste vie, elle aurait dû l'y aider, aller à la rencontre de ses pairs plus tôt. Ses regrets permanents n'arrangeaient rien de toute manière, mais elle s'en voulait, comme d'habitude. Alors qu'avait-elle de mieux à faire que de répondre à Anna sinon partir, lâche comme elle l'avait toujours été ? De plus, ça lui ferait plaisir de se confier un peu et d'entendre l'histoire de sa semblable, si différente. Anna avait dû avoir une vie passionnante, rythmée par les us habituels. La sienne était si pâle, si triste, que seul un historien aurait plaisir à l'entendre. Anna n'était sûrement pas de ceux-là, mais elle avait besoin de quelque chose pour calmer la douleur des plaies béantes de son coeur cela ne faisait aucun doute. La vie d'Isi ferait amplement l'affaire... Elle commença d'une voix douce et très basse, son joli soprano chantant emplissant tout de même la lourde atmosphère de la forêt :

« Et bien... Je suis née en 1696 à Londres, plus ou moins, les dates n'étaient pas très précises à l'époque. Mes parents étaient riches, très riches, et j'en ai honte aujourd'hui. Autrefois, le plus beau rêve était si pitoyable... Etre proche de la famille royale, c'est si futile. Mais nous l'étions, ce qui n'arrangeait pas notre position si tu connais un peu l'histoire du Royaume Uni. J'ai donc été envoyée en France, à Versailles. La vie était dorée là-bas, mais tu n'imagines pas comme chacun des gestes était vide, inutile. C'est à ce moment que j'ai été mordue, j'avais tout juste 17 ans. Mon prétendant était un vampire que je n'en savais rien, et désormais toute cette période est floue. La suite est si étrange que je ne sais si tu la comprendra, bien que tu sois sûrement plus douée que moi. J'ai voulu tuer un humain, cet horrible instinct de chasseur, sanguinaire et si attirant, me poussait à le mordre sauvagement, ce que j'ai fait. J'avais à peine une minute dans ce nouveau corps, et j'étais seule avec un don étrange et une gorge douloureuse, je n'ai pas hésité. Par malchance, un humain passait par là et je lui ai sauté dessus, avalant goulûment son sang jusqu'à ce que je me rende compte qu'il était infecté par la peste. Son hémoglobine était horrible, comme polluée et évidemment j'en suis ressortie encore plus assoiffée. Il n'y avait aucun d'humains aux alentours, juste des animaux. J'en ai tué cinq. Depuis, et cela me convient parfaitement vu la répugnance que j'éprouve à tuer ou même faire du mal à un humain, je m'en nourris exclusivement. Je me suis embarquée en direction des Amériques où j'ai très longtemps voyagé et découvert seule, jusqu'à mon installation à Hanover où je t'ai rencontrée toi, tu es la première vampire que je vois.

Tu sais tout, même si je pourrais passer des heures à discourir sur ma triste vie. Et toi ? J'aimerais aussi mieux te connaître, c'est si agréable de parler enfin à un vampire... »

Anna n'était pas idiote, elle comprendrait qu'Isi lui donnait l'opportunité de se lâcher. Jamais la belle blonde ne la jugerait sur ses actes, elle était juste une oreille attentive et gentille à vous fendre le coeur. Elle inspira à fond, jouant avec les méandres du vent qui soulevait posément ses boucles blondes, le faisant tournoyer autour de son corps, variant les vitesses avec un plaisir qui ne datait pas d'hier. Son don était si doux, si agréable... Anna en avait-ele un d'ailleurs ? Isillie avait presque honte de sa curiosité, non en fait elle s sentait intruse, comme d'habitude...

(Pardon pour l'énorme retard. Je t'ai expliqué la raison mais tout de même, j'en suis désolée)

Écoutant les paroles d'Isillie qui lui racontait sa vie à sa demande, Anna tentait de s'imaginer le monde où celle ci avait vécue à partir de son imagination. Cela lui permettait au moins de chasser un minimum sa tristesse. Elle projetait en quelque sorte d'après ce qu'elle entendait. Une Isillie qui n'avait pas changé d'apparence depuis des siècles, un monde si différent que celui dans lequel elle évoluait désormais et qui changerait encore et encore sans qu'elle ne change d'apparence. Puis à son tour, Isillie lui demanda de parler d'elle. Ce n'était que justice après tout. Elle se replongea alors dans ses souvenirs.

Je ne suis vampire que depuis quelques mois en réalité. Une vie on ne peut plus normale si ce n'est que j'avais un petit ami qui buvait beaucoup. Tous les soirs, c'était dispute sur dispute. Tout ce que je voulais c'était protéger Tess alors je me taisais, souffrant en silence. Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris que c'était en restant avec lui qu'elle souffrait le plus. Donc, j'avais projeté de partir. Juste elle et moi. Mais j'ignore comment mais il l'a su. Cela a été terrible. Il m'a emmené dans un hangar où ses potes de boissons l'attendaient. C'est ce soir là que je suis devenue immortelle. Ce soir là que ma vie a changé à tout jamais.

Elle se tut l'espace d'un instant. Pour elle, cette nuit avait été la fin de quelque chose, et non pas le début de sa vie d'immortelle. Si personne n'était intervenue ce soir là, elle serait en train de pourrir dans le cimetière d'Hanover et Tess serait encore en vie, respirant la joie de vivre avec son oncle.

Je suis restée loin de ceux qui étaient ma vie auparavant, afin de ne pas les tuer. Je vivais dans un hangar en compagnie d'un autre vampire. Lio Thomas. Il me parlait de sang animal et je le suivais sans rien dire. Bien sûr, cela était difficile et l'est encore d'ailleurs mais j'avais ma fille, mon trésor. J'avais l'espoir fou de pouvoir la récupérer et de la garder auprès de moi quand je serais en mesure de me contenir assez pour résister à l'attrait que représenterait son sang. Et puis voila, c'est arrivé et désormais je n'ai plus rien à me raccrocher pour ne pas céder au sang humain. J'y ai gouté ce soir. Un chasseur qui se trouvait avec les loups qui avaient soit disant tué ma fille. Je ne suis qu'un monstre et je n'ai aucune excuse. Bien sûr, on peut dire que j'ai été dupée et que cela m'a été dicté par l'aveuglement dû à ma colère mais cela n'empêche pas que j'ai tué une personne et que je ne pourrais jamais me le pardonner. Pas plus que je ne pourrais oublier Tess.

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